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Chapitre 17

Code d'honneur du chevalier :

15. Il prend soin des plus démunis, porte aide et soutien aux opprimés.

oOo

En ce mois de mai où les fraises et les pommes poussaient délicatement sur tout Hyrule, le beau temps s'était installé et emmenait avec lui ce calme et cette prospérité si communs au printemps. Les bovins se régalaient avec l'herbe verte et grasse des plaines, les Hyruliens sortaient avec plaisir pour profiter de cette si jolie saison. Ganon ne semblait qu'un vague mythe dont presque plus personne ne se souciait mis à part le roi et ses chevaliers. Le Fléau ne donnait plus aucun signe, même ses monstres préféraient se faire discrets pour le moment.

En cette période, Link avait dix-sept ans depuis début avril. Considéré comme un adulte aux yeux de son peuple, il pouvait se permettre plus d'activités au sein de la citadelle mais il n'en fit rien car là n'était pas sa préoccupation première. Rester auprès de la princesse était bien plus important et nécessaire. Malheureusement, toujours aucun pouvoir du sceau n'avait été éveillé. Les seules bonnes nouvelles provenaient des Créatures Divines et des Gardiens que les Sheikahs parvenaient à maîtriser avec encore quelques difficultés. Zelda considérait cela comme une douce consolation.

Lors de cette dernière semaine de mai, elle se promenait dans l'un des jardins du château, accompagnée bien entendu par Link mais aussi par Cassius. Ce dernier se plaisait à lui jouer de son accordéon la nouvelle berceuse qu'il avait composée en l'honneur de Zelda. Ce bel air les confortait au milieu des fleurs qui dansaient au gré du vent. Pour pallier ce début de chaleur, la princesse avait allégé les étoffes dont elle se vêtait ; sa robe bleue resterait ainsi agréable à porter. Face à l'un des parterres de fleurs pourpres, elle s'accroupit et esquissa un sourire serein pendant que le poète poursuivait calmement son morceau de musique.

- Ce sont des ancolies, apprit-elle à Link qui les observa à son tour à côté d'elle. Elles étaient les fleurs préférées de ma mère...

Dans sa poitrine, son cœur se serra.

- Elles ont plusieurs significations, poursuivit-elle tandis que Link s'abaissait à son tour. Ces fleurs symbolisent la mélancolie, la charité envers notre prochain mais aussi l'amour envers nos déesses.

Son regard glissa vers son ami, très attentif. Puisqu'il aimait apprendre d'elle, Zelda fut heureuse de le voir intéressé.

- Comme tu peux le constater, elles ne fleurissent qu'entre mai et juillet.

- Est-ce rare ?

La blonde contempla à nouveau ces fleurs à qui elle portait une valeur sentimentale très forte.

- Non, elles poussent sur tout Hyrule.

- Princesse, leur beauté n'égale pas la vôtre, se permit de dire Cassius qui venait de finir son morceau. Vous êtes la fleur la plus rare que je connaisse.

Les yeux écarquillés, Zelda leva la tête vers lui et ses joues prirent une légère teinte rosée qui n'échappa pas au prodige.

- Voyons, Cassius. Ne dites pas de sottises, bafouilla-t-elle totalement prise au dépourvu.

- Des sottises ? Que nenni ! soutint-il en souriant. Tout le monde s'accorde à le dire !

La princesse se releva en tenant son bras, signe manifeste de gêne. Elle n'avait guère l'habitude de recevoir ce genre de compliment... Cassius joua quelques allègres notes de son instrument.

- Vous savez, il n'y a que les hommes sensibles et un minimum raffinés pour oser vous le dire, Princesse, poursuivit-il en attaquant indirectement Link pour ne pas qu'elle s'en rende compte. Cela va de soi.

Zelda ne sut quoi lui répondre... Cette attention de la part du poète la touchait. Pourtant, le prodige n'appréciait jamais que l'on considère les chevaliers comme des rustres ou des êtres fermés d'esprit. Il fixait l'artiste d'un air désapprobateur.

- Serez-vous présente pour l'anniversaire des vingt ans de règne de votre père ? se renseigna Cassius pendant que le blond se remettait silencieusement debout. J'ai entendu dire qu'une réception avait été organisée.

