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Chapitre 27

Trouver un cheval était ma priorité. Je ne pouvais pas imaginer rattraper Ryker, Naseok et les autres sans un cheval. Il me fallait de quoi avaler les kilomètres en arrière que j'avais fait à cause de Nahl et ceux qu'ils avaient parcourus pendant mon absence. Parce qu'ils ne m'avaient pas attendue. De ça, au moins, j'étais sûre.

Je m'aventurai dans le village, prudente, me méfiant de chaque personne que je croisais. Cependant, personne ne m'adressa le moindre regard. Comme si je me fondais dans le décor. Ce qui n'aurait pas dû tant m'étonner, en vérité.

Au milieu des maisons de toutes formes et de toutes couleurs, les Faes se mêlaient aux Demi-Sangs comme si c'était naturel. Je ne vis pas beaucoup de Seelies, comme d'habitude. Le retrait de leur Roi en faveur de son frère devait les inciter à hiberner ou simplement à faire profil bas. Cependant, des Demi-Sangs ayant probablement des origines Seelies se baladaient dans les rues sans paraître aussi à l'aise que les autres.

WreitheKeep était une ville bien plus grande que je ne l'aurais cru au premier abord. Elle s'étirait dans tout un tissu de ruelles étroites, de long couloirs et de places sombres. Je remarquai vite que les Seelies étaient souvent des marchands de rue, ceux-là même qui excitaient la foule avec des produits miracles à Phyre. Ici, ils ne vendaient pas de la crème rajeunissante ou des pilules d'attraction ou autres inventions toxiques. Ils vendaient des sorts, des ingrédients improbables, des livres au contenu dangereux. Les Faes passaient devant eux sans les regarder, habitués, tandis que les Demi-Sangs, eux, leur jetaient des regards intéressés ou curieux. Le plaisir coupable de tout à chacun ayant vécu plus ou moins longtemps dans une ville humaine.

Je trouvai rapidement des écuries. L'odeur ne trompait pas, où que l'on se trouve. Y entrer ne fut pas compliqué. La rue était pleine d'activité et personne ne fit attention à moi lorsque je poussai les portes et me faufilai à l'intérieur. Dans les écuries,personne. Il y faisait sombre et le peu de lumière qui traversait les fenêtres crasseuses me permettait à peine de distinguer la forme des boxes. Je regardai par les portes et ne trouvai aucun cheval.

Un hennissement résonna dans le fond. Je me collai contre le mur, me fondant au mieux dans le décor. Je m'avançai doucement vers le bruit, ne sachant pas trop à quoi m'attendre. Pourquoi n'y avait-il aucun cheval dans les boxes ? Ça n'annonçait rien de bon.

J'arrivai au bout du couloir principal et jetai un coup d'œil sur ma droite. Un grand rai de soleil pénétrait par une porte ouverte. Deux hommes se tenaient debout en plein milieu et discutaient à voix basse. Ils étaient massifs, les bras comme des troncs d'arbres, les cheveux si longs que, même tressés, ils leur tombaient jusque sous les genoux. Ils n'avaient vraiment pas l'air bons et je n'étais pas enthousiaste à l'idée de les affronter. Surtout pas pour un cheval.

Je demeurai tapie dans mon coin, patientant. Toutefois, ils ne semblaient pas près de partir. Leur conversation avait l'air sérieuse. L'un d'eux bougea et ouvrit la porte d'un boxe. Il en fit sortir une jeune fille du boxe en la traînant par les cheveux. La petite n'émit aucun son alors que le Fae la lâchait aux pieds de l'autre. Elle releva la tête avec fierté. Cela lui valut un coup si violent que ses os durent être réduits en miettes. Elle cria, le son se répercutant sur tous les murs. Je pinçai les lèvres, luttant contre moi-même. Je ne pouvais pas intervenir. Ils me tueraient avant que j'aie pu faire quoi que ce soit.

Le ton monta entre les deux Faes. Celui qui gardait la fillette poussa l'autre, ils serrèrent les poings, grondant comme des animaux. Ils n'allaient pas tarder à se taper dessus. Je pourrais saisir l'occasion pour laisser la gamine s'enfuir et récupérer un cheval.

