Chapitre 11 : Le coeur des sens
Qu'est-ce que tu fais bordel ?, l'interrogea-t-il en grognant. Louis lut la malice dans les yeux de Hyacinthe. Oh non. Il connaissait la signification de ce regard. Assurance, confiance, expérience : tout ce qu'il n'avait pas.
Ce que j'aurais dû faire depuis longtemps, lui répondit-elle avec une simplicité qu'il le désarçonna. C'était quoi cette réponse ? Il n'était pas paranoïaque alors : tous les regards en coin qu'elle lui avait lancé, ils étaient remplis de désir... D'amour et d'envie.
Louis grommela, car Hyacinthe détachait chaque bouton avec une méticulosité qui le rendait fou. Elle savait parfaitement que les gestes lents étaient la faiblesse de l'homme qu'elle aimait et désirait.
Hyacinthe prit son temps. Le cœur de Louis était fatigué de cogner aussi fort contre sa poitrine. Qu'elle en finisse, enfin. Qu'elle passe ses doigts minutieux et assurés sur le buste du Capitaine, qu'elle enlève son chemisier militaire, qu'elle se penche pour poser ses lèvres dans son cou...
Merde, qu'est-ce que tu veux dire ?, Louis s'étonnait de sa résistance mentale. Dans quels retranchements puisait-il cette force et cette audace de lui répondre, de lui tenir tête... Alors qu'au fond de lui, l'appréhension le dévorait à petit feu. Une torture insupportable, qu'il croyait insurmontable.
J'en ai rêvé la nuit une dizaine de fois depuis que tu es dans cette maison, expliqua-t-elle sans sourciller. Les gestes de Hyacinthe étaient certains et décidés. Lorsque sa main chaude toucha le flan de Louis, il se retint de fermer les yeux.
Cette sensation était exquise. Profiter de sa peau contre la sienne, sentir son odeur et son parfum, entendre sa voix rauque et solide...
De quoi ? Il n'avait même plus d'insultes en stock pour déstabiliser Hyacinthe et sa détermination.
De te faire l'amour. De me lier à toi. De ne faire qu'un, avoua-t-elle en fixant son regard dans celui de Louis. Il savait qu'elle possédait un avantage : Hyacinthe lisait en lui comme dans un livre ouvert. Elle voyait au fond de ses pupilles la peur. Celle de ne pas savoir faire, celle de mal faire, celle de décevoir. De baiser, de niquer. Appelle ce geste comme tu veux, lui confessa-t-elle en éloignant soudainement ses doigts.
Pourquoi s'était-elle stoppée ? Louis pesta intérieurement, jusqu'à ce qu'il remarque qu'Hyacinthe attendait une réponse.
Je l'ai jamais fait Hyacinthe, ces paroles sortirent plus de son coeur que de sa bouche.
La surprise se lut sur les visages des amants. Hyacinthe et Louis se regardaient comme si la vérité n'était pas réelle. Pour quelle raison était-elle devenue grossière ? S'était-il vraiment confié... ? Mais il ne mentait pas : l'amour, il ne l'avait pas vraiment connu. Jusqu'à Hyacinthe, jusqu'à ce soir. Il s'interdisait de penser à sa première fois.
Un pari avec des racailles du quartier. Le coin des putes. Une qui avait eu le courage de s'approcher, pour pouvoir bouffer. Une ruelle sombre. Une partie de la somme. La nuit, la pluie qui s'inflitrait, l'assourdissant silence, le pantalon sur les chevilles, debout... Cet événement avait été humiliant pour lui, comme pour la prostituée.
Le romantisme était mort ce jour-là, mais il renaissait ce soir. Grâce à Hyacinthe. Sa maison agréable, la chambre chaleureuse, une ambiance tamisée, le feu qui crépitait dans la cheminée, le tapis confortable, la beauté des ombres sur Hyacinthe... Louis repartait de zéro. Hyacinthe se rapprocha, et sa décision surprit Louis :
Ça fait longtemps pour moi aussi. Elle ne rougit pas face à cette affirmation, parce qu'elle ne mentait pas. Pendant ses longues années d'études de médecine, elle s'était accordée des moments de plaisir. Toujours avec des hommes plus âgés et expérimentés : pas d'engagement pour aucune responsabilité. Elle n'avait pas souffert de cette situation, dérangeante pour la société traditionaliste et conservatrice.
La tension s'était calmée entre eux, et ils le regrettaient amèrement... Mais les amants, comme les couples, devaient immanquablement passer par cette étape : celle des confessions.
Pourquoi tu t'es arrêtée ? La voix rauque et grave de Louis interrompit Hyacinthe dans ses pensées.
Pour quelles raisons ce moment ne se déroulait-il pas comme... Hyacinthe décida subitement de passer ses doigts dans les cheveux noirs de Louis, qu'elle aimait d'une façon que ce n'était pas possible de le dire.
Un contretemps, lui chuchota-t-elle en baissant ses yeux, tout en retirant la chemise de Louis. Elle s'assit sur les genoux, et elle était si proche de lui qu'il pouvait sentir son souffle saccadé, impatient.
