Je te conseille de masser si tu ne veux pas ressentir la douleur, surtout celles des courbatures, expliqua Hyacinthe en s'essuyant les mains sur un torchon propre. Elle le jeta dans un panier à linge en osier, et enleva immédiatement le grand drap de bain qu'elle avait installé sur sa table d'auscultation pour Louis.
Je parie que tu vas pas attendre pour lancer une lessive, devina-t-il dans un élan de conscience, avant que son cerveau n'envoie des signaux d'inconfort dans son genou. Sa cuisse, sa jambe. Louis souffrait, et il ne put malheureusement pas empêcher sa bouche de se tordre.
La première consultation s'était bien passée. Louis s'était senti embarrassé dans les premières minutes de la séance, car il n'était pas habitué à ce qu'une personne, une femme, prenne soin de lui.
Hyacinthe était une professionnelle jusqu'au bout de ses doigts. Elle avait énormément échangé avec Louis, pour comprendre l'origine du mal et pour réaliser des gestes aussi décents que relaxants. L'apaisement des souffrances de ses patients était au coeur de ses priorités, dans un seul objectif : celui de progresser et de guérir, enfin.
Tous les jours Louis, déclara-t-elle en tendant l'oreille. Marius était réveillé, mais il était patient. Ce bébé attendait sagement, comme si cet enfant comprenait qu'il n'était pas durant un instant la priorité de sa tatie.
Quand est-ce que je pourrais remarcher ? Il se devait de l'interroger. Louis voulait savoir, mais pour une raison qu'il ne voulait pas encore accepter : le Capitaine savait qu'il profiterait des soins de Hyacinthe bien au-delà de son année où il vivrait avec elle.
Tu n'aimeras pas ma proposition : ta convalescence dépend de nombreux facteurs... La qualité de ton alimentation et de ton sommeil, par exemple, avoua-t-elle en souriant. Louis acceptait qu'Hyacinthe puisse se permettre de révéler un tel secret : elle avait remarqué qu'il avait lutté contre la fatigue lorsqu'elle lui avait demandé de fermer ses paupières pour se concentrer. Même des boissons que tu peux boire, poursuivit-elle en lui tendant une tasse de thé, vert et noir, fruits rouges et éclats de chocolat. Il la saisit par le haut, fidèle à ses habitudes.
Je sais que tu meurs d'envie de me questionner sur le fait que je tienne ma tasse ainsi, lui rétorqua-t-il d'une voix maligne. Hyacinthe ne répondit rien, feintant de plier des serviettes qui finiraient en désordre dans la machine à laver. Un incident de anse pendant mes classes... J'ai appris un principe ce jour-là : ne jamais servir du thé trop chaud dans une tasse en porcelaine pas encore sèche. Le sourire malicieux de Hyacinthe ne disparut pas du coin de ses lèvres, bien au contraire. Elle voulut se moquer gentiment de Louis, mais elle savait que le temps lui manquait pour s'occuper encore un peu de Boitelet. Hyacinthe et Louis entendirent Marius s'impatienter, et ils aperçurent au loin Romain qui s'approchait, une enveloppe en main : Comment je peux participer aux tâches de la maison ? l'interrogea-t-il honnêtement. Le Capitaine se rapprocha avec son fauteuil, pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas le choix.
Tu trouveras sur le plan de travail les explications, les ingrédients et les équipements pour préparer un biberon. N'oublie pas que Marius doit faire son rot avant que tu ne le poses dans son parc. Quand la machine sonnera, tu pourras facilement transférer les affaires dans le sèche-linge, qui se trouve à ta hauteur. Puis, prends le temps de te reposer. Le vétérinaire et le maréchal-ferrant passent juste nous rendre visite en fin d'après-midi pour le vaccin du chat, la visite annuelle du chien et les fers du cheval, annonça-t-elle en ouvrant la fenêtre du cabinet, et en aspergeant un parfum d'ambiance agréable et odorant. Louis acquiesça, et tourna les roues : il était habitué à ces vies rythmées par les activités. Louis... Attends ! Hyacinthe avait chuchoté le prénom de Boitelet, mais sa voix avait fini par résonner : Merci.