Je sursautai lorsque la porte s'ouvrit brutalement, allant claquer contre le mur. J'eus à peine le temps de me dissimuler derrière un tonneau pour que l'on ne me voit ni d'un côté ni de l'autre. Trois Faes entrèrent et rejoignirent les deux autres. La bataille explosa, les faisant grogner et crier et – sûrement – s'insulter en ancien langage. Langage qu'il allait vraiment falloir que j'apprenne aussi.

Je sortis de mon trou, me faufilant jusqu'à la fillette qui s'était réfugiée sous un tabouret. Lorsqu'elle me vit, elle ouvrit la bouche. J'eus à peine le temps de mettre un doigt sur mes lèvres pour qu'elle se taise. Je lui fis signe de venir. Elle longea les boxes, à quatre pattes, se faisant discrète. Dès qu'elle fut près de moi, je vis combien elle était mal en point. Toute en os, le teint cendreux, les yeux injectés de sang. Des bleus marquaient ses bras, du sang tâchaient ses cheveux.

Elle se cacha derrière moi et je l'aidai à reculer, à retrouver le couloir principal pour s'enfuir. Elle ne se fit pas prier pour filer à toute vitesse. Je retournai à mon examen des stalles. Le cheval le plus proche était à une dizaine de mètres de là. Je pouvais probablement entrer dans son boxe sans encombres. Cependant, en sortir serait beaucoup moins facile. Je ne pourrais pas le faire sans qu'ils me remarquent. Et je ne pouvais pas attendre beaucoup plus longtemps. Je perdais déjà un temps infini et précieux. J'allais devoir foncer dans le tas.

Je longeai le mur, entrouvris la porte du boxe et rejoignis l'étalon qui piaffait et tapait du pied dans la paille sale et maculée de crottin. L'odeur était atroce. Je plaquai ma main valide contre mon nez et ma bouche. Je ne pouvais pas faire le moindre son qui éveillerait l'intérêt des Faes. L'animal n'avait pas de selle mais portait encore sa bride. C'était plus que je ne pouvais en demander. Bon, ça ne serait pas génial de faire des centaines de kilomètres à cru. Ce n'était pas comme si j'avais le choix. Il allait falloir que je fasse avec.

Je me hissai comme je pus sur le dos de ma nouvelle monture et lui donnai un bon coup de talons. Elle rua, explosant la porte, me forçant à m'accrocher à sa crinière pour ne pas tomber. Elle tourna sur elle-même et détala comme une flèche. Je faillis tomber lorsqu'elle prit son virage. Je carrai les épaules quand elle défonça la grande porte et déboula en pleine ville. Je compris vite que je n'avais aucun contrôle sur ce cheval et qu'il allait falloir que je remédie à ça.

Je le laissai foncer hors de WreitheKeep et seulement alors, je me saisis des rênes pour le forcer à prendre la direction que j'avais choisie. Il possédait une énergie telle qu'il avala les kilomètres sans s'arrêter. Je vis à peine passer les endroits où j'étais passée avec Nahl. Ma monture était couverte de sueur lorsque nous arrivâmes au dernier endroit où nous étions tous ensemble, avec Ryker, Naseok, Addy et Ghur. Seulement alors, elle s'arrêta pour aller boire. J'en profitai pour grignoter quelque chose et boire un peu aussi.

Je n'osai pas descendre de son dos sans savoir comment il allait réagir. Ce cheval semblait incontrôlable. Je ne savais pas ce qu'ils lui avaient fait mais il était évident qu'il n'était bien. Il y avait un problème chez ce cheval. Malheureusement pour moi, j'allais devoir faire avec. Ce n'étais pas comme si j'avais vraiment eu le choix de la monture.

Je ne pris pas le temps de me reposer et je relançai ma monture sur la route. Au pas, cette fois. Je n'allais pas le laisser s'épuiser avant que je n'aie retrouvé mon groupe. J'avais besoin qu'il me porte jusque là où était les autres.

