La mère d'Hamza était quelqu'un de très bavard. Pendant qu'elle cuisinait, elle se mit à raconter des anecdotes sur son fils. Debout à coté d'elle, Tarenn prit énormément de plaisir à l'écouter. Il affectionnait généralement les histoires, et celles de Salma étaient vivantes grâce à  une chose que les Elfes n'avaient pas, ou très peu : l'humour.

- Si vous l'aviez vu se cacher derrière les jambes de son père en voyant le nain... Il avait cru voir un monstre. Mais bon il faut dire que c'était la première fois qu'il en voyait un. Qui plus est extrêmement barbu, moi même, je n'en n'avais jamais vu d'aussi barbu !!

Salma rit de sa propre anecdote et reprit :

- Bref, notre petit Hamza n'était pas un grand courageux... Sa voix se radoucit. Jusqu'à ce que  son père nous quitte. A ce moment là, il a pris la décision d'être aussi courageux que l'avait pu être mon mari. Pour son bien, j'ai décidé de le remettre à l'église de Lumière, puisque mon fils a une certaine affinité avec elle. Vous avez dû vous en apercevoir lors de votre mission.

- Ho que oui, vous ne le savez peut être pas, mais votre fils m'a sauvé la vie lui aussi... répondit Tarenn

- Non, je n'en savais rien... Pourquoi tu m'as rien dit ? demanda t elle à Hamza

Elle se tourna vers lui et en guise de réponse, il haussa les épaules à la question de sa mère. Il s'était mis à l'écart, peut être par honte de toutes les histoires qu'elle pouvait raconter sur lui. Il finit par lui dire :

- Je n'ai rien fait d'exceptionnel mère, j'ai juste eu le temps de projeter un bouclier de Lumière sur l'Archidruide afin de le protéger d'une attaque.

- Il se rabaisse toujours comme cela votre fils ? demanda Tarenn en le désignant de la tête.

- Houla, ne m'en parlez pas, c'est un sujet délicat ! Il ne s'étend jamais sur ses exploits. Il est d'une intelligence exceptionnelle, mais ne s'en vante jamais... Son maitre lui a pourtant déjà dit qu'il faisait parti des meilleurs de sa génération. Il n'y a juste que sa condition physique qui lui fait défaut, dit elle à voix basse, mais pas assez car Hamza l'interpella :

- Mère...dit il en grognant presque

- C'est vrai, si tu avais pris du coté de ton père !!

 Elle se tourna vers Tarenn.

- Mon mari était très costaud, tout en muscle, un bel homme, c'est pourquoi je l'avais épousé...Un homme robuste pour une frêle femme comme moi. Malheureusement Hamza a hérité de ma faible constitution...

- Il a aussi hérité de vos jolis yeux, sourit Tarenn

Salma rougit et mit ses mains sur ses joues pour cacher son soudain changement de couleur.

- Hohoho, vous me flattez !! répondit elle

Tarenn se tourna vers Hamza, et lui dit :

- Il n'y a pas que cela, votre fils souffre du même mal que vous... Il rougit facilement.

Hamza qui regardait par la fenêtre, se retourna brutalement vers lui, et le fusilla du regard.

- Allez, venez à table, la tourte est prête, annonça Salma

Elle sortit de son four la fameuse tarte en question, puis l'emmena et la déposa sur la table, pendant que Tarenn et Hamza assirent l'un en face de l'autre.

Salma continua de raconter sa vie. Elle conta à Tarenn leur voyage des Carmines jusqu'à Hurlevent. Les différentes guerres humaines qu'ils avaient eu à affronter. L'arrivée de la Horde avant la naissance d'Hamza. En faite en l'espace d'une soirée, Tarenn en avait bien plus appris sur les humains et leurs histoires avec Salma, que tous les livres qu'il avait pu lire jusqu'ici. Et surtout c'était beaucoup plus vivant que de tourner de simples pages. Elle semblait infatigable. Tarenn jeta un coup d'œil à l'extérieur. La nuit était déjà là, et il n'allait pas tarder à rejoindre le parc. Mais il voulait finir le repas sur une note agréable. Ensuite il partirait.

- Cela vous dérangerait il si je fume un peu pour terminer cet excellent repas? demanda t il à la maitresse de maison.

- Ho non, mon mari était aussi un fumeur, cela me rappellera le bon vieux temps... répondit Salma tout en débarrassant la table

- Ce n'est pas tout a fait ce que vous appelez du tabac. C'est un mélange d'herbe inoffensif mis dans une pipe, précisa Tarenn.

Salma acquiesça avec le sourire, et alla dans la pièce d'à coté pour nettoyer la vaisselle. Elle se mit à chantonner assez fort pour que toute la maisonnette l'entende. Tarenn trouvait l'atmosphère vraiment agréable. Il regarda Hamza, qui lui avait été bien silencieux tout le long du diner.

- Cela te gène ? demanda t il au prêtre

- Non, nous sommes dans la maison de ma mère, si elle accepte, alors j'accepte aussi.

- Hamza, j'ai l'impression que tu es...en train de bouder

- Non... Vous apparaissez comme cela, par magie, vous m'aviez promis de me donner de vos nouvelles!! dit il ironiquement. Mais je n'ai rien eu pendant...

- Oui, je sais pendant tout un cycle de lune, c'est long, mais je n'ai pas pu faire autrement. J'ai eu des obligations en vers mon peuple. Comprends moi.

Tarenn ne s'attarda pas dessus. Il avait été obligé d'aller dans le rêve d'émeraude à la demande express de Malfurion, ce qui l'avait contrarié pensant qu'il serait obligé d'y rester un certain temps. Mais cela avait pris une tournure bizarre, car finalement le chef des Druides l'avait renvoyé immédiatement dans Azeroth avec comme mission d'observer les dragons du vol vert et de le tenir informer s'il y avait quelque chose d'étrange qui se passait.

Il regarda Hamza baisser la tête, visiblement il boudait, mais Tarenn ne savait pas si c'était à cause de lui, ou bien s'il y avait autre chose.

Il sortit de sa besace, son sachet d'herbes à fumer et sa pipe qu'il avait personnellement taillé dans une branche d'arbre de Darnassus. Il prit une pincée qu'il tassa dans le fourreau, et se rapprocha de la cheminée de la maison. Il attrapa une braise et alluma sa pipe. Il inspira profondément par le bec et laissa envahir les bien faits des herbes dans ses poumons. Il sourit de plaisir, car tous ses gestes avait été scrupuleusement observé par Hamza du coin de l'œil. Il vint s'assoir à coté de «son petit homme» et lui demanda :

- Tu veux essayer ?

- Non... Je pense que les effets de ses herbes seraient un peu trop forte pour moi... Tarenn, je ne suis pas fou, je connais les plantes, et celle que vous venez de mettre dans votre pipe sont faites pour...«détendre» le fumeur. Ma mère, vous pouvez la tromper, mais à moi on ne me la fait pas.

Tarenn fut surpris par le ton de ce dernier. Il gloussa, puis lui dit :

- J'ai compris, tu es très intelligent, cela ne fait aucun doute.

Il toucha les cheveux d' Hamza, puis les caressa tranquillement. Contre tout attente, le prêtre se blottit dans le creux de son épaule, et soupira de soulagement. Ils restèrent quelques instants dans cette position, jusqu'à que des coups contre la porte firent sursauter Hamza, qui se redressa très vite en voyant sa mère traverser la salle à manger pour aller ouvrir la porte.

Elle discuta quelques instants avec quelqu'un à l'extérieur, puis elle acquiesça d'un air entendu. Finalement elle ferma la porte, avec un papier à la main. Elle regarda Tarenn et semblait bien embêter.

- Qu'est qu'il se passe mère ? demanda Hamza

- Le roi vient d'instaurer un couvre feu. Personne ne doit sortir dans les rues de la ville à la nuit tombée, sous peine d'être emprisonner...

- Quoi ??

Hamza et Tarenn se levèrent en même temps et rejoignirent Salma. Tarenn prit le parchemin de ses mains et commença à le lire.

- Pourquoi ? demanda le prêtre

- Il ne le dise pas...répondit Tarenn qui avait fini de lire le parchemin.

- On ne met pas un couvre feu pour rien, il doit se passer forcément quelques chose...dit Hamza tout en réfléchissant à la cause.

- En attendant mon cher Tarenn, vous êtes coincé dans notre maison, rit Salma. La nuit est tombée et je ne veux pas être responsable de votre emprisonnement. Vous allez devoir rester dormir ici. Je vais aller préparer votre chambre... Enfin mettre un deuxième lit dans celle de mon fils. Je n'ai que deux chambres dans cette petite maison. Cela ne vous dérange pas de devoir dormir avec mon fils ?

- J'ai du le faire lors de notre mission, donc aucunement, répondit le druide

Puis il rajouta à voix baisse seulement pour Hamza :

- Bien au contraire...

Alors que Salma était montée à l'étage supérieure, Tarenn vit un léger frissonnement de la part du jeune homme, et des yeux inquiets tournés vers lui.

- Je ne vais pas te manger... petit homme, répondit Tarenn aux angoisses d'Hamza

- Je sais, mais ...

- Et je ne te ferais pas de mal.

Hamza allait lui répondre, mais sa mère était déjà en train de redescendre du premier étage.

- Voilà, ce n'est pas le grand luxe, mais vous avez de quoi vous allonger.

- Merci Dame Salma

- Hahaha, appelez moi Salma tout court, je ne suis pas une dame de la cour.

Elle fit un dernier tour dans la cuisine, rangea quelques tasses et assiettes puis revint dans la salle à manger.

- Je vais vous laisser entre hommes. Je me sens lasse. Bonne nuit Tarenn, Bonne nuit mon garçon.

Elle colla une bise sur le front de son fils, s'inclina vers Tarenn, et remonta à l'étage.

Le silence retomba. Tarenn alla s'assoir à coté de la cheminée encore fumante, et continua à tirer sur sa pipe. Il sentit une tension venir d'Hamza. Il le regarda du coin de l'œil, et tapota sur un cousin à coté de lui, l'invitant à s'assoir à son tour. Mais au lieu de venir, il se dirigea dans la cuisine. L'Archidruide soupira. Il pensa que le prêtre continuait de le bouder. Il aspira une nouvelle bouffée tout en regardant le feu s'éteindre. Puis vit passer un objet devant ses yeux, un verre. Il l'attrapa et regarda le jeune homme s'installer enfin à coté de lui.

- C'est un digestif venant de la cave personnel de mon père. Ma mère ne boit pas, et moi...Jusqu'à maintenant très peu. Faisons lui honneur, dit Hamza tout en lui montrant son propre verre.

Tarenn renifla la liqueur, l'odeur qui s'en dégageait était plaisant, mais cela lui était totalement inconnu.

- C'est de l'alcool de prune, un fruit que l'on trouve dans nos vergers. Je crois savoir qu'il n'y en a pas en Kalimdor.

- Effectivement, je n'ai jamais senti cette odeur.

- Alors trinquons en mémoire de mon père...

Il avança son verre vers celui de Tarenn qui s'étonna de son comportement. Le tintement fit écho dans toute la pièce et l'Archidruide trempât ses lèvres légèrement. L'alcool était fort, mais le gout tout à fait agréable. Il vit Hamza poser son verre complétement vide devant lui.

- Tu l'as bu... d'une seule traite!! s'écria t il

- Oui, pourquoi ? cela vous dérange ?

- Hamza je te trouve très bizarre, que se passe t il ? Parle moi !

Le prêtre le regarda avec un air triste. Tarenn fronça ses sourcils.

- Je...Je suis perdu, j'ai besoin que vous me rassuriez, finit par répondre Hamza

- Te rassurer ?

- Je me suis confié à vous, je vous ai ouvert mon cœur, et puis nous sommes rentrés, et vous avez disparu. Et là vous revenez comme si de rien n'était... Je...

Tarenn rit, lui attrapa la tête et lui avoua :

- Tu sais... à peine j'avais débarqué ici que je t'ai cherché. Tu ne crois pas que si je ne tenais pas à toi, j'aurai été directement au parc? Mais attends, tes sentiments sont clairs dans ta tête ?

Il s'écarta  et vit Hamza se mettre à rougir. Puis dans un murmure il lui répondit :

- Oui, j'ai eu tout le loisir d'y réfléchir pendant votre absence. Je me suis surtout rendu compte que vous me manquiez énormément.

Le sang de Tarenn ne fit qu'un tour, et il se jeta sur Hamza pour l'embrasser à pleine bouche. Il n'était pas ivre de sa boisson, mais ivre de son petit homme. Il ne lui laissa presque aucun répit. Il tenait son menton pour pas qu'il ne s'échappe encore une fois. Il lui donna le baiser le plus enflammé  qu'il n'ai jamais fait jusqu'à maintenant. Hamza gémit par tant de vigueur, et réussit à se défaire quelques instants de sa fougue.

- Vous ne me laissez pas respirer, dit il en souriant légèrement

- Mais est ce que cela te rassure sur mes sentiments au moins ?

- Ho, là oui... Je crois que j'ai compris.

- Très bien dans ce cas, je vais continuer à te rassurer...