Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

7. Âme partagée (3)

Je faillis m'étrangler avec ma salive. Lui présenter mon hôte ? Alors que je m'attendais à recevoir un commentaire désagréable provenant directement de mon esprit, je n'entendis rien. Comme si Lara avait subitement disparu. Ne voulait-elle vraiment pas se manifester ? En me concentrant, je réussis à prononcer ces quelques mots dans mon esprit en espérant qu'elle entende :

- Où es-tu ?

Seul le silence régna. J'avais déjà l'impression d'être vidée de quelque chose alors que je ne cohabitais avec elle que depuis quelques heures.

Bell me toisait avec incompréhension. Il fallait que je trouve une excuse.

- Je ne me suis pas encore familiarisée avec elle, répondis-je sur le ton de la plaisanterie. Je ne sais pas si elle a trop envie de se montrer maintenant.

Il haussa les épaules :

- Une prochaine fois.

Avec un long soupir, je me blottis alors au creux de ses bras, les jambes repliées contre mon ventre. Il calla son oreille sur le haut de mon crâne et passa sa main autour de mes épaules avec douceur. Tout simplement. J'étais avec Bellamy Corton, son cœur collé contre moi, et rien ne pouvait nous séparer.

- Bell, sincèrement, qu'est ce que je vais faire ?

- Qu'est ce qu'on va faire plutôt ? Je suis impliqué maintenant.

Je laissais échapper un petit rire nerveux.

- Tu crois que je vais devoir me cacher ?

- Sincèrement ? En attendant de savoir quoi faire, je pense qu'il vaudrait mieux te faire discrète.

Je soufflai sur une mèche de cheveux châtain qui me chatouillait le nez.

- Et la voiture ? Qu'est ce qu'on en fait ? Si quelqu'un la découvre, on est fichus.

- Pour l'instant, on la laisse cachée dans le garage.

- Mais...répliquais-je en relevant la tête vers lui.

- Je vais faire à manger, coupa-t-il. Reste allongée sur le canapé.

Il se leva brusquement, quittant l'espace salon pour se diriger vers le fond de la pièce, là où se dressait un haut comptoir rouge qui longeait le mur et se terminait en plan de travail. Alors que l'eau coulait dans la casserole, je laissais retomber ma tête sur l'accoudoir.

Je regrettais ce mouvement brusque. Mon flanc me rappela à l'ordre et je me mordis fermement la lèvre inférieure.

Bellamy posa lourdement le récipient sur la plaque de cuisson qui grinça méchamment. Il paraissait tendu. Je passais une main dans ma frange épaisse, pour la ramener sur mes tempes, la tête bourdonnante de pensées. Il fallait se débarrasser de la voiture, de toutes les preuves possibles. Toute la ville devait déjà être à ma recherche.

Je ne savais pas si je devais regretter d'avoir mis Bell dans la confidence. Il se trouvait dans une position délicate par ma faute, mais il m'en aurait voulu de ne pas lui avoir donné une occasion de m'aider.

Je souris. Je me souvenais de notre première rencontre, dans la cour de l'école primaire. Un garçon de ma classe venait de fusionner et les autres s'amusaient à l'encercler pour le frapper et voir si son hôte réagissait. Moi je n'aimais pas ce genre de jeux, alors je restai seule, assise dans un coin. Je pleurais très souvent dans la cour de l'école. Soit parce que je me sentais seule, soit parce que mon père était encore parti à l'étranger sans nous prévenir, soit parce que ma mère m'avait disputé le matin, soit parce qu'on m'avait encore fait remarquer que j'étais bien trop faiblarde pour pouvoir fusionner un jour.

-La fille de Charles ? Vraiment ? disait-on à ma mère sur le ton de la plaisanterie. Elle n'a pas hérité de son charisme. A son âge, il avait déjà fusionné et sa carrière était tracée devant lui.

Les adultes et leurs conversations très peu discrètes pour les oreilles d'une enfant.

Un jour que je pleurais encore à chaudes larmes dans mon coin, Bell était venu. Et pour la première fois, et de loin la dernière, il m'avait tendu la main. Pour moi ce n'était pas un frère, j'en avais déjà un. Ce n'était pas mon amoureux comme le disait les autres filles de ma classe. C'était moi, mon double lumineux, rayonnant ; tandis que je me situais plutôt dans l'ombre. Mais que serait la lumière sans l'obscurité ?

Je clignai des yeux. Il était minuit passé, et le souffle régulier de Bell faisait danser mes cheveux épais. Nous étions tous les deux enroulés dans une couverture chaude, recroquevillés sur le canapé. Nous avions dû nous endormir dans cette position. Les volets n'étaient même pas fermés et la vaisselle sale trônait encore sur la petite table en verre. Je me levai avec précaution, pour ne pas réveiller le sommeil paisible de mon ami.

