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Chapitre 45 - Le sanctuaire


Mon bras se resserra sous les genoux d'Angelina, j'empoignai son dos de l'autre. En rentrant nos ailes ensemble, je la soulevai du marbre en miettes.

Vers la coursive effondrée, les cris ne diminuaient pas. Pire, ils se multipliaient. Son corps serré contre le mien, je fis un premier pas à l'opposé, avant de me mettre à courir. Les appels devenaient fous. Je m'enfonçai sans réfléchir dans le premier couloir que je vis.

Entre les mares de poussières et les débris, mes pieds battirent les dalles, puis les marches. Je ne savais pas vraiment où j'allais, j'écoutais les échos, sentais ce que je pouvais des centaines d'auras qui nous talonnaient, pour trouver la seule voie où personne ne nous croiserait. Mon cœur battait en cadence avec le sien, ses mains blanches serraient les étoffes sous mon plastron. L'Angevert se recroquevillait, l'aura de nouveau faiblissante.

Nous étions de retour au rez-de-chaussée. Je me tournai vers les escaliers emplis de voix, puis vers la salle du trône, condamnée par une cascade de blocs et de fragments de statues. Les corbeaux étaient si proches que je parvenais à comprendre ce qu'ils disaient. J'avais besoin de respirer. Mon dos se colla à une colonne.

Angelina s'était endormie.

— Où te caches-tu, petit Angevert ? chanta une voix en écho.

— Allez, reviens, petite rose !

— Petite fleur !

« Si tu veux nous aider, il faut sortir la Princesse du château. »

Face à moi, le visage de Krishna remplaçait ceux des bas-reliefs fissurés.

« C'est l'endroit dans lequel nous mettrons le plus de temps à entrer, en particulier dans le sanctuaire, au sous-sol. »

« Le sanctuaire... » me répétai-je.

— On a couru dans les escaliers ! cria-t-on soudain.

— Où ça ?

« Si certains décidaient de l'y emmener, cela pourrait même nous mettre en difficulté. Nous n'avons plus beaucoup de soldats, malheureusement... »

« Mais sans l'Angevert pour mettre un terme au combat, les deux armées s'entretueront. » pensai-je.

Les bas-reliefs prirent l'apparence de Galliem, tandis que dans les jardins, des auras avançaient dans notre direction. Lèvres pincées, j'expirai le plus lentement possible, revins sur mes pas en silence, jusqu'à trouver un nouvel escalier. Je me surpris à remercier les Angeverts. Les marches descendaient.

Le corps d'Angelina sauta avec mes enjambées.

« Je la mets en sécurité, me répétai-je, en m'enfonçant dans l'obscurité. Je la mets en sécurité, et je vais chercher Galliem, et les autres. »

La luminosité baissait. Je ne savais pas combien de marches je dévalai. Elles s'enroulaient dans cette large spirale, qui semblait s'enfoncer à travers la deuxième strate. Quelques flambeaux dorés éclairaient de leurs braises cette route du dernier espoir. Je courais le long de la rampe, Angelina serrée contre moi, jusqu'à ce que le sol devienne plat.

Des dalles aux contours dorés brillaient dans une douce pénombre. Au bout d'une allée scintillante d'encensoirs, deux épaisses portes barraient le chemin, enrobées d'arabesques d'or. Elles m'en rappelaient d'autres, sur une île pas si lointaine. Mais ici, au cœur d'un château à la richesse si épurée, elles semblaient presque de trop.

Mes pas avancèrent à leur rencontre. La plante des pieds en feu, je tanguai bien trop de fois, avant d'atteindre les battants. Leur sommet me dépassait de plusieurs têtes. Je baissai le regard sur la poignée, un anneau épais, illuminé de la lueur des braises. 

Angelina serrée contre moi d'une main, je tirai l'anneau de l'autre.

Les portes restèrent immobiles.

Une sueur froide me coula dans le dos. Je tirai plus fort, toujours rien. Un juron s'étouffa entre mes dents, je campai les pieds sur les dalles, me penchai en arrière. Pas le moindre grincement. Mon poing s'abattit sur les arabesques.

