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TROISIEME MOIS - (1) Où elle a (un peu) mûri.


Nous sommes rentrés hier après-midi. Le plus beau voyage de toute ma vie, de loin.

Je n'étais jamais partie bien loin alors forcément, les couchers de soleil au bord de l'océan, les marchés foisonnants, points de rencontre entre les cultures africaine et asiatique, les découvertes d'îles à demi sauvages, peuplées de tortues géantes, c'est pas mal pour un premier grand voyage. Après cinq jours à Sainte-Anne, où un voyage en bateau à moteur suffisait pour nous rendre sur une autre île, nous avons pris un minuscule avion pour Denis Island, une île quasi déserte et presque auto suffisante. Rien d'autre ne se trouvait sur le site que le complexe hôtelier, composé de six cottages espacés les uns des autres et le cœur de l'hôtel, avec le restaurant, une bibliothèque et salle de détente avec Internet, seul endroit de l'île à disposer d'une connexion. L'hôtel, et des plages à perte de vue. Nous avions une chambre immense, avec une plage privée, et un petit jardinet où se promenaient en toute liberté d'énormes tortues terrestres, dont une qui venait nous voir chaque jour et que nous avons baptisé Molly.

Au début, ça m'a fait un peu drôle. J'avais l'impression de me retrouver dans un roman d'Agatha Christie, coupée du monde et de la civilisation. Et puis, cloîtrés ici, sans Internet ni télévision, qu'est-ce qu'on allait bien pouvoir faire ?

Tom m'a appris : on s'est laissé vivre. Traîner au lit le matin, fermer les yeux et écouter le chant des oiseaux, prendre un bain, observer les petits crabes sur le sable, se concentrer sur la chaleur du soleil, le souffle du vent, la douceur des grains blonds qui filent entre les doigts. Ne pas s'occuper de l'heure, du temps qui passe. Lire, discuter, faire l'amour, dormir. De vraies vacances. Et finalement, ça m'a bien plu, même si cinq jours ont été grandement suffisants pour cette première expérience.

Le retour nous laisse un peu mélancoliques, tous les deux. Je sais qu'une part de Tom a toujours soif d'aventures, de nouveaux paysages, de cadres de vie inédits. Je suis certaine que si je lui avais proposé qu'on reste deux ans sur Denis, à vivre d'amour et de noix de coco, il aurait tout de suite accepté. Mais ce n'est pas le bon moment. Notre enfant à naître, notre librairie, je ne suis pas prête à tout abandonner si facilement. Pour ma part, je redoute un peu le mois qui se profile, très chargé. Nous avons rendez-vous demain pour la première échographie, qui servira pour dater la conception et donc le terme, et surtout pour vérifier que tout va bien, qu'ils ne sont pas deux là-dedans. Ensuite, il faudra que je me colle à mon test cardiaque, puis le rendez-vous mensuel chez le gynéco, prise de sang, et dans quinze jours, l'écho des douze semaines, déjà, avec les examens de détection de la trisomie 21. Tout cela me stresse un peu, heureusement que comme toujours, mon amour est plus détendu que moi. En parallèle, il nous faut boucler nos cartons, notre nouveau nid est quasi prêt à nous accueillir, et nos préavis prennent fin dans trois semaines, au 31 août. Enfin, la rentrée littéraire se profile, beaucoup de nouveautés, de lectures et d'interviews, de séances de dédicaces à organiser, sans parler des étudiants qui viennent se fournir chez nous. Je suis fatiguée rien que de l'imaginer. Quand je pense à toutes ces années, où je ne dormais que quatre ou cinq heures par nuit, ça me paraît tellement loin.

Hey Babe.

Je me tourne vers l'homme qui partage mon lit et lui sourit avant de poser mes lèvres sur les siennes.

—Bonjour, toi. Bien dormi ?

—Comme un loir. Et toi ? Tu es réveillée depuis longtemps ?

—Quelques minutes. Je réfléchissais à ce qui nous attend dans les prochaines semaines.

—Et c'était bien ?

—Examens médicaux ; cartons ; boulot de ouf. A ton avis ?

—C'est parce que tu ne choisis pas les bons mots : rencontre avec notre enfant ; emménagement officiel sous le même toit, dans notre appartement ; challenge professionnel.

