📝 [article] : Comment j'ai arrêté de faire du slut-shaming sans changer d'avis
Bonjour à toutes et à tous, aujourd'hui, un article !
Et ça repart sur du féminisme, eh oui.
Prenez-vous un truc à manger parce que ça va être long. Très long.
Petit préambule, on va parler de genre mais de façon assez cis-centrée. Du coup quand je dis femme, c'est pour parler des personnes à vulves, et quand je dis homme, des personnes à penis. Bien sûr les personnes transgenres existent et savent mieux que personne ce qu'est la performance de genre (je l'explique plus tard dans l'article) mais je m'en suis tenue ici au problème chez les personne cis. Sujet passionnant pour une autre fois, donc.
1. SLUT-SHAMING
Le slut-shaming, que l'on peut traduire maladroitement comme "mal parler des putes", est un terme utiliser pour désigner un comportement machiste précis.
Toutes les discriminations ou insultes ou pensées qui partent de cette phrase : "Elle s'habille comme une pute".
Les femmes qui portent du maquillage, des hauts-talons, des vêtements courts, qui s'épilent et se teigne les cheveux, celles qu'on appelle vulgaires, dépravées, les voitures volées et prostituées, celles qui veulent se faire remarquer, qui ne font cela que pour plaire aux hommes et éventuellement à la société.
Inutile de dire que c'est extrêmement violent. On les considère souvent moins bien à cause de cette logique, comme des femmes qui rentreraient trop dans les codes.
En réponse à ça, le féminisme a apporté une réponse. Une belle réponse toute faite et bien emballée.
"Les femmes font ce qu'elles veulent".
C'est ce que le féminisme défend : le droit pour les femmes de s'épiler ou de ne pas s'épiler. Le droit pour les femmes se maquiller ou de ne pas se maquiller. Le droit pour les femmes de rentrer dans les codes de la féminité, ou pas.
Elle porte une mini-jupe ? Si elle veut, elle peut. Elle n'est pas une pute, juste une femme qui fait ce qu'elle veut.
J'ai été accusée de slut-shaming par le passé. Je disais que les vêtements servaient à protéger du froid et la pudeur des autres, et j'ajoutais un petit dessin d'une femme avec un short très court et un débardeur crop-top en disant qu'elle n'avait pas compris le principe.
C'est effectivement du slut-shaming. La conclusion du chapitre restait "Mais chacun fait ce qu'il veut", en remontrant ce personnage à ce moment ; et le même personnage réaparaissant en étant justement une mère qui encourage son enfant à casser les codes de genre, même si elle est féminine.
Mais ça restait du slut-shaming.
Je reconnais que j'ai eu tort de dire ça, et aussi de dire "Roh mais c'est une blague".
Mais dans le fond, je n'ai pas changé d'avis. Je continue de ne pas aimer que les femmes répondent à l'appel de la féminité dite "mainstream".
Je ne blâme juste plus les femmes pour ça.
(Et là en vrai je grossis un peu beaucoup le trait de ma propre personne. Ça ne me dérange pas chaque fois que j'en croise une, je n'y pense même pas. C'est juste quand je m'intéresse au sujet que ça me revient.)
Mais alors, qui blâmer ? Et qu'est-ce que j'entends par féminité mainstream ?
2. MALE-GAZE
Non, ce n'est pas patriarcat en anglais. On en a marre que les féministes disent que c'est "LE PATRARCAT" ? Bon d'accord cherchons des termes plus précis.
Male-gaze signifie "Regard de l'homme" (je traduis "male" par homme, certain.es pourraient dire que c'est plus proche du terme mâle, mais c'est plus utilisé en anglais, donc je préfère homme).
C'est un terme qui a avant tout été utilisé pour parler de la fiction.
La fiction ? La fiction.
Les personnages féminins sont sexualisés dans la fiction.
Et encore plus que vous ne le pensez.
Bon là on dirait que j'ai juste lâché une énorme ineptie, genre "Wow je savais pas dis donc, jamais remarquer la sexualisation dans la fiction !"
Oui, évidemment qu'elles sont sexualisées. Mais comment et pourquoi ?
Ah, là tout de suite ça rigole moins !