— Il y a quelqu'un ?

Je n'osais pas crier. Pas de réponse, je frappai plus fort, tirai l'anneau de plus belle, mais c'était inutile. Le pouvoir se réveilla une seconde, pour mieux me rappeler qu'à ce stade, l'utiliser me mettait plus en danger qu'autre chose.

Cœur vide, épuisée, mon poing s'abattit une dernière fois, avant que je ne m'avachisse sur la porte. Mes bras n'en pouvaient plus ; les jambes d'Angelina s'allongèrent sur les dalles. J'installai son dos maigre contre moi. Assises l'une derrière l'autre, je me tordis, pour tirer l'épée hors de ma ceinture. 

Arme en main, je surveillais l'escalier. Mais par tous les cieux, voilà que je voulais m'endormir.

Heureusement, le mouvement s'amorça avant que je ne m'affale complètement contre la porte. Un soubresaut agita l'anneau. Un battant se décolla de l'autre. En catastrophe, je tirai Angelina en arrière, lame tendue. La porte ne poursuivait pas sa route. A peine entrouverte, elle s'était arrêtée.

La pointe d'une épée visait ma gorge.

— Vous ?

Ahurie, je ne pris pas la peine de lever la tête. La voix qui murmurait dans l'ombre me disait vaguement quelque chose ; je reconnus l'arme avant la personne.

—Général ? bafouillai-je.

Une main sur l'anneau, l'autre sur son épée, la chevelure blonde du militaire se discernait bien dans la pénombre. Son regard, plus incisif que jamais, fixa en vitesse l'Altesse échevelée contre moi, mon plastron très peu vendomedien, la lame de second rang qui me faisait office d'arme et ma main qui la tenait, aussi tremblante qu'inefficace.

Puis il jeta un œil vers les marches.

— Entrez.

Alors que mes forces semblaient m'avoir abandonnées, j'obéis sans attendre. Je dus jurer dans toutes les langues en tentant de me relever sans tordre Angelina, avant de claudiquer la tête haute vers l'intérieur des portes.

Le Général ferma le battant d'un geste sec.

J'avançais. C'était grand.

— Comment connaissiez-vous l'existence de cet endroit ? murmura le haut-gradé derrière moi.

Les pieds d'Angelina se prenaient dans les miens. Toujours en marche, je fis la grimace, avant de répondre, sans oser me retourner.

— Son Altesse m'a dit de la conduire ici.

— Quelle présence d'esprit...

Le ton m'incita à lui jeter un œil. Un sourire se devinait sur son visage, dans l'obscurité de grandes arches. Se doutait-il du mensonge ? Je le fixai, le temps qu'il rengaine son arme, puis dérivai sur la pièce, dans le nouvel écho de ses pas.

Au centre d'une rangée de colonnades, sous des arches de pierre blanche, l'eau claire d'un bassin circulaire tremblait par moment. Une fine pluie de poussière tombait des voûtes, tintait sur des encensoirs, des coffres dorés, rebondissait sur des tapis, des coussins larges et épais, brodés d'or et d'émeraude.

Les couleurs me rappelèrent qui je portais.

— Vous voyez, mon Général, soufflai-je, la voix sèche. Nous avions les mêmes objectifs.

Je n'avais toujours pas récupéré mon souffle, ni mes forces, et jamais je n'aurais osé lui lancer une telle remarque en face. Je continuai à avancer, machinalement, mais près de l'eau, je m'arrêtai, en réalisant que j'errai dans cette salle sans savoir que faire.

Sur la surface ondulée, je fixai ces cheveux sombres, mouillés par la brume, ébouriffés par le vent. Une longue chevelure blonde et lisse ne tarda par à les rejoindre. J'avalai, en serrant un peu plus le corps rachitique contre moi. Ce regard fixe planté dans le mien, qui brillait d'une détermination sans faille, insufflait à mon dos rompu l'envie de se mettre au garde-à-vous.

Galliem et Angelina luttaient dans mon esprit. Qui rejoindre, qui garder près de moi ? La vulnérabilité de l'une semblait l'emporter sur la combativité de l'autre, mais la présence du Général rebattait les cartes. Je réentendis ses menaces à mon égard. Il se souciait sans doute plus de la sécurité de l'Angevert que je ne le faisais moi-même.

