Louis aimait les lumières tamisées qu'Hyacinthe allumait le soir dans la maison. Cette ambiance lui permettait d'apaiser son esprit qui ne cessait de réfléchir. Avant d'aller dans la salle de bain pour une dernière toilette, il éteignit les bougies et vérifia que la porte d'entrée était bien fermée à clé.
Il vit Hyacinthe se diriger vers sa chambre. Comme tous les soirs, elle relançait la chaleur du feu. Elle attendait quelques minutes que la chaleur envahisse la paume de ses mains, et tournait ensuite les talons pour laisser Louis tranquille.
Mais ce soir-là, elle ne sortit pas de suite de la pièce. Louis s'en aperçut lorsque la porte était presque fermée, ne laissant deviner que la silhouette de Hyacinthe dans l'entrebaillement. Elle était accroupie près de la cheminée, et mettait sur papier ses idées de la journée.
Hyacinthe se sentait bien dans la chambre de Louis, mais savait qu'il ne la réprimanderait pas. Elle lui ajustait toujours sa couverture qu'il gardait sur ses genoux, et ils échangeaient quelques mots à propos de la lecture du soir.
Cette occasion était définitivement la seule qu'il aurait pour l'inciter à rester. Peu importe ce qu'Hyacinthe choisirait comme activité : l'écriture, la couture... Louis aimait juste l'observer, parce qu'elle était un trésor. Une peau épaisse qui cachait de nombreuses surprises.
Louis se surprenait à l'écouter le soir. Les murs n'étaient pas très épais, et il entendait tout à travers : lorsqu'Hyacinthe ôtait délicatement ses vêtements, quand elle se couchait sous sa couette épaisse, son souffle qui devenait calme...
Louis ne pouvait s'empêcher de s'imaginer le corps de la femme qu'il désirait lâcher la pression et devenir lourd pour partir dans des rêves dont il ne préférait pas connaître le contenu et la finalité.
T'as besoin de quelque chose ?
La demande de Louis fit sursauter Hyacinthe, dont l'esprit était complètement perdu dans ses pensées. S'il savait... Elle avait besoin qu'il se rapproche d'elle, elle avait besoin qu'il effleure sa main, elle avait besoin qu'il soit proche... Suffisamment pour sentir son souffle dans sa nuque, pour sentir le bout de ses lèvres effleurer son cou.
Elle avait besoin de sentir son parfum, besoin de se laisser tomber dans ses bras et besoin de plonger son regard dans le sien pour ne plus jamais en sortir. Hyacinthe rêvait souvent de Louis, dans des situations aussi banales que plus surprenantes.
Non. Pardonne-moi de m'être attardée, s'excusa-t-elle en rassemblant sa plume et ses carnets.
T'as pas à être pardonnée, je t'ai pas reproché d'être restée, déclara-t-il en s'approchant doucement. Malgré cette précaution, le bout de sa canne glissait encore sur le parquet grinçant.
Elle voulut se relever, mais Louis l'en empêcha en posant pudiquement sa main sur l'épaule de la femme qu'il aimait. Au plus grand désespoir d'Hyacinthe, il la retira aussitôt mais non par gêne : uniquement parce qu'il souhaitait lui montrer un progrès.
Louis lâcha calmement sa canne, appuya son avant-bras contre le bord de la cheminée et se baissa lentement, sous le regard ému et fier de Hyacinthe. Il mit plus de temps qu'il ne l'avait imaginé à s'asseoir par terre, mais lorsque ses yeux rencontrèrent volontairement ceux de Hyacinthe, il sut deviner des larmes en forme de perles. Louis ne lâcha pas, et soutint au contraire, le regard de Hyacinthe. Une dernière fois, il avait dû masser son genou mais la leçon était acquise : être au sol sans se laisser tomber.
Le feu crépitait dans la cheminée, il devait être brûlant. La chaleur envahit le corps de Louis, et agissait comme un souffle dans les cheveux de Hyacinthe. Ils restèrent un instant à se contempler, jusqu'à ce qu'elle amasse des feuilles volantes. Était-elle embarrassée ?
Bien au contraire. Hyacinthe luttait contre ce désir ardent de s'approcher de Louis, de frôler sa joue de ses doigts, de se rapprocher encore, de pencher sa tête et... Elle s'interdisait d'imaginer la suite, depuis toujours.