Je souris. Son enthousiasme à toute épreuve, sa capacité à voir toujours le bon côté des choses, c'est l'une des raisons qui font que j'aime tant mon Thomas.

—C'est vrai, je reconnais que ça sonne bien mieux de cette manière.

—J'ai en ai plein d'autres comme ça. Tiens, tu veux que je te résume notre matinée ?

—Je n'attends que ça.

—Alors écoute bien : partie de jambe en l'air ; petit dej' d'enfer ; balade au soleil. Qu'est-ce que tu en penses ? demande Tom avec un grand sourire, très fier de sa proposition.

—J'en dis que j'avais plutôt imaginé : tisane, lessive et ménage, mais ton programme est bien plus tentant, murmuré-je. Néanmoins, ça va être compliqué : je te rappelle que le frigo est vide, et qu'on est attendus chez mes parents à midi.

—Mince, fait-il avec une grimace. Mais pour le début de la liste, pas d'objection ?

—Aucune. Au contraire, réponds-je en l'embrassant.

💫💫💫

Nous restons au lit un long moment, comme un hommage à nos vacances achevées, et ce pour la dernière fois avant un long moment. Après un petit déjeuner frugal, qui se limite finalement à une tisane au miel pour moi, je passe l'aspirateur, puis prépare une liste de courses à nous faire livrer le lendemain matin pendant que Tom se charge de vider les valises, trier et laver le linge.

Nous nous rendons ensuite chez mes parents pour le déjeuner. Je ne les ai pas vus depuis presque trois semaines, et ils me manquent. Nicolas, mon frère, sera là aussi avec son fils Loris, et sa compagne Solène, la cousine de Thomas. Les rapports un peu houleux entre mon père et Tom se sont apaisés depuis notre retour d'Italie, et je sais que lui aussi, qui n'a plus ses parents, apprécie de passer du temps avec eux.

Nous arrivons les premiers, comme à chaque repas de famille. Il fait un temps superbe, et ma mère a déjà mis la table sous la tonnelle de la terrasse. Chapeau de paille, tablier noué autour de la taille, pinces et fourches en main, mon père est prêt à étrenner son nouveau barbecue.

—Michel, mais qu'est-ce que tu fais ? La viande est encore au frigo. Va donc chercher me chercher de la menthe au potager s'il te plaît, j'en ai besoin pour le taboulé. Ah, les jeunes mariés, s'écrie ma mère en nous voyant arriver directement dans le jardin. Oh, vous avez une mine splendide ! Alors ce voyage de noces ?

Elle plaque deux bises chaleureuses sur mes joues, réserve le même traitement à mon mari qu'elle adore.

Françoise, ma maman, a toujours su ne voir que le bon côté des gens. Ça peut être fatiguant parfois, mais je dois reconnaître que ça m'a bien arrangée quand elle a pardonné directement à Thomas au moment où il est revenu dans ma vie, au lieu de ruminer des mois, des années même, comme l'a fait mon père. Après mon retour d'Italie où je suis allée affronter mon père biologique, celui qui l'a violée il y a trente-deux ans, je l'ai interrogée sur son optimisme. Elle lui avait caché sa grossesse, avait fui la Calabre puis le Sud de la France où elle vivait avec ses parents pour recommencer une autre vie ailleurs. Comment peut-on rester altruiste à ce point après ce genre d'épreuves ? Elle m'a avoué que, selon elle, quand on vit de tels drames, on a deux solutions : on peut se renfermer sur soi, s'empêcher de vivre, d'être heureux, au risque de donner raison aux bourreaux, ou au contraire, on décide de ne retenir que le positif. Ses mots, toujours si sages, avaient trouvé une résonance particulière en moi. En me les remémorant, je me tourne vers mon amour, mon Thomas abîmé qui chaque jour se bat contre lui-même pour retrouver sa légèreté. Quelque part, ils fonctionnent de la même manière tous les deux.

Mon père, en tout cas celui qui l'est depuis le jour où il a épousé ma maman enceinte, s'approche de nous, me prend dans ses bras.

