Partie 3
Sous le regard des passants qui avaient suivi l'altercation, Dimitri parti dans la rue à gauche de la fontaine. Sur sa droite, collées au mur d'enceinte, des dizaines de maisons de taille moyenne en pierre beige s'alignaient, à gauche, un haut mur bardé d'arches et de statues. Le jeune homme s'arrêta à l'ombre de deux maisons et fit l'inventaire de ses poches, en plus de l'épée qui lui cinglait la taille et le gênait pour marcher, il possédait une dague, une bourse où se battaient quelques pièces de bronze et, enveloppé dans du tissu, un peu de provision. Il soupira, il n'allait pas s'aventurer bien loin dans une région qu'il ne connaissait pas avec si peu de chose.
Une fille, pas très grande mais qui devait avoir dans les seize ans, s'approcha de lui et tendit une main, paume vers le ciel. Dimitri regarda son sourire et osa :
‑ Euh... oui ?
La fille bougea ses doigts. Le jeune homme n'arrivait pas à détacher ses yeux de son regard brun.
‑ Qu'est-ce que tu veux ?
‑ De l'argent. Je t'ai vu sur la place, le prince t'a défié et tu ne gagneras jamais avec l'équipement que tu as. Mon père et mon frère sont forgerons, ma mère et moi tenons une boutique, on peut t'équiper mais il faut que tu payes.
Dimitri sourit et tapa dans la main de la fille qui fut prise par surprise.
‑ Ce n'est pas l'envie qui m'en manque mais je ne l'ai pas, l'argent.
‑ Alors il suffit d'en gagner.
‑ Comment ? Je ne suis pas d'ici, je ne connais rien.
La fille afficha un grand sourire.
‑ Alors je serais ton guide. Tu as une épée, tu es donc un aventurier, la meilleure chose à faire pour toi, c'est d'aller à l'extérieur des murs. Tu viens d'où ?
Dimitri regarda autour de lui en cherche d'inspiration.
‑ Je viens de... l'arche, fit-il en se souvenant de la coupole sous laquelle il était arrivé et d'un jeu vidéo très connu.
‑ Je connais pas. C'est loin ?
‑ Très.
‑ Ça ressemble à quoi ?
‑ C'est... une ville, les bâtiments sont hauts par manque de place, il y a du bruit et tout le monde vie les uns sur les autres. Tu n'aimerais pas. Tu t'appelles comment ?
‑ Émeris.
‑ C'est un beau prénom, moi c'est Dimitri.
Quel charmeur... je ne savais pas que c'était possible après être resté cloîtré pendant près de trois ans.
Dimitri ne releva pas la pique et suivit Émeris jusqu'à l'extérieur de la ville.
Au-delà des murs, les plaines s'étendaient à perte de vue, ponctuées de-ci de-là par des champs et des maisons de fermiers. A l'horizon se trouvait le commencement d'une forêt. Émeris fit quelques pas et s'arrêta.
‑ Voilà ! Par ici, les bêtes traînent souvent près des champs, si tu aides les fermiers ils te seront reconnaissants. Sinon tu peux toujours aller récolter des plantes dans la forêt pour les revendre mais c'est plus dangereux.
‑ Des plantes ? Je n'y connais rien.
La fille farfouilla dans sa sacoche et tendit un petit carnet à Dimitri.
‑ C'est moi qui l'ai fait, j'y ai noté les herbes que je vais parfois chercher, pour les boissons, par exemple. Je m'en vais, je dois retourner à la boutique. A bientôt !
Émeris lui fit un signe de main et retourna en ville. Le jeune homme soupira.
‑ Tu m'as emmené dans un MMO... comme si j'avais le courage de tuer les bêtes qui pullulent.
Dimitri ouvrit le carnet. Sur chaque page était collée une plante séchée accompagnée d'un bref descriptif. Il n'y en avait pas beaucoup mais l'intention était là.
‑ C'est écrit en français ? Serais-je doté d'un traducteur automatique ?
Comme personne ne prit la peine de lui répondre, le jeune homme rangea le carnet dans sa poche et avança sur le chemin en cailloux qui longeait la muraille. Après quelques minutes d'hésitation, il se décida enfin à se diriger vers le nord et s'approcha d'un homme occupé dans son champ, quelques personnes l'aidaient.
‑ Euh... excusez-moi...
L'homme se redressa et regarda le nouveau venu. Ses yeux s'attardèrent sur l'épée qu'il portait.
‑ Est-ce que je peux vous aider à faire quoi que ce soit ?
Le fermier observa Dimitri de la tête aux pieds et haussa les épaules.
‑ Tu n'as qu'à patrouiller dans les environs, on t'offrira un repas chaud, si tu tiens jusque-là.
L'homme continua son travail sans plus faire attention à Dimitri. Ce dernier entama donc timidement sa marche autour des champs. Si la première demi-heure se passa tranquillement, la deuxième fut moins attrayante et la troisième carrément ennuyante. Au bout de deux heures de marche, ses jambes s'engourdirent et il commença à se demander ce qu'il pouvait bien faire ici, visiblement, les fermiers n'avaient pas besoin de lui, à part faire fuir trois corbeaux, il n'avait servi à rien.
Il s'approchait du dernier terrain cultivé lorsqu'il vit tout à coup surgir devant lui un sanglier. Dimitri se pétrifia puis se souvint que ces bêtes n'étaient pas appréciées des fermiers. Il tira maladroitement son épée, courut sur l'animal la boule au ventre et balaya l'air devant lui, les yeux à demi fermé. Par chance, un de ses coups fit mouche. Touché au flanc, le sanglier s'immobilisa et... se transforma.
Une fumée blanche apparut. Une fois dissipée, Dimitri remarqua que la peau de la bête se trouvait d'un côté et son corps, dénuée de pattes, de queue et de tête, de l'autre.
‑ Quuoii ?! Mais... !
Hmm ? Tu voulais pas tuer d'animaux, je t'épargne donc le sang et tout le reste. Disons que c'est une capacité spéciale.
‑ Je me sens quand même un peu mal...
T'inquiète, il respawn.
‑ Bravo, on pensait vraiment que tu allais rentrer bredouille aujourd'hui.
Dimitri se tourna vers trois fermiers qui s'étaient approchés de lui.
‑ Les jeunes aventuriers ne tiennent généralement pas très longtemps ici, ils vont souvent voir ailleurs, c'est plus intéressant.
‑ Grâce à toi, on a quelque chose à manger et grâce à ça, on va pouvoir tenir plusieurs jours. Tu veux bien revenir demain ? On passe aux champs d'à côté.
‑ Si vous voulez mais... il faut que je me fasse un peu d'argent.
‑ Tu peux garder la peau et la revendre en ville. Par contre, ça vaut pas grand-chose. Tiens ! Je vais t'acheter celle-ci, les miennes commencent à s'abîmer.
Le fermier donna une pièce de bronze au jeune homme qui sembla déçu de ce maigre butin.
‑ Reste ici jusqu'à ce soir et on t'offrira un toit, ça t'évitera de payer une auberge.
Sur ce, tout le monde retourna à son occupation. Dimitri passa l'après-midi à patrouiller. Il réussit à tuer deux sangliers de plus et rata de peu un lièvre, il aurait préféré avoir un arc plutôt qu'une épée. Le soir, il fit la rencontre de la famille du fermier qui l'hébergeait, il eut droit à un bon repas et à une paillasse dans un coin de la maison.
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