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Chapitre 21

Plus de quatre cents morts et le double de blessés. Voilà les chiffres résultant de la dernière bataille. Un lourd bilan pour les peuples hyruliens. Une atmosphère étouffante régnait au sein du château, comme si plus personne n'osait poursuivre sa vie quotidienne. Tous avaient perdu au moins un proche, un ami... Mais le roi savait que cette bataille marquait la dernière ligne droite avant le retour de la Calamité. Ce n'était plus qu'une question de quelques semaines selon Oswald et ses études. Il espérait toutefois se tromper car il fallait du temps pour recréer les régiments et former les futurs soldats ou chevaliers. Après la bataille et le départ de Link pour Elimith, deux jours plus tôt, la princesse se retrouva seule. Face à cette situation, Urbosa se proposa de rester auprès d'elle durant toute l'absence du prodige hylien. Ce dernier était d'ailleurs acclamé en véritable héros pour tous ses exploits et le nombre de vies qu'il avait sauvées sur le champ de bataille.

  Dans son étude, Zelda analysait attentivement l'échantillon de corruption qu'elle avait collecté. À ses côtés, la suzeraine gerudo l'observait en gardant une certaine distance pour ne pas la gêner.

- Cette chose tue tout ce qu'elle touche, c'est effrayant, informa-t-elle sa grande amie. Regarde, Urbosa...

  La blonde lui montra la spatule en fer qu'elle utilisait quelques secondes auparavant. Elle était devenue rouillée.

- C'est répugnant, commenta Urbosa en grimaçant. Y a-t-il d'autres lieux où cela se trouve ?

- Pas à ma connaissance. Mais il est possible que Ganon ne se prive pas d'en faire réapparaître. Pour le moment, seule la Lame Purificatrice permet de s'en débarrasser.

   Zelda se leva pour prendre une fiole contenant l'eau de la source de la Force, vint se rasseoir puis versa quelques gouttes sur la substance noire. Rien ne se produisit, à son grand désarroi.

- Vous devriez essayer de bénir cette eau de vos propres mains avant d'en verser, Madame, suggéra la rousse en posant les siennes sur ses hanches. Peut-être que cela aura de l'effet ?

   L'Hylienne prit le temps de réfléchir. Cette proposition avait du sens. Après tout, pourquoi pas ? Par précaution, elle mit à part une partie de la corruption pour en garder si jamais cela fonctionnait. Zelda plaça la fiole d'eau de source devant elle puis l'entoura de ses mains en fermant les yeux. À voix basse, elle récita les mots divins en se concentrant au maximum. Une enveloppe chaleureuse entoura ses mains comme lors du rituel du chevalier servant. Zelda rouvrit les yeux et examina le flacon. Bien sûr, l'eau n'avait pas changé d'aspect. Précautionneusement, elle versa de petites gouttes sur la corruption qui émit un faible bruit aigu en disparaissant.

- Vous aviez raison, cette chose est bel et bien liée à Ganon, dit la Gerudo avec méfiance. D'autres pourraient apparaître à leur tour... Qu'en pense le roi ?

- Mon père a lancé des recherches à travers le royaume pour trouver d'autres traces de corruption. C'est Impa qui a su le convaincre en lui montrant mon échantillon et ma photo.

  Zelda rangea la fiole sur son étagère attitrée puis s'empara de l'échantillon en se dirigeant vers le pont dehors.

- Je vais l'envoyer à Faras pour qu'il puisse tester son nouvel équipement avec, annonça la princesse en marchant d'un pas soutenu vers sa chambre. S'il a vraiment fabriqué des armes anti-Fléau, mon père pourra lui en commander et équiper une partie de l'armée.

- Et que pense Link de cette corruption ? lui demanda Urbosa avec curiosité.

  La blonde ralentit son allure en tenant plus fermement son flacon.