Le paysage défila autour de moi. Je n'y prêtai pas attention plus que nécessaire. Je savais que je devais sortir du Val. Naseok avait dit que, après le Val, il allait y avoir de nombreuses villes qu'il faudrait traverser. Ensuite, ça serait des champs, le lac, des forêts. Encore, encore et encore. Toujours le même décor qui se répétait à l'infini. La Faerie était terriblement répétitive, en vrai. Magnifique mais répétitive. À croire que les premiers Faes n'avaient pas eu assez d'imagination pour trouver un autre schéma. Il me faudrait donc traverser plusieurs tranches de Faerie avant de réussir à retrouver Ryker.

J'atteignis la limite du Val en bout de journée. La nuit était prête à tomber, le soleil au ras du sol. La fatigue m'écrasait mais je ne pouvais pas passer la nuit sur place dans cet endroit, au bord des villes. Je ne parvenais même pas à m'imaginer en train de dormir où que ce fut. J'allais devoir trouver le moyen de dormir à cheval, par intermittence. Voire de ne pas dormir du tout. Maintenant que j'étais entièrement seule, je n'avais pas tellement le choix. Il n'y avait personne pour monter la garde pendant que je fermais les yeux.

Je gardai un rythme supportable sur le long terme par ma monture tout en étant bien plus rapide que de la marche. Et bien moins fatiguant pour moi. Je mangeai sans descendre de mon cheval, râlant lorsque je fis tomber un fruit à terre. Je n'avais pas le courage de m'arrêter pour aller le récupérer aussi le laissai-je là. Je fus surprise de trouver le pot de feuilles de bambous de Miléna et des bandages propres dans le sac. Je ne m'en servis pas tout de suite, préférant attendre une meilleure occasion pour le changer.

Voyager de nuit était ce que je détestais le plus. La lune n'éclairait pas assez fort pour que je puisse distinguer où j'allais avec certitude. Je voulais contourner le village qui se profilait. Je me doutais que c'était ce que les autres avaient préconisé. Ils n'allaient assurément pas passer au milieu d'un lieu peuplé s'ils pouvaient l'éviter.

Malgré que nous fûmes en pleine nuit, de la lumière brillait dans le cœur du village. De la musique et des chants se faisaient entendre. Ma curiosité s'éveilla. Que pouvaient-ils bien faire à une heure pareille ? Ce n'était pas quelque chose d'habituel. Même à la Cour Noire, les Faes dormaient une fois la nuit tombée.

Je serais toi, je n'irais pas.

Je me raidis en entendant cette voix dans mon crâne. Je regardai autour de moi, cherchant sa provenance. Elle ne venait pas du Sort. Les voix ne survenaient que lorsque j'étais proche de Ryker, que j'avais l'occasion de le tuer. Et puis, elles ne disaient pas ce genre de choses. Si elles survenaient, c'était seulement pour me susurrer des façon de tuer avec le plus de douleur possible.

Il y avait donc quelqu'un d'autre ici, dans le noir.

Je donnai un coup de talons à ma monture pour la faire accélérer. Il fallait que je parte au plus vite. Mon cheval hennit, semblant patauger dans de la mélasse. Oh, bon sang...

Allons, allons... Ne cherche pas à fuir, c'est inutile.

Je jetai des coups d'œil partout, de plus en plus mal à l'aise. Je glissai ma main sous ma cape pour saisir l'une des dagues données par Miléna. La poignée était froide et peu familière, trop petite pour ma main.

Une silhouette apparut, se détachant du noir alentour. Un homme. Un Fae. Il s'approcha, les yeux luisant d'une lueur jaunâtre. Il s'arrêta à côté de moi, laissant mon cheval piaffer tout son saoul. Je ne distinguai pas beaucoup plus de lui alors qu'il se tenait à un mètre de moi.

- Je savais bien que suivre la piste de Naseok me mènerait quelque part.

Je tiquai à l'entente du prénom de Naseok. Comment pouvait-il savoir que je le connaissais ? Que je voyageais avec lui ?

- Je le cherche depuis la Résurrection et tu vas me mener à lui.

- Je doute de pouvoir vous aider.

