Le vent frais me frôlait le visage, ébouriffant mes poils dans tous les sens. Il faisait particulièrement doux pour le printemps. Je laissais mon esprit vagabonder, mais il revenait toujours au même point, à la même personne : Shimy ! Il fallait absolument que je trouve un moyen de l'aborder sans paraître trop collant. Un défi de taille, je ne comprenais vraiment rien aux filles. A chaque fois que j'arrivais à me rapprocher de l'une d'elle, je gaffais et elle partait en me traitant de pervers. Soit : Mais avec cette Serpentard, je voulais bien faire. La partie était pourtant mal engagée, nos maisons étaient « ennemies » par nature. Le fait que Danaël et moi étions amis avait beaucoup choqués les premières années. Non, je ne devais vraiment pas mettre les pieds dans le plat cette fois-ci !

Mes yeux se fermaient progressivement, rester sans rien faire aussi longtemps allait avoir raison de moi. Mais lorsque j'allais sombrer dans les bras de Morphée, une voix me fit sursauter :

-Gryfenfer !

Je me relevai le plus vite possible et chercha ma baguette dans l'une des poches de ma robe de sorcier pour me défendre d'un potentiel danger. Lorsque je me rendis compte que la personne en face de moi n'était autre que mon meilleur ami et que j'étais complètement ridicule, je baissai mon « arme » en tentant de reprendre contenance de toutes les manières possibles et imaginables. Alors que je m'attendais à se que Danaël se moque de ma réaction disproportionnée, il ne broncha pas et je compris que quelque chose clochait. Je repris mon sérieux et demandit comme si rien ne s'était passé :

-Il y a un problème ?

Il soupira, ses traits semblaient tirés maintenant que j'y faisais bien attention, il paraissait fatigué. Il répondit d'une voix presque lasse :

-Gryf, tu me promets de me répondre sérieusement ? C'est très important !

Oula ! Danaël est quelqu'un de plutôt sérieux, mais avec moi, il savait se dérider. S'il me demandait une chose pareille, c'est qu'il y avait vraiment quelque chose de grave ! Je lançai d'une voix enjouée :

-Bien-sûr Danaël !

Et là, je redoutai sa réponse ! J'avais le pressentiment que ce qu'il allait me dire n'allait pas me plaire du tout. Après une brève respiration, il se lança, me regardant dans les yeux et j'y décelai une lueur de peur dans cet océan d'azur :

-Tu ne fais pas de rêves étranges depuis quelques temps ? Des rêves qui m'impliquent moi, et d'autres personnes de Poudlard ?

Je sentis clairement mon visage se décomposer ? Comment pouvait-il être au courant d'une chose aussi ... Personnelle ! Je ne comprenais plus rien. Un millier de question se bousculait dans mon esprit, se disputant la priorité. Le désespoir devait se lire sur mon visage, car Danaël reprit :

-Ecoute, je fais les mêmes ! Les autres aussi. Jadina, Ténébris, Razzia et même Shimy. Je suis allé leur parler !

Je secouai frénétiquement ma tête, histoire de remettre de l'ordre à l'intérieur, ce n'était vraiment pas le moment de flancher. Aller Gryfenfer, ressaisis-toi ! J'inspirai profondément et répondis avec une indifférente feinte :

-Et comment ils-ont réagis ?

Il sembla assez étonné par ma réaction, mais je m'en fiche, il est hors-de question qu'il me voit aussi faible, aussi troublé. Il me dit, troublé :

-Aucun ne me croyait au début, mais c'est venu, plus ou moins difficilement. On doit se retrouver ce soir, à 10 h, dans la salle sur demande ! En tout cas, personne n'a été aussi facile à convaincre que toi, ça ne t'intrigues pas ?

-Si, si. Et si je t'ais cru aussi facilement, c'est parce que tu es mon meilleur ami, je te fais entièrement confiance !

J'agrémentai ma réplique avec un grand sourire que je voulais sincère, suppliant que Danaël ne pose aucune question et qu'il me laisse juste tranquille pour m'occuper de toutes les questions qui menaçaient de reprendre le contrôle de mon esprit à tout moment. J'ajoutai un peu trop rapidement :

-Et je viendrai ce soir !

Et je poursuivais intérieurement « ça me permettra au moins de voir Shimy. » Heureusement, mon ami parut s'en satisfaire, il hocha la tête et tourna les talons. Je soupirai de découragement, pourquoi je ne pouvais pas avoir une vie toute simple, je pourrais juste faire la cours à celle que j'aime. Je me rallongeai d'un mouvement brusque dans l'herbe, laissant libre court à mes angoisses et questionnement. Ce soir, il allait falloir rester digne et jouer encore une fois la comédie !