Je t'en prie, c'est normal, l'informa-t-il en se dirigeant vers la chambre de Marius. Bonjour Biondo, grommela-t-il en entendant Romain franchir la porte d'entrée.
Bonjour Capitaine. Hyacinthe..., inclina-t-il sa tête en signe de respect envers elle. Il devait certainement être habitué à lui baiser la main, mais l'ancien guerrier se retint devant Louis.
Hyacinthe et Louis vaquèrent officiellement à leurs occupations. Le Boitelet s'occupa de Marius comme si Edward lui avait demandé d'être le parrain de son fils, puis le Capitaine passa l'heure à repasser et plier les vêtements. Une vie de caserne, sans les cris, le bruit des bottes et des pas des supérieurs, les cris et les entraînements des soldats. Il appréciait le calme en réalité, et le fait de profiter du temps libre pour réaliser des activités... Lire, dessiner : n'importe laquelle pour qu'il puisse occuper son esprit.
Louis ne vit pas l'après-midi défiler sous ses yeux en vérité. Lorsqu'Hyacinthe sortit de sa salle d'auscultation vers 17 heures, son regard était déjà captivé par la lettre. Pourquoi Romain lui écrivait-il alors qu'ils se voyaient toutes les semaines ?
La reine m'explique qu'elle voulait pouvoir venir en aide aux orphelins des bas-fonds, et à tous les défavorisés du mur quand elle devenue reine.
Je la connais cette histoire Hyacinthe, s'exprima-t-il avec une pointe de nostalgie qui le surprit lui-même, parce que Louis n'était pas de ses hommes qui ressassaient le passé.
"Le capitaine, qui a grandi dans ce milieu, m'a énormément soutenu.", finit-elle de lire en insistant sur l'adverbe. Je savais qu'un homme bien se cachait sous ta carapace, avança-t-elle comme argument en allant vers son meuble secrétaire. "Je n'aime pas cette expression.".
Hyacinthe devança Louis dans sa répartie, et le fait qu'elle connaisse aussi bien les opinions d'Antonio provoqua chez le Boitelet une fausse réaction d'agacement.
Va plutôt t'occuper de tes deux derniers invités du jour plutôt que de jacasser.
Caqueter serait le terme exact. Hyacinthe était une femme rebelle, mais ce caractère insoumis plaisait à Louis... Qui ne manqua pourtant pas de lui lancer le torchon de la cuisine.
Je m'occupe de préparer le dîner, lui murmura-t-il pendant qu'elle se précipitait vers le porche.
***
Tu peux aller dans ta chambre, je ne vais pas tarder à me coucher. Elle susurra à l'oreille de Louis, qui ouvrit les paupières comme si... La guerre laissait son lot de traumatismes. Le Capitaine se souvenait de chaque détail, mais la vision qu'Hyacinthe lui offrit inconsciemment ce soir-là déclencha en lui une chaleur inexplicable, accompagnée de frissons. Elle était habillée d'un pyjama en soie et d'un peignoir épais : pourquoi ne l'avait-il pas entendu se doucher ?
Louis balaya du regard la pièce de vie : les souvenirs remontaient. Salade d'endives en entrée, bifteck et champignons de la forêt en plat et tarte aux poires en dessert. Hyacinthe qui était surprise, qui s'installait à une table où le couvert était dressé et qui se régalait.
Hyacinthe et Louis qui lavaient, séchaient et rangeaient la vaisselle. Il avait dû s'assoupir au moment où elle était rentrée sous la douche. Le Boitelet avait aussi profité de l'eau chaude. Pendant 3 minutes, pas plus... Les habitudes ne pouvaient pas être changées du jour au lendemain.
Elle était belle. Louis fut traversé par une envie... Inexplicable et inappropriée. Glisser ses doigts dans les longs cheveux de Hyacinthe. S'arrêter au niveau de sa nuque. Stop. Trop tôt. Le désir qui hurlait de déception dans ses oreilles.
Allons-y. Le bourdonnement ne cessa pas, mais Louis sombra dans les abysses du sommeil, et resta dans ses bras reposants pendant 4 heures. Une révolution.
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