7.
(Martin)
Le réveil a été difficile. Découvrir Violette blottie contre Ludo m’a fait un choc. Pour la première fois depuis notre installation ici, ma petite sœur n’était pas bien et je n’étais pas, moi, à ses côtés. Je m'en suis voulu de l’avoir laissée seule avec mon amant mais celui-ci m’a assuré qu'ils avaient passé une bonne soirée.
Je vais discuter avec elle tout à l’heure.
Ludo a déjà quitté le lit, il ne sait pas rester couché et j’entends parler signe que, du côté des jeunes, la faim se fait sentir. Fabien a, tout comme Aymeric, Lucas et moi goûté à la préparation des différents plats que je prépare toujours en amont, mais la ration était minime. Je me lève et les rejoins.
Fabien et ma sœur, attablés, mangent avec appétit des tartines grillées que leur donnent Ludovic. Tous les trois, radieux, se retournent vers moi lorsque j'arrive.
— Nous t’avons réveillé mon coeur ? s'inquiète immédiatement Ludo en se dirigeant vers moi.
— Non. Mon ventre a été plus bruyant que vous. Il faut que je pense à manger avant les cours. Tu es d'accord avec ça, Fabien ?
— Complètement. Mais putain que c’était bon ! Enfin le tien, je ne sais pas pour celui de tes deux apprentis !
— J’ai goûté pour vérifier leur assaisonnement, expliqué-je. Aymeric fera un meilleur cuisinier que Lucas. Celui-ci est désespérant à force d’être nonchalant.
— À croire qu'il a d’autres raisons de venir, grogne Ludovic, en me lançant un regard noir.
— Ne soit pas bête, tu veux ! C’est un gamin que je n’intéresse pas du tout. Et en plus je suis persuadé qu'il est plus attiré par les nanas que par les mecs.
— Vu comment il lui matait le cul, ricane Fabien dans l’oreille de Violette, cela serait surprenant.
— N’en rajoute pas Fabien ! Ludovic est assez pénible avec cela, râlé-je un peu fort.
— Bébé, je ne dis pas que c’est de ta faute ni que tu dois lui interdire de venir mais juste lui dire d’arrêter ce comportement.
— Alors là, Ludo, tu te plantes, s’esclaffe Fabien. Il en rajouterait encore plus. Martin nie son existence mais l’autre idiot ça l’amuse. A mon avis, que tu lui expliques, toi et tes bras musclés serait largement plus efficace.
— Merci pour ton étude de cas, Fabien, dis-je vexé. Il se marre vraiment ?
— Ah ça, oui, dit-il en se poilant tout seul.
Je le sais bien qu'il le faisait, hélas. Et pourquoi, aussi. Au premier repas, je l’avais surpris en train de regarder le cul de Paul. Il m’avait semblé que celui-ci s'en était aperçu car il avait rougi. Mais impossible de me résoudre à en parler à Lucas. A son deuxième rendez vous, ils étaient trois avec lui et il a recommencé avec David, cette fois. Ostensiblement. Je savais qu'il en avait fait exprès, mais sans en connaître la raison. Ce soir-là, sous prétexte de discuter, il était resté. Appuyé à l’îlot central, il me fixait sûr de lui, sûr de son charme.
— Martin, j’ai vraiment envie de cette soirée en tête à tête, a-t-il dit en insistant sur le mot envie d'une voix chaude comme la braise.
Il avait compris que cela avait provoqué un truc en moi puisque suite à son allusion mon visage s'était enflammé.
— Oh Martin, il est tellement facile de te troubler, avait-il rigolé. A chaque fois que je regarde le cul d'un de tes stagiaires, tu blêmis. Souhaites-tu que je m’occupe du tien ?
Tout en parlant, il s'était avancé jusqu’à être quasi collé à moi. Et moi, je ne savais pas comment réagir. Comme un petit animal pris au piège.
— Je ne pense pas que Ludovic apprécierait ton comportement, vilain garnement, avait-il ajouté. Et que dirait ta clientèle de ceci ? Je veux ce rendez-vous avait-il fini presque menaçant.
Je n’avais pas su me défendre, lui dire d’aller se faire voir. Il me suffisait pourtant juste d’en parler à Ludovic. Quitte à tout perdre. Car il se fâcherait, c’était certain. Impossible de nier le fait que j'avais été troublé. Sans pouvoir en donner la raison. Sans vouloir la chercher surtout. Alors lâchement, j’avais proposé la seule solution possible : avec Aymeric. Alors, oui, il pouvait se marrer.
(Fabien)
Depuis que nous prenons le bus avec Violette, nous arrivons trop tard pour aller au foyer. J’en aurais bien besoin mais ma “presque” soeur me consacre quasiment une heure de son temps, le soir, pour m’aider à revoir les matières où je suis en difficulté. Du coup, comme beaucoup d’autres élèves nous trainassons dans le hall. Et apparemment Arthur est dans la même situation.
— Arthur ! l’interpellé-je en remuant des bras, tout en me dirigeant vers lui, suivi par Violette. Ton taxi t’emmène tôt, dis donc. Tu serais mieux au foyer.
— C’est ce que je fais en général mais Antoine et deux autres mecs y entraient quand je suis arrivé. Du coup, j’ai préféré m’abstenir. Mon objectif de ce matin était de finir d'écrire mon devoir de Français, ce sera pour ce midi, ou ce soir, ajoute-t-il dépité.
— Tu n’as pas une tablette ? intervient spontanément Violette.
— Non, et puis cela changerait quoi ? Il me faudrait bien l’écrire à un moment, non ? Nous n’avons pas d’imprimante à la maison, lache-t-il
— Il y en a ici et vu ton handicap, je pense que le proviseur accepterait, continue-t-elle. Veux-tu que je lui en parle ?
— Non. Je veux surtout que tu te mêles de tes affaires, réplique Arthur, sèchement.
Je le voyais arriver. En quelques jours, j'ai pu cerner Arthur. Il déteste qu’on le prenne en pitié même si de la part de Violette, il ne s'agit en aucun cas de cela. Du coup, elle est choquée de la réaction d’Arthur et lui s’est enfui dans son coin. Génial.
J’approche Violette et je la prends tendrement dans mes bras. De l’extérieur, on pourrait nous confondre avec un petit couple. Ce n’est pas le cas, je ne perçois pas Violette comme une possible conquête. Elle est ma soeur. Depuis le premier jour, elle m’a accepté auprès d’elle et je mesure à quel point j’ai eu de la chance.
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