------------------ Bonjour, que puis-je faire pour vous, mademoiselle ?

La dame en face de moi est brune, à peine plus âgée, sa voix est très professionnelle et pourtant, chaleureuse.

-------------------- J'ai rendez-vous avec monsieur Delama.

Elle farfouille immédiatement un registre d'appel puis, un carnet presque neuf. Ses gestes sont très précis, pas un seul signe d'incompétence ne se dévoile de ceux-ci.

------------------- Et vous êtes ?

------------------- Guet... Esméralda Guet.

Ma voix est toute aiguisée, tout porte à croire que je suis stressée. C'est bizarre, je transpire toutes les cinq minutes et mes mains, que je suis obligée d'essuyer sur mon pantalon haute taille noir, sont très moites.

-------------------- Je viens de vous repérer, cinquième étage à droite. Ne saluez pas les journalistes et les paparazzis sur votre chemin. Quelqu'un vous indiquera ensuite, quel couloir emprunter.

------------------- Heu... Merci.

Mes escarpins claquent illico sur le hall en marbre, alors que je donne désormais dos à la bonne dame. Balayant mes alentours du regard à tout bout de champs, je ne peux m'empêcher de remarquer les énormes baies vitrées qui me font face. 

Je pénètre timidement l'ascenseur, de peur de me perdre dans une aussi grande entreprise, mes yeux sculptent prudemment les numéros des étages défilés tour à tour.

Mon estomac se noue lorsque les parois s'ouvrent sur un bâtiment joliment peint en blanc.

Lorsque je sors de l'ascenseur, une dame, élégamment vêtue, les cheveux regroupés en un chignon stricte, me sourit chaleureusement.

Je lui rends poliment son sourire, sans pourtant savoir l'intérêt de son accueil.

-------------------- Êtes-vous, mademoiselle Guet ?

-------------------- Je crois... Enfin, oui.

-------------------- Prenez le couloir de droite, c'est la toute dernière porte, vous ne pourrez pas passer outre.

-------------------- Merci madame...

-------------------- Monsieur Delama vous attend depuis environ trois minutes, vous êtes en retard. Il déteste le manque de ponctualité alors, si vous venez pour une entretien d'embauche, c'est mal parti.

------------------- D'accord....

Elle pose son doigt sur sa lèvre inférieure.

-------------------- Arrêtez d'essuyer vos mains sur votre pantalon. C'est absolument repoussant.

Elle s'en va, la tête haute et la démarche très serpentine.

Je m'exécute aussitôt, prend mon courage à deux mains et vire à droite. Je n'ai jamais eu d'entretien d'embauche de toute ma vie. Évidemment qu'il a fallu que ma première fois se déroule ainsi. Mes cheveux, que j'ai mis des minutes entières à peigner, sont tous collés à mon front.

Mes yeux perdent leur capacité optique au fur et à mesure que je me rapproche de mon objectif. J'ai l'impression d'être emprisonnée au fond d'une bouteille de bière années quatre-vingt.

Mes pieds s'arrêtent net devant ladite porte. Je prends une profonde inspiration afin, de ne pas m'évanouir. Mon cœur bat la chamade, je ne peux malheureusement plus reculer, je n'ai d'autres choix que de l'ouvrir.

Après tout, rien ne peut m'arriver de mauvais. Ce n'est pas non plus comme si j'allais rencontrer le président de la république. Quoiqu'il en soit, il est temps d'y aller.

J'espère seulement qu'il appréciera mon apparence du jour. Mon chemisier blanc en coton, encré dans mon pantalon taille haute noir, met plutôt mes formes en valeur.

Je prends une bouffée d'air, resserre légèrement les dents et toque.

-------------------- Entrez, je vous en prie.

J'appuie sur la poignée et la porte s'ouvre normalement.

Il faut absolument que j'ai ce boulot, ma sœur serait tellement déçue de moi, si un incident dégoûtant se produisait, comme à toutes mes séances de babysitting.