chapitre 10
Après de longues réflexions, le shérif se demanda s'il était vraiment judicieux de s'étendre davantage sur ce sujet. Il se leva de sa chaise en cuir, laissant l'empreinte de son poids, et reprit ses esprits. Enfilant d'un geste fluide sa longue veste, il la laissa retomber sur ses épaules, les pans du manteau flottant légèrement derrière lui. Il alluma une cigarette et contempla la fumée qui s'élevait, douce et insaisissable, rappelant les volutes que sa vieille mère laissait jadis dans l'air.
L'abandon, était-ce vraiment si bénéfique, si facile pour l'homme ? À ses yeux, ce n'était qu'un mot de plus pour fuir la réalité. Et fuir, c'était évidemment mieux que d'affronter ses démons. On pouvait toujours rejeter la faute sur Dieu, se dire que tout venait de lui, que les malheurs tombaient sur terre comme pour punir, sans raison. Que pouvaient peser ces vieux problèmes après tout, n'est-ce pas ? Ce n'étaient pas les siens, alors pourquoi s'abstenir de se libérer de ces malices qui l'accablaient ?
Le shérif mâchait son tabac avec amertume en se dirigeant vers une aire de jeux non loin du seuil de Hamlet. Là, un enfant se balançait seul sur une vieille balançoire grinçante. Le vent fit bouger la balançoire voisine, créant un mouvement fantomatique. Le shérif s'approcha, prenant soin d'amortir le bruit de ses lourdes bottes de cuir pour ne pas effrayer l'enfant. Il posa doucement une main sur le métal froid de la balançoire, ce qui fit sursauter le garçon, visiblement troublé par cette présence inattendue.
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