- Ne fais pas semblant, Sixtine. Je sais que tu le cherches aussi. Enfin, pas lui directement mais l'humain qui est avec lui. Ce qui veut bien dire que nous allons au même endroit. C'est parfait, tu ne trouves pas ?

- Je ne peux rien pour vous. Laissez-moi partir.

- Non, non, non. Allons, Sixtine. Toi et moi savons très bien que tu connais Naseok et que tu le cherches. Que tu peux le retrouver en retrouvant le prince humain qu'il escorte jusqu'à la frontière.

Ce Fae en savait trop. D'où tenait-il ses informations ? Pourquoi cherchait-il Naseok ? Que lui voulait-il ?

- Doucement, ma jolie. Calme-toi avec les questions. Tu sais très bien que je n'y répondrai pas. Mes raisons ne te regardent pas, après tout.

Mon cheval fit une brutale embardée, comme libéré. Il reprit sa marche normale, la queue battant furieusement, les oreilles plaquées contre le crâne. Lui non plus n'aimait pas beaucoup la présence du Fae.

Je resserrai ma prise sur la dague, prête à m'en servir à la première occasion. Qu'il me donne une ouverture que je me débarrasserais de lui.

- N'y songe pas. Tu ne pourras pas m'éliminer aussi facilement. Range ton arme maintenant, tu risques de te blesser. Tu es déjà bien assez amochée comme ça, non ?

Mes doigts se crispèrent alors qu'il était évident qu'il lisait dans ma tête. J'allais devoir me méfier de chacune de mes pensées tant qu'il serait là. Si je voulais me débarrasser de lui, il allait falloir que je ruse.

- Ça serait idiot de ta part d'essayer. Déjà, parce que tu n'y arriveras pas et, ensuite, parce que je pourrais t'aider.

Je ne répondis pas. Je doutais qu'il puisse quoi que ce soit pour moi.

- Tu te trompes, jeune Aderleen. Je pourrais t'être bien plus utile que tu ne le crois.

Il se tourna vers moi, marchant à reculons pour me regarder, ses pupilles jaunâtre brillant dans ma direction.

- Et si nous faisions donnant-donnant ? Tu m'aides, je t'aide. Tu me permets de retrouver Naseok, je te garde en vie jusque là.

- Je n'ai pas besoin de vous pour rester en vie. Je sais me débrouiller toute seule.

- Je n'en doute pas mais pas là où nous allons. Tu ne peux pas faire face à ce qui va se trouver sur ton chemin sans moi. Tu n'y arriveras pas.

- Vous diriez n'importe quoi pour que j'y crois. Je ne suis pas aussi idiote. Il va me falloir bien plus que ça.

- Tu dois déjà avoir entendu parler de Wringden.

Je fronçai les sourcils, tentant de me souvenir d'une seule occasion où ce nom aurait été mentionné. Rien ne me vint.

- Je suis certain que tu l'as déjà entendu mais tu ne dois pas y avoir prêté attention. C'est un nom souvent cité pour diverses raisons. C'est un peu... un emblème Unseelie.

Je fis mine de rien tout en écoutant attentivement. Il était étonnamment loquace. Pour quelle raison il me disait tout cela, je l'ignorais. Ça pouvait être autant un mensonge que des informations utiles.

- Je suppose que tu ne veux pas que je te laisse la surprise ?

Je ne pris pas la peine de répondre. Il connaissait déjà la réponse.

- Maligne, je vois. C'est bien. C'est que les rumeurs sur toi sont peut-être toutes véridiques, au final.

Je roulai des yeux. Tout le monde allait-il donc douter que j'avais bien tué Quinten Madsen ? Je savais que je ne ressemblais pas à l'idée qu'ils devaient tous se faire d'une main régicide. Encore plus depuis que j'avais échappé à la Cour Noire. J'étais pâle, maigre au possible, sans muscle apparent ni même l'avantage de la taille. Non, rien de tout ça. Je ne ressemblais à rien, je passais inaperçu. Comme quoi, rien ne pouvait battre un bon entraînement.