Quand vous regardez un personnage féminin de fiction, dans un film, un livre, un dessin animé ou que sais-je, il y a de forte chance qu'un homme, à un moment, ait été inclu dans le processus de création de ce personnage. Parfois il n'y a littéralement que des hommes derrière.
(Généralité là aussi, hein).
Et ces hommes, à un moment, vont chercher à satisfaire leur regard masculin au travers de ces personnages féminins.
Une Mégane Fox ruisselante de sueur dans Transformers ? Male-gaze. Des personnages habillées en petite tenue dans Kill la kill ? Male-gaze. Un plan sur les fesses de Diana dans Justice League ? Male-gaze. Un plan sur les fesses de Miranda dans Mass Effect ? Male-gaze.
"Mais ce ne sont pas de mauvais personnages ! Mégane Fox est forte en mécanique, les tenues sexualisées des persos leur donne des pouvoirs dans Kill la kill, Wonder Woman est clairement un personnage féministe, et Miranda est très intelligente et une fine stratège !"
D'accord, ce sont plein de chouettes raisons d'aimer ces personnages, et Dieu merci elles ne sont pas réduites à leur physique... Alors pourquoi les sexualiser ? Pourquoi faire un plan sur leurs fesses et pas sur leur visages ?
"Bah parce que ce sont des femmes qui font ce qu'elles veulent !"
À une époque, le débat s'arrêtait là. Kill la kill donne à ses personnages des discours entiers comme quoi elles reprennent leur pouvoir sur leur corps. Alors elles font ce qu'elles veulent, parce que le féminisme, c'est donner aux femmes le droit de faire ce qu'elles veulent, pas vrai ?
Sauf que ce ne sont pas des femmes.
Eh non.
Ce sont des personnages. Joués souvent par de vrais actrices évidemment, mais des personnages quand même.
Et ce sont les hommes derrière elles qui décident pour elles.
Donc, pourquoi les sexualiser ?
Parce que ça plaît au public masculin.
Au regard masculin.
Tu peux te contenter de faire un plan osef sur les fesses de ton actrice ou inventer tout un lore qui justifie que les femmes s'habillent en armure bikini, dans les deux cas, la finalité, c'est plaire au regard masculin. Et l'effet le plus néfaste est sans doute de ramener ces personnages féminins forts... Juste à leurs corps.
Mais continuons.
Le male-gaze est la raison pour laquelle sexualiser des personnages dans la fiction même sous prétexte qu'elles font ce qu'elles veulent est mal, mais si ce n'était pas que les sexualiser ? Si ça allait encore plus loin que juste les ramener sans cesse à leur corps ?
Le male-gaze définit les personnages dans la fiction.
Une majorité d'hommes encore aujourd'hui se trouvent derrière les productions, scénatisations et publications des fictions que nous aimons.
Ce sont eux qui créent les personnages féminins. Et ils s'inspirent peut-être de leur femme, leurs filles, ils ne peuvent rien contre leur biais.
Récemment, mon père m'a dit qu'il reprenait l'écriture et travaillait sur une pièce de théâtre. J'étais très enthousiasmée. Il m'a raconté son pitch : un vieux médecin un peu macho qui se fait greffer le cerveau pour retrouver un corps jeune et beau, et se réveille... Dans celui d'une femme.
Ma première réaction : "Ah bah il va savoir ce que c'est les règles !"
Mon père a perdu son sourire.
Il n'avait pas une seule seconde penser aux règles. Alors que c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit.
Cela montre bien que malgré tous les efforts qu'ils peuvent faire pour construire des personnages féminins complexes, interessant, etc. Ils ne savent pas ce à quoi pensent les femmes.
Je lui ai même pas parlé de maquillage, de vetements ou je sais pas quoi. Je lui ai parlé d'une réalité biologique. Mais il n'y avait pas pensé.
Le male-gaze a déjà une influence énorme sur son personnage alors que celui-ci n'est qu'un homme dans un corps de femme. Alors pensez, une feme dans un corps de femme !
Les personnages féminins écrits par des hommes ne peuvent pas se débarrasser complètement de leurs biais.
C'est pour ça qu'ils sont sexualisés. Même en leur donnant des qualités et des défauts intéressants, même en en faisant des femmes fortes un peu plus intéressantes que des James Bond Girl, ils ne peuvent pas sortir de leur male-gaze et les représentent sexy.
