La vie est une aventure qui est longue et périlleuse pour chaque être humain. Elle peut se présenter sous différentes formes : joyeuse ou cruelle. Mais parfois, elle peut laisser des traces inévitables.

***

Il était 10 heures du matin à Los Angeles. Le soleil orangé de l'aube arrivait. Dallas dormait paisiblement dans son grand lit, à moitié recouverte d'un drap aux nuances beiges et marron. Son oreiller était au niveau de ses jambes à cause de son agitation nocturne, et son portable se trouvait sur sa table de nuit en bois, dont les tiroirs débordaient de papiers de toutes sortes.

Elle faisait la grâce-matinée, comme elle l'espérait depuis si longtemps. Quand, son téléphone se mit à sonner. Dallas se réveilla en sursaut ; elle cligna des yeux plusieurs fois et finit par les ouvrir mais les referma aussitôt car un rayon de soleil s'échappant de l'extérieur lui arrivait sur le visage. Elle attrapa son oreiller et le plaça sur sa tête. Elle bailla et essaya de saisir son téléphone à tâtons. Une fois qu'elle mit la main dessus, elle appuya sur tout l'écran dans l'espoir de trouver la touche verte.

- Dallas ? entendit-elle.

- Katy ? marmonna Dallas en baillant une nouvelle fois.

Katy était sa demi-sœur, mais Dallas la considérait comme sa véritable sœur. C'est-à-dire qu'elle la connaissait depuis sa naissance. Leur père avait déjà eu une femme, qui l'avait malheureusement trompée, et une fille dont il avait la garde exclusive, Katheryn.

- Je te réveille ?

- Oui ...

- Je suis désolée, mais j'ai un service assez banal à te demander.

- Je t'écoute ! lança Dallas en relevant légèrement sa tête pour que sa voix soit audible dans le téléphone.

Elle s'attendait parfaitement à la question banale de sa sœur :

- Tu peux me garder Candice cet après-midi ?

Il fallait qu'elle garde sa nièce, encore ! Elle n'avait rien contre Candice, à part que sa mère avait toujours du travail et qu'elle était toujours celle sur qui elle pouvait compter ! Le travail de Katy, étant médecin à l'hôpital, était fait de beaucoup d'imprévus.

Elle avait envie de dire à Katy : « Tu as une fille, prend en compte et assume ! ». On dirait que sa sœur ne prenait pas son rôle de mère au sérieux. Katy aimait Candice, ça Dallas n'en doutait pas, mais Katy ne se préoccupait pas assez de sa progéniture. Sa fille pourrait presque devenir alcoolique à 13 ans, elle n'y ferait pas attention. Katy a aussi (bien sûr) un mari, mais le travail l'occupait presque à plein temps. Et Candice était trop jeune pour s'occuper d'elle-même toute seule, elle avait seulement 5 ans.

Son autre sœur, Shirley, avait toujours des excuses comme : « Désolée, sortie au cinéma avec les copines à 13h » ou « Après-midi au Spa».

- Je viens à midi et demi ! lança Dallas en raccrochant.

Et puis tant-pis ! Sa matinée était gâchée ; Dallas se leva. Elle jeta son drap jusqu'à ses pieds et alla dans la salle de bain qui était à côté de sa chambre. Elle se regarda dans le miroir : ses cheveux châtains étaient gras et complétement emmêlés. Elle prit un élastique blanc et se fit une queue de cheval mal arrangée. Elle alla récupérer son portable sur son lit et envoya un message à Shirley : C'est quoi ton excuse cette fois ?

Shirley lui répondit deux minutes plus tard : Shopping et resto avec des copines et un copain !

Dallas traversa le couloir, ses yeux fixés sur son écran qui affichait en ce moment des photos du réseau social Instagram, alla dans la cuisine et prit un paquet de céréales entamé. Elle alla sur son canapé, alluma sa télévision écran-plat et se décida à regarder un film qu'elle avait commencé l'avant-veille. Elle plongea sa main dans la boite de céréales et en mit dans sa bouche. Elle en fit tomber sur ses jambes. Elle les secoua et les laissa sur le canapé. Son portable, recouvert de céréales, vibra de nouveau. Elle posa le paquet sur la table basse en verre du salon et empoigna son téléphone qu'elle secoua pour en enlever les résidus. C'était encore Shirley : Toi aussi tu en avais des excuses à mon âge !

Shirley avait quinze ans, seize dans deux mois, et Dallas en avait dix-neuf, vingt dans quelques jours. Sa sœur n'arrêtait pas de lui faire des réflexions sur leur différence d'âge.

Dallas reprit vite deux poignés de son petit-déjeuner, se leva et alla à la salle de bain. Elle se doucha, se maquilla et se coiffa rapidement. Elle se regarda dans la miroir pour s'assurer que tout était parfait et alla dans sa chambre.

Quand elle s'habilla, chose banale en soi, Dallas fit accrocher un fil de son T-shirt à sa cicatrice, sur le haut du bras droit. Elle devait faire entre cinq et six centimètres de grandeur et un centimètre de largeur. A cet endroit, sa peau était râpeuse et légèrement rosée. Cela faisait tant de temps qu'elle n'y avait plus pensé, qu'elle ne l'avait plus vu, qu'elle n'y avait plus fait attention ... Pour elle, ce n'était pas qu'une simple cicatrice. C'était une douleur qui allait tout droit à son cœur. Elle frissonna légèrement avant de s'empresser de la cacher avec sa manche. Elle regarda par la fenêtre, inspira par le nez, expira par la bouche tout en vérifiant la vitesse de son pouls sur son cou. Son cœur battait atrocement vite. Dallas s'assit sur son lit, avec une envie soudaine de pleurer. Elle regarda le mur en pensant. En pensant aux tas de choses qu'elle portait en elle, enfouies dans son cœur. Une larme coula doucement sur sa joue et tomba sur son drap beige.