La jeune fille hocha la tête en signe de confirmation.

- Oui, je suis la deuxième concernée, soupira-t-elle en sachant déjà ce qui l'attendait. Mais ce n'est que dans une semaine, nous avons le temps de nous y préparer.

- Puis-je espérer obtenir une autre danse de votre part ?

Les yeux de Link s'agrandirent légèrement. Une "autre" ? Il était surpris que la princesse ait déjà dansé avec Cassius, surtout qu'il n'était pas un noble car issu du peuple sheikah. Zelda regarda brièvement son chevalier servant puis se reporta sur le poète.

- Cela dépendra de mes envies, répondit-elle avec moins d'enthousiasme.

Elle s'approcha de Cassius et vint lui murmurer quelque chose à l'oreille. Link sentit alors un léger poids oppresser sa poitrine car il se voyait mis à l'écart par son amie.

- Excusez-moi, Princesse, dit alors le poète en s'inclinant pour appuyer ses mots. Je l'avais oublié... Votre père le sait-il ?

- Oui. Malheureusement, cela ne le préoccupe pas et il m'a même réprimandée plusieurs fois à ce sujet.

Le Sheikah en fut désolé pour elle. Ses yeux dévièrent sur Link qui les observait, à quelques mètres de là. Cassius esquissa un petit sourire.

- Et si nous continuions la promenade ? proposa-t-il à la princesse. Je pourrai vous jouer d'autres airs.

- Avec grand plaisir, Cassius, l'approuva Zelda en se remettant en marche.

Link leur emboita le pas sans plus tarder. Au vu des réactions de Zelda et de son comportement vis-à-vis du poète, il se demandait si Cassius n'éprouverait pas de quelconques sentiments à son égard et réciproquement. Car la princesse avait déjà proposé quelques fois à Cassius de les accompagner pour étudier des sanctuaires en dehors du château. Tandis qu'ils déambulaient sur les chemins des jardins du château, un garde royal accourut vers le petit groupe et fit le salut militaire face à Link.

- Capitaine, le roi demande à vous voir ce soir, à dix-neuf heures.

Le jeune homme fut le premier à réagir car la raison de cette convocation devait être très importante pour que le souverain en personne veuille voir Link. Ce dernier remercia le garde et l'observa s'éloigner, encore un peu sonné par cette nouvelle.

- A-t-il commis une erreur ? demanda discrètement Cassius à la princesse.

- Non, Link est constamment avec moi. Je peux assurer qu'il n'a rien fait de mal.

Zelda tourna la tête vers le poète, son expression était redevenue sérieuse.

- Cassius, je vais devoir vous laisser, lui dit-elle d'un ton calme.

Il la salua respectueusement en la remerciant du temps partagé avec lui. Zelda fit alors face à Link mais n'eut pas besoin de parler pour qu'il comprenne que les activités de la journée reprenaient. Elle devait notamment se rendre en ville afin de trouver un cadeau pour son père. Vingt ans de règne... Une durée qui ne cesserait de s'allonger encore pour quelques années.

- J'apprécie beaucoup Cassius pour son esprit vif et sa vision du monde, énonça Zelda en arrivant sur un chemin pavé. Il a le mérite d'être bien plus intéressant que certaines personnes ici.

Elle dut effectuer une dizaine de pas avant de prendre peur suite à ses mots. Il ne fallait pas que Link se sente visé... La blonde s'arrêta et parut fort embarrassée.

- Rassure-toi, tu n'en fais pas partie, ajouta-t-elle afin qu'il ne se fasse pas de fausses idées. Je serais bien confuse que tu te sentes concerné...

- N'ayez crainte, ce n'est pas le cas, lui assura-t-il, rasséréné.

Sinon, pourquoi le considèrerait-elle comme un ami ? Zelda émit un soupir de soulagement, lui adressa un sourire puis reprit la route en direction de la citadelle. Le prodige se demandait quel présent la princesse offrirait à son père. Un objet de valeur ? De l'étoffe ? Une denrée rare, comme des épices ? En tout cas, pas quelque chose que Link pourrait se permettre d'acheter. Il leur fallut une bonne douzaine de minutes de marche pour parvenir jusqu'à la grande rue marchande de la citadelle d'Hyrule. Il y régnait une alléchante odeur de poulet rôti si bien que Link dut se maîtriser pour ne pas chercher le boucher qui en était responsable. Et comme toujours, la princesse et lui ne passaient pas inaperçus... Zelda choisit d'entrer chez un sculpteur de renom. Son dévolu se jeta rapidement sur une petite statuette en marbre qui représentait la déesse Hylia jouant de la lyre. Son élégance et sa symbolique plurent à la princesse qui ne tarda pas à l'acheter. Au moins, elle pourrait l'offrir en main propre à son père quand ils seraient seuls. Et peut-être que leurs liens s'amélioreraient par la suite...

- Qu'est-ce qui vous afflige ? la questionna Link sur le chemin du retour.

Zelda tressauta car elle ne s'attendait pas à être ainsi percée à jour. Cela se voyait tant que sa relation avec son père la peinait ?

- Je... Je préfère ne pas en parler, lui donna-t-elle pour unique réponse.

Son chevalier servant dut se plier à ce choix, il respectait sa vie privée comme Zelda respectait la sienne. Tous deux revinrent au sein de la forteresse où l'Hylienne congédia Link pour le reste de la journée. Elle tâcherait de préparer au mieux son cadeau dans ses appartements. Quant à Link, il patienta jusqu'au soir avant de se rendre dans la salle du trône. Il éprouvait un léger stress car il ne connaissait toujours pas le motif de sa convocation. Peut-être que le roi ne désirait plus de lui comme protecteur de sa fille ? Ou bien il était mécontent de son travail ? La gorge nouée, Link se présenta devant les imposantes portes aux dorures étincelantes. Un valet l'annonça au roi et le jeune homme put rentrer dans la grande salle quand le souverain le lui autorisa. Il s'avança jusqu'à la Triforce gravée au sol puis il posa un genou à terre, en signe de soumission.

- Vous m'avez demandé, Votre Majesté ? prononça-t-il d'une voix légèrement tremblante.

- C'est exact, dit le roi assez fort pour que sa voix résonne dans la salle du trône. J'ai fait appel à toi car j'ai besoin de tes services pour la réception qui aura lieu d'ici quelques jours.

Toujours abaissé, Link n'oscilla pas suite à son explication. Au moins, la raison de sa convocation n'était pas aussi grave qu'il l'imaginait. Il attendit que son souverain poursuive :

- En tant que chevalier servant, tu es sommé d'assister ma fille durant toute la soirée et d'assurer sa sécurité.

Oh... Link comprit parfaitement la véritable raison. Il n'était pas dupe...

- Tu seras chargé d'accueillir la princesse lors de son apparition.

Le prodige perçut certains de ses muscles se contracter sous l'indignation. Alors... il ne devait que faire office de belle figure, n'est-ce pas ? Un objet de décoration. Protéger la princesse dans une réception où de nombreux chevalier seraient là pour assurer la sécurité et le bon déroulement de la soirée ? Mais malheureusement, il n'avait pas son mot à dire dans cette histoire. Les ordres étaient clairs et indiscutables.

- Bien entendu, tu es prié de rester à ta place, ajouta Oswald qui se tenait aux côtés de son roi.

Cette phrase voulait tout dire pour Link. Ne pas participer aux conversations de la princesse, ne pas la déranger si jamais elle voulait danser, se faire discret tout en mettant en valeur Zelda. Par les déesses, il n'était pas un objet... Ce fut tout ce que le roi voulut lui dire donc il le congédia rapidement. Link s'empressa de quitter cet endroit devenu pesant. Il avait été déçu par le roi, lui qu'il pensait compréhensif vis-à-vis des chevaliers. D'ailleurs, pourquoi Impa n'était jamais là ? N'était-elle pas non plus la conseillère du roi, elle aussi ? Était-ce sa condition de femme, sheikah qui plus est, qui la mettait à l'écart ? Link trouvait cela insensé.

Ce soir-là, il n'alla pas manger, son entrevue lui avait coupé toute faim.

oOo

Les jours s'enchaînèrent à grande vitesse par la suite. Si bien que la fameuse soirée de la réception finit par arriver. Zelda dut passer l'après-midi à se préparer avec l'aide de ses servantes, ce qui laissa au prodige le temps de lui-même s'apprêter en conséquence. Néanmoins, avant cela, il alla voir ses deux amis pour trouver un peu de réconfort auprès d'eux. Il leur expliqua la situation et son sentiment suite à sa convocation devant le roi.

