Par plusieurs des membres de la CdL : lAbyssel, Em_esse, Mayarahnee et ypertext

La surprise de Noël

Il est 16 heures et je sens déjà monter l'excitation dans la maison. Les préparations vont bon train pour le repas que j'ai préparé et j'attends impatiemment l'arrivée de mes invités.

Je vais dans le salon et réajuste les dernières petites décos sur la table, j'appelle mes enfants pour qu'ils descendent et ça y est, j'entends sonner à la porte.

Je l'ouvre et affiche un grand sourire quand je vois ma mère.

— Bonsoir Chloé, j'espère que nous ne sommes pas trop tôt, me dit-elle avant de m'embrasser.

Je n'ai pas le temps de répondre que déjà, les enfants me grillent la politesse et fondent sur leurs grands-parents en braillant de joie.

Parfait. Ne reste plus que le frangin et nous serons au complet.

Je ne sais pas encore si ce Noël va être une réussite ou un échec, après tout, c'est toujours angoissant de prendre la responsabilité de l'organisation pour la toute première fois.

— C'est très joli, ma chérie, me complimente ma mère en regardant les décorations faites par les enfants.

— Oui, Marvin et Naëlia ont été très créatifs et surexcités.

— En parlant d'eux, où est Toma ? intervient mon père.

Je m'apprête à répondre, quand on sonne à nouveau.

— Ça doit être David, j'y vais, m'exclamé-je. Pour une fois qu'il est à l'heure, faut en profiter !

Satisfaite de cette soirée qui démarre sous les meilleures auspices, je fonce à la porte, un grand sourire aux lèvres... lequel se fige lorsque je découvre mon petit frère - qui décidément n'est jamais où on l'attend - tenant la main d'un invité pour le moins inattendu.

— Louis ? m'exclamé-je surprise.

Je lorgne leurs mains nouées et reviens sur le visage de mon meilleur ami du lycée. Il n'a pas vraiment changé.

Ça pour une surprise ! C'est une surprise..

— Désolé d'arriver à l'improviste comme ça, mais on était.. pas encore sûrs de venir, dit mon petit frère en se raclant la gorge et regardant timidement Louis.

— Non, mais ça va, sois le bienvenu, Louis.

Je le prends dans mes bras et lui fais la bise sous le regard soulagé de mon petit frère.

— Entrez, j'allais justement servir l'apéro.

Suivie des deux nouveaux venus, je rejoins le groupe rassemblé à côté du sapin. Naturellement, ça ne rate pas. La lueur d'ébahissement contenue dans leurs yeux est assez comique.

C'était bien le soir pour faire son coming out.

Eden, qui était parti faire un tour à la cave pour aller chercher le vin, glisse dans mon dos et me regarde avec des yeux ronds. Je lui renvoie son regard en haussant les épaules, mais secrètement je souris. Eden et moi aimons bien faire des paris sur les gens que l'on rencontre, et j'ai parié que mon frère aime les garçons depuis déjà plusieurs années. Mon cher et tendre me doit donc, maintenant, cinquante euros.

Je tends la main, la paume vers le haut et d'un baiser sur le cou, Eden me donne mes cinquante euros.

— Depuis le temps, tu sais bien qu'il ne faut jamais parier avec moi.

— Qu'est-ce tu veux, tu es irrésistible.

Rigolant, je pars vers la cuisine pour servir le vin et le jus pour les enfants, David sur les talons.

— Tu ne m'en veux pas, hein, Cloclo? s'enquiert-il, nerveux.

— David, je sais que tu es gai depuis que tu as dix ans, mais disons que tu n'aides pas le cœur de papa, mais non, je ne t'en veux pas.

— Je ne savais pas comment l'annoncer, alors...

— Alors tu t'es dit qu'amener le "sujet" en direct serait plus parlant ? Bien vu ! le taquiné-je en lui fourrant le plateau de verres dans les bras.

Il me sourit, à la fois rassuré et espiègle, et file au salon.

Je suis là pour le rassurer. De toute façon personne n'a à dire quoi que ce soit, mais bordel, mon meilleur ami du lycée...

— Oula, madame est perturbée, me taquine Eden en déposant un jouet oublié par les enfants dans le salon.

Je me tourne vers lui, mes mains verrouillées sur le plan de travail.

— Ce n'est rien, ne t'en fais pas, juste un peu surprise que ça soit avec Louis, haha !

Et avant de laisser mon mari ajouter quoi que ce soit, j'ajoute :

— Je vais aller voir ce que fait Toma.

Je monte à l'étage et cogne avant d'entrer dans la chambre de mon adolescent. Je le trouve le nez collé à son portable.

Encore à jouer au Sims?

— Toma, tout le monde est arrivé, tu veux bien descendre?

Un grognement étouffé me parvient à travers la porte et je secoue la tête en redescendant l'escalier.

Les ados, cette bande d'ermites.

Au salon, l'ambiance va bon train, et c'est agréablement surprise que je vois mon père, Eden et Louis en pleine conversation sur les bateaux de l'entreprise familiale.

Ma mère, elle, s'amuse avec les jumeaux au milieu du salon et je respire un grand coup face au tableau adorable que tout ce petit monde offre. Enfin, si Toma, l'adolescent au cœur brisé, daigne poser ses fesses par ici, le tableau serait plus que parfait.

— Alors, ma chérie ?

— Il arrive... je suppose.

C'est alors que les marches d'escaliers craquent sous le poids de quelqu'un.

— Tiens ! En parlant du loup ! s'exclame mon père.

— C'est bon, je suis là, z'êtes contents? dit-il avec un petit sourire de conquérant. Quand est-ce qu'on mange?

Je secoue la tête, c'est bon d'avoir la famille rassemblée.

Nous n'habitons pourtant pas loin les uns des autres, mais avec l'entreprise qui tourne à plein régime, c'est parfois difficile de trouver du temps pour se retrouver en famille.

— Maman ! Est-ce que le Père Noël va venir avant qu'on aille se coucher ? s'enthousiasme Marvin.

Je lui souris tendrement.

— Non mon cœur, tu sais bien qu'il ne peut venir que quand des petits monstres comme vous sont enfin couchés.

— Elle raconte n'importe quoi, ce soir on va attraper le Père Noël, vous allez voir, me coupe Toma pour me mettre dans le pétrin.

Il me décoche un sourire en coin et suit mon père dans la cuisine.

Pff tu vas voir ce que tu vas voir mon repas va t'assommer ! Mouhahaha !

— Chérie !

— J'arrive mon cœur !

Je rejoins Eden à la cuisine en souriant. Celui-ci m'accueille en m'embrassant tendrement avant de me tendre une petite boîte argentée.

— Mais on avait dit pas de cadeau cette année, lui dis-je en rougissant.

— C'est pas mon cadeau, c'est celui du Père Noël, rétorque-t-il en souriant, fier de sa bêtise.

Purée, heureusement que j'ai prévu un truc moi aussi...

Les autres nous attendent, mais tant pis. Si Eden a attendu que nous soyons seuls, c'est que son cadeau doit compter pour lui.

Je le regarde avec un sourire que je n'arrive pas à dissimuler et prends la petite boîte de ses mains. Je sais que ça ne peut pas être la bague dont tout le monde rêve, parce que celle-là il me l'a déjà passé il y a quelques années.

Je trépigne et finis par ouvrir, découvrant un délicat bracelet argenté. Je le récupère du bout des doigts et le porte à hauteur de mes yeux, il est beau.

— Regarde à l'intérieur.

J'approche mes yeux pour y voir une légère inscription.

"Merci d'être entrée dans ma vie."