Les femmes "gentilles" (je veux dire par là du côté des gentils, elles peuvent être sévères ou dures ou même violentes, mais du côté des gentils) montrées avec un regard positif dont la beauté n'est pas conventionnelle et sexualisée sont RARISSIMES DANS LA FICTION. Et quand elles le sont, souvent... C'est une femme qui est derrière.
Les seules exceptions sont les films pour enfants, et encore. Elles sont très souvent idéalisées. À quand une princesse disney vraiment ronde ? À quand une ado avec de l'acné dans un film Pixar ? Et j'ai bien dit montrer sous un angle positif. Oui, montrer l'acné sous un angle positif, du jamais vu je sais.
Et tout ça, c'est la faute du male-gaze.
Heureusement qu'il y a quelques femmes pour créer des fictions, quand même !
Oh... really ?
3. FEMALE-GAZE
Là ça devient complexe.
Vous allez me dire "Oh mais d'accord, les femmes quand elles font des personnages de fiction elles font de bons personnages féminins mais par contre elles font des personnages masculins biaisés, dans lesquels leur female-gaze a une influence."
Déjà, oui, effectivement. Les femmes font des personnages masculins avec leurs stéréotypes et idéales masculins. Mais c'est pas trop le sujet du jour. Et en soi, les hommes aussi représentent leurs personnages masculins sous un angle stéréotypé et idéalisé. C'est un peu moins toxique, mais c'est une réalité.
Et justement.
Même au travers du female-gaze, même au travers d'un regard censé être plus bienveillant et mieux connaitre la féminité, les personnages féminins sont souvent... Féminins.
Les personnages féminins dans la fiction féminine revendiquent souvent une beauté moins conventionnelle, le fameux "Moi ? Je ne suis pas comme les autres filles !" (on va y revenir). Elles sont rarement masculines pour autant (ce sont les hommes qui ont tendance à masculiniser les femmes, ça aussi on va y revenir). Très souvent, les personnages féminins dans la fiction féminine performent la féminité.
Elles sont peut-être moins sexualisées (et ça, ça se discute vachement), mais n'en sont pas moins féminines. Elles n'ont peut-être pas un rouge à lèvre pétant et glamour mais ça ne veut pas dire qu'elles font l'impasse sur le maquillage. Elles ne portent pas de costume moulant ou de mini-jupe, mais tu vas pas me faire croire qu'elles ne portent jamais de robes ?
Et à quand une femme dans la fiction qui portent un sarouel en mode osef sans que ça fasse partie de sa personnalité genre "Je fais signer des pétitions pour sauver les bébés phoques à tous les persos que je rencontre" ?
On parle pas mal de personnage de fiction, là. Si on revenait à la réalité ?
4. LE GAZE A CREVÉ L'ÉCRAN
Le male-gaze a déjà été étendu : il n'est pas seulement à l'origine de la sexualisation des personnages féminins mais aussi de tous les stéréotypes et idéaux masculins qui viennent s'interposer comme biais dans leur création.
Mais si le male-gaze débordait dans la vraie vie ?
Quand les femmes se maquillent et portent des mini-jupes, on ne peut pas discuter de leur droit à disposer de leur corps. On ne peut pas non plus discuter réellement de la pleine conscience de cette décision.
Parce que la pleine conscience n'existe pas réellement. Nous sommes dans un monde où notre univers mental, même celui des femmes, a été régi par le male-gaze. Que ce soit au travers de la fiction, ou des autres femmes.
Le male-gaze coule dans la vraie vie. Et même quand on ne veut pas DU TOUT séduire, la mode actuelle est souvent guidée par le male-gaze. Les jupes courtes, les pantalons moulants, le maquillage, c'est peut-être même des hommes qui t'ont dit que c'était pour les putes, mais en attendant, à un moment ou à un autre, c'est pour leur plaire que ces vêtements ont été inventés.
Mais les femmes font ce qu'elles veulent. Je le dis et le pense sincèrement. Je regrette seulement deux choses.
5. PERFORMANCE DE LA FÉMINITÉ
Le genre est une performance. Ça c'est dit.
Bon, au-delà de la performance de genre, on va tout de suite distinguer des éléments très importants pour la suite :
Être une femme, ce n'est pas être féminine ; être un homme, ce n'est pas être masculin.
