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#14

La première fois qu'il fut autorisé à franchir la barrière, c'était un jour d'automne, ciel gris et pesant. Il était venu le chercher dans sa chambre, sans un mot, lui avait indiqué de se lever, l'expression indéchiffrable. Le silence interdisait les questions, ordonnait d'obéir, de se taire. Il s'était levé sans attendre, posture droite, tête redressée sans jamais le regarder dans les yeux, d'un air presque militaire. Ses yeux de garçons dénués de malice et à la place, le vide. Il s'avança seulement lorsque l'homme lui tourna le dos.

— Prends ta veste.

Il remarqua enfin le fusil de chasse, balancé sur son épaule. Le métal encore brillant, le bois lisse. Il s'empara de sa veste et puis tous les deux descendirent les escaliers, les marches grinçant à chacun de leurs pas. Il ne put empêcher son cœur de s'emballer. Des semaines d'oisiveté, de réflexion, de temps en temps un repas. L'homme était souvent absent ces derniers temps. Ce n'était pas dans ses habitudes. D'ordinaire, il insistait pour stimuler son esprit, pour que le garçon ne relâche pas son attention. Tous les soirs, la prière. Tous les mois... Tous les mois, le rituel. Le rituel ? Non, il n'aimait pas ce mot. C'était une leçon. Un rappel. À chaque instant, il pouvait le briser. C'était de son devoir que l'homme n'y parvienne pas. Apprendre à subir. Devenir la souffrance. Quel jour étaient-ils ? Déjà ?

— Tu t'éloignes, l'interrompit l'homme dans ses pensées.

Ce n'était pas de la rage, ni de la déception. C'était une observation et un reproche en même temps. Il devait rester concentré. Il n'appréciait pas quand sa curiosité était lisible sur son visage. Ils s'arrêtèrent devant la porte de la cave. L'homme dégaina le trousseau de clés, déverrouilla la porte. D'habitude, il n'avait pas le droit d'y entrer. Il hésita à avancer lorsque la porte fut ouverte. Un test ?

— Aujourd'hui est un jour spécial, résonna la voix basse entre les murs froids de la cave.

Son ombre projeté au sol par la seule ampoule de la pièce, comme un mauvais présage, l'arabesque d'un monstre prêt à frapper. Il fit un pas en avant, franchit le seuil de la porte, les mains jointes devant lui. L'homme s'était approché d'une table, où jonchaient quelques outils. Il se pencha au-dessus d'un long coffret, fit sauter les deux petits crochets qui le gardaient fermés. Dans son dos, le garçon aperçut la gravure argentée de l'arme, la crosse en bois. Un cadeau. Il ne faisait jamais de cadeaux. Le mouvement de la main, subtile. Il lui faisait signe de venir plus près.

— Aujourd'hui est un jour pour apprendre.

Il sortit le fusil de son coffret, se tourna vers lui. Son regard le surplombait. Plus grand, plus intense.

— Proie ... ou prédateur ?

Il lui tendit l'arme, la lui posa entre les mains. Quelque peu lourde. Lourde de signification surtout. La sensation étrangère. Il sentait que c'était important, qu'il devait dire quelque chose. Il ne sut quoi. L'homme se tourna, partit chercher veste, affaires, puis une fois prêt, lança un regard à la jeune silhouette au milieu de la pièce.

— Lève les yeux.

Lentement, le garçon obéit. Leur regard se rencontra. Un point d'égalité. Une première. Le début de la leçon. Le contact visuel, plus que les mots, c'était cela. Les pupilles étaient dilatées dans la mi-pénombre. Une première responsabilité. La tension était palpable. Le garçon installa l'arme par-dessus son épaule, imitant l'adulte. Il reçut un hochement de tête, une approbation silencieuse. Ces moments-là étaient rares. Ils sortirent aussitôt de la pièce, remontèrent les escaliers, jusqu'à l'entrée principale. Il était difficile de poser un mot sur ce qu'il ressentait. Ce n'était pas vraiment de l'angoisse, ni de l'impatience, c'était un mélange, quelque chose de nuancé, de gris. Au fil du temps, cette émotion avait évolué. A chaque nouvelle leçon, elle avait inévitablement changé, malléable face aux mains de son fin sculpteur.

Une brise automnale les accueillit. Il frémit. Le cliquetis des clés, puis le bruit des bottines de l'homme sur le chemin de terre, régulier, reconnaissable. Arrivés à la barrière, comme un instinct qui se réveillait au fond de ses entrailles. Les sirènes. La punition qui suivrait inexorablement. Mais devant lui, l'homme continuait. Au loin, les arbres mouvaient au rythme du vent. Et le bruit des corbeaux, si familiers. Il observa le bois craquelé de la barrière, puis la poussa doucement. Il leva le regard, observa le ciel nuageux qui les dominait, inspira puis continua sa marche. Dans sa tête, comme une narration autobiographique, comparable à un journal mental.

La première fois qu'il fut autorisé à franchir la barrière, c'était un jour d'automne, ciel gris et pesant.

Il leur fallut une demi-heure hors sentier, peut-être un peu plus, avant d'atteindre une petite cabine de forestier, visiblement abandonnée depuis plusieurs années. L'humidité se faisait ressentir à travers les vêtements, jusqu'aux os. Il passa une main à travers sa chevelure noire, mouillée et collée à son front. Un peu plus loin, l'homme s'était arrêté au beau milieu des sapins et des hautes herbes, une main posée sur la sangle du fusil, en attente. Enfin, un bruit distinct, parmi le chant incessant des oiseaux. Il regarda autour de lui, attentif. Des branches s'étaient mises à bouger, à une dizaine de mètres de là. L'homme se tourna vers la source, fusil en main et doucement, le positionna face à son visage. Le garçon demeurait immobile, les yeux fixés sur la scène, comme obnubilé. Camouflée derrière quelques arbres, une biche s'était arrêtée près d'un arbuste garni de fruits rouges. Ses grands yeux sombres et ses oreilles, toujours en synchronisation avec les mouvements de son environnement. Le doigt sur la queue de détente, le chasseur patienta, anticipant le prochain déplacement de l'animal, vers un autre arbuste.

Le garçon regardait, ne pouvait détacher les yeux de la scène qui allait se dérouler devant lui. Les minutes qui s'écoulaient étaient comme au ralenti. Et puis la bête leva enfin la tête et le bruit perçant, bref et assourdissant d'un tir retentit dans la forêt. Le cri des corbeaux au-dessus de leur tête et le bleu des arbres soudain en mouvement. Lentement, le chasseur baissa son fusil. Pétrifié le garçon ne remarqua pas immédiatement le signe qui lui était adressé.

— Approche.

Il le regarda, surpris. Dans sa main, un poignard, lame aiguisée et brillante même sous le ciel grisonnant. La main tremblante, il accepta le couteau et tous deux s'avancèrent vers le corps gisant de l'animal. Il aperçut le trou que la balle avait laissée, là où le sang s'était mis à couler, en bas de son cou. Sa poitrine se soulevait rapidement. Il reconnaissait cette respiration, ce regard face à la mort. Deux yeux sombres les regardèrent s'approcher. Proie ou prédateur. L'homme lui avait donné le couteau sans un mot. Il lui avait laissé la décision. Le garçon baissa le regard sur la biche, devant ses pieds, puis observa la lame dans sa main droite. Il n'avait jamais tué. Il tremblait, c'était une sensation glaciale à travers ses veines. Un poison qui n'attendait qu'à se répandre.

Il ne tremblait pas de peur. Il tremblait d'impatience.

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