Ses cheveux bruns retombaient en cascade sur son nez et ses cils vibraient au rythme de sa respiration. La couverture remontée jusqu'au menton, il avait la nuque penchée en arrière sur l'appuie tête et la bouche entrouverte. Un vrai bébé.

Toujours habillée avec mon tee shirt raide et ensanglanté, je décidai de l'enlever. Mon corps couvert de bleus et de pansements se profila sous le clair de lune, filtré par les baies vitrées du salon. La pièce plongée dans la pénombre était illuminée en son centre par un halo blanc qui m'entourait de ses froids rayons. Je dérobai un sweet noir qui traînait là et enfonçai la capuche sur mon carré brun. Une casquette positionnée par dessus et la tête recroquevillée dans mes épaules, je sortis de la grande maison à pas de loup. Un briquet dans la proche, je descendis timidement les marches du perron en regardant furtivement autour de moi.

La rue était sombre, paisible. Le calme régnait et les lampadaires diffusaient leur lumière jaunâtre même à cette heure ci, contrastant avec la pâle lueur de la lune. Directement sur ma gauche se trouvait la grande porte coulissante d'un garage. Je la soulevai délicatement, priant pour qu'elle grince le moins possible dans cette rue où le frissonnement des feuilles d'arbre était encore plus bruyant que ma respiration.

Ma belle voiture bleue toute cabossée gisait pitoyablement à l'intérieur, au milieu des vélos et du matériel de jardinage. Bell avait laissé sa propre voiture dans la cour de pavés pour la remplacer par la mienne. Il m'avait réellement sauvé la mise.

D'un coup sec, je décrochai la plaque d'immatriculation de mon véhicule. Peut être que certains l'avait reconnue et que le Service de Protection était déjà sur ma piste. Si c'était le cas, je ne pouvais même plus rentrer chez moi, ni chez mes parents. Peut être que ma mère s'était faite interroger. Je secouai la tête. S'ils avaient déjà découvert mon identité, ils auraient déjà pu me localiser avec mon téléphone portable.

Dans tous les cas, je devais faire disparaître les preuves, même si Bell n'était pas d'accord. Tout était de ma faute, il fallait bien que je corrige moi même la situation.

A l'aide du briquet, je fis fondre partiellement les lettres et les chiffres présents sur la plaque pour la rendre illisible. Ensuite, je contournai la maison pour m'éloigner de la rue et me retrouver face à un tout petit jardin. Bell y avait installé une chaise longue et un minuscule potager délimité par de petits panneaux en bois.

Armée d'une pelle, j'entrepris de creuser un trou profond dans un petit coin du jardin. L'éclairage était plus faible de ce côté. A tâtons, je déposais les tas de terre à mes pieds en essayant de faire un trou qui puisse contenir la plaque entière. Je l'enfonçai ensuite au maximum dans le sol et rebouchai ce désastre. Une fois de retour au garage, je me préparai à l'heure de vérité. Les clés étaient encore sur le contact. Installée au poste de conduite, après avoir enlevé les débris de verre et rangé l'airbag, je fis vrombir plusieurs fois le moteur. Cependant, la voiture ne semblait pas décidée à démarrer. Je me mordis la joue. Ce bruit incessant pouvait attirer les regards indiscrets. Et si quelqu'un voyait une voiture bleue abîmée, j'étais démasquée.

Mon petit nez fin ne dépassait pas sous la casquette grise et je cachais mon menton arrondi sous le col serré de mon pull. Il n'y avait plus de plaque, et personne ne pouvait me reconnaître. Et pourtant, la terreur me nouait le ventre. La voiture commença alors à reculer lentement. Je n'arrivais pas à réaliser ce que je faisais. J'étais en train de devenir la véritable délinquante qu'on décrivait à la télévision.

Je pris une grande inspiration et sortis en marche arrière du garage étroit, faisant tomber au passage quelques outils. Comme s'il n'y avait pas déjà assez de bruit. J'esquivais la voiture de Bell garée derrière moi et partis en trombe dès que je fus dans la rue. Feux éteints pour attirer le moins possible l'attention, je comptais sur la lumière des réverbères pour me guider. Je ne savais pas si mes ampoules étaient toujours intactes.

La voiture tressautait. L'un des pneus devait être crevé. Le tableau de bord était fissuré, affichant une valeur sur deux. Mais ce qui était sûr, c'était que je ne roulais pas à la vitesse autorisée. Les rues étaient désertes à minuit passé. Les hôtes faisaient en sorte que leurs piliers ne traînent pas dans les rues à ces heures tardives et qu'ils aient un nombre correct d'heures de sommeil.

