Chapitre 8 : Incompréhension et révélation
La fourchette tombe en faisait un bruit d'enfer. Salamèche arrête de manger, surprit, pour voir ce qui se passe. La télévision affiche un flash information. La présentatrice se trouve sur le lieu où, 3 jours auparavant, Olérien avait atterri sur cette planète.
« Nous venons de recevoir des nouvelles... inattendus, commence hésitante le présentateur. Le Laboratoire Pokémon, situé à Cramois'ile, continue encore ces analyses sur le sang retrouvé dans le vaisseau extraterrestre, mais ils sont en mesure de communiquer une première information pour le moins capital : le sang a des caractéristiques communes avec celui du sang Pokémon. Néanmoins, il ne correspond pas à un Pokémon que nous connaissons. La police confirme toujours que le sang à l'intérieur du vaisseau provient belle et bien d'une personne allant vers l'extérieur de ce dernier. Nous pouvons donc affirmer que l'occupant de l'aéronef est un Pokémon inconnu ! Nous vous communiquerons d'autres informations dans un autre flash info. »
Olérien reste figé à l'annonce de cette nouvelle. Comment peut-il être un Pokémon ? Comment peut-il avoir un lien génétique avec son colocataire, qui le regardait encore avec étonnement ? Serait-ce le passage à travers l'orage spatiale qui l'a transformé ? Ou bien depuis qu'il était né ? Y a-il un lien subtile en lui et ce monde ? Il s'aperçoit que pendant ces questionnements intérieurs, Salameche s'est installé sur ses genoux et le regarde comme s'il voulait dire "C'est pas grave, ne stresse pas pour ça". Il caresse Salameche, il a la peau lisse d'un lézard, et est bouillant, une vrai bouillotte sur pattes. Il repose son plateau repas dans le frigo, éteint la télévision et tire les draps pour y dormir. Il passe une nuit agité à force de se triturer l'esprit, au côté d'un Salameche en quête de réconfort, ou en fournisseur de celui-ci. Le lendemain, Olérien se réveille difficilement, et descend les escaliers. Il croise le chef :
« Salut Olérien, bien dormi ?
- Couci-couça, répondit d'une petite voix Olérien.
- C'est les nouvelles de hier soir qui t'ont surpris ?
- Oui, c'est bizarre toute cette histoire...
- Je trouve aussi, on verra la suite. Tu m'aides pour faire l'inventaire ?
- Oui, pas de problème »
En se retournant, Olérien vient de réaliser qu'il aurait peut-être dû se taire. Maintenant qu'il vient de trahir un sentiment, il croise les doigts pour que le patron ne fasse le rapprochement, et surtout que toutes ces suspicions ne sont que de la paranoïa de sa part. Il se persuade quand même qu'il y a peu de chance que quelqu'un soit aussi suspicieux au point de connaitre son identité sur ce simple échange, ou qu'un humain soupçonne un autre humain comme n'étant pas des leurs. Olérien fait donc l'inventaire consciencieusement avant que Silvio et Gordon ne rentre pour le début du service. Gordon se met aux fourneaux, tandis que Silvio nettoie la salle de son côté.
À la fin de l'inventaire, Olérien voit déjà les premiers clients s'installer. Il fait son boulot, rejoint peu après par son Pokémon, jusqu'à la fin du service de midi. Après le nettoyage, tout le monde mange au restaurant, ainsi que Salameche, qui se régale de la cuisine de Gordon, qui donne l'information que ce premier est omnivore. La conversation ne tourne malheureusement qu'autour des informations d'hier, tout le monde s'accordant à dire que cette découverte est curieuse et inquiétante, et de se demander si cette visite est amicale ou hostile, s'il ne faut pas doubler la surveillance, appliquer un couvre-feu,... Le repas terminé, Silvio et Gordon s'en va tous les deux. Olérien allait faire de même si son patron ne l'avait pas freiné :
« Olérien, j'aimerai te voir, s'il te plait.
- Oui, répondit Olérien qui avait aussitôt rejoint le patron à la cuisine.
- Tu travailles ici depuis quelques jours et tu fais du bon boulot. Tu aimerais continuer à faire le commis de cuisine ?
- Oui monsieur, cela ne me dérange pas, répondit fermement Olérien
- Parle-moi un peu de toi, Tu viens d'où ? Tu es pas obligé de répondre, c'est pour en savoir plus sur toi. Je ne veux pas te juger.
- J'habite depuis peu ici, j'habitais avant dans une autre ville, avec mes parents, mais je les ai quitté pour vivre ma propre aventure. Il n'y a rien d'autre à ajouter.
- Tu es un extraterrestre ? »
Olérien ne bouge plus. Cette question était si soudaine, si inattendue. Il ne sait pas quoi lui répondre, même s'il faut y répondre. Le Patron reprend :
« Excuse-moi, depuis que tu es arrivé dans mon restaurant, je sens en toi comme un malaise permanent, comme si tu ne te sentais pas à ta place ici. Et puis, face à ce gamin la dernière fois, tu as usé d'une telle violence, incroyable, froide, et pourtant, devant nous, ou Salamèche, tu es gêné, presque apeuré. C'est sans doute idiot de ma part, mais c'est comme une intime conviction.
- Oui, répond soudainement Olérien, comme pour se libéré d'un poids. Je viens de l'espace. »
C'était au tour du patron d'être choqué.