Quel que soit ton genre, tu peux performer la féminité, ou la masculinité, ou un mélange des deux.
Ce que j'ai expliqué jusqu'ici, c'est que QUEL QUE SOIT le gaze au travers on te regarde, en tant que femme, tu es toujours encouragée à performer la féminité.
Le male-gaze te pousse vers une féminité plus conventionnelle, et le female-gaze vers une féminité plus libre, certes. Et les deux associent aussi aux femmes des caractéristiques masculines ! (On va y revenir, je vous ai dit).
Mais dans tous les cas, on te pousse à performer la féminité.
Vous vous souvenez de ce que je disais au début du chapitre ? Comme quoi j'ai slut-shamé par le passé et que j'ai changé d'avis mais pas vraiment non plus.
Je ne mets plus la faute sur les femmes.
Mais je n'aime pas l'engouement général qu'il y a autour de la performance de la féminité.
Quel que soit ta façon de penser, ton style, tes envies, tes désirs, tes besoins, ta morphologie, ton rêve le plus fou, ton sourire, ton lieu préféré, le plat que tu détestes le plus, tu dois performer la féminité.
Au quotidien, dans ta façon de vivre, tu dois être capable de performer la féminité.
Et c'est fatiguant. Performer la féminité demande beaucoup d'efforts et occupe une grande place mentale.
C'est un environnement assez toxique, où les femmes sont encore comme souvent ramenées à leur corps.
ET POURTANT, TU SERAS BLAMÉ POUR ÇA.
6. MISOGYNIE INTERNALISÉE
Le féminisme, c'est un travail personnel avant tout. Que tu sois une femme, ou un homme, ton job, c'est de te déconstruire.
C'est long. Très long.
Même quand on est une femme, on a internalisé depuis toute petite et sans s'en rendre compte la misogynie.
Quelque part, au fond de moi, je détestais les femmes, et je ne le savais pas.
Moi non plus je n'étais pas "Comme les autres filles". Moi aussi je traînais avec des garçons, j'avais les cheveux courts. Moi aussi j'ai déploré qu'elles s'épilent et portent du maquillages.
Pourquoi est-ce qu'il est impératif de laisser les femmes performer la féminité, même si ça peut être toxique ? C'est quoi le vrai problème du slut-shaming ? Ou même du comportement toxique derrière le "Moi je ne suis pas comme les autres femmes !" ?
Parce que les femmes sont jugées pour aimer des trucs féminins.
Parce que les trucs féminins, c'est mal.
Parce que les trucs féminins, c'est en-dessous des trucs masculins.
Parce que les femmes sont en-dessous des hommes.
Nous avons appris à détester et rabaisser les femmes. Mais aujourd'hui, et surtout quand on est une femme, c'est difficile de vraiment détester et rabaisser les femmes ! Alors on déteste et rabaisse ce (qu'on croit) que les femmes aiment !
Rey dans Star Wars ? Elle est trop stylée. C'est une femme forte ! Elle n'est pas sexualisée... elle ne porte pas de maquillage, de robe ou de haut-talons. Et elle se bat ! Elle se défend contre les hommes, on ne la voit pas tomber amoureuse... Elle est trop bien !
Mais tout ça, se sont des caractéristiques masculines.
La princesse Padmé ? Nan mais elle est trop nulle... Elle est sexualisée, elle porte tout le temps des robes, des coiffures compliquées et du maquillage ; elle se bat un peu mais c'est plus souvent une princesse à sauver ! Et alors ne parlons même pas de son histoire d'amour Oh lala des sentiments trop intenses, beurk... Et évidemment elle tombe enceinte ! Elle ne sert qu'à pondre des gosses.
Et tout ça, ce sont des caractéristiques féminines.
"MAIS MOI JE PRÉFÈRE PADMÉ À REY" oui mais tu n'es pas le centre du monde et globalement le personnage de Rey est beaucoup plus apprécié que ce soit par les hommes ou les femmes.