La fatigue se faisait lourdement ressentir. Mais une sensation dans ma poitrine me gardait éveillée. Je vivais un rêve, sans aucun doute. Demain je me réveillerai dans mon appartement, et je retournerai travailler à la cafétéria. J'avais très envie de tout abandonner maintenant, de bifurquer à gauche à la première rue, payer mon amende, faire mes petites semaines de prison, et reprendre une vie normale. Pourtant, une partie de moi savait que c'était impossible, que l'enjeu était bien au dessus de tout cela. Les mains crispées sur le volant, je regrettais amèrement toutes les fois où j'avais prié pour que des péripéties miraculeuses surviennent dans ma vie monotone.

Je n'étais plus qu'à quelques kilomètres de ma destination. Le bruit que faisait mon moteur en surchauffe était atroce, mais je savais que j'approchais du port. Les lumières commencèrent à se faire plus rares, les rues étaient plus larges, les zones piétonnes s'accumulaient sur les promenades au bord de l'océan. Un parking se dressa à ma droite, incitant les voitures à ne pas pour suivre plus loin. Je continuai ma route, franchissant un buisson à toute allure. La voiture trembla et je faillis perdre le contrôle du volant.

Je débouchai alors sur des pavés piétons et retrouvant ma lucidité, je freinai brusquement. Le vide me faisait face, plongeant directement dans l'eau placide. Le port s'étendait sur une petite centaine de mètres. Il fallait dire que personne ne quittait jamais Algore, alors les départs en bateaux étaient rares.

Même les vacanciers préféraient rester ici. Algore était grande et agréable. Il en fallait beaucoup pour tout découvrir. Et les gens de l'extérieur étaient dangereux.

Quelques bateaux de croisière ou navettes étaient échoués sur le port inanimé. Il y avait très peu de bateaux personnels. Les vagues les ballotaient doucement en s'écrasant sur la digue et en chantant harmonieusement. Quelques filets de pêche traînaient dans des caisses qui sentaient le poisson avarié, et un long pont sans extrémité s'avançait sur l'eau. Il servait notamment à faire le lien entre la terre ferme et les bateaux pour que les passagers puissent y monter. Mais ce soir, le pont débouchait directement sur le vide, sans aucun bateau en vue.

Je me dirigeai vers ce pont en bois, longeant la ballade piétonne le long de l'eau noire. Positionnant le véhicule dans l'axe, je sortis et laissais la portière ouverte. Tremblante et à tâtons dans l'obscurité, je m'emparai d'une lourde caisse de petite taille qui traînait là, je la positionnai sur la pédale d'accélérateur de ma voiture. J'ôtais le frein à main, dis adieu à mon précieux cadeau fait par mon père, et démarrai à nouveau le moteur. La voiture partit en trombe, traversa le pont à une vitesse folle et vola quelques secondes dans les airs avant de retomber. Le jet d'eau qu'elle souleva réussit à m'atteindre et à m'éclabousser le visage.

Un léger courant d'air se glissa sous ma capuche et je croisais les bras pour me réchauffer. L'odeur du sel me piqua les narines, et je reniflai. Au loin, les lumières du continent brillaient encore de mille feux. D'ici, Algore semblait si près du reste du monde. Le port était l'endroit sur la carte d'Algore qui était le plus proche du premier continent. Là-bas en face, il y avait des gens étrangers à notre île qui vivaient eux aussi, mais différemment de nous.

Là-bas le meurtre et le vol étaient bien présents. Les gens souffraient et personne ne trouvait de solution pour y remédier. Notre système des hôtes était vaguement connu du public. Ils ne s'y intéressaient pas, ils n'y croyaient pas, ils trouvaient cela inintéressant d'avoir utilisé toute cette technologie pour rien.

Pourtant, des gens de l'extérieur venaient parfois sur l'île. Ils étaient accueillis par les dirigeants d'Algore qui prenaient soin de ne pas tout leur montrer, ni tout leur dire. Ils n'avaient pas confiance, car les gens de l'extérieur étaient dangereux et imprévisibles. Pas comme nous.

Les journalistes posaient des questions parfois à la population. Tout le monde répondait que la vie à Algore était formidable. Ils nous prenaient pour des marginaux. Comme une sorte de tribu avec notre propre guru qui se désintéressait du reste du monde. Mais ils n'avaient pas le droit de nous influencer, sinon le gouvernement les sanctionnait. Certains journalistes demandaient pourquoi nous n'allions pas sur le continent. Ils ne comprenaient pas que la sécurité, c'était ici, pas ailleurs. Alors pourquoi partir ?

Et pourtant...

Je contemplais la mer paisible qui venait d'engloutir définitivement ma voiture bleue ciel. Le vent soufflait au large et les vagues créaient un voile qui ondulait sur l'eau sombre et glacée. Le phare était éteint et les lumières du continent brillaient toujours avec autant d'intensité.

Mon envie de partir n'avait jamais été aussi forte.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro