La douleur était piquante, croissante. Plus il attendait, plus il avait mal. Il fallait qu'il se concentre, qu'il regarde droit devant lui le point qu'il s'était fixé pour ne pas hurler. Compter les secondes d'attente, vider l'esprit. Ainsi, il contrôlait la douleur. S'y habituait. Le bâton de fer chaud s'abaissa une nouvelle fois dans son dos, sans douceur, sans clémence. La chaleur insupportable brûla sa peau, la marqua. Un goût métallique se propagea dans sa bouche. Il avait mordu l'intérieur de ses joues jusqu'au sang. Tout son corps le suppliait d'extérioriser la douleur. Rien ne vint. Quelques secondes passèrent à nouveau, le bâton fut déposé. Son visage était blanc, mais dans son regard, rien n'avait changé.

— La discipline te guidera tout le long de ta vie, résonna la voix dans son dos. Si tu la perds de vue, tu ne mérites pas de la vivre.

Ses genoux saignaient à force de rester dans cette position. La voix s'approcha, lui fit face. Des yeux bleus, glacials, se percèrent dans sa chair, ne laissèrent aucune chance d'y échapper. Il respira à travers ses narines, décidé à répondre au regard, les mâchoires serrées.

— La discipline, et seulement ça.

L'ombre recula. Ils ne se quittèrent pas des yeux. Lentement, il se redressa. Son vis-à-vis le contempla, sans rien dire. Son corps tremblait. L'homme le poussa de ses deux mains et il s'écroula sur le dos, sur ses brûlures.

— La vie ne tolère pas de faiblesse.

L'homme se baissa sur lui et l'empoigna par le col. Le regard du jeune garçon était dénué de toutes émotions, comblé d'un vide étrange, inhumain. Un coup de poing fit gicler le sang de sa bouche, un autre de son nez.

— Sois plus fort que la vie...

Il le relâcha.

— ...et tu seras la mort.