(Et sur un plan un peu plus objectif, la troisième trilogie est meilleure que la prélogie en terme d'écritures de personnages et d'arcs narratifs et de scénarios, au moins jusqu'à l'épisode 11. On peut préférer Rey pour d'autres raisons, bien sûr. Ne serait-ce que par une différence de génération)
Mais c'était un petit exemple pour montrer que souvent, même chez des personnages féminins, on préfère les caractéristiques masculines.
Dragons est génial pour ça (le premier. Les autres euh... Chouette spectacle mais beaucoup de trucs incohérents/gâchés/personnages revisités). Parce qu'Harold est le personnage avec des caractéristiques féminines (compassion, éducation, douceur, aider, soigner...) et Astrid le personnage avec des caractéristiques masculines (force, leadership, violence, ego...) mais les genres sont inversés (garçon féminin et fille masculine) et à la fin... C'est Harold qui a raison. Tout le village est d'accord pour dire qu'il leur faut des caractéristiques plus féminines à l'égard des dragons.
Là j'ai de nouveau parlé de fiction mais c'est pour que vous compreniez comment ça marche...
Mais cela s'applique évidemment à la vraie vie.
Le maquillage ? Mais c'est une perte de temps et d'argent, tu fais ça pour plaire aux hommes...
Alors que c'est un moyen d'expression typiquement féminin (à la base, je vous ai déjà dit qu'on allait y revenir)
Tu portes des robes ? Mais c'est pas confortable, t'as plus l'âge de faire ta princesse, tu vas pas savoir courir avec ça...
Alors que c'est un vêtement typiquement féminin.
Tu portes du rose ? Tu veux des enfants ? Tu es infirmière ? Tu es prof ? Tu es gentille et douce ? Tu cherches à apaiser les argumentaires ? Tu n'aimes pas la violence ? Tu collectionnes les cristaux ? Tu balances les fesses en marchant ?
Mais arrête un peu d'être une femme, s'il-te-plait !
Nous avons internaliser la misogynie. Même sans le vouloir, nous sommes toutes et tous misogyne. Et ça commence par détester et rabaisser ce qui fait la féminité.
7. GARÇON MANQUÉ
(Passons sur le fait que cette expression donne l'impression qu'une fille masculine n'est pas une fille différente mais un garçon raté parce que oups, c'est une fille, mince alors, trop dommage.)
Je ne suis pas comme les autres filles.
Ça n'a pas toujours été volontaire. Je n'ai longtemps pas compris comment performer le genre féminin.
Je vous jure que c'est vrai. Pendant des années, "garçon manqué" était une insulte qui m'était adressée. Parce qu'à l'âge des princesses, je n'avais pas beaucoup de robes dans ma penderie, et que mes cheveux ne poussaient pas.
Pourtant, je n'ai jamais aimé la féminité. J'ai longtemps voulu être plus féminine sans me reconnaître dans ce modèle.
Alors aujourd'hui, je suis cette fille. Cette fille qui n'est "pas comme les autres filles".
Et j'ai été tellement blâmée et par tellement de gens pour être celle-là aussi.
Bah oui, eh. Tous les camps en prennent plein la tronche. Tu pensais à quoi ? On est des femmes !
Les femmes qui revendiquent la masculinité sont plutôt nombreuses, dans la réalité comme dans la fiction.
Je porte quelques robes mais c'est pour encore mieux montrer que j'ai des poils plein les jambes. Je me maquille ? Trois petits points d'aquarelle sur le visage à des fins spirituelles. Je porte du rose ? Je pense que mon armoire contient absolument toutes les couleurs qui existent.
Pourtant, je ne rejette pas ma féminité.
Parce que c'est un équilibre a trouver.
J'aime être la gentille. La fille qui écoute les autres. Je donne de la place à mes émotions. Ma priorité c'est de me sentir confortable dans mes vêtements mais ça ne veut pas dire que je ne me regarde pas tous les jours dans le miroir.
J'ai appris à embrasser ma féminité comme ma masculinité. Et c'est ce qu'il y a de plus important en soi.
En vrai, les femmes manquent encore cruellement de représentation sur tellement de plans. Récemment, c'est la problématique du maquillage qui m'a sauté aux yeux.
Je suis depuis quelque temps une communauté réunie autour des aesthetic genre "Goblincore", "fairycore", un peu de "Cottagecore" aussi (mais celui-là est plus féminin).
Et dans le goblincore, il y a une espèce de grosse vibe "Personne à vulve non-binaires".
