Chapitre 8 : Complications
Après ma conversation forte en révélation avec Jadina, je déambulai seul dans les couloirs de Poudlard. J'avais été très heureux de pouvoir enfin discuter avec elle bien que je n'avais pas vraiment imaginé notre première vraie conversation de cette façon. Son soudain départ m'avait attristé, mais je m'étais promis d'aller la voire dès que je le pourrais.
Je croisai Shun-Day et Samaël qui étaient assis côte à côte. Ils semblaient tellement absorbés dans leurs paroles enflammés qu'aucun ne me remarqua. J'eus un sourire idiot et je continuai mon chemin, le visage de Jadina bien en évidence dans mes pensées, quand, je me retrouvai soudain plaqué contre un mûr entre deux tableaux.
Des points de couleurs obscurcissaient ma vision pendant quelques instants avant que je puisse distinguer les traits de mon agresseur. C'était Ténébris et elle semblait furieuse, elle beugla :
-Pourquoi m'as-tu tué ?
Je sursautai, pas seulement pour le fait que je venais de remarquer que sa baguette était appuyée contre mon cou mais pour l'étrangéité de sa question. Je balbutiai, aussi intrigué qu'effrayé :
-Mais ... De quoi tu parles ?
-Tu m'as tué, je t'ai vu dans mon rêve ! affirma-t-elle, appuyant plus encore son arme contre un point sensible sur ma gorge.
J'étais terrifié à présent, ses yeux couleur du sang flamboyaient d'une lueur presque démente, son teint diaphane lui donnait presque un air morbide et son rouge à lèvres vermeil ne faisait que souligner cet aspect. Je tentai d'attraper ma baguette dans une des poches de ma robe de sorcier, mais c'était mission impossible, sa poigne était d'une puissance inédite.
-De quel rêve tu parles ? Je m'enquis, plus pour gagner du temps que par curiosité
Elle sembla s'adoucir, elle dit, son regard me transperçant de son intensité troublante :
-Je t'ais vu me tuer ! Je t'ais vu toi et les autres !
Elle était désemparée, presque aussi effrayée que moi, je demandai, troublé :
-Quels autres ?!
Elle attendit un moment à répondre, le souffle court, elle semblait perdue, comme si tout son monde venait de s'écrouler, elle souffla :
-Razzia, Shimy, Jadina et Gryfenfer ...
J'en eu le souffle coupé, était-il possible que trois personne fassent le même type de rêve incluant les mêmes personnes ? Je n'avais jamais entendu ça ! Un milliard de questions de bousculaient dans mon esprit, plus inquiétante et folle les unes que les autres. Quand je réussis enfin à mettre un minimum l'ordre dans ma tête, à défauts de pouvoir y faire le vide, je demandais d'une voix que je voulais être calme et posé :
-Tu as déjà parlé de ça aux autres ?
Elle secoua négativement la tête, dans ses yeux de sang, je voyais le combat intérieur qu'elle menait, elle semblait bouleversée et n'allait surement pas tarder à craquer. Ce cauchemar devait vraiment être terrible, bien pire que ceux que je faisais presque toutes les nuits. Je repris, pris de pitié, à présent :
-Ecoute, tu vas te calmer et moi, je vais voir les autres pour leurs expliquer. Moi aussi, je fais des cauchemars depuis quelques temps, peut-être que les autres sont pareils. Jadina m'a parlé de rêves étranges ce matin où tu étais présente avec les autres.
Elle garda la bouche fermée, déglutit difficilement comme si elle trouvait cette idée trop dur à avaler, ce qui était parfaitement compréhensible. Elle planta ses yeux particuliers dans les miens comme si elle cherchait à trouver la preuve que je mentais, ou, au contraire, que j'étais sincère. Je poursuivais, mal à l'aise :
-Donc, je vais leur parler et je te tiens au courant, ça te va ?
Après quelques instants, elle détachait ses prunelles vermeilles de l'azur des miennes, je me sentais mieux. Elle semblait indécise, je savais qu'elle ne faisait pas confiance à beaucoup de personnes, alors, son dilemme devait être encore plus complexe. Finalement, elle répondit :
-Très bien, je compte sur toi !
Elle ne semblait pas aussi sûre d'elle, qu'elle tente de laisser paraître, et, son attitude avait encore changé, elle arborait maintenant une attitude, froide, distante et sûr d'elle, je n'arrivais décidemment pas à la suivre. Elle s'éloignait déjà à grand pas. Je soupirai de soulagement : autant j'étais déstabilisé en présence du sexe féminin, autant, avec Ténébris, je ne savais vraiment pas comment réagir, elle était vraiment étrange.
Soudain, la réalité me frappa : tout ceci n'était pas normal ! C'était effrayant, perturbant, bouleversant, le genre de choses qui vous empêche de dormir la nuit, l'esprit torturé par une peur abjecte. La peur de son subconscient, peur de l'incontrôlable, d'un endroit où l'on est complètement impuissant, un endroit où l'on pouvait juste subir sans agir. L'enfer sur terre !
Je devais donc parler aux autres, leur annoncer une chose que je souhaitais garder pour moi en espérant que tout allait cesser. Leurs apprendre qu'ils n'étaient pas seuls dans la terreur mais rendre la chose encore plus complexe si c'était possible. Je sentais que la raison de ce « message » me dépassait, qu'il relevait d'une dimension que je n'étais pas en mesure de comprendre. Une chose était sûre, dans ces situations, la coïncidence n'existait pas, quelque chose clochait et c'était important, trop important !
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