- J'ai hâte de voir de quoi tu es capable, jeune Aderleen.

Je frémis face au ton qu'il utilisa. Une noirceur malsaine rôdait sous la surface policée, lisse, travaillée qu'il affichait. J'allais devoir me méfier de lui. D'un moment à l'autre, il pouvait craquer et révéler qui il était vraiment à l'intérieur.

- Pour en revenir à Wringden, c'est l'une des villes qui ont poussé les Rois Jumeaux à créer la Maison de la Honte.

Mon intérêt se réveilla aussitôt. Je ne me souvenais que trop bien des Seelies qui m'avaient envahi l'esprit. Un peu comme il le faisait depuis qu'il était apparu.

- Wringden est entièrement Unseelie. Pas de Demi-Sangs, pas de Seelies. Juste les pires Unseelies. Ceux-là dont se sert le Roi Noir pour exécuter ses sales besognes si le besoin se présente. Des mercenaires, des tortionnaires... Ils se font appeler les démons. Au moins acceptent-ils ce qu'ils sont.

Si j'étais glacée à l'idée de Faes psychopathes, cela semblait l'amuser. Ça ne m'étonnait pas qu'il existe une telle ville dans la Faerie. Ce qui me surprenait, c'était la distance qu'il y avait entre Wringden et la Cour Noire. J'aurais cru que le Roi Noir préférerait avoir ses forces les plus impétueuses près de lui.

- Impétueuses n'est pas le mot. J'aurais plutôt dit... sauvages. Quant à la distance entre lui et cette ville a une explication. Il ne se sert d'eux que pour des opérations.... secrètes, disons. Des ennemis à éliminer sans trop faire de vagues. Ce sont ses vrais hommes de mains.

Je ne dis rien. Je luttai contre mon propre esprit, trop analytique. Je disséquais chacun de ses mots et le portrait qui se dressait n'avait rien de flatteur. Au contraire. Je savais déjà que je ne devais pas me fier à lui. Sous aucun prétexte. Plus il parlait, toutefois... Plus il me paraissait dangereux.

- Tu fais bien de te méfier de moi, jeune Aderleen. Tu es vraiment futée, dans ton genre. La plupart des gens, lorsqu'on leur donne autant d'informations que je viens de le faire, ils commencent à baisser leur garde. Soit pour réfléchir à ce qu'on vient de leur dire, soit parce qu'ils croient, plutôt stupidement, que divulguer autant d'informations, c'est se montrer digne de confiance. Vraiment stupide, n'est-ce pas ?

Il abandonna l'idée d'une réponse après plusieurs minutes de silence.

- Tu vas être la compagne de route la moins loquace au monde... Dommage.

Il se mura dans le silence. Si ce n'était pour le bruit léger de ses pas à côté de mon cheval, j'aurais pu croire qu'il avait été avalé par les ténèbres. J'aurais préféré. Je n'avais pas besoin d'un Fae pour m'accompagner et encore moins d'un Fae comme lui.

Le plus compliqué était de garder toutes mes pensées dans une boite, de ne pas les penser. Je repassai chacune de ses paroles et les analysai pour dresser un portrait mental plus ou moins juste de mon compagnon de route indésirable. Un doute commença rapidement à me démanger. Je déviai le sujet dès que mon train de pensée s'en approchait. S'il venait à entendre ce mot, si j'avais raison... Je pouvais compter sur encore plus de problèmes.

Le soleil finit par réapparaître derrière nous, révélant enfin le visage du Fae. Il était blafard sous une tignasse d'un blanc pur. Ses prunelles d'un noir profond détonnaient au milieu de cette blancheur. Il était grand, fin, sans pour autant paraître frêle ou faible. Au contraire, il y avait une force, une puissance qui émanait de lui qui me poussait à me méfier tout en paraissant... déplacée. Comme si la pièce ne collait pas avec le reste de l'image.

- Il va vraiment falloir que je me méfie de toi, jeune Aderleen. Tu pourrais devenir dangereuse.

C'était bien qu'il s'en rende compte. Il se mit à rire, ayant sûrement entendu ce que je venais de penser.