- Crois-moi, tu n'es pas le premier à subir ça... se désola Gautier en se tenant la tête, entre ses deux camarades.

Tous trois étaient assis sur un muret à l'extérieur et profitaient de la chaleur en cette fin de journée. Le ciel devenait orangé et les derniers rayons de soleil leur réchauffaient les joues.

- Avant, il n'était pas rare que les chevaliers servants ne soient là que pour mettre en valeur leur damoiselle, poursuivit le grand blond d'un ton monotone. Ma grand-mère en avait justement un pendant sa jeunesse. Elle m'a un peu raconté comment cela se passait. Mais elle est décédée il y a cinq ans, elle ne peut plus témoigner.

Link lui adressa ses condoléances car il ne le savait pas et son ami l'en remercia même si sa peine avait eu le temps de s'atténuer après toutes ces années. Gautier dévisagea alors le jeune capitaine et posa machinalement une main sur son épaule.

- Tu vas rester dans ta tunique pour la réception ? s'étonna-t-il car Link ne s'était toujours pas changé.

Ce dernier soupira, peu emballé.

- Non, je vais devoir mettre ma tenue de garde royal. Je n'y vais pas en tant que prodige mais chevalier servant, rappelle-toi.

- Excuse-nous, monsieur Link, le nargua Conrad en ricanant. Si tu restes à parler avec nous, tu risques d'être en retard.

Le jeune homme haussa les sourcils puis posa ses mains derrière lui pour y prendre appui et regarder l'horizon.

- J'ai encore le temps, répliqua simplement Link.

- Tu sais au moins ce que tu es censé faire ? s'inquiéta Gautier qui l'observait calmement.

Oui, simplement se tenir à côté de la princesse et surveiller que personne ne vienne l'attaquer. Mais qui serait assez stupide pour tenter un tel attentat avec autant de personnes et de chevaliers autour ? Lorsque Link apporta cette réponse, ses deux amis se pincèrent l'arête du nez en maugréant qu'il n'avait aucun code, et cela les désespérait.

- Ce gamin est vraiment bouché, dit Conrad à Gautier dans un faux chuchotement.

- J'ai dû mal à croire qu'il en sache si peu sur son rôle.

Link fronça les sourcils et donna un coup de coude à Gautier.

- Je vous entends.

- C'est formidable, ça ! se moqua le brun en se penchant pour le voir.

Le prodige le fusilla du regard et détourna la tête. Gautier décida de ne pas passer par quatre chemins afin de ne pas perdre de temps.

- En tant que chevalier servant, il y a deux choses très importantes que tu devras faire, sinon tu risques de choquer les esprits de la haute noblesse.

- Ô déesses ! commenta Conrad en prenant ses grands airs.

Link fut très attentif à ce qu'allait dire le grand blond. Il n'avait pas envie de porter préjudice à la princesse à cause de son comportement et de son manque de savoir-vivre.

- Leçon numéro un, commença Gautier en se redressant, tout souriant.

- Et pas des moindres !

- La ferme, Conrad, rétorqua aussitôt son ami avant de reporter son attention sur Link. Tu n'es pas sans savoir que ce sera toi qui accueilleras la princesse Zelda lors de son arrivée au sein de l'assemblée. Quand elle arrivera devant toi, tu devras lui baiser la main.

Sur le moment, Link ne réagit pas. Ce n'est qu'après quelques instants et une visualisation de la scène qu'il comprit et se figea, les yeux écarquillés.

- Le pauvre, tu vas lui faire perdre ses moyens, le réprimanda faussement le brun en croisant les bras. Regarde, il rougit presque.

- Je ne rougis pas ! répliqua aussitôt Link en se penchant en avant. C'est juste que je ne peux pas faire une telle chose.

Ses deux amis haussèrent un sourcil, s'échangèrent un regard interrogateur puis lui demandèrent pourquoi.

- Ce n'est pas convenable pour un roturier comme moi de faire le baisemain.