—Bonjour, ma Loulou. Tu es rayonnante. Bonjour Thomas, comment allez-vous ?

À mon amoureux, il se contente de tendre la main, ce qui est déjà un énorme pas en avant par rapport aux débuts.

—Merveilleusement bien Michel, merci. Et vous-même ? répond Tom en me prenant tendrement par la taille.

—Ça va, fait mon père, toujours sobre dans ses répliques, mais il sourit et cela signifie tellement à mes yeux.

—Installez-vous, propose ma mère. Je vais aller chercher l'apéritif, ton frère ne va pas tarder. Je vous sers quelque chose à boire en attendant ? Il fait tellement chaud...

—Non merci, pour moi ça va, j'attends Nico et compagnie.

—Je vous accompagne, Françoise, fait Tom en suivant ma mère en cuisine.

Et le pire, c'est qu'il ne fayote même pas.

—Loulou, je vais cueillir la menthe de ta mère et ensuite, viens t'installer près de moi pendant que j'allume le barbecue. Tu vas me raconter les Seychelles.

Mon frère Nicolas et sa tribu arrivent juste à ce moment-là. Loris, notre filleul fonce directement vers nous.

—Papi ! Tata Loulou !

Mon père le soulève pour l'embrasser, puis me le passe.

—Bonjour mon petit chéri, comme tu as encore grandi !

Le petit observe attentivement mon visage, yeux plissés, puis écrase son index potelé sur mon nez et mes pommettes.

—C'est quoi, ça ?

—Des taches de rousseur. C'est parce que tonton et moi, on est allés au soleil.

—D'accord, approuve Loris, conciliant, puis il précise : t'es mariée avec tonton. Tu avais une belle robe, on a fait la fête et j'ai mangé des chips dans le jardin de papi et mamie.

—Oui, c'est vrai, je confirme en riant.

Je dépose un nouveau baiser sur sa joue et le repose au sol pour saluer Nico et Solène qui attendent leur tour à côté de moi. Solène me gratifie de deux bises qui se perdent dans l'air, puis mon frère dépose deux baisers bruyants et mouillés sur mes joues.

—Nico, t'es chiant ! je râle en m'essuyant mais ça fait rire cet adolescent attardé qu'est resté mon frère, alors que ma belle-sœur s'agace.

—Attention, les gros mots devant Loris !

—Ça te réussit les vacances ! Enfin, je parle du bronzage, pas du caractère, se moque mon frère. Tu as une mine splendide.

—Dis tout de suite qu'avant j'avais une tête de déterrée !

­—Bah, je veux pas te vexer mais c'est un peu ça... la dernière fois qu'on s'est vu, t'avais l'air au bout de ta vie.

—Et t'as encore reperdu du poids, ajoute mon père en revenant avec son bouquet de menthe. C'était pas bon la cuisine créole ?

—N'importe quoi, je fais en haussant les épaules. Bon, donne-moi cette menthe, je vais l'apporter à maman et voir si elle a besoin d'aide pour le repas.

—Tous aux abris ! hurle Nico, hilare.

Comme d'habitude, ma mère ne me laisse pas approcher du moindre aliment. C'est vrai que je n'ai aucun talent ni aucune passion pour la cuisine même si je fais des efforts pour faire plaisir à mon amoureux. De toute façon, ils n'ont pas besoin de moi, Tom est parfait, comme toujours.

Elle sort ses petits feuilletés du four tandis qu'il dépose sur un plateau des crudités, du pain grillé et des petits bols de tapenade, rillettes de thon et caviar d'aubergine. Et je les suis avec des verres. Mon père a mis au frais une bouteille de Blanquette du Limoux, mais Nico sort d'un sac de congélation le champagne qu'il a apporté.

—En quel honneur ? demande ma mère, mais elle ne récolte qu'un sourire mystérieux.

Pas besoin d'être fin stratège, c'est un second bébé ou un prochain mariage. Mon père ouvre la bouteille et sert une coupe à chacun. Je ne demande qu'un demi-verre que je pose tout près de celui de Tom qui sera chargé de vider les deux, pour ne pas éveiller les soupçons.

—Alors, à quoi trinque-t-on ? s'impatiente ma mère, sa coupe à la main.