- Je crois que ce voyage va être très divertissant.

Pour lui, en tout cas. Pour moi, ça n'allait pas être agréable du tout. Surtout que, pour l'instant, je ne pouvais me débarrasser d elui. Il allait falloir que je supporte sa présence, que je trouve une occasion. Le plus tôt serait le mieux.

Il ne fit que parler toute la journée qui suivit. Nous contournâmes ville après ville, retrouvant très vite des champs qui s'étalaient sur des kilomètres. La pluie commença à tomber en fin de journée. Je rabattis la capuche de ma cape pour m'en protéger. À côté de mon cheval, le Fae ne parut pas perturbé plus que ça par le froid et l'humidité. Il continua de parler, de marcher comme si de rien n'était. Je ne cessais de frissonner, gelée jusqu'au plus profond de mon être.

Je ne dormis pas. Une seconde nuit sans une once de sommeil. Je somnolai sur le dos de mon cheval, bercée par son mouvement rythmé. Je n'allais pas tenir longtemps à ce rythme. Il était plus que temps que je retrouve les autres. J'avais besoin de dormir. Une fois que j'aurais retrouvé les autres, je pourrais dormir. Enfin.

- Tu peux dormir, c'est toi qui t'en empêches. Tout ça parce que tu ne sais pas te détendre.

Encore cette réflexion. Nahl m'avait fait la même. Je commençais à croire qu'ils confondaient mon instinct de survie avec une incapacité à la détente.

- Oh non, ni lui ni moi ne confondons quoi que ce soit. Tu ne sais pas te détendre, ma jolie. Au cas où tu ne l'aurais pas encore compris, j'ai besoin que tu m'amènes à Naseok. Il n'est donc pas dans mon intérêt de te faire du mal, n'est-ce pas ? Ce qui veut dire que tu peux dormir en toute sécurité. Alors cesse de vouloir tout contrôler et dors. Je doute que tu veuilles les hallucinations et tout ce qui va avec. Déjà que tu n'arrêtes pas de te frotter les yeux...

- J'ai quelque chose dans l'œil, m'agaçai-je. Fichez-moi donc la paix ! Je n'ai jamais demandé à vous supporter !

- Ah ! Cette irritabilité ! Je l'attendais. Dis-moi, d'après toi, cela fait combien de temps que nous voyageons ensemble ?

- Vous avez fini avec vos questions stupides ?

- Réponds-moi, jeune Aderleen. Combien de temps ?

- Je ne sais pas ? Deux jours ? Trois peut-être.

- Cela ne fait qu'une journée. La nuit commence seulement à tomber.

- En quoi c'est important ? Vous ne pouvez pas simplement me laisser tranquille ? Pitié, arrêtez de parler...

Je plaquai mes paumes contre mes yeux, retenant les larmes incontrôlables qui menaçaient de s'échapper. Mes émotions déraillaient complètement.

- C'est parce que tu as besoin de dormir. Si tu continues à t'y refuser, ça va être de pire en pire.

- Vous dites ça parce que ça vous arrange !

- Tu parles comme une enfant pourrie gâtée. Nous allons poser le camp, ce soir. Tu vas manger un peu et dormir.

- Non. Fichez-moi la paix. Je vais bien.

- Tu ne vas pas bien du tout. Crois-moi, je m'y connais en privation de sommeil. J'ai vu les pires Faes que tu puisses imaginer craquer sous le manque de sommeil. Je les ai vus se déchirer comme des chiens, devenir aussi bêtes que des ânes au point de ne pas savoir répondre aux plus simples questions clairement. J'en ai vu devenir fous et mourir à cause des hallucinations qu'ils en étaient venus à avoir.

Je l'écoutai sans vraiment l'écouter. Il n'arrêtait donc jamais de parler ? J'allais bien. J'étais épuisée, d'accord. Mais j'allais bien. Pour sûr, mes émotions partaient dans tous les sens et j'avais juste envie de descendre de cheval et tout abandonner. Mais je ne pouvais pas. Pas avant que Ryker soit en sécurité. Pas avant que la guerre soit avortée ou finie. Seulement alors, je pourrais abandonner.