-  « Ce n'est pas convenable pour un roturier comme moi de faire le baisemain », l'imita le brun en prenant une voix aiguë. Link, ton excuse est minable.

Gautier l'approuva en acquiesçant vigoureusement. Les deux amis insistèrent tant auprès du prodige que celui-ci dut s'avouer vaincu et promettre de le faire. Mais tout de même... Rien qu'imaginer embrasser... Link fronça les sourcils, il se sentait désagréablement confus.

- Ce n'est pas tout, poursuivit Gautier avec plus de gravité. Tu n'es pas que chargé de sa protection. Il faut aussi veiller à ce qu'elle soit constamment à son aise.

- C'est tout ?

- Oui mais ne prends pas ça à la légère.

De son côté, le brun grommelait dans son coin car il enviait son ami. Link demanda ce qu'il avait.

- Il te jalouse car il aurait voulu embrasser la main de la princesse, lui expliqua Gautier après avoir baillé. Cesse de faire le gamin, Conrad. Elle sait que tu existes, c'est déjà pas mal.

Son compagnon maugréa une phrase incompréhensible dans sa barbe, très mécontent. Seulement, voyant l'heure passer, Link se leva et remercia ses amis pour leurs bons conseils avant de courir en direction de sa chambre pour se changer. Il appréhendait ce qu'il devrait faire. Devant toute la cour, en plus... Sous la pression d'Oswald et du roi. Une fois dans ses appartements, il entreprit de se recoiffer puis de mettre sa tenue de garde royale. Seulement, Link garda ses bottes actuelles qu'il jugeait plus discrètes et confortables. Face à son petit miroir fissuré, il réajusta son béret, se regarda de la tête aux pieds puis soupira. Il était temps d'y aller...

D'un pas lent, il se dirigea vers la salle de bal au nord du château, un étage sous la salle du trône. Le jeune homme dut traverser le grand hall où il aperçut des nobles conviés à la réception du roi. C'était un grand jour, il fallait fêter ses vingt ans de règne ! Link suivit de loin les invités jusqu'à arriver dans une très longue salle au haut plafond où étaient suspendus d'imposants lustres. Il y avait de nombreuses peintures sur les murs représentant les anciens souverains hyliens, séparées par des miroirs à certains endroits. Un buffet se tenait dans un coin et mettait à disposition des victuailles fort appétissantes. Il y avait notamment un escalier qui descendait jusqu'à la salle de bal. Un orchestre était aussi présent, Cassius avait été désigné comme chef et partageait ainsi ses compositions. L'ambiance mondaine déplut à Link qui fut de suite mal à l'aise.

Le blond s'avança car certains commençaient à se demander pourquoi il restait immobile sur le seuil de la porte. Link se fraya un chemin parmi la foule en cherchant sa damoiselle du regard. Visiblement, elle n'était toujours pas arrivée. Il décida donc de se rapprocher du buffet pour découvrir quels plats raviraient ses papilles. Soudainement, un silence pesant s'installa dans la salle et Link s'arrêta. Durant un court instant, il pensa que c'était de sa faute mais cela lui parut si absurde qu'il préféra se tourner pour mieux comprendre. C'était justement le roi et sa fille qui venaient de paraître en haut de l'escalier, élégamment vêtus. La princesse avait opté pour une robe bleue, certes, mais qui laissait une partie de son cou et de son buste découverte. En temps normal, jamais elle ne se serait habillée ainsi, mais pour la cérémonie elle fut en quelque sorte obligée. Elle portait un bustier dont les lacets tombaient dans son dos. Ce soir-là, Zelda n'avait pas fait de tresses, comme lors de ses sessions de prière. Seule sa couronne ornait sa tête. 

Link resta littéralement cloué sur place. Non pas qu'il n'avait jamais remarqué les traits fins et agréables du visage de la princesse, mais elle avait un tout autre charme. Le jeune homme sortit alors de sa torpeur quand il remarqua la multitude de regards braqués sur lui. Son cœur bondit dans sa poitrine suite au stress et il accourut vers l'escalier pour accueillir la damoiselle. Zelda descendit les marches qui menaient sur le parquet de danse où Link l'attendait. Comme le voulait la tradition, ce devait être son chevalier servant qui lui donnerait la main en tout début de réception. Heureusement, Link portait un accoutrement qui lui allait fort bien et lui donnait une certaine élégance adaptée à la situation.