Louis n'était pas gêné non plus, bien que les effets de l'adrénaline étaient inhabituels. Il était un survivant des bas-fonds, il s'était battu pour (sur)vivre, il s'était enrôlé dans la Légion de l'Humanité, il avait tué, il était le soldat le plus craint, il était un guerrier et un vétéran et pourtant : il avait peur.
Tant pis pour les répercussions, Louis réagirait en conséquence quand Hyacinthe le repousserait.
Louis tendit sa main, son index droit, vers la chevelure de Hyacinthe, et remit des mèches derrière ses oreilles. Il s'attendait à ce qu'elle relève brutalement sa tête, rougisse et soit mal à l'aise, ou pire : qu'elle le repousse subitement, mais aucun de ces scénarios ne se produisit.
Hyacinthe remonta sa main vers les doigts de Louis, et glissa sa joue sous la paume de Boitelet.
Le temps s'arrêta. Hyacinthe et Louis ne pouvaient se dire s'ils s'étaient figés durant une seconde ou une minute.
"Tu es tellement belle, tu as la peau si douce, tu as de beaux yeux, j'ai envie de t'embrasser" : Hyacinthe savait qu'elle n'entendrait jamais ces paroles de la bouche de Louis... Mais elle n'avait pas pris en compte dans ses calculs qu'il lui prouverait son amour, son attachement et son respect dans ses actes.
Louis prit soudainement conscience qu'il n'avait jamais embrassé de femme, et que le seul rapport charnel qu'il avait eu se résumait à une passe dans une ruelle lorsqu'il était adolescent. Il ne voulait en garder aucun souvenir.
Il devait ressentir le courage de se pencher vers elle. "Suivre son instinct"... Il avait martelé toute sa vie ce crédo à ses hommes, et il était enfin temps pour lui de le respecter.
Louis ne ferma pas les yeux, à contrario de Hyacinthe dont les paupières se baissèrent avant que la main de Boitelet n'atteigne son cou.
Il embrassa ses lèvres. Il déposa un baiser.
Le temps flotta un instant.
Hyacinthe et son regard. Déstabilisant, inspirant, profond. Admiratif, amoureux, passionnel. Elle fondit sur Louis. Leurs lèvres furent une symbiose de vifs sentiments.
Les baisers de Hyacinthe étaient terriblement enivrants et envoûtants. Louis sentit un liquide doré se répandre dans son corps, de la racine de ses cheveux à ses orteils. Il s'abandonnait à elle. À son audace, à sa fougue, à sa vivacité. Elle était la gardienne de sa confiance.
Il se laissa faire. Jamais Louis n'aurait cru qu'il succomberait à une femme. Hyacinthe. Elle était la prunelle de ses yeux, l'ultime être qui partagerait sa vie. Il aimait. L'amour faisait faire des folies, faisait tourner bien des têtes.
Louis Boitelet était un homme chanceux : il connaîtrait l'admiration, la fidélité, la loyauté d'une unique femme, jusqu'à son dernier souffle.
Il voulait connaître le réconfort, la paix et la sécurité des bras de Hyacinthe, et l'enlaça. Enfin. Connaître son corps chaud, découvrir chaque recoin de sa peau et déposer son odeur.
Hyacinthe rompit leur étreinte. Pour s'attaquer au cou de Louis. Elle ne devait pas... Car si elle décidait de cet assaut, il savait qu'il aurait du mal à se contrôler.
Quand les baisers téméraires de Hyacinthe s'accélérèrent, Louis ne put retenir un gémissement. Il se sentit honteux pendant une seconde, jusqu'à ce qu'elle le rejoigne. Dans son excitation.
Il se sentit subitement étroit dans son pantalon. Savait-il le faire ? L'acte, le geste ? L'amour. Louis saurait-il combler Hyacinthe ? Elle qui avait tant vécu, qui avait tant vu, qui avait tant fait. Ces doutes ne l'empêchèrent pas de persister. Il la voulait. De tout son corps et de toute son âme. Jusqu'à ce qu'il la rencontre, il pensait ne plus avoir de cœur. Celui qui cognait fort contre son torse. Il était terrifié à ce qu'elle entende les battements assourdissants.
Louis devait tenir le coup. Il faisait chaud et il se sentait partir... Pour quelles raisons ? Guérisseuse, sorcière : Hyacinthe l'avait envoûté. Il avait décidé de la laisser faire. Il désirait qu'elle soit la décisionnaire de toutes les instigations, dont l'une des plus cruciales de toutes : le rythme.
Il ne voulait pas être ridicule, la décevoir et... Lorsqu'Hyacinthe défit le chemisier de Louis, il se transforma.
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