- Oh non, ma jolie. Toi comme moi savons très bien que tu n'abandonneras pas. Ce n'est pas dans tes gênes. Tu es une Aderleen, après tout. Ces gens-là ne savent jamais quand il est temps de s'arrêter et de disparaître.

Je tournai la tête vers lui. Se pouvait-il qu'il connaisse ma famille ? Ou, au moins, une partie ?

- Évidemment que je connais les Aderleen. D'accord, pas tous. C'est une grande famille. Mais, globalement, j'en connais une grande partie. Et je peux te dire que tu t'insères parfaitement dans la lignée. Les femmes Aderleen ne sont pas commodes.

Je plissai les yeux. Il se moquait de moi. C'était impossible autrement.

- Toujours en train de douter de ce que je te raconte ! Nom d'un dragon ! Tu es insupportable.

- « Nom d'un dragon » ? Vraiment ?

- Moque-toi donc mais je te ferais savoir qu'avant que Quinten Madsen ne nous enferme dans la Cage de Fer, avant le lent dépérissement de la Faerie à cause de la guéguerre entre les Rois Jumeaux, nous avions de magnifiques dragons dont tu n'oserais pas rêver.

- Alors ça, j'ai du mal à le croire.

- Je me doute. Tu es trop jeune et trop endoctrinée pour pouvoir y croire. N'importe quel humain de la génération précédent la tienne, celle qui vivait avant notre enfermement... Ils te le diraient, eux. La beauté de ces bêtes... J'espère vraiment que les Rois Jumeaux réussiront à les faire renaître.

Moi, j'espérais tout le contraire. Des dragons ? Je ne pouvais pas faire face à des dragons. Pour le peu que je connaissais ces bestioles, elles étaient énormes, avaient des ailes, crachaient du feu et étaient pratiquement invincibles.

- C'est à peu près ça. Ils étaient absolument magnifiques.

- Je n'en doute pas, raillai-je.

Il roula des yeux et se tut pendant un moment. Ce fut un répit bienvenu. J'aurais dû le vexer bien avant.

- Tu ne m'as pas vexé, répliqua-t-il. Je me rends simplement compte que tu n'es vraiment pas de bonne compagnie.

- Personne ne vous oblige à rester.

- C'est reparti... Tu es épuisante. On te l'a déjà dit ?

- C'est un talent.

Il marmonna quelque chose dans ses dents. Il semblait que j'avais enfin réussi à le faire taire. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui parle autant. Ce type était une véritable torture.

- Tu deviens insultante.

Je haussai les épaules.

- Il fait nuit. Posons le camp pour que tu puisses dormir quelques heures.

- Je vous ai déjà dit que ça n'arriverait pas.

Ce fut à son tour de m'ignorer. Il me força à arrêter le cheval et à en descendre. Je fis mine de renoncer, allant m'asseoir contre un tronc d'arbre. Je posai le sac à côté de moi et y piochai un morceau de pain froid et déjà presque dur. Je mordis dedans, le mastiquant jusqu'à ce qu'il passe. Je grignotai ce qu'il y avait dans le sac en regardant le Fae construire un feu de camp. Je regrettais la présence de Naseok et son affinité avec le feu. Lui, au moins, n'avait pas besoin de deux heures pour allumer un minuscule feu de camp.

- Tu commences vraiment à me taper sur les nerfs, jeune Aderleen.

J'arrachai un morceau de viande séchée avec mes dents sans chercher à lui répondre. Enfin, son feu prit et des flammes vinrent déchirer les ténèbres. Je me rapprochai, cherchant à me réchauffer un minimum. J'étais toujours détrempée, la pluie ayant laissé sa trace derrière elle. Je frottai mes mains, les tendant vers le feu.

- Je vois que tu es bien contente de l'avoir, mon feu, pesta-t-il.

Je me contentai de traîner mon sac jusqu'à moi pour trouver quelque chose d'autre à manger. Mon estomac était douloureux tant j'avais faim. Devoir me restreindre était une torture.

