Tarenn regarda dormir Hamza. Il semblait serein, malgré ce qu'il avait fait plutôt dans la nuit. L'Archidruide, lui, n'avait pas réussi à trouver le sommeil. Il s'était demandé si il n'avait pas été trop loin avec lui. C'était peut être trop pour une première fois. L'aube commençait à se lever, montrant les premiers rayons de soleil. Il se dégagea des bras du prêtre et sortit du lit. Ce dernier émit un petit grognement, puis se tourna vers le mur. Il admira une dernière fois son compagnon, s'habilla , et partit de la chambre. En bas il entendit des bruits venant de la cuisine. Par précaution, il descendit à pas de velours et découvrit enfin de compte que c'était Salma qui s'attelait à préparer le petit déjeuner.

- Ho !! Déjà debout ? Dit elle étonné.  J'ai fait trop de bruit ? Vous avez mal dormi ? Mon fils a ronflé, c'est cela...

Tarenn rit à la dernière suggestion.

- Non, vous n'avez pas fait trop de bruit, non, j'ai bien dormi, mentit il à Salma, et votre fils n'a pas ronflé cette nuit... Mais les Elfes n'ont pas besoin de beaucoup d'heure de sommeil pour se requinquer. Et me voilà debout.

- Je vois, ce n'est pas le cas de mon fils, c'est une marmotte quand il s'y met. Un café ?

- Alors là si vous me prenez par les sentiments Salma... dit il avec humour

Salma pouffa de rire, et versa la boisson dans un bol qu'elle posa devant l'Elfe. Puis elle s'installa en face de lui et fit de même pour elle. Elle leva soudainement son regard vers Tarenn. Il avait l'impression que celle ci voulait lui parler.

- Archidruide, commença t elle

Il avait vu juste. Salma ne l'avait jamais appeler jusqu'ici par son rang, cela annonçait une conversation très sérieuse.

- Croyez vous que je suis née de la dernière pluie ? Demanda t elle

Tarenn qui avait pris son bol pour boire un peu de café, reposa le récipient devant lui. Il observa ce petit bout de femme qui le regardait droit dans les yeux.

- Comment ? Non, bien sur que non, je ne le pense pas en tout cas...

- Mon fils, lui, si. Il croit que je ne vois rien, il se trompe... Je vais être franche avec vous, Hamza vous voue une admiration sans borne. Je crois même qu'il a des sentiments très fort pour vous. Peut être plus fort que pour sa pauvre mère.

- Allons ne dites pas cela...

Salma leva la main pour arrêter Tarenn. Il se tut de suite.

- Vous ne l'avez pas entendu parler de vous. Il m'a conté tout ce qu'il s'était passé lors de votre arrivée, et ce tout qu'il s'est passé dans le bois de la Pénombre. Vous êtes un héros pour lui.

Tarenn remit une mèche de ses cheveux dernière ses épaules, pour feindre une petite indifférence par rapport aux paroles de Salma. Mais la réalité était tout autre. Il était ému et presque gêné de ce qu'il était en train d'entendre.

- Ce qui m'amène à ma question. Et vous ? Qu'en est il pour vous ? Que vous ressentez pour mon fils ?

Tarenn écarquilla les yeux. Comment la mère d'Hamza avait elle pu voir ce qu'il se passait entre eux deux ? Il croisa les bras, presque sur la défensive.

- J'apprécie votre fils, sincèrement.

- Je vois... Alors je vous demanderais qu'une seule chose, prenez soin de lui, et si jamais j'apprends que mon fils souffre par votre faute, je vous pourchasserais et vous tuerais. Hamza est un être sensible, doux et innocent. Je ne veux surtout pas qu'il soit peiné par qui que ce soit... Pas même par un Archidruide !

- Je ne ferais jamais une telle chose...

- Qu'est ce que vous ne feriez jamais ? Demanda une voix derrière eux.

Hamza se tenait debout sur le seuil de la cuisine. Il se frotta les yeux encore engourdit par le sommeil, et rattrapa sa chemise de nuit qui glissait encore de son épaule. Ni Salma, ni Tarenn ne l'avait entendu descendre les escaliers.

- Mon garçon, tu es bien matinal ! lui dit sa mère

- j'ai eu froid, dit il tout en soutenant son regard à celui de Tarenn

- Viens te réchauffer avec un grand bol de café bien chaud, assis toi, répondit Salma

- Avec du lait,

- Oui avec du lait, ne t'inquiète pas, je te prépare ça.

Elle se leva pour préparer la boisson de son fils. L'Archidruide se fit une réflexion, Hamza avait l'air d'un petit garçon dans cet accoutrement et il avait le comportement d'un enfant avec sa mère.

- Tu as eu froid ? demanda Tarenn tout en continuant à boire son café.

- Oui, une de mes couvertures était partie cette nuit...

- Vous n'avez pas eu froid Tarenn j'espère, demanda Salma en apportant le bol à Hamza.

- Pas le moins du monde, mais je ne suis pas frileux moi...

Il sourit à Hamza de sa petite blague. Le prêtre plissa les yeux, puis contre toute attente, il sourit à son tour comme si la mauvaise humeur du matin s'était enfin levé. Il se tourna vers sa mère et lui demanda :

- Tu te souviens qu'aujourd'hui je suis à l'extérieur de la ville, et que j'ai besoin d'un casse croute pour la journée.

- Bien sur, c'est pour cela que je me suis levée tôt, je l'ai préparé et mis dans un sac. Tu n'as plus qu'à aller t'habiller.

- A l'extérieur ? Demanda Tarenn avec une légère pointe d'inquiétude.

- Oui, je vais emmener le prince pour faire un cours en pleine nature. J'ai prévu d'aller pas très loin de la capitale dans la forêt d'Elwynn, près d'une chute d'eau. Nous avons décidé d'aller voir certaines plantes aquatiques et si nous avons de la chance d'observer quelques animaux.

- Comme cela, tous les deux, sans protection ?

- Bien sur que non, le prince sera escorté par des soldats, son père le roi a quand même encore quelques soupçons de bon sens...

- Je vais vous escorter alors, je n'ai rien de prévu pour le moment. Le cours sera plus facile, si on est moins nombreux.

Tarenn vit un regard surpris, puis un sourire de reconnaissance de la part du prêtre,

- Je ne veux pas vous déranger... Vous avez surement mieux à faire après votre retour de Darnassus que de surveiller deux gamins, répondit Hamza tout en buvant son café au lait.

- Si je te le propose Hamza, c'est que cela ne me dérange pas et non, je n'ai rien de prévu.

- Encore faudrait il que le roi soit d'accord, confier la vie de son fils à un prêtre et un druide, pas sur qu'il le soit...

Sur ces mots il finit de boire son café, et partit se préparer. Salma qui s'était rassit à table, regarda Tarenn, la tête appuyée sur sa main et lui dit :

- Merci, de toute évidence, je m'étais trompé sur votre compte. Vous avez l'air d'aimer beaucoup mon fils pour lui offrir votre protection.

- Je vous le dit, je ferais n'importe quoi pour lui,

«J'irais même jusqu'à tuer pour lui», cette pensée le traversa, mais il la garda au fond de son être, ne voulant pas montrer son coté le plus sombre à qui que ce soit, même pas à Hamza.