Elle songea qu'elle pourrait sombrer des heures dans ses pires cauchemars. Elle s'essuya sa joue avec son index, se leva doucement et prit son téléphone qu'elle mit dans son sac. Elle enfila un jean skinny et des talons aiguilles vernis. Elle jeta un coup d'œil dans son miroir pour voir si son maquillage n'avait pas coulé.

Dallas ferma soigneusement sa porte à clé et alla vite dans sa petite voiture blanche, qu'elle s'était offerte l'an dernier, garée dans son jardin. Non, Dallas ne vivait pas dans un appartement, mais dans une petite villa cosy avec jardin et piscine. Il faut aussi dire qu'elle faisait un travail particulier : actrice.

Sa carrière a débuté à ses quinze ans : un ami de son père qui est un scénariste connu aux Etats-Unis, lui avait proposé de faire un stage pendant les vacances d'été. Dallas, à l'époque, n'était pas très optimiste sur le fait d'être célèbre mais, par la suite, elle en fit son métier qui devint bientôt une passion.

Dallas démarra la voiture et ouvrit le portail automatique. Elle pouvait apercevoir le panneau Hollywood au loin. Elle prit ses lunettes de soleil dans sa boîte à gants qu'elle mit à un feu rouge. Elle roula encore deux kilomètres avant de se garer dans un quartier résidentiel moins luxueux que le sien mais tout aussi joli. Elle appuya plusieurs fois sur la petite sonnette et finit par entendre les aboiements plutôt aigus du chien, Alpha, et les cris de sa nièce qui lui ouvrit la porte, laquelle menait au jardin.

- Dallas ! lança la petite fille en lui sautant dans les bras.

- Coucou Candice ! répondit Dallas en lui caressant les cheveux et en lui baisant le front.

- Tu as vu ma pensée ? questionna l'enfant en courant vers un petit carré de fleurs.

Candice plantait toujours une pensée le jour de son anniversaire, son idée était tirée du dessin-animée populaire chez les enfants de moins de dix ans, Winnie l'Ourson.

- Elle est très jolie ! dit Dallas à la petite en lui prenant la main et en se dirigeant vers l'entrée de la maison. Où est ta maman ?

- Dans le salon.

Elles entrèrent toutes les deux dans la maison et virent Katy qui préparait son sac sur le canapé tout en se passant du rouge à lèvres. Elle portait un T-shirt bleu électrique, celui-ci faisait ressortir ses yeux turquoise que Dallas lui enviait.

- Ah, Dallas ! lança Katy en se regardant dans un miroir de poche dans le but d'enlever les traces rose fuchsia qui dépassaient de ses lèvres.

- Bonjour, répondit Dallas en enlevant son blouson en jean qu'elle pendit à un porte-manteau.

- Qu'est-ce qu'on va faire cet après-midi ? questionna Candice en regardant Dallas comme si elle attendait une réponse précise.

- Ce que tu veux ; aller au cinéma, acheter des glaces, ...

- Je veux aller au zoo !

- Candice ! s'écria Katy pour corriger sa fille.

- Pardon Dallas ...

- On fait ce que tu veux, aujourd'hui.

La petite fille, contente, voulue prendre Dallas dans ses bras et toucha accidentellement sa cicatrice. Celle-ci, n'était normalement pas douloureuse au touché. C'était étrange que la douleur resurgisse comme cela. Elle laissa un petit soupir de douleur s'échapper et mit sa main gauche sur son épaule droite.

Candie regarda sa mère puis le bras de sa « tante » ne comprenant pas la manifestation de douleur de celle-ci. Elle ne l'avait pourtant pas tapé.

- Ça va ? demanda Katy en s'approchant pour regarder l'épaule.

- C'est bon ! lança Dallas en faisant un signe de la main. Tout va bien !

Dallas adressa un regard rassurant sa sœur.

- Tout va bien ... répéta t'elle.

- Candice, va chercher tes affaires dans ta chambre. dit Katy en continuant d'observer sa sœur.

La petite fille courue vers sa chambre.

- Tu as encore mal ?

- Un peu, mais ce n'est pas grave.

Candice revint vite avec un petit gilet et des bottines noires aux pieds. Dallas prit son blouson en jean et Katy fit un bisou à sa fille.

- On y va, chérie, lança Dallas à la petite. On vient te voir ce soir si tu ne peux pas rentrer, Katy.

- D'accord ! répondit Katy en ouvrant la porte de la maison.

Elle attendit que les filles sortent et la referma. Elles marchèrent sur la petite allée faite de minuscules graviers blancs et beiges entouré de la pelouse et de fleurs mauves, jaunes et bleu turquoise.

- A ce soir maman ! marmonna Candice en l'enlaçant dans ses bras.

Puis elles allèrent chacune dans leurs voitures.

***

Oui, la vie laisse des traces ,mais de quelle ampleur sont-elles ? Et si on effaçait ces traces, la vie serait-elle meilleure ? Sans doute. Malheureusement, il y a des traces indélébiles qui reste quoiqu'il arrive...