« J'était persuadé que tu allais nier ou ne pas me répondre, ou rire au éclat, je m'attendais à tout cela, mais pas à cela, pas à cette réponse...
- Vous avez dit hier d'aller de l'avant, de ne pas avoir peur. Et c'est quelque chose de trop gros pour être mis de côté. J'ai eus plusieurs concours de circonstance qui m'ont conduit sur cette planète. Je vais vous dire mon histoire, mais avant ça... »
Olérien ferme les rideaux des vitres du restaurant, invite son patron et Salameche à s'assoir à une table et raconte tout depuis le début, sans mensonge, sans retenue. Sa planète de naissance, les troubles géopolitique et écologiques, son quotidien, son départ, la destruction de sa planète, son voyage, son accident avec l'orage, son arrivée sur cette planète, jusqu'à maintenant. Les deux auditeurs sont pendu à ses lèvres et à la fin du récit à peine croyable si elle était fausse.
« Je n'aurais jamais cru qu'une telle histoire serait imaginable, mais je n'aurais jamais cru possible non plus l'existence d'extraterrestre, conclu le patron.
- Je n'aurais jamais cru non plus possible le faite de voyager dans l'espace et d'atterrir sur une planète si proche de la mienne, en beaucoup plus paisible.
- Et maintenant, que comptes-tu faire ? Il faudrait peut-être que les autorités en soit informées, cette histoire est trop importante pour que la police n'arrête pas leurs investigations, et ils remonteront un jour ici.
- Je ne sais pas, ça était déjà un exploit de vous dire ce que j'avais sur le coeur, car je vous fais confiance. Mais le dire à un agent de police... Je ne suis pas encore prêt, je ne sais pas comment je serais traité. »
Un long silence s'en suit. Salameche en profite pour se déplacer de sa place aux genoux d'Olérien, pour le réconforter :
« Et pour Salameche ? Qu'as-tu décidé ? continua le patron.
- Je ne sais, répondit Olérien. Pour le moment, il reste avec moi, après, je verrais, explique-t'il en caressant son compagnon.
- Je le savais, avoue le Boss en se dirigeant au rideau pour libérer les fenêtres. Je savais que tu allais l'aimer. Dès que tu l'as défendu, je l'ai vu.
- Non c'est autre chose. J'ai toujours vécu dans l'anarchie et exécrer la violence gratuite. Ce que j'ai fais, c'est de donner une leçon à ce morveux pour qu'il arrête de violenter sans raison un animal.
- Si tu le dis, envoie le patron, comme s'il n'y croit pas.
- On veille les morts pour que les rideaux soient tirés ? »
Gordon lance cette question, et pousse la porte avec Gordon. Ils ne rendent pas compte qu'une grande révélation a était faite en ces murs.
Le service du soir se passe à merveille, Salameche se retrouvant encore dans les basques d'Olérien. Mais les clients ont la même conversation au bout des lèvres, échangent sur les dernières infos. Olérien termine son travail et comme tous les soirs, salut tout le monde en remontant à l'appartement, Salameche sur les talons. Il peut enfin s'écrouler sur le lit, comme soulagé de s'être libéré d'un fardeau. Mais il ne sait pas où cela va le mener, les conséquences d'en avoir trop dit. Salameche l'imite, et paradoxalement de ces nouvelles inquiétudes, Olérien et lui dorment comme des bébés.
Le lendemain, Olérien se réveille de bonne heure. Comme tous les matins maintenant, il se douche, s'habille, grignote un bout, et fait une bise sur le front de Salameche qui dort encore. Il descend les escaliers et rejoint le restaurant. Gordon est déjà là, ainsi que le patron. Seul Silvio manque à l'appel. Le patron l'accueille comme à son habitude :
« Tiens, voila Olérien ! Bien dormi ?
- Oui très bien.
- Il y a des caisses à ranger dans la remise, tu le fais ?
- Pas de problème.Mais Silvio n'est pas encore là ?
- Non, et ce n'est pas dans ses habitudes. On verra plus tard, le restaurant n'est pas encore ouvert de toute façon. »
Olérien fait donc du rangement, rejoint juste après par son ami. Salameche essaye encore une fois de l'aider, mais cette fois, Il a compris la leçon et ne prend que de petits cartons, ou de petits objets. En revenant, Silvio n'est toujours pas là, et le patron se résigne à ouvrir le restaurant sans lui. Gordon fait signe discrètement à Olérien pour lui parler :
« Mince, c'est embêtant tout ça. Je penses que tu seras obligé de faire le serveur. Le patron ne fermera pas le restaurant, c'est sûr.
- Pourquoi, demande Olérien. Ce serait le meilleur moyen pourtant. C'est une question de finance ?
- Non, même pas ! Mais le patron est de nature très têtu, il prend son travail à coeur, il est obstiné à diriger ce petit restaurant. Il ne pourrait même pas faire le serveur, il n'est pas du tout patient. Il préféra mille fois récurer les casseroles plutôt que de sourire quand un client lui fait des critiques.
- Donc je fais quoi ? Je lui suggère de servir en salle ?
- Non pas encore. Il attendra une nouvelle de Silvio avant de faire quoi que ce soit. Continue de faire ton boulot, et c'est le patron qui te dira quoi faire d'ac ?
- OK. »
Pour conclure, Gordon fait un clin d'oeil complice. Olérien nettoie donc la cuisine en attendant une réponse de Silvio. Cette réponse vient sous forme de sonnerie de téléphone.
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