- Nous n'avons pas eu le temps d'en reparler... Les événements se sont enchaînés trop vite, dit-elle avec affliction

   Peinée de la voir ainsi, Urbosa s'arrêta quelques instants en l'observant s'éloigner. Il ne faisait plus aucun doute que les liens unissant les deux élus étaient devenus très forts. Leur amitié remarquable avait pourtant mal commencé.

- Urbosa ? l'appela la jeune fille, consternée de ne plus être suivie.

- Excusez-moi, Madame. J'étais pensive.

   Toutes deux se rendirent au pigeonnier du château, Zelda put ainsi envoyer son petit colis pour le laboratoire où se trouvait Faras. Une fois cela fait, elles se rendirent dans l'aile est du château pour y rejoindre la conseillère royale. Impa avait fait demander la princesse auprès d'elle pour une raison qui lui échappait encore. Après avoir toqué à son bureau, la blonde entra avec Urbosa et trouva sa nourrice debout devant sa fenêtre.

- Je vous attendais, déclara d'une voix ferme. Que faisiez-vous ?

   La Sheikah sonda de ses iris rouges la princesse qui ne vacilla pas. Cette dernière se doutait déjà de la future discussion...

- J'ai effectué les expériences qui me semblaient nécessaires sur la corruption, répondit Zelda en se tenant les mains. Les résultats étaient vraiment...

- Princesse Zelda, la coupa durement Impa en s'approchant d'elle.

   La blonde tressaillit.

- Je comprends votre dévouement pour les recherches et votre envie d'en apprendre plus sur votre futur ennemi. Mais vos priorités ne devraient pas être là. Votre père commence à perdre patience et veut doubler vos sessions de prière.

   Les yeux de la princesse s'écarquillèrent. Doubler... ses sessions de prière ? Mais elle y passait déjà plusieurs heures par jour depuis quelques temps !

- Impa, je...

- Non, c'est fini, Princesse, répliqua sa nourrice en affichant un air peiné. Maintenant, je ne peux plus rien faire pour vous... Votre père ne daigne même plus m'écouter quand j'ose prendre votre défense. Vous ne pourrez plus compter sur moi pour justifier vos déplacements hors du château.

   La gorge de Zelda se noua désagréablement. Allait-on lui retirer les dernières libertés dont elle jouissait vraiment... ? Impuissante, Urbosa assistait à cette entrevue.

- Impa... l'implora la dauphine d'une petite voix en faisant un pas en arrière. Je t'en prie...

- Croyez-moi, j'ai fait tout mon possible pour parler en votre faveur. Mais ma condition de Sheikah ne me donne pas la possibilité de me hisser au même rang qu'Oswald. Par conséquent, ma parole pèse bien moins.

   La princesse baissa la tête. Elle ne pouvait pas arrêter ses recherches... Tout ce temps à étudier les reliques, les sanctuaires et les livres, était-il perdu ? Urbosa osa prendre la parole.

- Le rôle de la princesse ne s'arrête pas uniquement à la prière. Pourquoi s'acharner sur une activité qui ne porte pas encore ses fruits ? questionna la Gerudo en prenant sa petite dame par les épaules. Ne voyez-vous pas que c'est toute cette pression qui l'empêche d'éveiller son pouvoir ?!

- Je n'y suis pour rien, répliqua froidement Impa en croisant les bras. Allez donc voir les nobles pour leur expliquer. Ces imbéciles ne veulent rien entendre. Cela fait des années que je lutte pour leur ouvrir les yeux, en vain !

   Quand sa nourrice leva la voix, Zelda rentra la tête dans les épaules en fermant les yeux. Toute cette réalité qui la rattrapait et la heurtait de plein fouet lui formait une lourde boule dans le ventre. Le poids de son destin et les attentes de tous. Ses yeux commencèrent à piquer mais elle se retint de pleurer afin de ne pas exposer sa faiblesse.

- Ce n'est pas en restant au château que la princesse parviendra à éveiller le pouvoir du sceau, trancha Urbosa en frottant chaleureusement le dos de sa protégée. L'ambiance ici est bien trop néfaste pour elle.

- Nous n'avons pas le choix. Le roi n'accepterait jamais que sa fille parte pour une telle raison car il ne la croirait pas.

   Les deux femmes continuèrent à débattre dans l'optique de trouver des solutions mais à chaque fois, des contre-arguments venaient les couper dans leur élan et tout les ramenait au même point. Finalement, n'en pouvant plus d'entendre tous les enjeux la concernant, Zelda prit congé de la conseillère royale et redescendit dans le grand hall pour inspirer un air plus léger, suivie par Urbosa. Cette dernière ne savait quoi lui dire... Elle avait beau la réconforter en assurant que son pouvoir s'éveillerait tôt ou tard, cela ne menait à rien. La suzeraine se désola de l'absence du Héros. Malheureusement, à cause de la mort de son père, il n'était dans un état émotionnel stable pour le moment. À croire que le destin s'acharnait sur ceux qui devaient le sauver.

   Assise sur un banc en marbre d'un des jardins royaux, Zelda se perdait dans sa contemplation de l'horizon. Elle ne prêtait pas attention au vent qui la décoiffait ni même aux bruits alentours. À ce moment-là, presque plus rien ne comptait pour elle. Sa vie ne semblait même plus avoir de sens... Pour la première fois de son existence, la princesse pensa même qu'elle n'était pas la descendante de la déesse. Elle chassa bien vite cette idée car sinon comment serait-elle parvenue à bénir l'eau de la source, un peu plus tôt ?

- Votre Altesse ? l'appela une voix familière qui la tira de sa torpeur.

   Zelda tourna aussitôt la tête sur la gauche en pensant un instant que c'était Link mais Cassius se présenta à la place, visiblement affecté par son humeur triste.

- Qui êtes-vous ? demanda Urbosa, méfiante vis-à-vis de lui.

- Je me nomme Cassius. Je suis le poète officiel de la cour.

  Il s'inclina durant sa présentation. Urbosa se détendit en sentant qu'il était sincère. Elle ne vit aucun danger venant de lui. Le Sheikah se plaça face à la princesse et sortit son accordéon.

- Voulez-vous que je vous joue une mélodie, Princesse ? Cela devrait vous aider à aller mieux.

- Je t'en prie... répondit-elle dans un souffle, les sourcils froncés à cause de son accablement.

   Cassius hocha la tête.

- Fermez les yeux et laissez-vous aller, lui proposa-t-il avec respect.

    La princesse s'exécuta sous le regard maternel d'Urbosa. Le poète se mit à chanter sans même se soucier des gardes qui pouvaient entendre. Sa chanson se voulait joyeuse tout en restant calme. Ainsi, Zelda put se replonger dans de doux souvenirs qui lui allégèrent le cœur. Durant toute la mélodie, elle put se permettre d'oublier sa situation et se laisser bercer par les paroles. Elle ne se rendait pourtant pas compte que son esprit revenait souvent sur le même visage. Urbosa vit les traits de l'Hylienne s'adoucir et cela lui fit plaisir. Cassius termina sa chanson et esquissa un grand sourire.

- Mon chant vous a-t-il plu ? se renseigna-t-il sans doute pour flatter inconsciemment son égo.

- Oui, je te remercie, le gratifia-t-elle d'un regard empli de reconnaissance.

- J'ose espérer que vous ayez pensé à moi.

   Zelda hocha négativement la tête, ses lèvres s'étirèrent avec discrétion.

- Malheureusement, la personne en question ne se trouve pas ici, avoua la blonde en se levant calmement. Cassius, tu as vraiment un don magnifique. Je souhaite de tout mon cœur que cela puisse aider toutes les âmes égarées, plus tard.

   Le poète se pétrifia suite à ce compliment des plus flatteurs. Il la salua humblement et la suivit du regard quand elle s'éloigna avec Urbosa. Tous deux avaient aisément deviné qui était la personne en question. Et cela suscita de nombreux questionnements chez Cassius. Dont un qui était associé à de la frustration. La princesse avait-elle fini par n'avoir que des yeux pour son chevalier servant ? Cela lui parut absurde étant donné que celui-ci avait un cœur bien insensible à ses charmes et au monde qui l'entourait.

oOo

   Le reste de la semaine fut si long pour Zelda, dorénavant contrainte de passer ses journées à prier soit au temple royal sous le château, soit à la cathédrale de la citadelle. Elle ne prenait plus aucun plaisir à manger, ses journées étaient monotones et accablantes. Urbosa l'assistait du mieux qu'elle le pouvait mais la plupart du temps, cela semblait inutile. Privée de sa passion pour les recherches, la princesse n'éprouvait plus aucun plaisir. On lui avait retiré l'unique possibilité d'aider convenablement son peuple. Cela affecta profondément Impa, si bien qu'elle chercha des heures durant une solution pour que Zelda puisse quitter quelques temps le château sans manquer à ses devoirs. Et finalement, la conseillère trouva une issue et s'enquit d'aller voir sa jeune protégée.

- Princesse, commença-t-elle gravement en la rejoignant dans ses appartements. Votre père pourrait accepter que vous continuiez vos recherches mais à une condition.

   Dans un coin de la pièce, la suzeraine gerudo tendit l'oreille pour ne rien rater.

- Qu'est-ce donc ? demanda Zelda avec hâte en accourant vers elle.

- À ce jour, vous êtes certainement la seule capable d'améliorer les Créatures Divines. Si Urbosa accepte de plaider en cette faveur, vous pourriez quitter le château pour quelques jours.

Les yeux de Zelda se mirent à pétiller de joie et de détermination. La rousse vint les rejoindre en posant ses mains sur ses larges hanches.

- Ce n'est pas une idée stupide, renchérit-elle pour appuyer les propos de la Sheikah. Nous en avions déjà discuté lors de la dernière réunion avec les prodiges. Certaines Créatures Divines nécessitent quelques améliorations.

   Impa sourit avec satisfaction.

- Nous sommes doublement gagnant dans ce cas. Je m'en vais de ce pas voir le roi. Urbosa, voulez-vous bien m'accompagner ? Cela pourrait m'aider et soutenir ma demande.

- Vous pouvez compter sur moi, Dame Impa.

   Les deux femmes se tournèrent vers Zelda. Cette dernière leur donna son accord à travers un simple regard. Pendant qu'elles seraient en entretien avec le roi, elle étudierait la manière d'optimiser les trois dernières Créatures Divines, celle de Daruk ayant déjà subi les modifications nécessaires ne lui demanderait pas de temps. Même si la prêtresse royale aurait dû être au temple pour prier à cette heure-là, elle préféra rester dans son étude malgré les ordres de son père. Ces immenses machines représentaient son salut. Sans elles, Zelda se sentait insignifiante dans cette guerre contre le Fléau. Elles devenaient son espoir.

   La princesse ne compta pas les heures qu'elle passa à son bureau le temps qu'Impa et Urbosa parlent et convainquent le roi. Ce dernier, après de multiples débats, finit par accepter à la condition que sa fille rentre après avoir amélioré deux Créatures Divines. Elle repasserait son temps à prier et peut-être aurait-elle le droit de partir modifier la dernière. L'accord se fit et le souverain les congédia sans cacher son mécontentement. Quand Zelda apprit cela, elle se maîtrisa pour ne pas laisser éclater son enthousiasme. Rien n'était perdu pour elle, en fin de compte... Ce soir-là, l'Hylienne eut bien moins de mal à trouver le sommeil.

oOo

- Par quelle Créature Divine dois-je commencer ? demanda Zelda à la fois pour elle-même mais aussi pour Impa.

   Elle prenait son petit-déjeuner en sa compagnie ainsi que celle d'Urbosa. La journée s'annonçait ensoleillée et douce, un temps idéal pour travailler et être inspirée.

- Je vous conseillerais Vah'Medoh puis Vah'Naboris, lui répondit la Sheikah. Même si l'ordre n'a pas grande importance.

- Revali a certifié que sa Créature Divine était parfaite. Cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps, le railla la suzeraine gerudo en sachant très bien que l'immense aigle devait bien avoir ses défauts.

   La conseillère royale l'approuva et Zelda décida qu'elle commencerait donc par aller au village Piaf. Elle espérait que Revali se montre plus convenable et convivial. La princesse termina son repas puis quitta la salle, talonnée par le prodige gerudo. Dans les escaliers qui menaient à l'étage inférieur, Zelda s'arrêta sur l'une des marches, la bouche entrouverte et le souffle coupé sur l'instant. En bas se tenait Link, il regardait dans sa direction en dévoilant un visage fermé et des yeux cernés. Son amie commença à descendre lentement les marches puis accéléra jusqu'à le rejoindre, inquiète à son sujet.

- Tu es de retour... furent les seuls mots qu'elle trouva pour l'accueillir.

   Le Héros ne lui répondit pas. La perte de son père lui avait laissé une peine profonde bien que moins vive qu'une semaine auparavant. Il avait pu correctement faire son deuil mais la douleur restait encore trop grande. Devoir laisser sa mère seule à Elimith fut un vrai déchirement pour lui. Urbosa arriva à leur hauteur et perçut aussi l'ambiance lourde de regrets qui planait entre eux. Elle s'excusa et prit congé pour les laisser tous les deux. Silencieusement, ils n'eurent pas besoin de se parler pour quitter le château et se rendre sur les bords du lac l'entourant. Leur trajet dura bien une demi-heure le temps d'y arriver et aucun d'eux ne décrocha un mot. L'atmosphère calme de la nature leur offrait un moment de prospérité qui sut leur apporter une certaine paix intérieure.

   Tous deux s'assirent à quelques mètres de l'eau et observèrent sa surface se mouvoir au gré du vent qui soulevait leurs cheveux. Zelda voyait bien que son ami avait le cœur lourd. Et cette peine, il mettrait des années avant de la guérir. Elle le savait mieux que personne. La disparition de sa mère avait été tout aussi violente que celle de Karl. Et ce jour-là, la seule personne qui avait été présente pour la soutenir n'était autre qu'Urbosa, puis Impa par la suite. Après une longue hésitation et pour lui apporter un peu de réconfort, la princesse vint coller son épaule à la sienne puis appuya sa tête contre celle de Link. Leur rythme cardiaque accéléra soudainement, ils n'osèrent plus faire aucun mouvement. Heureusement qu'ils étaient seuls sinon des rumeurs pourraient circuler au sein de la cour et leur porter du tort. Mais à ce moment-là, la seule chose à laquelle ils pensèrent fut leur poitrine qui s'allégeait d'un poids.

   Le jeune homme émit un faible soupir puis laissa véritablement sa tête s'accoler à la sienne. Ce geste de soutien le toucha sincèrement car il se savait compris. Link avait conscience que les mots n'étaient plus une nécessité dans une telle situation. Voir Zelda mettre son titre de côté pour le consoler parvint à combler une partie du vide intense qu'il éprouvait. Le jeune homme ne savait comment la remercier.

- Je suis si désolée pour ton père... confia-t-elle en regardant sur le côté. Si tu as besoin de te confier, je suis à ton écoute.

   Link ne bougea pas.

- Je vous remercie, Votre Altesse, dit-il d'une voix plus rauque qu'ordinaire.

   Devant eux, un groupe de canards vint se poser sur les eaux troubles du lac pour barboter gaiement. À l'intonation de sa voix, Zelda comprit qu'il ne voulait pas en parler. Certainement car la perte de son père était encore trop récente. Durant sa semaine de deuil, le jeune homme avait pleinement pris conscience du prix de la vie. Elle ne tenait qu'à un fil. La mort pouvait faucher n'importe qui, que ce soit le plus simple des paysans jusqu'au guerrier le plus expérimenté. Plus jamais Link ne voulait connaître la douleur de la disparition d'un proche. Il se battrait jusqu'à épuisement pour sauver son royaume de la Calamité.

- Durant ton absence, j'ai bien failli être privée pour toujours de mes recherches... lui apprit Zelda qui elle aussi avait besoin d'extérioriser sa peine. Grâce à Impa et Urbosa, je pourrai continuer mes études sur les Créatures Divines. Quand tu te sentiras prêt à prendre la route, nous partirons pour le village Piaf.

   Discrètement, son chevalier servant serra les poings. Il la protègerait. Link la protègerait car elle se bat pour la vie et pour l'avenir d'Hyrule. La princesse se bat pour sauver son peuple. Et lui, le Héros, défend les idéaux de sa damoiselle au nom de la Chevalerie ainsi que de sa personne. Mais à titre personnel, perdre la princesse, son amie et compagne de destin... Il ne pouvait l'imaginer. Dès l'instant où Link avait retiré la Lame Purificatrice de son socle, il avait su qu'il était prêt. La main de son bras libre se porta jusqu'à sa poche où il en tira un mouchoir immaculé. 

- Je vous rends votre mouchoir. J'ai dû le faire teindre en blanc car... car les taches de sang ne partaient pas... 

     Troublée, Zelda l'attrapa puis le contempla avec émotion. Son chevalier servant aurait aimé lui dire que son mouchoir avait su l'accompagner dans ses derniers moments difficiles, mais il n'en eut pas la force. 

- Nous devrions rentrer... Impa va s'inquiéter, prononça l'Hylienne qui ne savait quoi dire d'autre. 

   Doucement, Link s'écarta d'elle, se releva puis lui tendit la main pour l'y aider. Ce geste courtois eut le don de lui réchauffer le cœur et la princesse accepta ce membre tendu. Un geste en apparence anodin mais qui signifiait implicitement tout le soutien qu'ils s'accordaient mutuellement. C'est ainsi qu'ils rentrèrent au château, dans un silence reposant.

oOo

Le surlendemain, avant que la suzeraine gerudo ne reparte pour son désert, Link décida d'aller la voir et de la prendre à part malgré la présence de Zelda. De loin, la princesse le vit donner un courrier à Urbosa qui fut étonnée. À voix basse, le prodige semblait lui expliquer ce que c'était, il montrait une gêne retenue qui fit sourire la rousse.

- Je vais voir ce que je peux faire pour toi, lui assura-t-elle en gardant précieusement la lettre. Mais je ne te promets rien.

   Link la remercia en acquiesçant avec sérénité. Il remarqua le regard de la princesse posé sur lui et détourna la tête. Nul doute que cela suscita quelques questions dans l'esprit de Zelda. Cette dernière raccompagna Urbosa jusqu'aux portes à une vingtaine de mètres plus loin tandis que le jeune homme les observait s'éloigner. La solitude du deuil le rattrapa presque aussitôt. Toutefois, il reçut bien vite la compagnie de Cassius qui soupirait en se plaçant à côté.

- Voir la princesse si triste de quitter son amie me fend le cœur, prononça le poète en laissant ses bras le long du corps. C'est toujours ainsi... Je n'y puis rien, je me suis amouraché.

   Il guetta la réaction du capitaine de la garde royale mais celui-ci resta parfaitement impassible. Ah ! Il le savait bien. Un cœur aussi glacial que lui ne peut qu'être indifférent à tout.

- Il me suffit de percevoir sa présence pour que...

- Allez exprimer vos sentiments ailleurs, je vous prie, répliqua froidement Link en rejoignant sa damoiselle pour se soustraire à ce poète irritant. 

   Link n'était pas d'humeur et n'avait pas de temps à perdre avec cela. Il délaissa Cassius et préféra rejoindre Zelda. Au moins, il se sentait bien mieux et plus disposé à ses côtés. Et même si le jeune homme savait que Cassius n'avait pas un mauvais fond, il le trouvait de plus en plus envahissant et agaçant. 

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