48.
(Martin )
Je regarde mon image dans le miroir. Fabien m'a aidé à choisir ma tenue. Pour la bonne raison que lui seul connaît celle de Ludo et qu'aucun des deux n'avait confiance en mes " goûts douteux"... Je ne suis pas du genre superstitieux mais mon futur mari l'est un peu.
J'ai un pantalon noir à pince, très souple et très confortable, qui épouse parfaitement mes fesses. J'espère vraiment qu'il ne s'agit pas d'une plaisanterie de Fabien. Une chemise fuchsia tolérée avec une légère grimace si "en échange j'acceptais le noeud papillon". Je ne pense pas avoir porté cela une seule fois où alors j'étais bourré, mais je présume que Ludovic va en mettre un lui aussi. La veste, noire et cintrée, est très belle.
Le mariage est dans deux heures, et je suis quasiment prêt. Fabien vient d'avoir confirmation que Ludo l'est lui aussi. Frédéric, revenu pour une dizaine de jours d'Australie nous a fait, paraît-il, une surprise et je vais la découvrir maintenant.
Dans la cour, une très belle voiture dont je ne connais pas la marque, merveilleusement fleurie. La portière chauffeur s'ouvre et Aymeric en sort. En trois ans, il a pris un peu de muscles, entraîné par Fabien dont j'ai remarqué la poitrine plus sculptée. Ils sont installés dans un appartement à la lisière de Rouen. Comme il en avait envie, Fabien travaille à la boutique avec Malo. Il gère les clients tout en proposant des séances photos pour divers événements. Aymeric a obtenu son BEP pâtisserie et a signé un contrat en début d'année. Parfois, il participe à mes stages pour aider à maîtriser certaines techniques.
—Si monsieur veut bien s'installer, me prie-t-il avec une large courbette la portière grande ouverte.
—Le service est très stylé, merci Aymeric. J'aurai pu m'asseoir devant....
—Et que je supporte le regard noir de l'Australien, sûrement pas. Il faut y aller, d'après mes informations, ton futur mari gère mal le stress.
( Violette)
Ludovic accepte difficilement que Simon l'aide à lui nouer sa cravate. J'ai essayé moi-même mais ces trucs me rendent folle. J'ai du mal à réaliser que dans à peine une heure, mon frère va se marier. Afin de pouvoir garder secrète leur tenues respectives, Fabien et Simon ont mis en place une organisation digne d'un vaudeville. Martin est resté à la longère. Ludovic est chez Malo. Fabien a même tenté de les faire dormir séparés mais le regard de son oncle l'a dissuadé de continuer d'insister.
Pour éviter que Martin ne gâche la cérémonie par une tenue riche en couleur, Aymeric et Fabien en ont pris la responsabilité.
Et s'il est aussi beau que Ludo, cela sera un splendide couple.
Rectification : c'est déjà un couple splendide.
Ludo porte un pantalon gris chiné qui tombe parfaitement, à l'opposé des jeans ou pantalons de velours d'un autre temps qu'il porte habituellement. Une chemise d'un bleu profond et juste un gilet sobre complètent la tenue. Il se regarde dans le miroir étonné semble-t-il de ce qu'il y découvre.
— C'est bien toi, confirmé-je.
— Si j'avoue que cela me plaît, je risque gros...
— Avec eux, sans aucun doute. Mais avoue que laisser l'initiative à Martin était trop périlleux !
— Je n'ose même pas imaginer. Tu ne te sens pas trop seule, au milieu de tous ces mecs, Violette ?
—Pas du tout. Fabien me manque...
— Simon m'a glissé tout à l'heure qu'il avait une piste pour un contrat à Rouen, c'est vrai ?
—Il a postulé pour un poste d'éducateur spécialisé dans une petite IME. L'entretien a eu lieu hier. Il est assez confiant.
— J'aimerai tellement que vous vous rapprochiez un peu.
Martin m'a dit sensiblement la même chose. J'ai essayé de rester près d'eux après le départ de Fabien, vraiment. Mon net rapprochement avec Simon avait pour un temps suffit à me faire oublier la solitude de la maison. Après nos bacs, Simon avait rejoint Paris pour ces études, logé par sa mère. Nos très longues communications téléphoniques irritaient celle-ci au point qu'avec l'aide de son père, il avait pris un petit appartement. Elle ne supportait pas l'idée que je vive avec son fils. Le départ d'Arthur, qui avait abandonné tout espoir dans l'implication de François m'avait secoué. Celui-ci avait pris un petit appartement aménagé pour lui. Il faisait des traductions, et disposait d'un large budget après que François se soit décidé à vendre la maison. Ils se voyaient parfois, Simon aussi mais rien ne changeait.
Après une tentative de travail ayant lamentablement échoué, j'avais rejoint Simon. Depuis, je donnais des cours sur internet entre écrit et visio-conférence, largement plus dans mes compétences. Notre relation était un mélange de tendresse, et d'un début de quelque chose. Simon m'avait promis de me laisser avancer à mon rythme.
Nous étions restés fâchés un long moment Martin et moi. Lui, se reprochant d'avoir accepté mon refus d'être aidé, moi, de m'y opposer par peur d'échouer.
Cette peur était toujours présente mais Simon avait réussi à me convaincre, depuis un mois, je voyais un psycho-thérapeute. Martin n'en savait rien, je lui dirai ce soir.
(Ludovic)
Quand la voiture arrive, aussi belle que celle qui m'a emmené à la mairie, je suis mort de trac.
Violette se tient juste à mes côtés, et elle semble aussi stressée que moi. L'envie de la prendre dans mes bras est forte, je l'ai tant fait. Sa main se glisse sous mon bras, et mon coeur arrête un bref instant de tambouriner.
Fabien ouvre la portière à ...l'homme de ma vie.
Un bref instant, il semble perdu puis son regard bloque sur moi.
Son sourire flamboyant me percute. Qu'il est beau ! Tous ceux qui comptent pour nous sont là, mais je ne vois que lui.
Nous avançons l'un vers l'autre, sans nous presser. Nous prenons le temps de nous regarder dans nos habits de mariés. Ses yeux flamboient de désir.
— Que tu es beau, bébé !
— Tu as un charme de dingue. Et si on partait ? chuchote-t-il en me serrant contre lui.
Je ne laisse pas terminer, ma seule et unique envie à cet instant est de l'embrasser. Qu'importe que nous ne soyons pas seuls, la pression de ces derniers jours, toute l'organisation à gérer ne nous a pas laissés beaucoup de temps pour nous. Alors je prends sa bouche presque goulûment, et il me répond avec la même ardeur.
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