42.
( Ludovic)
C’est étrange cette impression. Fabien ne l’a quasiment pas lâché du regard, et Aymeric a pris son temps. Aucun doute sur l’effet de la pièce, j’en suis très fier et les touches de déco de Martin font en effet toute la différence.
Je ne suis pas père et ne le serais sans doute jamais. Pourtant à l'instant, je me sens dans cet esprit. Celui dont je suis responsable vis à vis de la loi vient de me présenter son petit ami. Je suis certain que Fabien y a pensé, lui qui a été rejeté par ses propres parents à cause de son homosexualité. Je sais que Malo, le frère d'Aymeric ne s'y oppose pas non plus. Est-ce un signe d'évolution de la société ? Je ne le crois pas vraiment mais une chose est sûre, ces deux-là ne seront pas obligés de se voir en cachette.
Martin s’est bien moqué de moi ce matin, à propos de cette angoisse qui montait. Fabien est un garçon très fragile, sensible sous des apparences frondeuses. Son bulletin scolaire est arrivé sur ma boîte mail ce matin. Sans que ce soit catastrophique, ses résultats sont à la baisse, le soutien patient de Violette le maintenait à flot, et l’encourageait surtout. Son professeur principal le trouve trop passif en classe. Fabien a des projets dans le secteur photo, enfin plus précisément, il était intéressé par ce secteur. Parce que c’est le jour où il a décidé de se renseigner sur des appareils plus sophistiqués qu'il est entré dans la boutique du frère d'Aymeric. La vie est sympa, non ?
En attendant le Martin moqueur de tout à l’heure est en train de bricoler dehors.
— Depuis quand tu arroses les plantes, toi ? me moqué-je à mon tour.
— A l’intérieur, je tourne en rond...mais contrairement à Fabien, Violette n’a pas l’air en stress.
— Viens-là, dis-je en lui prenant la taille pour le rapprocher de moi. Fabien et Aymeric sont déjà ensemble, je doute que ce soit le cas pour Violette. Si celle-ci t’avait montré son stress, tu aurais été comme un lion en cage.
— Ouais, je sais. Mais, réalise qu'il est le premier copain à venir. Le premier !
( Simon)
Il en fait exprès ou quoi ? D’abord Arthur qui décide de "ne plus se sentir capable de venir" , et maintenant François qui doit à tout prix passer un coup de fil.
Le problème Arthur, je l’ai réglé vite : Il flippait juste. Je le comprends, mais lorsque j’ai appuyé sur la déception qu’allait ressentir Violette, il a accepté. Ouais, je sais, je ne suis pas trop fier de moi, mais je veux y aller. J’ai très envie de découvrir où elle vit, et sa famille qui a l’air d’être à l’opposée de la mienne. J'avais pas mal misé sur la présence de Fabien, mais aux dernières nouvelles, son copain sera là aussi. J'ose espérer qu'il ne va pas nous larguer tous seuls parce qu'entre la timide Violette et le traqueux Arthur, ça peut devenir compliqué.
Alors que je piétine de façon énergique devant la porte, mon père se décide à sortir enfin de son bureau affichant son éternel sourire.
— Cet appel était important, Simon. Je voulais pouvoir en parler avec l’oncle de Fabien. Je dois confirmer un truc, j’en saurai plus lorsque je viendrai vous chercher ce soir. Arthur ? Nous t’attendons.
Je ne le questionne pas, c’est inutile il ne dira rien.
— Ne fais pas cette tête, Arthur. La maison est de plein pied, et puis tu n’es pas curieux de découvrir où tes potes vivent ?
— Pas vraiment, lui répond-il du coffre où il est installé parce qu’évidemment, même s’il sort peu avec François, la voiture est équipée. J’espère juste qu’elle n’est ni étroite ni sur meublée.
— Il y a tout l’espace nécessaire, et Simon sera là pour t’aider, le rassure mon père.
Je réalise qu’Arthur ne doit pas sortir beaucoup. Nous avons peu discuté en quelques jours et encore moins de sa vie. Son portable n’a pas souvent sonné et en dehors de Violette, il ne semble pas avoir d’autres connaissances. A quinze ans, c’est plutôt étonnant, mais s'il n’a jamais été scolarisé, rien de très surprenant. La seule question qui me vient en tête et pourquoi ses parents n’ont pas mis en place une scolarisation ?
Lorsque François pénètre dans une cour et klaxonne, je comprends que nous sommes arrivés à destination. Deux hommes se dirigent vers nous, souriants. Ils sont sensiblement de la même taille mais celui qui semble plus âgé est plutôt balaise.
— Bonjour, François, dit-il alors que mon père ouvre la porte.
— Bonjour, Ludovic. Je vous présente mon fils, Simon. Arthur vous le connaissez déjà.
Donc il s’agit de l’oncle. Je salue poliment d'un mouvement de tête. L’autre homme, donc le frère de Violette, aide à descendre le fauteuil d’Arthur, puis se plante devant moi. Ses yeux d'un vert très clair lui donne un regard très doux.
— Donc de toute évidence, tu es Simon. Martin, bonjour. Les enfants sont à l’intérieur, venez.
— Désolé, je ne peux pas m’attarder, l’interrompt mon père. J’ai un rendez-vous important, je vais déjà être juste. Simon, tu me laisses un message pour que je vienne vous chercher, d’accord.
Mon père dans toute sa splendeur, qui ne tient compte de rien d’autre que de lui-même. Le temps de ranger la passerelle de descente du fauteuil, un bref sourire et il est déjà parti.
— Il était très pressé ! Un peu plus, il aurait oublié de te faire descendre, ironise Martin en regardant Arthur. Le sol est un peu meuble ici, as-tu besoin d’aide ?
— Je ne sais pas. On va le savoir de suite, répond Arthur en lançant le fauteuil. Je me positionne derrière au cas où il faudrait pousser et nous nous dirigeons vers la maison.
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