Avec une inspiration, je me résolus à me détourner de l'eau, pour lui faire face. Lui, sa cape quadricolore, et son regard fixe, n'étaient qu'à quelques plumes de nous. Avant de changer d'avis, je passai les genoux osseux d'Angelina dans le creux de mon coude. 

Dents serrées, je tendis les bras.

— Je vous la confie.

Le Général me toisa, une seconde. Puis il baissa les yeux. Angelina vibrait avec mes bras endoloris, tête pâle renversée.

— Prenez soin d'elle, parvins-je à articuler. Je vais aider les autres, puis je r-reviens.

Par prévenance, il dut se garder de dire que dans mon état, je ne risquais pas d'aider grand-monde. Silencieux, il se contenta d'avancer les bras quand je lui tendis ma protégée. 

Membre après membre, je l'allongeai entre les mains du Général. Ses os étaient si saillants que je les sentis un à un quitter mes brassards. Je fixai chaque parcelle de son corps qui me quittait, comme si à chaque fois un morceau de mon âme partait avec lui.

Un dernier voile glissa le long de mes doigts. Murée dans le silence, je contemplai un instant ce visage fragile, que j'avais soutenu si longtemps. Les mèches blanches s'égaraient sous les plis de la grande cape. Les mains longues et squelettiques se recroquevillaient maintenant contre l'habit noble du Général.

Le militaire ne me regardait plus. Tête penchée sur mon Altesse, il sembla doucement la serrer contre lui. Un profond soupir me démangea, je leur tournai le dos, pour avancer vers la porte.

— J'ai toujours su que je pouvais compter sur vous, murmura une voix placide.

Son compliment me mit légèrement du baume au cœur. Mais même libérée d'un poids, marcher restait plus difficile que jamais. Je voulais m'arrêter ; je me l'interdisais. A la moindre hésitation, je sentais que ne quitterais plus cet endroit.

La porte se rapprochait, une clé plantée dans le bois au-dessus de l'anneau. Derrière se trouvaient les cris, le fracas des armes, le chaos. Les dalles se succédaient sous mes pieds, et je ne savais plus si je les voulais plus courtes, ou plus longues. Je voulais rester. Dormir. Face à la porte, j'abattis une main sur l'anneau, avec plus de force que je n'en avais.

Ce fut à cet instant que je sentis l'aura.

Un sursaut fugace. Un court moment d'attention. Le pouvoir sentit ce changement, soudain, que je comprenais sans pouvoir l'expliquer.

Le silence se fit lourd. Les battements de mon cœur se ravivèrent. Des questions, des excuses, tout se succéda dans mon esprit engourdi de fatigue, alors que je fixai encore ma main posée sur l'anneau. J'avais peut-être rêvé. La magie me jouait peut-être des tours. Toujours dos à la salle, mes doigts se levèrent. Ils se tendaient, doucement, vers le pommeau de mon épée.

— Vous savez que c'est inutile, major.

Je dégainai et me retournai. Le Général n'avait pas bougé. Même son visage ne s'était pas décollé de celui, endormi, de la déesse entre ses mains. Pourtant, malgré son calme, je ne pouvais oublier ce que j'avais senti. Ce qui était toujours là. Ce qui s'insinuait autour de moi, qui m'empêtrait dans les fils d'une toile invisible.

Dans cette salle, nous étions deux de trop à posséder la magie de l'Angevert. Et l'un d'entre nous utilisait consciemment ce pouvoir interdit.

La haine me saisit plus fort encore que l'horreur.

— Rama, articulai-je en tremblant.

Le Général leva enfin les yeux.

— Enchanté, major.

Trop tard, je vis les lumières vertes s'éclairer sous sa cape, se lever au fond de son regard, fondre sur moi à une vitesse fulgurante. Je ne sentis plus le froid sous mes pieds. Je ne sentis plus le poids de mon épée.

Ma conscience tenta de résister. Mais elle se fit aspirer dans le vide le plus horrifiant. 

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