28.
( Arthur)
Cette nana est surprenante. Elle est partie tout à l’heure car la tension qu'il y avait dans la pièce lui était insupportable. Et alors que je m’en excuse auprès d’elle, bafouillant sur chaque mot, elle me propose de venir me retrouver. Bien sûr que j’ai accepté, le sujet n’est pas si évident à aborder et derrière un téléphone, l’exercice est encore moins facile.
Maintenant, il va me falloir esquiver François. Ma sortie n’a pas dû lui plaire, mais on récolte ce que l’on sème. Un coup d’oeil par la fenêtre me rassure un peu, sa voiture n’est plus plantée dans l’allée, je n’aurai pas à me cacher.
A peine sorti, j’aperçois Simon. Une chaise posée sur le mur, face à la porte de ma chambre. Contrairement à son père, celui-ci va droit au but.
— Tu sais, le bruit de mon fauteuil t’aurait alerté d'une manière ou d'une autre. Et vu ma rapidité, je n’aurais pas été très loin, raillé-je. François est parti ?
— Oui, un truc urgent paraît-il, confirme-t-il en accompagnant ses paroles d'une moue dubitative. Et toi, calmé ?
— J’étais moins énervé que toi. Cela ne sert à rien avec ton père, à part provoquer une fuite supplémentaire...
Je passe par la cuisine, pique un paquet de gâteaux dans le placard, une bouteille d’eau. Simon me suit , observant mon manège, silencieux. Lorsque j’enfile mon blouson et mon bonnet, il se positionne devant le fauteuil, me barrant le passage.
— Vous avez l’intention de me laisser seul comme un con, mon père et toi ?
— Violette vient me retrouver, elle mérite l’explication que j’aurais dû avoir le courage de lui donner ce matin, avant ton arrivée. Par téléphone, je n'y arrivais pas. Elle m’a proposé de venir.
— Je peux venir ? Après tout, j’ai comme l’impression d’être l’élément perturbateur, non ? Autant expliquer la raison de ma présence car je présume que mon cher paternel n’a rien dû te dire.
J’hésite à accepter. Je pense aux réactions de Violette face aux inconnus.
— Violette n’est pas très à l’aise avec les personnes qu’elle ne connaît pas, tenté-je d’expliquer.
— Et bien justement, si je me présente, cela ne sera plus le cas. Surtout que nous allons passer des journées ensemble.
— J’y vais en premier pour lui proposer, et je reviens te chercher, ça te va ?
— Parfait, dit-il. Je t’attends.
Je suis surpris par son comportement. Je n’ai pas dit toute la vérité. Pour m’expliquer l’arrivée prochaine de son fils, François a plus ou moins évoqué des graves problèmes de comportement nécessitant un éloignement de son lieu de scolarité. J’arrive au moment même où Violette sort de la voiture de Ludovic, le copain de son frère, et me rejoint.
— Merci d’être venu. François n’est pas là. Violette, si cela ne te dérange pas, Simon aimerait se joindre à nous.
Elle n’a pas dit un mot encore, juste un hochement de tête pour me saluer m’a suffit. Ma demande ne l’a fait pas réagir.
— Ce sera peut-être aussi efficace. Sauf si vous vous criez dessus, précise-t-elle.
— Ce ne sera pas le cas. Nous allons nous installer au sous-sol, tu n’y as pas été encore ? J’envoie un message à Simon pour qu'il nous rejoigne.
A voir la rapidité à laquelle celui-ci réagit, je suppose qu'il n’a pas quitté l’entrée. Il s’approche de Violette à petits pas, et je les guide vers le garage. Les yeux de mes deux acolytes s'écarquillent en découvrant la pièce. Le garage est devenu une salle d’exercice. Différents appareils me permettent de garder mes membres inférieurs dans un état de musculature correct et de garder une forme physique relative.
— C’est presque une salle de gymnastique ici, s'exclame Simon, interloqué. Il a fait installer cela pour toi ?
— Oui. C’était plus pratique que de me rendre au kiné. Venez, dis-je en dirigeant mon fauteuil vers la droite. Il y a un coin repos.
Le coin en question comprend un canapé, une petite table accessible pour moi qui jouxte un mini frigo.
— C’est donc ici que tu viens quand tu vas au kiné ? me demande Violette.
— Oui. François a trouvé que c’était plus pratique que de faire constamment des aller retour. Ainsi, il peut travailler à la maison. Tu as deviné qu'il n’est pas mon père, hein ?
— Je n’ai rien deviné du tout. Père ou pas père. Rien ne me choque là-dedans mais pourquoi ne pas le signaler, tout simplement.
— C’est une très bonne question, Violette. Il faudra la poser à mon cher père, ironise Simon. Notre relation est quelque peu... tendue. J’ai eu quelques soucis au lycée, mes parents, séparés depuis plus de trois ans, ont décidé, sans même me demander mon avis sur la question, que je vivrais ici dorénavant. Ils ont discuté entre eux. Ce n’est pas une excuse, mais cela explique ma mauvaise humeur.
— François m’a annoncé ton arrivée en milieu de semaine dernière. Si je n’avais pas insisté pour avoir des explications, il n’aurait rien dit. Et il ose me demander de venir avec lui à l’aéroport. C’est tout ceci qui m'a mis de mauvaise humeur.
— Pourquoi est-ce que vous ne vous êtes pas appelés ? Tous les deux.
Simon baisse la tête, moi aussi. Nous sommes coupables de ce rejet tous les deux. Il soupire, relève la tête.
— C’est de ma faute. Il m’a été difficile d’accepter la décision de mon père. Il nous a imposé le fait qu'il devenait le tuteur d’Arthur.
— Quel est ton lien de parenté avec François ? me demande Violette.
— Nous n’en avons aucun. Mes parents et François étaient les meilleurs amis du monde. L’accident qui les a tués, il y a trois ans m’a laissé seul. François s’est battu pour obtenir la tutelle.
— C’est au cours de cet accident que tu es devenu handicapé ?
— Non, j’étais petit. Je n’étais pas dans la voiture lorsqu'ils ont eu l’accident. Je ne me rappelle pas de moments sans fauteuil. François a toujours fait partie de mon environnement mais il ne m’a parlé de l’existence d'un fils que la semaine dernière .
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