Chapitre IV
Cela fait maintenant quelques jours que je me repose chez mon ami Razym. Mais je ne peux pas rester ici indéfiniment. Les troupes royales pourraient être sur mes traces, et je refuse que Razym soit mis en danger par ma faute.
- Où vas-tu aller, Enora ?
- Je ne sais pas. Il m'est impossible de rejoindre Sam, pour le moment, et encore moins de rester ici. Tu n'aurais pas une idée ?
- Malheureusement, je crains que je ne puisse pas t'être d'un grand secours. Tu devrais trouver une auberge un peu éloigné de tout, comme la taverne du feu, par exemple, me dit-il en plaçant une bourse de cuir remplit de pièces dans le sac de provisions qu'il me prépare.
Un silence gênant s'installe dans la pièce. Depuis quelques temps, nous nous sommes éloignés l'un de l'autre, malgré nos efforts. Il m'a avoué les sentiments qu'il éprouvé à mon égard, et ceux-ci ne sont pas réciproques. Razym est un très bon ami, et c'est tout. Après avoir fini, il me regarde d'un air inquiet. Il contourne la table où repose le sac, s'approche de moi, et m'enlace. Je me raidis au contacte de ses bras chauds et musclés.
- Merci pour tout, Razym, lui dis-je doucement au creux de son oreille.
- Je suis désolé de tout ce qui t'arrive, ma petite chérie.
- Tu n'y es pour rien. Et puis, tu me connais, je survivrais ! lui répondis-je en nous séparant.
Sur le seuil de la porte massive, il m'enlace une dernière fois et je pars sans me retourner. J'ignore où aller, il faut que je me pose quelques heures pour réfléchir. Je marche toute la journée et, lorsque le soleil disparaît à l'horizon, je trouve un petit lac au milieu des bois. C'est un lieu idéal pour passer la nuit, éloigné de toutes traces d'habitations.
Je rassemble rapidement quelques morceaux de bois et tente de faire du feu. C'est peine perdue, le bois est beaucoup trop humide. Tant pis, de toute façon, il risquait de me faire repérer. Je commence alors à réfléchir sur ma destination. La capitale du royaume, Rubilacs, se trouve au sud-est, c'est une zone que je dois éviter à tout prix. Je pense aller trouver une auberge isolée plus au nord, comme Razym me l'a conseillé, et y rester quelques temps. La taverne du feu est tenue par une vieille femme qui n'aime pas avoir la visite de gardes. '' Ils dérangent les clients ! '' qu'elle dit. Ça me semble être une bonne option. De là, je pourrais sans doute payer quelqu'un pour transmettre une lettre à Sam. Je dois le rassurer et lui dire que je vais bien. Il n'est même pas au courant de tout ce qu'il m'est arrivé. Il était parti chassé et a juste pu constater ma disparition à son retour, sans aucune explication.
Après avoir dormi quelques heures, je suis brusquement réveillée par un bruit. Une branche d'arbre vient de craquer, à quelques pas derrière moi. Je sors mon épée et scrute l'obscurité en silence. La faible lumière que m'offre la lune ne m'est d'aucune utilité. Je ne distingue que les silhouettes des arbres les plus proches et me concentre donc sur les sons qui me parviennent en fermant les yeux. Un silence effrayant règne sur la forêt. Je ne bouge pas et retient mon souffle, à l'affût du moindre bruit. Je pousse un profond soupir pour calmer les battements de mon cœur. Ce n'était sans doute, qu'un animal. Je reste néanmoins aux aguets pendant encore plusieurs minutes.
Bien, maintenant que je suis éveillée, autant reprendre ma route et oublier cette frayeur. Si je marche rapidement, j'atteindrai l'auberge peu après la tombée de la nuit. Une fine couche de neige recouvre désormais le sol et craque à chacun de mes pas. Ce n'est pas très pratique pour être discrète, mais, de cette façon, je peux m'assurer que personne ne me suis.
La lune commence à monter haut dans un ciel sans étoiles lorsque j'arrive à la taverne du feu. Une torche éclaire la bâtisse et une épaisse fumée noir sort de la cheminée. Je pousse la porte et une forte odeur d'alcool agresse immédiatement mes narines. Je pénètre à l'intérieur et redécouvre ce lieu. C'est une grande salle rectangulaire, poussiéreuse et mal éclairée avec un grand bar situé tout au fond. Derrière le comptoir se tient la vieille Maggie. C'est une petite dame bossue avec de long cheveux gris qui lui tombent sur les épaules. Elle est enveloppée dans un vieux châle miteux, et discute avec un homme d'une trentaine d'années qui semble gorgé d'alcool. Ma peau se couvre de frisson en pensant qu'il pourrait très bien rentrer chez lui et, sous l'emprise de l'alcool, frapper sa femme ou ses enfants.
- Bonsoir Maggie, lui dis-je en m'installant sur un tabouret, assez éloigné de l'inconnu.
- Bonsoir petite ! Ça fait un moment qu'on t'a pas vu dans le coin.
- Mon travail ne m'amenait plus ici. Tu aurais une chambre de libre ?
- Oh oui, tu sais, l'affaire ne marche que grâce aux boissons, me répond t-elle en riant.
Je me force à lui sourire, tandis qu'elle se retourne pour prendre une clé dans un vieux tiroir et on monte à l'étage. Les escaliers usés grincent à chacun de nos pas. Ma chambre est la première sur la droite.
- Ça te plaît ? me demande t-elle en me remettant les clés.
La pièce est simple mais contient tout ce qu'il faut : un lit, deux chaises et un bureau.
- C'est parfait. Merci Maggie !
Elle quitte ma chambre et, après avoir posé mon sac dans un coin de la pièce, je m'installe immédiatement au bureau. Je commence à rédiger une lettre pour Sam.
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