Alors que son corps ne faisait que trahir sa gêne, le regard déterminé de Louis glissa vers son décolleté naissant. Hyacinthe profita de ce moment de répit, avant qu'elle et lui ne puissent plus se retenir, pour admirer le torse musclé de son Capitaine.
Tu es très beau, lui souffla-t-elle au creux de l'oreille.
Arrête de dire des conneries, essaya-t-il de s'affirmer bien que son corps le trahit aussitôt, car une vague de frissons submergea sa peau.
Tu me plais, révéla-t-elle avec sincérité. Hyacinthe était honnête, et personne au monde ne pourrait lui ôter ou lui reprocher cette qualité.
Tais-toi, lui somma-t-il. Il n'attendit pas pour l'embrasser. Ce jeu entre eux durait depuis bien trop longtemps. Il était gêné de pouvoir la toucher. Il n'osait pas. Par crainte d'un geste mal interprété... Jusqu'à ce que Louis dépose sa bouche sur la commissure des lèvres de Hyacinthe, qui ne put se retenir de gémir. Louis prit son temps. La joue de Hyacinthe était aussi douce qu'il... Qu'importe. Il explora son cou, jusqu'à ce qu'elle ouvre son chandail. Un corset. Loin d'être vulgaire, plutôt élégant en réalité : T'es mignonne, mais je vais mettre un temps fou à tout défaire, se plaigna-t-il.
Hyacinthe ne rétorqua pas, parce qu'elle dévoila le secret de cette merveilleuse pièce : la fermeture éclair sur le flanc. Louis découvrit une particularité chez elle : il aimait ses épaules dénudées. Il détacha également ses cheveux mais...
Hyacinthe saisit le poignet de Louis, et l'invita à s'allonger. Sur le tapis. Épais et confortable. Devant le feu de cheminée, qui était brûlant. Il aurait préféré être sur elle, mais enlever seul son pantalon aurait été laborieux. Tant pis, il s'attaquerait à sa jupe.
En califourchon sur Louis, Hyacinthe profitait de la vue intéressante et alléchante... Jusqu'à ce qu'il lui saisisse les chevilles, et qu'il remonte tout doucement sur ses mollets. Elle était plus agile. La pièce de Louis vola à travers la chambre, et il était plus vulnérable que jamais.
Si tu penses que tu es désarmé, essaye de te mettre à ma place, susurra Hyacinthe tandis qu'elle basculait sur le côté. Elle chercha de la main un plaid du lit, fit aussi tomber des oreillers, se l'enroula pudiquement autour d'elle, et desserra son corsage. Elle était nue. Louis s'appuya sur son coude, faufila ses doigts sous la couverture épaisse et son exploration commença. Le corps de Hyacinthe ressemblait à une montagne. Non : à une vague qui détruisait tout sur son passage. Les croyances, les principes et les stéréotypes du Capitaine. Elle était détendue et se laissait faire, comme si... J'ai confiance en toi.
Si elle savait pourtant... Louis était rongé par l'incertitude. Hyacinthe se faufila sur lui, et il appréciait sa tendresse et sa bravoure. Son caleçon. Elle s'attaquait au dernier morceau de tissu qui protégeait la pudicité du Capitaine.
Louis sentit le rouge lui monter aux joues, mais le rire de Hyacinthe lézarda les murs. Ils mirent un moment pour prendre conscience de la situation extraordinaire dans laquelle ils se trouvaient.
J'ignore si je peux te l'avouer, mais..., Hyacinthe était consciente que ses paroles étaient les dernières qu'elle prononçait avant qu'ils s'unissent.
Pas maintenant, Hyacinthe, Louis restait fidèle à l'homme qu'il était devenu... Têtu, mais protecteur. Après l'amour, lui ordonna-t-il au creux de son oreille, d'une voix à peine perceptible. Si tu veux plus, que tu as mal, que je sais pas m'y prendre, tu... Il n'avait pas anticipé la décision de Hyacinthe : elle approcha son intimité de celle de Louis, et le dévisagea d'une expression qu'il n'avait encore jamais vu chez elle... Son ambition. Elle le voulait plus que tout, elle souhaitait le sentir en elle, s'abandonner sous sa force et ses râles. Elle l'encouragea de ses jambes, et une hésitation plus tard... Louis pénétrait en elle. Délicatement. Il s'enfonçait, mais il perdait pied. Parce que la sensation était si divine que son sens de la réflexion disparut. S'abandonner, à Hyacinthe. Il n'aurait jamais cru que les mouvements de son bassin pourraient être si... Naturels, instinctifs, presque bestiaux. Il se mordit impulsivement la lèvre, et Hyacinthe passa son doigt sur la bouche de Louis. Elle était belle. Magnifique, une déesse. Ses cheveux détachés, ses mains sur les biceps musclés de son Capitaine, elle semblait heureuse. Comblée, elle était. Émotions, sentiments, ressentis : tout se mélangeait. Ils ne savaient plus où ils en étaient, mais ne formaient plus qu'un... Jusqu'à ce que Louis soit parcouru d'une réaction inattendue : Hyacinthe, je..., peu de temps lui restait avant de devenir fou. Le bercement le rendait incapable de réfléchir. Il ne désirait pas de suite lâcher prise, car il sentait que cette union était loin d'être terminée.
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