Partie 5
Le lendemain, il sortit de sa chambre après une bonne nuit de sommeil et remarqua qu'Émeris l'attendait pile devant sa porte.
‑ Te voilà enfin ! Tu comptais dormir encore longtemps ?
Dépité, Dimitri la regarda comme s'il avait affaire à un nuisible. La fille le prit par le poignet et le tira derrière elle.
‑ Vite avant que toutes les bonnes armures disparaissent. Non pas qu'on ait beaucoup de clients, mais quand même.
Ils traversèrent la rue aux pas de course et arrivèrent devant une boutique dans laquelle Émeris entra.
‑ Maman ! On a un client !
Une femme brune sortit de l'arrière-boutique et fit un joli sourire au nouveau venu.
‑ C'est le garçon dont tu m'as parlé ? Laisse-moi te regarder.
La mère d'Émeris s'approcha de Dimitri et l'observa sous tous les angles. Gêné, le jeune homme ne savait pas où poser les yeux, il resta raide comme un piquet jusqu'à ce qu'elle finisse son analyse.
‑ Tu es grand et tu manques de muscle, peu de chose pourrait t'aller. Ton budget ?
‑ Euh... petit.
‑ Ne bouge pas.
La femme prit quelques affaires accrochées sur des portes armures et les plaça sur le comptoir. Il y avait un haut en plaque de fer, des coudières, des genouillères et des jambières.
‑ Dix pièces d'argent le tout.
Dimitri compta son argent et fit la grimace.
‑ Euh... je vais me passer des coudières.
‑ Il te faudrait également une cape, le froid arrive, elle pourrait être utile.
‑ Et un casque ?
‑ Tu es inexpérimenté, il te gênerait plus qu'autre chose. Je peux toujours vendre un tour de tête mais c'est plus cher parce que plus esthétique. Maintenant va te changer à l'arrière.
Le jeune homme s'exécuta. Lorsqu'il ressortit de la pièce, il vit qu'Émeris lui tendait un long tissu marron.
‑ Tiens, il y a des plaques intégrées à la capuche. C'est pas grand-chose mais ça évitera les flèches perdues. Je te l'offre.
Dimitri déplia le tissu, il tenait dans ses mains une longue cape qu'il enfila immédiatement. Elle le couvrait de la tête aux pieds.
‑ Merci.
‑ Tout te va ? demanda sa mère. Alors tu peux payer. Tu vas également changer ton arme ?
‑ Non pas pour l'instant.
Le jeune homme soupira.
‑ Ça va bientôt faire une semaine que je suis là et à aucun moment je ne me suis entraîné au combat.
‑ Si ce n'est que ça, passe à la garnison, dans la journée certains gardes s'ennuient, ils donnent alors des cours aux gens de passage.
Sur cette phrase, Dimitri sortit de la boutique avec ses nouvelles affaires, Émeris resta avec sa mère. Il était encore tôt, le jeune homme avait plusieurs heures devant lui avant de passer à la garnison, comme il ne savait pas quoi faire et qu'il avait peur de traîner trop longtemps à l'extérieur des murailles, il décida de se balader dans la ville, en cinq jours, il n'avait jamais exploré l'endroit où il avait atterrit.
‑ A part le fait que nous sommes dans un monde fantaisiste, fit le jeune homme entre ses dents, il n'y a pas beaucoup de différences avec le monde réel, si on peut considérer celui-ci comme... faux.
C'est-à-dire ?
‑ Ne joue pas l'innocente. La galère, l'argent, le travail...
Tu t'en sors mieux ici.
‑ Oui, parce que le monde est différent, parce que tu m'y as amené à la bonne époque.
A l'heure du déjeuner, Dimitri acheta des miches des pains à une marchande ambulante et les mangea sur le pouce. Il se rendit ensuite à la garnison qu'il trouva sans grande difficulté. Un peu timide, il s'approcha de deux hommes en armure qui gardaient un portail en fer.
‑ Excusez-moi, on m'a dit que je pourrais peut-être m'entraîner au combat ici...
Les deux hommes se regardèrent, l'un fit un signe de tête, l'autre haussa les épaules.