- Ce n'est pas une torture, crois-moi. Ce n'est rien du tout, ce que tu ressens.

- Je n'ai pas dit... pensé que c'était la pire des tortures. J'ai pensé que ça en était une, rien de plus. Et cessez de lire dans ma tête, ça devient lassant.

- Si je ne le faisais pas, tu ne dirais pas le moindre mot et tu serais officiellement le pire compagnon de route que j'aurais eu à supporter dans ma très longue vie.

Je roulai des yeux. Je sentais venir une nouvelle histoire. Je sortis le pot de feuilles de bambous et le posai à côté de moi, le cachant au mieux du Fae. Il devait déjà savoir que j'étais blessée et il n'avait pas besoin d'en savoir plus.

- Tu n'as pas à essayer de le cacher. Je sais que ton poignet est cassé.

Je relevai la tête, laissant ma pomme retomber dans le sac.

- D'ailleurs, on devrait faire quelque chose pour ça.

Il vint s'asseoir à côté de moi et saisit mon bras. Je me reculai instinctivement.

- Je ne vais pas te faire de mal. Je vais changer ta bande.

- Pourquoi ? Pourquoi vous feriez ça ?

- Pourquoi pas, surtout.

Il reprit mon bras et commença à défaire le bandage que m'avait fait Nahl. Il le mit dans le sac avant de gratter les feuilles qui s'étaient collées à ma peau, sèches et raides. Heureusement, la zone était toujours engourdie. Il put frotter pour enlever les derniers résidus jusqu'à ce que mon poignet, rougi, soit propre. Il remit une feuille autour et rebanda le tout comme s'il l'avait déjà fait cent fois.

- Ce n'est vraiment pas beau. Il va te falloir quelque chose de plus fort. Au final, ça peut être un bien pour un mal de passer par Wringden.

- Pourquoi ?

- Parce que c'est là-bas que vit l'Ancienne. Avec les bons arguments, elle te préparera de quoi te requinquer et réparer ce poignet.

- Je ne vois toujours pas pourquoi vous feriez ça. Quel besoin de me soigner pour rejoindre Naseok ?

- Aucun, c'est vrai. De façon purement subjective, je n'ai aucun intérêt à être aussi gentil avec toi. En plus, tu es une peste, ce qui ne me donne pas de raison supplémentaire de l'être.

Sentant venir une diatribe infinie, je le coupai.

- La version courte.

- Une peste, c'est bien ce que je disais.

Je le regardai, ma patience commençant à s'épuiser.

- Très bien, la version courte... Je veux me racheter une conduite. Je n'ai pas toujours été droit et disons que maintenant que j'ai une nouvelle chance, j'aimerais ne pas la louper.

Je luttai contre mon cerveau, retenant le flot de réflexions qui submergeait mon crâne. Il ne devait pas en entendre un seul morceau. Je commençais à former une idée qui ne me plaisait pas et qu'il ne devait pas deviner. Plus il me parlait, moins j'aimais ce que j'apprenais.

Je me roulai en boule près du feu. Je serrai mes bras dans mon giron, tentant de conserver un maximum de chaleur. Ma cape était lourde et humide. L'enlever ne m'aiderait pas tant que ça puisque je serais encore plus sujette aux courants d'air. Si ma cape séchait, par contre...

- Dors.

- Non.

- Tu ne me laisses pas le choix. Tu dois dormir alors tu vas dormir.

Il posa sa main sur ma tempe. Mes yeux se fermèrent d'eux-mêmes et ma résistance céda. Le sommeil m'avala, lourd et écrasant.

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NdlA : mes petits fans adorés, j'ai une super nouvelle pour vous ! J'ai terminé d'écrire le tome 2 et j'ai déjà commencé le 3 ! Ce qui veut dire que je vais (normalement, avec moi, on ne sait jamais) poster plus régulièrement et et deux fois par semaine au lieu d'une seule ! C'est une bonne nouvelle, non ?

Sinon, j'aurais une petite question : ça vous intéresserait une page FB pour la série ? J'hésite à en faire une pour la faire connaître un peu plus... Dites-moi en commentaires ce que vous en dites !

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