Les jours se suivent, les étoiles bougent lentement, tout ceci dans un noir d'encre. Olérien apprend petite à petit les fonctionnalités qu'offrent le vaisseau. Il a par exemple une base de donnée de tous les films, séries et autres depuis le début de la cinématographie à sa fin. La machine qui fait repas et habit, crée aussi tout type d'objet, comme lui a expliqué le vaisseau, du plus simple au plus complexes. La machine peut concocter un thé au citron en 1 seconde, et un lecteur de musique ultra-perfectionné en un an. Olérien a essayé les deux : il a pu faire plusieurs expérience durant sa dérive, pour s'occuper. Il a essayé toute la garde robe que lui offre le vaisseau, en classifiant selon ses préférences. Le tee-shirt et jean devient alors ses vêtements usuels, et d'autres, occasionnels, voir plus jamais. Il peut de toute façon détruire les vêtements de la même façon qu'ils ont été construit. L'avantage est que cela est moins compliqué de fabriquer à partir de réel plutôt qu'a partir de vide.
Pour les repas, il se laisse guider par le vaisseau, qui organise tout cela, à la demande d'Olérien bien sûr. Il n'en oublie pas d'avoir une notion du temps, pour savoir où il en est. C'est comme cela qu'il fête son 17eme, 18eme, 19eme, et 20eme anniversaire, seul, enfermé entre le mur circulaire qui l'enferme et qui le protège. Quatre ans s'écoulent ainsi lentement, dans ce vide spatial, et Olérien s'enferme peu à peu dans la solitude, brisée par la conversation métallique de son "pilote". Il ne pourra plus avoir une conversation avec un humain, du moins, c'est ce qu'il croit, il s'en ai fait une raison...
Un jour parmi tant d'autre, Olérien s'occupe l'esprit en regardant un film des années 2000, quand il est interrompu par le pilote :
"Olérien, Je Sens Une Forte Présence Eléctrostatique Et Radioactive. Nous Allons La Traverser Dans 10 Minute. Je Te Conseilles De T'accrocher Au Lit, Un Harnais De Sécurité Sera Déployé Pour Te Protéger En Cas De Secousse. Probabilité De Traverser : 98,85 % .Taux De Dommage Sur Module : 0,0029 %. Taux De Dommage Sur Passager : Non Estimable."
Olérien s'exécute alors, s'allonge sur le lit douillet qui lui servirait sans doute de tombe  éternelle. De grosses bandes de tissus surgissent de nulle part et attache solidement l'homme. Il attend donc, dans la peur, en entendant la voix du pilote décompter les minutes, puis les secondes. À zéro, la cabine commence à trembler, de plus en plus fort. Le bruit est aussi de plus en plus fort, jusqu'à ce qu'il ne puisse même plus entendre le pilote parler. Soudain, il reçu un choc tel qu'il s'évanouit sur le lit. Il tombe alors dans un coma, qu'il lui fait revivre des moments marquants de sa vie, comme dans les légendes qui racontent qu'on peut voir sa vie en accélérée avant de mourir...

Olérien à 8 ans. Il vient de sortir d'un an de l'école des rues. Il a appris l'essentiel, à lire/écrire/compter/survivre. Il a des rêves en tête, d'un Paris aussi beau qu'il y a 10 ans, qu'il a pu voir dans un livre, une population unis, d'un monde merveilleux. Il marche dans la rue couverte de détritus et de défécations en tous genre. En une heure, il voit 20 rapports sexuelle sauvages, 4 cadavres, dont 3 en états de décomposition et 12 bagarres dont la moitié avec une arme à feu. Il a été dépouillé de tout ces biens l'heure suivante. La personne qui l'a volé, il la retrouve un peu plus loin, poignardé, un couteau aiguisé encore planté dans le coeur. Il le prend par curiosité, touche le liquide rouge qui s'y trouve. Quand Il comprend à quoi il a à faire, il court, court pendant 10, 20 minutes, jusqu'à ce qu'il se retrouve devant un appartement délabré. Il trouve un coin pour y pleurer, pendant des heures, en regardant son seul trésor qu'il lui reste et qu'il a réussi à cacher : Un lecteur de musique et une photo de ses parents offerte par son orphelinat. Il essaye de penser à eux, alors qu'il ne les a jamais vu, sa mère étant morte durant l'accouchement et son père l'ayant abandonné. Il installe alors son baluchon ici, nettoie du mieux qu'il peut, et sort pour aller chercher l'objet qu'il utilisera 3479 fois, sa mixture, et ses médicaments.
Olérien à 12 ans. Dans une ruelle, il se fait encercler par des petites frappes, pour quelques tickets de rationnements et ces médicaments. Les médicaments serviront sans doute en drogues, car avalé, il guéri un homme, mais respiré, il le drogue et le détruit à petit feu. Olérien ressort son seul ami, Tranchant, son couteau, récupéré sur un cadavre il y a 4 ans. Il l'agite, dans le vide pour menacer. Inutile devant ces brutes qui avancent, avancent encore, le sourire au lèvres. Et Olérien recule, recule, jusqu'à toucher un mur marron de crasse. Les salopards commencent à rire, puis le premier s'élance, un coup de poing américain installé dans son poing droit. Olérien, en se défendant, pointe son couteau devant lui. À sa surprise, le couteau se loge sur le coté gauche du ravisseur qui reste figé de douleur et de surprise. Olérien en profite pour retirer le couteau et le plante plus haut, dans le coeur. Une deuxième auréoles se forme sur le tee-shirt du délinquant. il s'écroule dans un cris étouffé, une mare de sang se forme alors sous le corps du mort. Le deuxième s'enfuit de suite. Olérien lâche le couteau, réalisant qu'il vient d'ôter la vie. Il sort de l'impasse, regardant en arrière. Peu de temps après, quand il repasse dans les parages pour récupérer Tranchant, un petit groupe de badaud avait découvert le corps et des enfants avaient déjà récupéré son couteau. Il comprend alors que ce couteau ne faisaient pas partie du cercle de la vie, mais de celui de la mort : Tranchant allait passer de mains en mains pour semer la mort autour de lui.
Olérien à 13 ans. Il regarde l'Assemblée National encore fumant, détruit. Plusieurs policiers s'y trouvent, dont ils ne reste que des bouts de viandes. Les émeutiers avaient infligé les mêmes sévisses que font les policiers aux délinquants : défigurés, lapidé, castré, dépouillé, brulé,.... Il ne peut se retenir, et il vomi, à l'accueil des visiteurs, à la vue des cadavres, même si "cadavre" est faible pour qualifier cette boucherie. Il regarde, à droite, à gauche. L'hémicycle est encore là, fumant, sans son toit, avec les sièges ravagés, déchirés, brûlés. Il monte sur l'estrade du président de l'assemblée. Curieusement, le marteau du président se trouve là, personne ne l'a volé. Olérien le touche : un bois de qualité le compose, sculpté à merveille, avec une prise en cuir doux comme de la soie. Le seul objet qui obligeait le respect passe un temps est ici bafoué par le survivialisme. Olérien n'a que le temps de reposer le marteau avant d'entendre des voix qui s'élèvent à l'extérieur de l'Assemblée, signe qui est repéré. Il s'enfuit aussi vite qu'il peut, et s'échappe dans les ruelles sombres, entre les morts et vivants bientôt mort...

.............
« Monsieur ? »
Une voix lointaine résonne dans la tête de Olérien, une voix métallique qu'il connaît bien, une voix qui s'imprime dans son souvenir de l'Assemblé. Cette voix ne correspond pas à son souvenir, il est donc obligé d'ouvrir les yeux. Le blanc du vaisseau, combiné avec son éclairage, lui irrite les yeux. il lui faut une bonne dizaine de minutes pour complètement émerger.
« Olérien, Tu Vas Bien ?
- Oui, ça va, j'ai juste la tête qui tourne, répondit ce dernier avec une voix grave. C'est fini ?
- Oui, Nous Avons Passé La Turbulence Il Y A 3 Jours.
- 3 Jours, s'étonne Olérien. J'ai dormi tout ce temps-là ?
- Dormir N'est Pas Le Terme Adéquate. Tu Etais Dans Le Coma. Je N'ai Pas Le Matériel Pour Les Soins Importants. Néanmoins, Je Peux Faire Des Analyses Plus Approfondi. Mais Pour Le Moment, Reposes-Toi, Je Prépare Un Repas Tout De Suite.
- Réveilles-moi quand c'est prêt, OK ?
- Alarme Activé. »
Olérien somnole dans des rêves encore embrouillés, où il s'imagine dans un vaisseau sans défaut, en direction de la Lune. Une personne essaye de le prévenir. Il ne voit que trop tardivement qu'un bout des USA allait l'écraser. Le Vaisseau s'écrase violemment sur l'Ohio.
« Olérien ! »

Olérien se réveille une nouvelle fois, en sursaut, cette fois.
« Le Repas Est Prêt. »

Il se lève du lit, avec difficulté, et mange un boeuf bourguignon à tomber à la renverse, et donne des échantillons que demande poliment le Pilote : Cheveux, salive, et quelques gouttes de sang. Il faudrait une journée au pilote pour savoir si quelque chose en lui avait changé.
Pendant les analyses, Olérien reste très fatigué, et n'arrête pas de dormir depuis l'accident.  Un jour passe, et le Pilote réveille Olérien une nouvelle fois pour les résultats. Il se lève du lit pour l'écouter :
« Les Analyses Sont Terminées. Tu N'as Aucune Maladie En Cours, Aucune Tumeurs, Ni Cancers, Ni Malformations trouvées.
- Il ne s'est rien passé alors ? Je suis soulagé.
- Néanmoins, continu Pilote, Une Anomalie A Eté Découvert au niveau Cellulaire. Le Processus De Vieillissement De Ton Corps Est Défaillant. Les Cellules Se Régénèrent Et Ne Vieillissent Plus. Je N'ai Rien Trouvé D'autre. »

Ce que lui annonce Pilote a l'effet d'une bombe. Condamné à la vie, sans pouvoir mourir. Il s'assit sur le lit, en regardant dans le vide, en se demandant s'il est assez lâche pour se suicider ici et maintenant, ou s'il est assez con pour errer "ad vitam aeternam". Au bout d'un moment, il conclut qu'il laissera l'espace se charger de sa vie. il s'écroule sur son lit, repensant aux souvenirs qu'ils avaient refait surface dans son coma. Toutes les horreurs, les crimes qu'il avait vu, qu'il avait fait. Il sait que l'état du monde, l'anarchie, la peur, n'était pas des excuses toutes trouvées, qu'il aurait pu faire quelques choses pour arranger cela. Au moins, Il sait où il irait à sa mort, s'il meurt un jour......