Hamza regarda son lit. Il était seul. L'Archidruide était déjà parti, mais cela ne l'étonnait guère. Il avait remarqué qu'il ne dormait pas beaucoup, ce qui était surprenant pour un druide, tant ils étaient pourtant connus pour passer la plus part de leur temps dans le rêve d'émeraude. Il n'avait pas trouvé beaucoup de livre traitant sur cette "dimension", et le peu qu'il avait lu avait été difficile à comprendre.

Il posa son regard sur les draps légèrement froissés. Puis il laissa les souvenirs de la nuit passée, prendre possession de son esprit. Il se revoyait déclarer son amour pour le druide, puis il se voyait pousser des gémissements et des cris de plaisir. Il rougit instantanément en ressassant ces fragments d'images flous. Comment avait il pu se laisser faire comme cela ? Comment avait il pu prendre autant de plaisir dans les bras de l'Archidruide ?

Mais cela avait été tellement bon...

Il rougit encore plus à sa réflexion. Puis il secoua la tête dans tout les sens pour faire partir ces moments si intime. Ce n'était pas digne d'un homme d'Église de Lumière. Il attrapa sa robe et sa capeline qu'il enfila rapidement. Il s'arrêta quelques instants, regardant par la fenêtre. Le jour était levé depuis un petit moment, car il entendait le bruit incessant d'une capitale en pleine effervescence.

Quand il descendit les escaliers, il fronça ses sourcils. La maison était étrangement calme. Il n'y avait que le bruit d'une bouilloire sifflante, laissant échapper de la vapeur d'eau chaude. Il arriva dans la cuisine et ne vit que sa mère debout devant le piano de cuisson, s'affairant à préparer ce qu'il semblait être son petit déjeuner.

- Bonjour mère.

Salma sursauta

- Ho ! Hamza, je ne t'ai pas entendu descendre.

Elle attrapa la bouilloire chaude, pendant qu'Hamza s'assit devant un bol vide. Elle y versa l'eau par dessus du café fraichement moulu, tout en lui claquant une bise sur son front. A coté de lui, il y avait un bol dont le contenu n'avait pas été bu entièrement. Le reste du breuvage était visiblement froid.  Il attrapa une bouteille de lait qu'il versa dans son café, puis mit un sucre. Alors qu'il tournait la cuillère pour faire son mélange, il demanda à sa mère :

- L'Archidruide n'est plus dans la chambre, savez vous où il peut être ?

Sa mère continua de préparer le petit déjeuner en mettant du beurre sur la table, ainsi qu'une confiture et du pain frais.

- Il est parti très tôt ce matin.

- Ha bon ?

- Quelqu'un est venu le chercher.

Hamza s'étonna, trouvant bizarre que quelqu'un ait été au courant de sa présence chez sa mère. Il n'avait pourtant rien dit à qui que se soit.

- Savez vous qui est venu le chercher ?

- Non, il n'a pas fait entré l'individu, mais cela devait être un homme.

Hamza se renfrogna. Il n'avait pas été au courant d'une quelconque mission de la part de Tarenn. Surement un nouvel évènement. Il attrapa une tartine de pain et de la confiture. Alors qu'il croquait dedans sa mère lui demanda :

- Tu as été malade cette nuit ?

- Non... Pourquoi cette question, mère ?

- Je t'ai entendu crié, j'ai même failli aller te voir, tu avais l'air d'avoir mal...Et puis je me suis dit que comme l'Archidruide était avec toi, il pouvait surement t'aider.

Hamza fit tomber sa tartine dans son bol, de maladresse. Sa mère avait entendu les ébats qu'il avait eu avec Tarenn. Il essaya de réprimander un rougissement intempestif. Il ne voulait surtout  pas que sa mère sache quoi que ce soit de la relation qu'il entretenait avec l'Archidruide. Il attrapa tant bien que mal sa tartine trempée de café.

- Je n'étais pas malade, mère, j'ai... juste cauchemardé. En tout cas, l'Archidruide m'a réveillé pour les faire cesser, mentit il

- Ho, je comprends mieux.

- Mère, j'ai été quelques peu bouleversé hier, il y a eu un incident dans la foret avec le prince Anduin, et puis Rohakan m'a annoncé qu'il allait se marier... Du coup je crois que mon esprit à mélanger beaucoup de chose...

- L'incident dans la foret, c'était le dragon noir ?

Hamza sursauta

- Quoi ? Mais comment êtes vous au courant ?

- C'est Tarenn qui me l'a dit quand tu était dans ta chambre, en train de bouder...

- Ho, je vois

Hamza réprimanda une grimace, pourquoi le druide avait il parlé de tout ceci à sa mère ?

- Il m'a aussi parlé de l'incident avec Rohakan.

- Ho, je vous en prie, ne me faite pas la morale comme quoi, c'est sa vie. C'est aussi mon ami,  et il est triste de devoir épouser quelqu'un qui l'aime que pour le prestige de son nom.

Il voulait même mourir au lieu d'épouser cette noble, se dit il en portant la main sur son cœur. Son ami... Il repensa alors soudainement aux paroles du Druide. Tarenn avait soutenu qu'il l'aimait, pas d'amitié mais d'amour. Hamza lui avait montré l'inverse cette nuit là, mais qu'en était il de Rohakan ?

Il grimaça involontairement. Sa mère s'aperçut de son changement d'expression.

- Tu es troublé, que t'arrive t il ? Ce mariage t'embête t il à ce point ?

- Non , je vous l'ai dit, je ne suis nullement dérangé par le mariage, mais par le comportement de mon ami. Il en arrive à des réflexions extrêmes.

- Comme ?

Il hésita à lui dire, mais finalement, il lâcha une confidence qu'avait dit Rohakan à la taverne,

- Il souhaite aller au combat, une grande bataille pour s'en échapper...

- Quitte à ne pas revenir ? Vivant...

Hamza acquiesça. Il regarda sa mère. Elle avait une telle perspicacité que cela en était agaçant.

- Oui, souffla t il

- Et tu es triste de savoir qu'il peut en arriver à de telles extrémités ?

- Je ne peux décidément rien vous cacher, mère...

- C'est normal que tu te fasses du souci pour lui, tu es son ami...

Il sourit, mais elle rajouta :

- Mais tu es seulement son ami, Hamza.

Le sourire disparut de son visage, il abordait maintenant une expression de tristesse. Sa mère dirigea une main prévenante sur son visage.

- Mon fils, tu ne pourras pas protéger tout le monde de l'adversité... ou de mauvaises décisions...

Il souffla bruyamment. Elle avait malheureusement raison. Mais il pouvait au moins faire tout son possible pour aider Rohakan à faire les bons choix. Sa mère changea de conversation comme pour essayer de le distraire.

- Tu ne devais pas aller voir l'archevêque Benedictus aujourd'hui ?

- Si... Il voulait avoir un rapport sur les Elfes de la nuit, et notamment sur la prêtrise des sœurs d'Elune.

- Il serait peut être temps alors d'aller te présenter à lui, pour lui parler de ces fameux Elfes non ?

- Oui, vous avez raison...

- Comme toujours !

Il sourit à sa mère tendrement.

- Comme toujours... répondit il