Donc une ambiance très androgyne, avec une féminité pas du tout conventionnelle mise en avant...
Pourtant, j'ai fait le test au bout d'un moment d'être attentive au maquillage.
Iels étaient toutes et tous maquillés.
T.O.U.T.E.S. E.T. T.O.U.S.
Même les personnes à pénis.
Pareil, dans les grands monstres de la communauté Beauty sur YouTube, il y a pas mal d'hommes ! Qui se maquillent !
Alors c'est génial que le maquillage ait été réapproprié par cette androgynité. Il devient un outil typiquement féminin mais en fait neutre. Et c'est un moyen d'expression très sympa.
Mais voilà. Je ne me maquille pas. Et j'aimerais beaucoup voir dans les communautés que je suis (je parle des goblincore, là, pas des gens connus pour faire de la beauté sur YouTube, c'est vraaaaiiiiiment pas mon contenu) plus de gens qui ne se maquillent pas. Que ce soit en mode osef ou une vraie revendication, peu importe. Mais juste... Une ou deux personnes qui ne sont jamais ou presque jamais maquillées.
Beaucoup de femmes se disent "différentes des autres filles"... Mais c'est en fait une façon de shamé ces autres filles.
On peut se plaindre de la sexualisation dans la fiction sans se plaindre du fait que des femmes portent des mini-jupes dans la vraie vie. On peut se plaindre des interférences avec le réalisme que le male-gaze crée sans reprocher aux femmes de trouver des modèles dans des personnages stéréotypés.
On peut vouloir ressembler à une sorcière goblin en sarouel qui ramasse des petits bâtons et des pommes de pain dans la forêt sans blâmer celles qui veulent ressembler à une James Bond Girl.
Parce que nous, les femmes, ne devrions plus être en compétition.
8. COMPÉTITION
Aaaaah la compétition.
Que voilà un concept pas du tout patriarcal.
Oups je l'ai dit.
Bon.
Oubliez le patriarcat, contentons-nous de dire que c'est bien de la merde de se battre les unes contre les autres.
D'où ça vient, pourquoi, comment ? On ne sait pas.
On sait seulement qu'il y a une espèce de... de tradition qui consiste à mettre constamment les femmes en compétition les unes avec les autres.
Et je ne parle pas que de celles qui passent dans les Reines du Shopping.
Qu'on le veuille ou non, on a un sentiment de compétition. Même si on est davantage bienveillantes les unes avec les autres aujourd'hui, on a tôt fait de critiquer le style de l'une ou de l'autre, la façon de parler, le mec de l'une ou de l'autre...
Sans doute que là encore, les petits rouages vissés dans l'enfance de la misogynie internalisée sont à l'œuvre.
Combien de fois ma mère m'a pris à part pour me montrer une passante dans la rue devant moi et critiquer son style ou parfois pire, son physique directement ? Et combien de fois ma grand-mère a fait ça ? Et combien de fois je l'ai fait au lycée dans cet environnement oh-mon-dieu tellement toxique ?
C'est quand je repense à tout ça que j'aime le plus mes ami.es aujourd'hui.
Bref, subtilement ou non, nous sommes en compétition.
9. IL N'Y A PAS DE BON OU DE MAUVAIS CHOIX
Que tu sois une bombe ou une sainte ne changera rien. Que tu ressembles plus à Mlle Pouf dans Assassination Classroom (mes refs obscures) ou à Billie Eilish (avant son magnifique photoshoot pour Vogue), ça ne changera rien.
Tu es une femme.
On va te blâmer pour tes choix.
Pris en conscience ou non. Pris sur le vif ou non. Qu'ils aient changé ou non.
On va te blâmer pour tes choix, pour tes goûts, pour ton apparence.
Et c'est pas Ok, c'est jamais Ok. C'est toujours injuste, et ça le restera encore longtemps malheureusement.
Les femmes sont injustement jugées.
Et c'est pour ça que c'est absolument impératif qu'elles fassent ce qu'elles veulent.
***
Voilou voilou, j'espère que vous avez appris des choses, que ça vous a parlé ^^
Je vais pas être très longue :) je vous encourage à réagir bien sûr !
Bonne journée à toutes et à tous !
Chloé
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro