C'est décevant comme la roue peut crever brusquement, dans la vie d'un être humain.

Certaines personnes sont tellement persuadées de connaitre leur avenir tandis que d'autres, essayent de le retracer chaque jour qui passe.

On a tous été, un jour enfant. Et ce jour là, lorsqu'on nous a demandé ce que l'on voulait devenir dans le futur, tous les garçons ont répondu sans broncher, super hero. Et les filles elles, ont crié en chœur, princesse.

Ça, c'était quand on était enfant. Mais, pas pour tout le monde.

Je m'appelle Esméralda Guet, j'ai vingt deux ans, baby-sitter nouvelle, rousse d'un mètre soixante-dix et pourtant, j'y crois toujours moi, en mon rêve de princesse.

C'est intrigant comme le manège peut s'accélérer brusquement.

Hier soir à peine, j'ai dû dire au-revoir à Frederick, mon petit copain actuel. Il s'est rendu en Australie afin, d'approfondir sa formation militaire.

Il était, dois-je l'avouer, très élégant dans sa veste noir comme jais. Je suis contente pour lui, il sculpte son avenir.

Tandis que moi, la préférée du principal au collège, je suis actuellement baby-sitter stagiaire.

Ça me dégoûte, rien que d'y penser.
Les nuits blanches en terminale, afin de préparer le baccalauréat. Les soirées études surveillées chez les professeurs à pâque pendant que d'autres, se la coulaient douce dans les boites de nuit et les bars cinq étoiles.

Quand je pense à ça, je me dis direct, que la vie est cruelle. Parce qu'à la base, moi je me disais que lorsqu'on voulait on pouvait. Lorsqu'on travaillait dur à l'école, on finissait toujours par devenir riche dans son futur, coûte que coûte.

Mais tout cela était faux. Peut-être fallait-il que je fasse comme les autres. Peut-être aurais-je dû m'endormir au lieu de lire mes leçons, aller à la fête plutôt que d'embrasser la classe ?

Prenant mon inspiration à grand coup, je décide enfin de faire claquer mes basquaises, sur le hall du supermarché.

---------------- Salut mademoiselle.

Un monsieur, dont les traits du visage me font penser immédiatement à un asiatique, me reçoit.

------------------ Bonjour, monsieur.

Il positionne sa mains, de façon à ce que j'ai un aperçu des innombrables chariots qui jonchent le supermarché.

------------------- Voulez-vous d'un chariot ?

Ma réponse est immédiate, brève et concise.

------------------- Non, surtout pas.

Comme s'il s'attendait exactement à cette réplique de ma part, il me répond tout joyeux.

-------------------- Je serai là, au cas où !

Je me rue, sur les premiers rayons. Le supermarché est très bruyant et les gens trottinent de partout, j'ai à peine de la place pour circuler sans collision.

Comme on est lundi, c'est le jour des grandes soldes, le supermarché déballe de nouveaux articles et les solde aux populations. Personne ne veut donc rater cette occasion.

Pour être sûre de combien d'articles je peux me permettre d'acheter, j'introduis discrètement mes mains dans les poches. La première en ressort bredouille alors que, la deuxième n'en retire qu'un seul centime.

------------------- Bouge toi, tu te crois où, là ?

Merde. Je viens de marcher sur les orteils d'un vielle homme.

-------------------- Désolée, monsieur.

-------------------- Mais pour qui vous prenez-vous, hein ?

----------------- Je suis vraiment désolée !

Je m'éloigne le plus loin possible de lui, alors que, des gens me dévisagent méchamment.

Cela m'arrive souvent de me retrouver dans ce genre de situation au supermarché. Et quand je mate l'expression des gens autour de moi, je me demande si cela ne leur est jamais arrivé. Suis-je la seule ?

Je me rue dans le rayon magazine, à la recherche d'une distraction pour chaque matin. La télévision matinale n'est plus vraiment mon point fort. J'ai découvert que j'ai une passion naissante pour la lecture.

En même temps, lorsqu'on a un baccalauréat littéraire avec une mention très bien, ce n'est pas étonnant.

Seulement, contrairement à quand j'étais lycéenne, là, je ne lis que des bandes dessinées et des magazines de moins de cents pages.

Je tâte tour à tour les magnifiques couvertures des magazines, sans bonne intention. Je lis lentement les titres écrits en gras sur celles-ci.

Couloir mode. Tout voir et tout savoir sur la mode, La mode d'aujourd'hui, l'origine de la mode, La mode selon Kim Kardashian...

Il n y a plus que la mode qui intéresse les gens de nos jours ? Alors, qui pense au changement climatique ?

Sans vraiment être captivée, je soulève le premier magazine dont le titre ne porte pas le mot mode.

Et c'est là, que mon cœur s'emballe.

Monsieur Cristian Delama offre, un million de dollar à la première personne qui lui ramène son chiot...