Quand il ne lui resta que quelques marches, la princesse vit une main se tendre devant elle, ce qui sut accroître sa confiance. D'habitude, Zelda n'était jamais à l'aise dans ce genre de fête. Mais avec la présence de son ami à ses côtés, elle se sentait moins seule. Au moins une personne la comprenait. Avec raffinement, elle donna sa main à Link et arriva au même niveau que lui en souriant avec discrétion. Rien ne devait être mal interprété. Par conventions, le capitaine posa un genou à terre pour la saluer et approcha la main de son visage.

Le rythme cardiaque de la jeune fille accéléra inexorablement quand elle comprit ce qu'il s'apprêtait à réaliser. C'était une pratique bien courante, après tout. Cependant, au lieu de faire le baisemain, Link préféra poser la main royale contre son front et il ferma quelques instants les yeux pour témoigner de sa dévotion. Sur le moment, le souffle de la princesse se coupa et un vague murmure d'incompréhension parcourut l'assemblée d'invités. Mais que faisait cet impertinent ? se demandaient-ils certainement. Ce n'était point comme cela qu'il devait procéder ! Pourtant Zelda fut particulièrement touchée par ce geste et en comprenait l'ampleur. Le baisemain n'était qu'une simple formalité, une obligation courtoise sans grand sens, généralement, pour celui qui l'effectuait. Mais ce que faisait Link allait bien au-delà. C'était bien plus personnel. Une attention particulière qu'il apportait à la princesse.

Pour Zelda, le geste fut si fort qu'elle oublia quelques secondes où elle se trouvait. Décidément, ce garçon sortait bien de l'ordinaire... Si tous les jeunes hommes pouvaient prendre exemple sur lui, elle serait bien contente. Surtout qu'elle en épouserait l'un d'eux, plus tard. L'Hylienne ne douta pas un instant que ceux présents dans la salle devaient envier Link à ce moment précis. Le prodige se releva et présenta son bras sur lequel elle vint prendre appui avec délicatesse. Zelda le remercia d'un regard puis ils s'avancèrent vers un groupe de personnes pour les saluer. Une certaine aisance se lisait nettement dans l'allure de la princesse. Son compagnon ne faisait que la renforcer. Quand cette soirée serait finie, elle le remercierait.

- Bonsoir, Princesse Zelda, la salua une comtesse accompagnée de son mari et de sa fille. Vous êtes ravissante !

- Je vous remercie, répondit-elle poliment. Avez-vous fait bon voyage depuis Akkala ?

- Oui, nous n'avons rencontré aucun inconvénient pour venir jusqu'ici. Nous avions une escorte.

Les nobles n'adressèrent aucun regard à Link. Il s'y attendait... Même si la princesse lui tenait encore le bras, personne ne se préoccupait de lui. Au moins, on ne viendrait pas l'importuner. Rapidement, il perdit le fil de la conversation et préféra s'immerger dans ses pensées. Le jeune homme n'entendit pas Zelda qui saluait la comtesse. Elle dut exercer une légère pression sur l'avant-bras de Link pour l'inciter à faire le tour de la salle afin d'accueillir tous les invités. L'ennui se lut bien vite sur le visage du chevalier servant et Zelda en fut désolée. Malheureusement, elle se devait de respecter les codes. Au bout d'une longue demi-heure, elle soupira puis lâcha le blond avant de lui sourire.

- Maintenant, tu es libre de faire ce qu'il te plaît, concéda-t-elle en se prenant les mains.

En toute discrétion, elle regarda autour d'eux pour vérifier que personne ne les observait puis elle lui chuchota :

- J'ai demandé à ce qu'ils servent du pâté de pintade, ce soir.

Les yeux du blond se mirent à pétiller. Cela suffit à éveiller sa gourmandise mais il devait se contenir encore un peu car ce n'était que le début de la soirée, hélas. Intérieurement, Link la remercia pour cette attention de sa part. La princesse partit donc de son côté pour aller discuter avec des jeunes personnes de son âge et qui avaient l'air fort sympathiques au premier abord. Quant au capitaine de la garde, il se dirigea vers l'orchestre pour écouter les différents morceaux. N'étant pas indifférent à la musique, Link profita pleinement des compositions de Cassius. Ce dernier ne manqua pas de le remarquer et vint voir le prodige entre deux morceaux.

