20.
( Aymeric)
Cela fait deux mois que je travaille ou dans la boutique de Malo, ou à la pizzeria. J’ai mis pas mal d’argent de côté, je vais de nouveau pouvoir prendre quelques cours de perfectionnement avec Martin. Malo me chahute presque tous les jours avec cela. Évidemment que je souhaite en profiter pour voir Fabien, mais je ne me fais aucune illusion, lui n’a pas l’air d'être chamboulé comme moi. Il ne m’a pas contacté depuis Samedi. Moi, je lui ai laissé deux sms. Soyons clairs : j’ai énormément apprécié de discuter avec lui. Nous sommes de nouveau samedi, j’ai espéré toute la journée le voir franchir la porte.
— Aym’ ? Ton silence m’inquiète, m’interpelle Malo, après avoir fait sa caisse.
— Tu n’as pas à t’inquiéter. Je suis juste un imbécile.
— Il habite à une heure de route, peut être qu'il n’a tout simplement pas pu se libérer.
— Je crois surtout que je ne l’intéresse pas plus que cela. Il n’a pas répondu à mes sms…
— As-tu contacté le cuisinier pour les cours ?
— Non. Je ne sais pas. Il y a des cours à Rouen, moins chers et sans le déplacement.
— Aym’, tu as déjà essayé d’y aller et tu ne t’y es pas senti bien. Par contre à celui de Martin, en dehors du lourdingue, tu as aimé. Ne sacrifie pas ce que tu aimes juste pour éviter de rencontrer Fabien.
— Je ne sacrifie rien, Malo, bougonné-je. Mais je ne me sens pas de le rencontrer, c’est tout.
Je ne peux pas nier que je suis déçu. Il m’avait semblé que nous avions été complices. C’est sûrement encore une fois ma trop grande gentillesse qui s'est fait berner. Il doit bien se moquer de ma naïveté !
— Et s’il était malade, tu y as pensé à cela ? me relance mon frère.
— Au point de ne pas pouvoir répondre à un sms ?
— Et pourquoi tu n’appelles pas Martin directement ? Tu saurais immédiatement ce qu'il en est. Qu’en penses-tu ?
— Non. C’est un truc que, toi, tu peux faire, Malo. Pas moi.
— Parfait. File-moi le numéro, me dit-il en tendant le bras, impatient.
— Mais…
— Passe. Presse-toi, Aymeric. Pas question que tu tournes en rond tout le week-end.
Le fixe calé contre l’oreille, mon frère, un sourire au coin, attend que quelqu'un décroche.
( Fabien)
Une semaine de merde, que j’ai eu ! Des devoirs où je me suis foiré en beauté. Parce que je suis un idiot et que je n’ai pas voulu demander de l'aide ni à Violette ni à Arthur. De toute façon, je n’étais pas à ce que je faisais. Je n'ai pas osé appeler Aymeric en premier. Je crois que j'avais peur que seul moi ait apprécié la journée. Et ensuite mon téléphone a rendu l’âme mercredi. Ni Ludovic ni Martin ne pouvaient m’emmener en ville pour en acheter un nouveau. Leur téléphone ne leur est pas vital comme le mien. Enfin, disons que cette semaine, il me semblait particulièrement vital. Et comme je ne voulais surtout pas expliquer que j'espérais un coup de fil ou au minimum un texto…
Bref, Martin m’a déposé devant une boutique ce midi pendant qu'il faisait des courses pour une session repas et je suis justement en train de mettre en route mon nouveau téléphone.
Le portable de Martin, abandonné sur la table comme très souvent, sonne. Un regard vers l’extérieur où il vient de partir me confirme qu'il doit être avec Ludo. Je déteste décrocher les portables des autres. Mais celui de Martin sonne en général pour les sessions de cuisine. Et il a prit de son temps pour moi.
— Allô, dis-je.
— Bonjour. Je m’excuse de vous déranger...
Cette voix me dit quelque chose, mais en même temps, je ne vois pas pour quelle raison Malo appellerait Martin.
— Malo ?
— Fabien, c’est toi ?
— Oui, Martin n’est pas à côté de moi, c’est pour cela que j’ai décroché. Tu me laisses un instant, je te le passe.
— C’est très gentil vraiment mais je n’ai pas grand chose à lui dire, rigole-t-il. Je te passe Aymeric.
Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Je n’y comprends rien.
— Allô, enchaîne une voix que je reconnais immédiatement. Je suis désolé… Malo a insisté...c’est ridicule.
— Il a eu raison. J’allais t’appeler. Mon téléphone est tombé. J’étais en train de mettre le nouveau en route. Je te rappelle après ?
Et comme un idiot, je raccroche. J’ai le coeur qui cogne dans la poitrine, un truc de fou. Les mains moites, les joues me chauffent.
— Je te rappelle que tu viens d’acheter un téléphone, Fabien. Si c’était aussi urgent, il fallait me le dire, m’explique Martin un peu moqueur.
— Il a sonné et comme d’habitude, tu ne l’avais pas sur toi. Comment peux-tu gérer ton affaire sans avoir ton téléphone ? lui reproché-je.
— En écoutant le message et en rappelant après. Ce que je vais faire dès que tu me l’auras rendu, me dit-il.
— C’était Aymeric, avoué-je comme si cela expliquait tout.
Martin me prend son téléphone des mains, et file préparer le café. Ludovic va bientôt arriver. Avant d’être coincé pour le goûter, je ramasse ma boîte et tous les accessoires et je trace vers ma chambre.
— Tu ne goûtes pas ? me charrie Martin.
— Très drôle, vraiment, grogné-je.
Il me faut quelques minutes pour terminer la mise en route de mon portable. À peine allumé, je compose le numéro d'Aymeric.
— Aymeric ?
— En faisant mon numéro, il y a des probabilités que tu tombes sur moi, me rétorque-t-il.
— Ce n'est pas toujours vrai. Malo a appelé Martin et c'est moi qui ait décroché. Mon téléphone a rendu l’âme mercredi. Je n’ai pu aller en ville qu’aujourd'hui.
— Tu pouvais appeler la boutique, tu sais ? me reproche Aymeric.
— Je n’ai pas osé. A priori, c’était pareil pour toi, à ce que j’ai compris...puisque c’est Malo qui a appelé.
– Un point partout. Ça te dit que je passe demain ? Malo me prête sa voiture.
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