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( Martin)
Elle trace devant moi, s’arrêtant juste pour franchir les portes que le gardien ouvre devant nous. Son dos droit, la nuque raidie me renseignent suffisamment sur son état. Je ne me risque même pas à lui attraper la main. Enfin la dernière porte s'ouvre sur l’extérieur, et dès que nous y sommes, je la bloque de mes deux bras.
— Arrête-toi, Violette.
— Non, hurle-t-elle. J’ai tout fait foirer, Martin. C’était important pour toi, excuse-moi.
Mais de quoi parle-t-elle ? En quoi trouve-t-elle que c’était important pour moi ? Je la garde contre mon torse. Nous sommes à quelques mètres de la voiture, et j’ai peur que Ludo et Fabien ne restent pas longtemps dans le véhicule.
— Viens, ma puce, nous allons marcher un peu, dis-je en emprisonnant sa main dans la mienne.
Elle avance en silence à mes côtés.
— J'aurais dû te dire que me retrouver face à lui me semblait impossible, reprend-elle. Tu avais envie de lui parler, toi. Mais, tu n'y serais pas allé si j'avais refusé.
— Violette, ma puce. Je ne nie pas que je ressentais le besoin de le voir face à moi. Regarder ses yeux face à sa tapette de fils. Ne t’en veux pas, nous en parlerons avec l'assistante sociale. Elle comprendra que c'était ou trop tôt ou impossible. Ludo et Fabien vont s’inquiéter. Viens, allons les retrouver.
— Nous allons leur dire quoi ?
— Juste la vérité : que c’était trop tôt.
Alors que nous nous dirigeons vers la voiture, la porte passager s'ouvre et Fabien va s’installer derrière. Violette le rejoint pendant que je m’installe à côté de Ludovic. Pas besoin d’expliquer quoi que ce soit, ils ont compris. Mon amant pose sa main sur la mienne et dans le rétro je vois Fabien envelopper les épaules de ma soeur de son bras.
(Fabien)
Le retour de la prison a été silencieux. Violette, serrée contre moi, ne réagissait pas. J’aurai préféré qu’elle pleure, ou qu’elle crie même mais elle est juste restée silencieuse. Ludo jetait régulièrement un oeil dans le rétro, inquiet lui aussi. Martin, sa main enfermée dans celle de mon oncle, regardait droit devant lui.
— C’était une connerie d’y aller. Ni Violette ni moi n’étions prêts, déclare Martin comme s’il ruminait ces mots depuis tout à l’heure. Il est tôt, cela vous dit d’aller se promener ? Après nous t'aiderons à préparer les commandes, mon coeur.
— C'est une bonne idée, le suit mon oncle. vous en pensez quoi les jeunes ? Violette ?
— Je suis d'accord, dit-elle d'une voix à peine audible.
Mon sourire répond pour moi, et après une quinzaine de minutes, mon oncle se gare sur une sorte de parking. Martin ne semble pas surpris et sort de la voiture.
— Il y a un lac juste derrière, et un chemin qui en fait le tour, explique Martin à Violette. Nous nous sommes souvent retrouvés ici avec Ludo.
Nous avons marché tranquillement, Martin et Ludo main dans la main, discutant de tout et de rien surtout Martin qui semblait surtout vouloir éviter que le silence ne s'installe. Violette ne disait rien, absente, puis au gré des anecdotes lâchées par le couple, elle se mit elle aussi à sourire et à rire de leurs idioties.
La boucle que fait le chemin nous a ramenés à la voiture. Après une boisson chaude une fois arrivés à la maison, Violette et moi, nous nous sommes mis à travailler les math. Ou pour être plus clair, Violette a tenté de m’expliquer l’exercice. Plus besoin de me l’écrire. Cela fait bien longtemps qu'elle me parle. Ludo et Martin sont partis préparer les commandes ainsi que les ingrédients pour le cours de demain.
( Ludovic )
Martin m’aide silencieusement, croit-il vraiment que je ne l’ai pas vu se contenir toute l’après-midi ? Les petits sont dans la maison, c’est le moment. Je m’approche de lui, prends le cageot qu'il tient pour le poser sur la table. Puis je l’enlace.
— Arrête de te fermer, Martin. Ne garde pas tout en toi. Que s'est-il passé pour que vous soyez dans cet état, tous les deux ?
— J’ai merdé comme d’habitude, chuchote-t-il. Je suis un grand frère relativement minable.
— Je n'en crois pas un mot. Regarde-moi, dis-je en lui crochetant le menton entre mes doigts.
Un des défauts de Martin est un cruel manque de confiance en lui. Et lorsque cela concerne sa petite sœur, c’est pire. Il ne sert à rien de le forcer à parler, il a besoin d'un peu de temps. Il dégage son menton et se pelotonne contre moi.
— Je croyais que c’était important pour Violette de le voir, et elle n’arrivait pas à me dire qu’elle ne le voulait surtout pas. Comment j’ai pu me tromper à ce point Ludo ?
— Peut-être que vous devriez parler de cette période-là.
—Tu voudrais que je te raconte, toi, marmonne-t-il, le regard plein d'espoir.
—Tu es mon compagnon, Martin. Tout ce qui t'es arrivé m'intéresse. Prends le temps nécessaire, mon coeur, j’attendrais.
— J’ai beaucoup de chance de t’avoir.
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