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Dans chaque histoire, il y a un vieux. Ici, c'est une vieille

Il y a toujours des vieux dans chaque histoire. Des vieux qui sont là pour nous aiguiller et nous donner de précieux indices. Mon histoire n'échappe pas à la règle. Nous sommes là, dans cette petite rue de Plan-de-Cuques, à attendre que la vieille de mon histoire nous ouvre la porte.

Bien qu'elle ait plus de quatre-vingt-dix ans, cette petite dame conserve une formidable énergie et une vivacité d'esprit hors-pair. Habillée un peu comme une romanichelle, elle s'entoure d'un certain mysticisme pour appâter le client, comme elle nous dit en nous accueillant. Alésia, malgré son âge, pratique encore pour quelques personnes ses talents de médium-spirite. Elle refuse de plus en plus les clients, nous dit-elle, préférant se consacrer à ses rares habitués et passer le plus clair de son temps à se « préparer ». Elle nous avait accordé une exception, l'accent puis les dires de Frida l'avaient intriguée. C'est ce qu'elle nous dit, en façade alors qu'elle nous accueille chez elle. Une fois la porte de sa maison fermée à clé, elle prend un air grave. Elle nous fait asseoir dans un petit salon, là où elle recevait ses « clientes ». Assise devant nous, son discours change du tout au tout.

« Je sais qui vous êtes. Je sais pourquoi vous êtes là. Ce jour est enfin arrivé. Cela fait des années que j'attends ce moment. »

Frida et moi sommes guère étonnés. Mais on ne dit toujours rien. Elle nous regarde droit dans les yeux, d'un regard impassible, qui ne transmet aucune émotion.

« Vous vous posez des questions, Chris. À vous regarder, on a l'impression de voir un enfant qui est en train de découvrir le monde. Vous êtes prêt à croire à tout ce que vous voyez. Chaque réponse apporte de nouvelles questions qu'il vous brûle de solutionner. Vous avez une belle âme. Même si certains de vos actes sont discutables, la cause qui vous a animé jusqu'ici est noble et belle. Mais imparfaite. »

« et que savez-vous de ma cause, au juste ? », dis-je intimidé.

« Vous voulez rendre le monde meilleur, le rendre plus beau en chassant toutes les pensées et émotions négatives. C'est un noble but. Seulement, vous vous êtes attaqué à l'un des plus gros maux de notre terre, et avec votre inexpérience, vous avez lamentablement échoué. »

Je suis un peu vexé. En soi, elle me traite de gros débutant.

« Vous savez comment je peux corriger le tir ? »

« Non, je ne le peux. Ce n'est pas de mon ressort. Vous avez encore du chemin devant vous, moi je ne suis là que pour vous montrer la voie. Comme Edgard Friendley l'a fait avant moi. Vous possédez presque toutes les clés du puzzle. Il ne vous reste qu'à découvrir les pièces maîtresses. »

Je n'aime pas quand on me parle par énigmes. J'aime qu'on me présente les choses de but en blanc.

« Vous savez qui possède ces pièces ?

-Oui, bien sûr. Il s'agit de Gusfand. Je crois qu'Edgard le connaissait sous le nom d'Enguerrand. »

Cette évocation me requinque en un instant.

« Vous savez où le trouver ?

-Non. On ne trouve pas Enguerrand. Il vient à vous. Si vous êtes dans le besoin, si vous remplissez les conditions. Si vous l'appelez avec suffisamment de foi. Et pour l'instant, elle vous fait encore défaut. »

-Je ne comprends pas, répondis-je.

-C'est normal. Pour comprendre, je vais vous conter mon histoire. »

Elle se tourne vers Frida, avec un air sévère. Puis elle reprend.

« Cependant, je ne raconterai rien tant que cette personne est près de nous. Sans vouloir vous offenser, chère Madame, ce que je dois dire ne peut l'être qu'à Chris. Ce sera à lui de vous répéter ce qu'il veut bien vous raconter. »

Frida, vexée, sort de la pièce sans dire un mot. Elle attend dehors dans le jardin de la maison. Une fois qu'elle est installée, Alésia commença son histoire.

