45.
(Aymeric )
Malo m'écoute pendant qu'il prépare à manger.
— Tu ne réagis pas, cela m'inquiète, commenté-je.
— Si tu n'étais pas aussi impatient ! C'est moi qui ait parlé à Fabien de mon patron. Celui-ci ne gérera pas l'apprentissage, il se contentera de le financer ! Le peu que j'ai vu de ton copain me plait bien, je sais que cela se passera bien. Mais j'avoue que le fait qu'il doive prendre un studio pour éviter les aller retour est très embêtant. Les loyers sont chers ici, tu le sais bien et un salaire d'apprenti n'est pas très gros.
Nous en avons en effet discutés, Fabien et moi. Même s'il a un peu d'argent de ses parents qu'il évite de dépenser, j'ai conscience que ce ne sera pas la fête. Il pensait que je pourrai peut être m'installer avec lui et partager ainsi les frais. J'ai été touché lorsqu'il a chuchoté cette possibilité, l'autre soir. Sauf que c'est impossible. Ma contribution modeste aux dépenses, a permis à Malo de s'acheter une voiture. Une bonne occasion mais il a dû faire un crédit. Je doute qu'il arrive à tout financer si je m'en vais.
— Les parents de Fabien lui ont versé une somme d'argent, il y a très peu touché ...
—Tu sais, frangin, il appréciera peut-être d'avoir ce petit pécule pour autre chose que payer un loyer. Et puis, je trouve, ne te fâche pas, que c'est un peu prématuré. Vous ne vous connaissez pas depuis longtemps...il est jeune.
— Malo... J'ai appris à gérer mes réactions, je ne veux plus blesser ni l'être. Je n'ai aucun doute à propos de ce que je ressens pour Fabien. Son oncle est moins réticent que toi, après il est parti tôt de chez ses parents.
— Je ne doute pas de tes sentiments, Aym', ni de ceux de Fabien. J'ai une proposition à te faire. Le lycée finit bientôt. Si son oncle est d'accord, Fabien pourrait venir passer les week-end ici. J'y suis rarement maintenant et vous pourriez être tranquille. Qu'en penses-tu ?
Son idée est plutôt sympathique, j'admets. A savoir si cela convaincra Fabien. Après un repas rapide, nous prenons la route, un samedi sur trois, le patron gère la boutique, et Malo en profite pour rejoindre sa copine et peut donc me déposer chez Ludovic. Le couple est parti, loin de la longère, en amoureux. Fabien a géré ce matin avec Violette. Je prends le relais cet après midi.
Mon copain est justement en train d'ouvrir le local lorsque j'arrive. Son sourire flamboyant m'accueille, et très vite nous nous serrons l'un contre l'autre. Mon amoureux est très tactile, et cela est très loin de me déplaire.
— Je ne pensais pas te voir avant facile une heure, me chuchote-t-il, collé contre moi à m'en filer des frissons.
— Malo s'est sacrifié, il sera avec sa copine plus longtemps...
— Je l'en remercierai chaudement dimanche. Pendant que je finis d'ouvrir, tu peux aller préparer des cafés s'il te plait ? Violette devait s'en charger mais je la soupçonne de s'être endormie. La machine et tout le nécessaire se trouve sur le plan de travail, il y a un plateau.
— Le lever était très matinal ?
— Je suis très loin de l'efficacité de mon oncle et de Martin, et moins balaise aussi, grimace-t-il de dépit. Récupérer tout le matériel préparé m'a pris plus de temps que je ne pensais. Et j'ai juste eu la possibilité d'avaler une collation avant les premiers clients. Ces trois heures de boulot m'ont semblé interminables.
— Tu étais debout à cinq heures ?
— Quatre heure quarante-cinq exactement, précise-t-il le doigt en l'air. Je ne sais pas comment Ludo arrive à tenir à ce rythme.
— L'habitude sûrement, confirmé-je. Je file te chercher le café.
Fabien n'a que lui à s'occuper. Un coup de main de temps en temps, il ne réalise pas l'énergie qu'il faut pour associer un travail à des cours plus les courses, faire à manger, etc. Cela ne fait pas si longtemps que je l'ai découvert et encore Malo en fait la plus grande part. L'idée de mon frère lui permettrait de prendre conscience de tout cela plus lentement.
La pièce de vie est silencieuse et confirmant la supposition de Fabien, Violette, allongée sur le canapé dort profondément. En toute discrétion, je prépare un plateau avec tout le nécessaire. Le bruit du percolateur ne la réveille même pas.
Fabien m'a expliqué brièvement le fonctionnement tout en sirotant nos cafés, puis les clients ont défilé. Il m'a été compliqué de repérer les légumes, parfois, mais Fabien m'a gentiment aidé. Je n'ai pas la même facilité que lui, c'est évident. Son sourire, ses plaisanteries ont eu du succès. Aucun doute, il sera à l'aise à la boutique.
A un moment, Violette est apparu, m'a fait un petit salut discret et est repartie tout aussi silencieusement. A dix-sept heures, les derniers clients partis, nous avons rassemblé les quelques légumes qui restaient pour amener à la longère, puis fermé le local.
Violette n'était plus dans la pièce mais comme à ma première visite, une délicieuse odeur sortait du four.
— Hum, on va se régaler. Les lasagnes de Violette sont une tuerie.
— En fait, l'un comme l'autre vous vous débrouillez seuls.
—Lorsque Martin est disponible, il gère le côté cuisine, pour le plus grand plaisir de nos papilles. Ludo s'en sort pas mal aussi et puis ils ne ratent pas une occasion pour nous montrer. Violette a de l'avance sur moi, Martin l'a apprivoisée au moyen de la nourriture, explique-t-il. Tu veux un café ou autre chose ?
— Non, merci, dis-je en m'approchant de lui très sensiblement. Un câlin par contre...
— Ah, je croyais avoir perdu le Aymeric tendre et câlin de la semaine dernière.
— Disons que le Aymeric en question ne savait pas trop comment ton oncle réagirait... C'est inédit pour moi, cette liberté de se montrer.
— Je n'ai ressenti aucune gêne chez toi. Malo ne semblait pas choqué.
— Il ne l'est pas. Son groupe de copains est une joyeuse association de pas mal de genres à ce que j'ai pu voir.
— Mais toi, tu es son petit frère, cela peut changer la donne.
—Tu es le premier qu'il rencontre, mais je n'avais aucune inquiétude. Il m'a fait une proposition, lancé-je même si je ne suis pas certain que ce soit le meilleur moment.
— Une proposition ? De quel genre ? plaisante-t-il
— J'ai peut-être eu tort de lui parler de ton envie de prendre un studio. Cela l'a inquiété...
— Rassure-toi, Martin n'est pas trop confiant non plus à ce sujet. J'ai étudié le truc de mon côté, il faudra sûrement que je trouve un petit job à côté. Mais ma décision est prise. Si le patron de Malo me signe le contrat, je file en apprentissage. Pas question de se voir au compte- gouttes.
— Malo file en général à la fermeture de la boutique le samedi et réapparaît le lundi dans l'après-midi depuis sa rencontre avec Anna. Il est d'accord que tu passes tous les week-end à l'appartement.
— Pour être sûr de nos sentiments ? Je suis jeune, je le sais avec peu d'expérience, je le reconnais. Pourtant, te concernant, je n'ai aucun doute sur ce que je ressens.
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