- Eh bien, je vois que tu as enfin décidé de t'ouvrir à l'art, se réjouit-il en tenant sous son bras une pile de partitions. Tu remontes dans mon estime.

Le Sheikah feuilleta ses nombreuses compositions et en tira une en particulier.

- Je vais ouvrir le bal avec ceci. Tu m'en diras des nouvelles.

Link était surpris que le poète lui parle ainsi alors qu'il avait toujours été condescendant envers lui jusqu'à maintenant. Visiblement, en plein milieu de son art, Cassius semblait être une autre personne. Il monta sur sa petite estrade, tapota sur son pupitre puis entama le morceau en souriant de toutes ses dents. Derrière lui, les invités commencèrent à former des couples pour danser sur la valse jouée par l'orchestre. Link s'assit sur le siège le plus proche et les contempla avec une certaine admiration. Tous dansaient si bien... Le jeune homme entendit ainsi les musiques s'enchaîner et vit à maintes reprises les partenaires se saluer. Il n'oublia pas de complimenter Cassius pour la beauté des morceaux.

- Souhaitez-vous danser ?

Link releva subitement la tête et vit une jeune femme rousse dont le sourire témoignait de son manque d'assurance.

- Je m'excuse mais je me vois devoir vous éconduire, mademoiselle, répondit-il poliment pour ne pas la vexer.

La raison était pourtant simple mais il n'osait pas l'avouer. L'inconnue balbutia quelques excuses avant de repartir. Elle aurait bien aimé danser avec un si joli jeune homme mais ce dernier n'avait tout simplement pas voulu d'elle. Link quitta sa place actuelle pour aller boire un verre d'eau rafraichissante. La chaleur commençait presque à devenir suffocante alors qu'il ne valsait même pas. Le jeune capitaine s'ennuyait vraiment. Si la princesse l'avait congédié, cela voulait dire qu'il n'avait pas l'obligation de rester autour d'elle, finalement. Alors pour quelle durée s'appliquait l'ordre du roi ?

De son côté, Zelda discutait avec un jeune duc qui lui parlait de la richesse de ses terres et de leur beauté. Ce n'était pas un Hylien, il venait d'un pays limitrophe en paix avec le royaume d'Hyrule. La princesse avait ainsi l'occasion d'avoir des nouvelles de ce qu'il se passait en dehors de son territoire. Là-bas aussi, les rares signes du retour de Ganon s'étaient manifestés, d'après ses dires. Le Fléau ne voulait pas que détruire Hyrule... Il voulait prendre possession de tout le continent, voire plus. Mais alors que Zelda pensait avoir affaire à quelqu'un de respectable et d'humble, elle se rendit bien vite compte que ce dernier la courtisait. Et cela ne convint pas du tout à la princesse. Elle paraissait pourtant fort incommodée et n'hésitait pas à lui montrer. Elle cherchait une échappatoire plausible. En perdant son regard dans la foule, Zelda croisa celui de son ami et lui envoya aussitôt un signal de détresse.

- Que regardez-vous ? lui demanda le jeune duc en suivant son regard sans comprendre.

- J'observais les danseurs, mentit-elle en s'attrapant l'avant-bras.

- Désirez-vous les rejoindre en me prenant pour cavalier ?

Il voyait là une occasion parfaite pour l'inviter. La princesse d'Hyrule était sans doute le meilleur parti de toute la décennie. Zelda refusa sa proposition en restant courtoise mais le jeune homme se fit plus insistant. Au moment où il voulait la complimenter, une silhouette apparut à leur côté et un regard glacial se posa sur lui. Le duc dévisagea la source de son incommodation.

- Veuillez cesser d'importuner la princesse, je vous prie, l'intima Link d'une voix ferme et assurée.

Certes, le noble faisait bien une tête de plus que lui mais ça ne l'intimidait en aucun cas. Face au chevalier servant de la princesse en personne, le duc dut se retirer en fulminant. Tant pis, il retenterait sa chance plus tard dans la soirée. Zelda put souffler de soulagement.

- Merci, Link, dit-elle avec reconnaissance. Je n'aurais pas su m'en débarrasser sans toi.

- Mon rôle est de veiller à votre confort, énonça Link avec conviction.

Et pour cela, Zelda ne pourrait jamais assez lui témoigner de sa gratitude. Cependant, à cause de l'ambiance étouffante, elle se décida à sortir sur le balcon où quelques autres invités prenaient l'air. Dedans, Cassius entamait sa berceuse écrite pour la princesse. Elle s'accouda un instant sur le balustre pour se changer les idées mais remarqua rapidement la présence de son ami à côté.

- Tu ne danses pas ? demanda-t-elle à Link, surprise qu'il reste auprès d'elle.

Avec embarras, le chevalier regarda sur le côté.

- Je ne sais pas danser, avoua-t-il en haussant les épaules.

C'était pour cela qu'il avait éconduit cette jeune demoiselle, plus tôt dans l'heure.

- Et vous ? Je crois que l'on vous attend dedans.

- Moi ?

Zelda esquissa un sourire. Une légère brise passa et balaya leurs cheveux.

- Je n'aime pas cela. Mes cavaliers ont toujours été très ennuyeux. Tous veulent m'impressionner. Je pense qu'ils se plaisaient à s'afficher auprès de moi, réfléchit-elle en croisant les bras. Tu sais ô combien j'en ai horreur.

Link acquiesça. Il avait eu l'occasion d'en avoir la preuve. Toutefois, il trouvait cela bien dommage de voir la future reine rester à l'écart des autres danseurs. Parmi ces nobles, il devait bien y en avoir un, un peu plus humble... Si Link avait été de leur rang, ou même s'il connaissait ne serait-ce que quelques pas de valse, sans doute aurait-il convié la princesse ? Hélas, c'était bien une chose impossible.

- Saluons-nous comme si nous terminions cette danse, proposa Zelda en percevant la fin du morceau de Cassius. Tu as bien vu comment les invités procédaient, n'est-ce pas ?

Silencieusement, le chevalier reporta son regard dans celui de la jeune fille pour l'y ancrer. En effet, il avait pu le voir quelques fois. Mais cela ne voulait pas dire qu'il était capable de le reproduire. Constatant son hésitation, Zelda décroisa les bras et lui montra une posture plus décontractée pour le mettre à son aise.

- Allons, ce n'est pas bien dur, l'encouragea-t-elle doucement. Je ne te jugerai pas, je te le promets.

Link le savait bien. Seulement... il espérait que personne ne les surprenne pour le bien de la réputation de la princesse. Finalement, le jeune homme plaça un bras derrière lui, se mit de biais vis-à-vis de Zelda puis il lui tendit la main en tâchant d'adopter une allure digne et respectueuse. Son rythme cardiaque avait légèrement accéléré, il déglutit. L'Hylienne posa ses doigts avec délicatesse au creux de la paume de son ami, un sourire discret sur les lèvres. Cela les fit frémir puis ils s'inclinèrent en fléchissant légèrement les genoux. Tous deux se redressèrent en échangeant un regard, comme s'ils voulaient connaître le fond de la pensée de l'autre. Cela leur était évidemment impossible et Zelda retira sa main en fixant un court instant le balustre pour se dérober à ses yeux intenses. Son sourire s'adoucit d'autant plus.

- Je te remercie, dit-elle avant de rentrer dans l'immense salle illuminée.

Dorénavant seul, le prodige resta immobile sur la terrasse, perdu dans ses pensées. Il se demandait s'il venait de faire un faux pas, mais aucun de ses gestes n'avait été déplacé selon lui. À travers la vitre, il aperçut Oswald qui le fixait, au loin. Avait-il... assisté à la scène ? À cette distance et au vu de son âge, cela paraissait improbable et ridicule. Link demeurait cependant vigilant. Si quelqu'un les avait surpris, il espérait qu'aucune rumeur ne soit lancée. Aucun mal n'avait été fait après tout. Une question cependant hantait les pensées du jeune homme.

Je ne cessais de me demander... Comment un si simple sourire parvenait-t-il à autant alléger mon cœur ?

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