18.
(Violette)
Martin ne réalise pas à quel point ce qui se passe est important pour moi. Je ne pensais pas qu'il réagirait si vite. Mon frère a entendu ma souffrance et veut y remédier. Mais appeler si vite le père d’Arthur, sérieusement ! Et me forcer à le suivre, sans me laisser intégrer cette situation, je crois que je le détesterais presque pour cela.
Le père d’Arthur est extrêmement... courtois. Il est devant nous et parle, parle, parle. Martin lui répond, souriant. De nous deux, il est celui qui possède ce charisme naturel qui donne envie, à chaque personne qu'il croise, d'entamer une conversation avec lui.
L’intérieur de la maison, malgré la grandeur de la pièce de vie, est chaleureux. Les murs légèrement teintés de beige contrastent avec des meubles bas de couleurs chaudes. Tout le mur du fond est une belle baie vitrée qui rend la pièce lumineuse. A côté du poêle, le fauteuil d’Arthur et son propriétaire. Il semble tout aussi stressé que moi, alors que nous nous dirigeons vers lui.
— Bonjour, Arthur. Heureux de te rencontrer. Je suis Martin, le frère de Violette, se présente-t-il amicalement.
Et instantanément la magie opère. Le visage tendu du jeune sur son fauteuil roulant se détend. Et lorsque François, son père, nous entraîne vers l’extérieur, il suit à mes côtés. Autour d'une boisson, les deux adultes réfléchissent à la meilleure méthode pour organiser l’emploi du temps.
Le bus scolaire que je prends quotidiennement s'arrête à cinquante mètres de leur maison. Reste à savoir si j’aurais le droit de le prendre sans me rendre au lycée, précise Martin.
— Le matin, une personne vient faire des soins à Arthur. Elle reste en général une heure. Violette risque de trouver le temps long.
— Il faudra que je vois avec Ludovic, mon compagnon s'il y a un moyen de s’organiser.
Et il poursuit sa discussion, parlant de leur travail respectif sans aucune gêne. Je réalise que cela a dû être un crève-coeur de se cacher pour lui. Il a mis Ludo de côté uniquement pour donner toutes ses chances à la tutelle de se mettre en place. Arthur regarde les deux hommes mais ne dit pas un mot. Je le connais peu, il parle surtout avec Fabien mais nous aimons tous les deux la même chose : apprendre.
— Et toi, Violette qu’en penses-tu ? m’interroge le père d’Arthur. Prendre le bus jusqu'ici te dérange-t-il ?
Son regard n’est pas fuyant. Il semble réellement intéressé par mon avis, comme Martin, Ludo et Fabien et cela me met en confiance.
— Je le prends tous les matins ou presque avec Fabien. Descendre plus tôt ne va pas me gêner. Quant à attendre qu’Arthur soit prêt, ce n‘est pas un problème.
— Violette a toujours un livre avec elle, François, commente Arthur.
— Je comprends mieux pourquoi vous vous entendez si bien. Le professeur particulier ne peut commencer les cours que le mois prochain, mais cela ne me gêne pas que Violette vienne avant.
— Il me faut un peu de temps pour organiser tout, précise Martin. Mais cela devrait être rapide.
Dix minutes plus tard, nous quittons le stationnement devant leur maison.
— Tu es bien silencieuse. Ça va ?
— Tu crois qu'ils pourraient refuser ? lui demandé-je.
— La scolarité est logiquement obligatoire jusqu’à seize ans. Tu ne les a pas donc oui, ils peuvent. Sauf que tu es une très bonne élève. Et que les cours vont t’être donné par un prof. Et puis tu m’as fait la promesse de te rendre à des séances de groupes. Tout cela devrait logiquement peser dans la balance.
— Mais cela ne peut pas remettre en cause…
— Ma puce, cela ne changera rien. Le juge des enfants a eu connaissance de tes angoisses dans le dossier. Personne ne va nous séparer, me rassure-t-il.
( Fabien)
Aymeric ouvre la porte et nous pénétrons directement dans ce qui semble être la pièce de vie. Il y fait bon.
— Mets-toi à l’aise, me dit-il en enlevant son blouson qu'il accroche à une patère.
Il attend que j’ai fait de même et nous avançons vers la porte d’où sort la musique plutôt forte que j’entends depuis mon arrivée. Un homme d'une trentaine d’années s'active devant la gazinière.
— Hé bien, tu n'as pas traîné ! Tu avais faim ? s'exclame-t-il en se tournant vers Aymeric.
Son visage pétillant de joie se fige immédiatement en me découvrant.
— Je n’ai pas eu le temps de te prévenir, nous sommes trois ce midi. Fabien, voilà mon frère aîné, Malo, le “patron” de la boutique.
— Bonjour, dis-je gêné.
— Fabien m’a posé plein de questions auxquelles je ne pouvais pas donner de réponses correctes. Il n’est pas de Rouen, j’ai trouvé que c’était plus facile…
En l’écoutant expliquer la raison de ma présence, je réalise que c’est un peu dingue. Nous nous sommes vus une fois auparavant, et rien ne m’a choqué dans son invitation. Est-il un habitué de ce genre de choses ? Son frère l’écoute sans rien dire, presque surpris.
— Nous allons discuter de tout cela en mangeant. Je reprends dans une heure et demi. Aym’ a, des fois, une façon très particulière de régler les problèmes. Assieds-toi.
En effet, c’est un pro. Il sait de quoi il parle. Ses conseils valent de l’or pour moi. Nous discutons un moment et lorsqu'il comprend que nous nous étions rencontrés précédemment son frère et moi, il semble être rassuré. Aymeric part en même temps que nous pour un autre travail dans une pizzeria, nous avons échangé nos numéros de téléphone. Arrivés à la boutique, Malo me montre les accessoires pouvant s'associer à mon appareil. Je récupère tous les renseignements pour en parler avec Ludo. La facture s'élèverait à 500 euros. Même si je n’ai pas beaucoup dépensé depuis que je suis là, j’ai des scrupules à rogner sur ce que mes parents ont versé pour se débarrasser de moi. Je pense postuler sur des offres d’emploi saisonnier pour me faire un petit pécule.
Je m'installe dans le bus satisfait de ma journée. Le local est encore ouvert lorsque j’arrive à la maison, je vais donc, sans même passer déposer mon sac, faire un petit coucou. Mon oncle range les articles dans le panier d'une femme tout en discutant avec celle-ci. Martin appuyé sur le comptoir se dirige vers moi.
— Ton visage épanoui répond à la question que j’allais poser. Tu as eu des informations ?
— Oui. On en parle après ? Je prépare la collation et après j’aide pour les commandes, d’accord ?
Il opine de la tête, et retourne vers mon oncle.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro