-05-
+S+
Exploiter ses capacités
-C'est quoi ton nom déjà ? demandai-je en jetant mon filet sur la roche au dessous de moi.
-Terrence, répondit l'étranger.
-Ah oui c'est vrai, je pense que je continuerai de t'appeler étranger pendant un moment, le prends pas mal.
-Venant de vous plus rien ne m'étonne.
-Ah oui ? dis-je en tournant la tête dans sa direction.
Je sautai sur la pierre où j'avais lancé mon filet et invitai Terrence à me rejoindre.
-Aujourd'hui, nous allons pécher ! annonçai-je fièrement.
-Avec des filets ? s'étonna-t-il.
-Cette technique à fait ses preuves pendant des années, à ta place j'éviterais de me plaindre et je me tiendrais tranquille.
Il se tut et me suivit sur la pierre.
-On amène les affaires de l'autre côté, puis on descend dans l'eau pour pêcher au filet. Quand t'en attrapes, tu remontes et tu mets les poissons dans le seau qu'on va remplir d'eau. Compris ? C'est pas compliqué.
-L'eau n'est pas un peu froide à cette période de l'année ?
-Si, mais tu vas plonger quand même, la viande est de plus en plus compliquée à obtenir surtout maintenant que les villageois vont passer encore plus de temps dans la forêt. On a du poisson, ça nous suffit bien avec les légumes que je pique au village.
Je retirai mon t-shirt et mon pantalon puis plongeai dans l'eau froide. Terrence me rejoignit quelques minutes plus tard. Je lui montrai brièvement comment je faisais pour attraper le plus de poissons possible en un coup et le laissai faire. J'en profitai pour nager un peu et profiter d'un instant de tranquillité.
Après quelques heures de pêche, nous nous séchâmes et rentrâmes au campement, notre seau rempli de poissons. Je posai le seau et étendis mes affaires mouillées sur une corde tendue entre deux arbres. Puis j'allai m'assoir à côté de Liz qui avait déjà commencé à vider les poissons.
-L'étranger s'en sort plutôt bien pour le moment, déclarai-je.
-Contente que tu aies changé d'avis, répondit-elle.
-A propos de quoi ?
-A propos de le jeter dans les marais ! rétorqua-t-elle froidement.
-Tu vas pas encore me parler de ça ! Je ne les jetterai pas dans les marais ça te convient ?
Elle hocha la tête et reprit sa besogne. Pendant ce temps, comme je n'avais rien de spécial à faire, j'allai m'allonger un moment. Je repensai aux ordres qu'avait donnés Wilson à ses fidèles. Nous allions devoir rester prudents pendant un moment, toujours être sur nos gardes, à l'affut du moindre mouvement ou du moindre bruit anormal. Pour Liz et moi cela ne posait aucun problème mais les étrangers allaient devoir s'adapter rapidement sinon c'était la mort qui viendrait les cueillir, et cette fois je ne serais pas là pour les en sauver.
Je fus tiré de ma rêverie par le crépitement du feu qui réchauffa mon corps encore légèrement humide et froid. Je me levai et aidai Liz à placer les poissons sur la grille au dessus du feu sous le regard attentif des étrangers. Je tournai le tête vers eux et demandai :
-Quoi vous n'avez jamais fait de grillade ?
Ils secouèrent la tête.
-Pas comme ça du moins, fit Terrence. Pas dans...
Je lui fis signe de se taire, je me levai le plus silencieusement possible et m'approchai de la forêt.
-Sad, qu'est-ce qui se passe ? murmura Liz en s'approchant de moi.
-Il y a quelqu'un, tout proche, l'informai-je. Reste ici et éteins le feu, reste sur tes gardes.
-Mais et toi ?
-Il ne m'arrivera rien, promis.
Je m'éloignai d'elle et m'enfonçai dans la forêt. Les bruits se faisaient de plus en plus proches. L'absence de cris en tout genre me faisait penser que je n'avais pas affaire à des villageois, ni même à des hérétiques. Je n'eus d'autre choix que de monter me cacher dans l'arbre le plus proche quand deux silhouettes s'approchèrent de moi. Heureusement aucune des deux ne m'avait repéré.
Cachés par l'ombre des arbres, je ne pouvais pas distinguer leur visage mais je devinai qu'ils étaient des hommes.
-Il n'y a rien ici, fit le premier d'une voix rocailleuse.
-Puisque que j'te dis que si ! Je l'ai vu ! Il est passé ce matin !
-Il n'y a rien !
-Il était pourtant là ! s'obstina le deuxième.
Ils tournèrent en rond pendant un moment avant de disparaître complètement. Je descendis de mon arbre et retournai au campement en surveillant attentivement les alentour au cas où il y en aurait d'autres.
J'entendis des cris provenant du campement alors que je m'en approchais. Je reconnus immédiatement la voix de Lizéa et courus la rejoindre.
Quand j'arrivai, je découvris les deux étrangers blottis l'un contre l'autre derrière Lizéa. Elle tenait un couteau ensanglanté dans la main, penchée au-dessus d'un cadavre. Je déduisis au couteau qu'elle tenait et à son air paniqué que c'était elle qui avait tué l'homme à ses pieds.
-Il allait crier ! Il allait en faire venir d'autres et je savais pas quoi faire et...
Ses yeux s'emplissaient de larmes pendant qu'elle parlait. Je m'approchai d'elle et posai délicatement une main sur sa joue.
-Et c'est bon, tout va bien, t'as fait ce qu'il fallait Liz tout va bien.
Je passai maladroitement une main dans son dos et l'attirai contre moi pour la calmer. Je n'avais jamais été très doué en réconfort étant donné que j'avais toujours détesté le contact physique avec d'autres personnes et qu'à part ma mère décédée, personne ne m'avait jamais appris à prendre soin des autres. On m'avait seulement enseigné tout ce qu'il y avait à savoir sur le combat et la survie, et la première chose qu'on m'avait dite était de faire taire mes sentiments pour agir avec ma tête et pas avec mon coeur.
-Ça va aller ? demandai-je.
-Je crois bien.
Elle s'écarta et me sourit rapidement.
-Il faut emmener le corps ailleurs, déclarai-je. Aller viens Liz.
Elle hocha la tête et attrapa les pieds du cadavre pendant que je le soulevai par le dessous des bras.
-Les gens qu'on a entendu tout à l'heure, dis-je quand nous étions assez loin des étrangers. Je ne les ai jamais vus. Ce ne sont ni des hérétiques, ni de ceux du marais, ni des villageois.
-Alors c'était des étrangers, conclut Lizéa.
-Non ils connaissaient trop bien l'endroit, ils savaient ce que ils cherchaient.
Je l'emmenai vers le bord de la falaise et comptai jusqu'à trois en faisant balancer le corps. À trois nous lâchâmes le cadavre au-dessus du vide et il se fracassa contre le sol quelques instants plus tard.
Je me penchai pour regarder où il avait atterri. J'aperçus les deux mêmes silhouettes que j'avais observées du haut de mon arbre.
-Liz regarde, dis-je en montrant les deux ombres du doigt. Ce sont eux.
Ils marchaient avec assurance et semblaient sûrs d'où ils allaient.
-Ce n'était peut-être que d'anciens habitants de passage, suggéra ma compagne.
-Il n'y a plus d'anciens habitants de passage depuis au moins cinq ans Liz.
-Qu'est-ce qu'ils ont de différent des villageois ?
-Tout. Ils ne hurlent pas à la mort, ils sont discrets, ils paraissent relativement sains d'esprit.
-Personne n'est sain d'esprit ici, pas même nous, regarde on vient de jeter un homme qu'on a tué du haut d'une falaise.
Je soupirai en hochant la tête, ne pouvant que lui donner raison. Plus personne n'était normal dans cette vallée, pas même ceux qui essayaient de garder un semblant d'humanité. Nous avions vu trop d'horreurs pour aller bien. Nous vivions dans un endroit trop atroce pour prétendre être purs. Nous n'étions rien de tout cela, nous étions traumatisés, affamés, fatigués, terrorisés, et pourtant il nous fallait continuer de vivre. Continuer de nous lever le matin, réveillée par le soleil, en nous disant que peut-être ce jour-là tout allait s'arranger et que nous sortirions de cet endroit maudit. Mais rien n'allait jamais mieux et tous les jours c'était la même routine : chasser, piller, fuir, se cacher, tuer et se faire croire que tout allait s'arranger un jour.
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Ouais j'ai disparu sorry xD Le lycée c'est une catastrophe j'ai plus le temps de rien :/ Mais j'ai réussi à me remettre à wattpad eheheh
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