« Aussi loin que je me souvienne, depuis toute petite, j'entendais des voix. Au début, de manière assez faible. Mais au plus le temps passait, au plus elles gagnèrent en intensité et devenaient de plus en nombreuses. Le paroxysme arriva vers mes douze ans, au moment de ma puberté. J'entendais des voix toutes la journée. Je répétai des choses que les voix me disaient, que je n'étais pas censée savoir. Ma mère pensait que j'étais possédée. Elle était profonde chrétienne, et tenta d'ailleurs de me faire exorciser. Le curé, bien sûr, ne put rien faire. On essaya les crucifix dans toutes les pièces, on essaya toutes les méthodes de grand-mère pour chasser les esprits, rien n'y fit. Alors qu'on essayait toutes ces méthodes, les voix continuèrent à grandir. J'ai cru devenir folle. Dans le marasme ambiant, je percevais régulièrement une voix. Elle me disait « appelle-le. Gusfand. Dis trois fois son nom, plusieurs soirs de suite. Il viendra. »

En désespoir de cause, je fis exactement ce que cette voix me disait. Pendant un mois, tous les soirs, avant de dormir, je répétai trois fois le mot : Gusfand. Gusfand. Gusfand. Mais rien ne se passait. Le soir où je décidai d'abandonner, on frappa à la porte de la maison.

C'était un vieillard, habillé de drôle de manière. Un grand par-dessus beige, le front dégarni et des cheveux mi-longs en bataille. Il portait des lunettes métalliques qui cachaient ses yeux. Il parla à mon père et ma mère, d'une voix très douce. Il leur annonça qu'il était au courant de mon problème et qu'il était venu nous aider. Il ne demandait rien en échange, seulement le gîte et le couvert le temps qu'il mettrait pour nous aider. Il expliqua à mes parents que je n'étais pas atteinte de malédiction, que je n'étais pas possédée ou quoi que ce soit d'autres. J'avais simplement un don, très rare, celui de percevoir au-delà du voile qui sépare le monde des vivants de celui des morts. Après ses premières explications, mes parents acceptèrent son offre. Ils étaient heureux d'avoir quelqu'un qui apportait des réponses, ce que le curé n'avait pas réussi à faire. Pendant une semaine, Gusfand resta avec moi. Il m'apprit à maîtriser ma capacité : à écouter les voix correctement, à me concentrer sur l'une d'entre elles, mais aussi à les chasser et faire le vide dans mon esprit. Au bout de cette semaine d'apprentissage, il disparut comme il était venu. »

Je revis Gusfand une seconde fois, en 1940. L'armée allemande venait de rentrer en France, et venait de balayer la Belgique. Il m'expliqua que l'armée nazie était très dangereuse, et cherchait des personnes comme moi. Que je devais me montrer prudente. On passa sous le gouvernement de Vichy. Mais des rumeurs nous parvinrent : des rafles avaient lieu, principalement des juifs. Personne ne savait où ils allaient. Puis un soir, un homme vint poser des questions. Il avait vu l'article du Petit Marseillais qui parlait de mon « don ». Mon père baratina que c'était une mauvaise blague que l'on avait fait à l'époque. La nuit même, il m'emmena dans le maquis où je restais pendant cinq ans jusqu'à ce que les nazis soient chassés du pays. Durant cette période, cependant, je connus un garçon ultra charmant. Il était si beau avec ses yeux bleus et cheveux blonds. Et très courtois. Il n'arrêtait pas de me faire du charme. Durant l'hiver 44, je cédai à ses avances. Lorsque je compris qu'une vie grandissait en moi, il me sourit et semblait transporté de joie. Mais dès le lendemain, il avait disparu.

Pendant très longtemps, je n'entendis plus parler de Gusfand. Après la guerre, ayant une bouche à nourrir, je m'installais comme voyante. J'eus très vite beaucoup de succès. Des tas de gens venaient me rencontrer, certains venant même de Paris. Mais faire le relais entre les morts et leur famille fut extrêmement fatiguant. Ma fille, quant à elle, grandit sans développer la moindre capacité. Sa fille après elle non plus. Mais mon arrière petite fille, elle, fit des démonstrations étonnantes dès ses trois ans.

Elle pouvait prédire un peu tout ce qui allait arriver à l'avance autour d'elle. Elle savait, par exemple, que je viendrais la visiter alors que ses parents ne lui en disaient rien. Elle a prévenu, par exemple, la catastrophe de machin chouette en XY. Mais elle se sentait perdue. Son don était un peu comme une malédiction pour elle. J'appelai Gusfand, non pour moi, mais pour ma petite chérie perdue. Ce fut la dernière fois que je le vis. »


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