Nico coule un regard vers Solène, qui se racle la gorge.

—A une bonne nouvelle...

—Qui pointera son nez dans six mois, termine Nico en posant sa main sur le ventre de sa compagne.

Exclamations de surprise et de joie. Embrassades. Accolades. Félicitations. Le doux regard complice que m'adresse mon amoureux. Bientôt, ce sera notre tour.

Ma mère s'empresse d'aller chercher un jus de fruits à Solène, et les questions fusent.

—C'est pour quand exactement ?

—Loris est au courant ?

—Vous connaissez le sexe ?

Nous apprenons que cela fait plus d'un an que Nico et Solène tentaient de faire de Loris un grand frère. Quand je pense que nous y sommes arrivés du premier coup... Le petit n'est pas encore au courant, il ne sait pas tenir sa langue, alors il vaut mieux attendre un peu avant de lui révéler le secret. La première échographie n'était pas claire, ils ont une petite idée du sexe, mais le gardent pour eux en attendant d'être sûrs.

—Moi, je crois que je préférerais un garçon, pour faire plaisir à Loris, et aussi parce que la rivalité mère-fille à l'adolescence, ça m'inquiète. Les gosses ont tellement changé, nous explique Solène.

—Pour moi, peu importe, les deux m'iraient, mais... je me dis que si c'était une fille, ce serait comme nous... J'ai adoré avoir une petite sœur, explique Nico avec un sourire vers moi.

Je lui prends la main. Moi aussi j'ai adoré avoir un grand frère. Surtout un comme lui.

J'ai tellement hâte d'être à la place de Nico et Solène, d'annoncer aussi cette grande nouvelle à mes parents. C'est peut-être avec eux qu'il me tarde le plus de partager cela. Mes amies seront des guides formidables, Capucine et Caroline sont déjà maman, mais d'imaginer la joie de ma famille me met, déjà, du baume au cœur. Je sais que ma mère sera la meilleure des grands-mères, que mon père sera fou de cet enfant sous son air goguenard, et mon frère l'oncle un peu dingue dont a besoin chaque gamin.

—Et toi, qu'est-ce que tu préfères ? demandé-je à Tom, alors que je conduis pour rentrer chez nous.

Le pauvre s'est enfilé le double de champagne, de vin à table, plus deux shots de limoncello que mon père lui a servi d'office au dessert. Il n'est clairement pas en état de conduire, il n'a pas eu d'autre choix que de me laisser les clefs de sa voiture neuve.

—Eh bien, c'est assez large comme question... Je dirais que je préfère les pâtes au riz, le soir au matin, l'été à l'hiver, le coton à la laine...

—T'es bête. Une fille ou un garçon ?

—Je ne me pose même pas la question. En vérité, je trouve ça très étrange de se le demander, alors que ce n'est pas un choix. On n'a aucun moyen d'influencer le sexe de l'enfant.

—Il paraît qu'il y a des régimes en fonction des groupes sanguins ou je ne sais quoi...

Bullshit, se moque-t-il. Ne me dis pas que tu crois à ces conneries.

Je hausse les épaules.

—Non.

—Et toi, qu'est-ce que tu préfères ? interroge-t-il d'un ton narquois. J'imagine que si tu me demandes, c'est que tu as une idée précise.

—Même pas. C'est encore tellement irréel. Quand je pense à cet enfant, la seule chose que je vois, c'est un bébé asexué.

—Et plus tard, quand il ou elle grandira ?

—Je n'en suis pas encore là. Crois-moi, c'est déjà un pas énorme. Disons que je vois du bon dans les deux possibilités. Si c'est un garçon, ce sera le grand frère, comme toi avec tes sœurs, comme Nico avec moi, j'aime bien ce schéma. Et il aura des tas de copains pour jouer, son cousin déjà, et puis Victor, Théo...

—Et si c'est une fille ?

—Eh bien, ce sera une fille. Ma fille. Je veux dire... je m'en fiche, vraiment. Que cet enfant soit en bonne santé, c'est la seule chose qui compte.

—Comme tu as mûri c'est fou, se marre mon amoureux, et je tends la main pour le pincer, mais il l'attrape et l'embrasse. 'Love you, Babe.

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