‑ Reste par ici, l'un des capitaines a pris quelques jours de repos, il a donné un cours hier alors c'est possible qu'il le refasse aujourd'hui.
‑ Merci.
Dimitri attendit donc. Au fil de l'heure qui s'écoula, le jeune homme fut surpris de voir que quelques personnes l'imitaient, des très jeune et des très moins jeunes se plaçaient non loin du portail et faisaient le pied de grue. Finalement, un homme, assez imposant et qui venait visiblement de se réveiller, se montra au portail.
‑ Ceux qui veulent s'entraîner, suivez-moi.
Il se tourna vers Dimitri.
‑ T'es nouveau, toi, non ? Tu es déjà venu ?
Le jeune homme secoua la tête.
‑ Tu sais déjà un peu te battre ?
Le jeune homme secoua la tête.
‑ J'ai tué quelques sangliers...
Le capitaine rigola.
‑ Tu es motivé ? Je l'espère car ce ne sera pas facile. Garde ton épée rentrée et prend un bout de bois, c'est comme ça, qu'on se bat, ici.
Les élèves furent menés vers le terrain d'entraînement où ils s'échauffèrent. Le capitaine leur montra quelques coups, les laissa s'exercer entre eux et s'approcha de Dimitri.
‑ Comme tu es nouveau, je vais t'apprendre les bases.
Le cours dura deux heures, deux heures où le jeune se retrouva une centaine de fois le cul par terre. Alors que les autres s'en allaient, le capitaine avait retenu Dimitri pour parler avec lui.
‑ Ce n'était pas dans mes intentions d'en faire plus mais reviens demain et après-demain. Tu te débrouilles pas si mal, seulement un jour d'entraînement ne suffira pas si tu veux rivaliser avec le prince.
‑ Vous savez ?!
‑ J'étais en patrouille au début de la semaine, je t'ai vu, et reconnu.
Le capitaine approcha sa main de la hanche de Dimitri et lui prit violemment la dague qui ne le quittait pas depuis le premier jour. Il observa la petite pierre incrustée dans le manche.
‑ Où est-ce que tu l'as eu ?
‑ Euh... on me l'a donné.
‑ Tu sais ce que c'est ?
Le jeune homme haussa les sourcils. En voyant que le capitaine ne répondrait pas, il osa, de peur de se tromper :
‑ Une dague... ?
Le capitaine rigola.
‑ C'est un artefact, gamin.
‑ J'ai vingt-deux ans...
‑ Tu as utilisé un bouclier quand le prince t'a attaqué et tu ne sais même pas ça ?
‑ Quoi ? Mais je croyais que... enfin...
Que la voix en était responsable ?
Le capitaine mit la dague dans les bras de Dimitri.
‑ Les artefacts sont plus ou moins puissants et ils ont tous une spécificité. Le tien ne semble pas très ancien. Cache-le et ne t'en sépare jamais. Apprends à t'en servir, fais-le aujourd'hui, tu me diras demain où tu en es.
Dimitri salua le capitaine et rentra directement à son auberge. Il prit sa dague et l'observa quelques minutes.
‑ C'est aussi grâce à elle que les animaux que je tue se transforment directement en steak ?
Si ça peut te rassurer sur un phénomène inexplicable, on a qu'à dire que c'est le cas.
‑ Et je m'en sers comment, de ce truc ?
Dimitri prit la dague entre ses mains, ferma les yeux et se concentra. Il essaya de visualiser le bouclier qui s'était formé de son arrivée en ce monde. Il lui fallut plusieurs essais et de longues minutes d'attente avant qu'il sente comme des picotements au bout de ses doigts. En ouvrant à demi les yeux, il vit, devant lui, des espèces de fils électrique. Il sourit, les fils disparurent.
‑ C'est déjà un début.
Il fit plusieurs autres tentatives infructueuses puis il s'effondra sur son lit, épuisé. Il attrapa sa bourse et regarda à l'intérieur.
‑ C'est juste. Je vais devoir me nourrir de pain pendant plusieurs jours, c'est moins cher qu'un repas à l'auberge.
Heureusement qu'il lui restait de la viande séchée que lui avaient donnée les fermiers pour le remercier.
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