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Chapitre 24 - La salle secrète


Fen ne s'asseyait toujours pas.

— La zone est sous contrôle, major Walkaerys.

Grande cape rouge sur les épaules, un autre major me fixait, radieux. Rien ne me donnait envie de lui sourire en retour, mais je le fis quand même, pour ne pas le laisser face au visage froid qui me sauvait la mise depuis une bonne heure.

Le vent soufflait toujours depuis les remparts. Il emportait avec lui des restes de brumes, des bribes de discussions, et, surtout, ces cris farouches, que je me forçai à ignorer. La force des rafales aurait pu dégager Fen, en équilibre sur ses deux brindilles de jambes. Mais il restait face au vide, à la fois instable et immobile. Si près du bord, je suspectais Pleh de rester à côté pour vérifier qu'il ne lui arrive rien de fâcheux.

Tout soldat qu'il était, le noble avait dû en baver. Jamais je n'avais vu des liens aussi solides ; ils avaient été renforcés avec une sorte de cire à l'odeur infâme. Le drôle de harnais m'avait aussi interloquée. Sur le haut de son dos, des systèmes faits de plaques de métal et de lanières de cuir avaient empêché au déploiement des ailes. Ces choses lui avaient tant comprimé la peau, que Fen en gardait encore des traces rouges et crasseuses, qui s'ajoutaient aux éraflures, aux blessures infectées, aux croutes de cambouis remplies d'échardes. Les yeux rivés sur son dos meurtri, j'espérais pouvoir bientôt discuter avec lui.

Pleh posa une main sur l'épaule de Fen, sans que celui-ci ne réagisse.

— Les mécaniciens qui ont survécu aux Cordes ont été interpellés, déclara un nouveau major.

Trois majors. Cent-vingt soldats. Pour une poignée de sympathisants d'Utopie et pas plus de nobles sauvés de leurs griffes. Je hochai la tête, en écoutant la conversation de mes collègues d'une oreille. Mon esprit repensait à ces silhouettes, pendues dans la brume au-dessus du vide. Les nobles s'étaient envolés vers une direction invisible, mais qu'ils avaient tous devinée, sans doute. 

Qu'avaient-ils pensé, dans ce voyage vers la dernière de leurs utopies ? S'étaient-ils vus torturés ? Morts ? 

Je repensai à l'épée de Narayan. Puis l'image s'évanouit aussi vite qu'elle était apparue.

— Elle est terrible, décidément.

Après ce qui venait de se passer aux Cordes, j'avais encore plus de mal à imaginer ce que cela pouvait faire de mourir.

— Pourquoi font-ils cela ? questionna l'autre major.

— Elle cachait une arme dans ses cheveux.

Par toutes les rafales glacées, il fallait qu'ils se mettent à parler d'elle. C'en fut trop, je cédai, et jetai un œil vers le dernier tapage récalcitrant du Cœur Noir.

Depuis de longues minutes, Valentesa hurlait en se tordant au milieu des uniformes, alors que mes hommes tentaient de lui réduire cette chevelure irrationnelle. Maintenue avec peine, elle agitait ses pieds fous dans une masse rose filandreuse, se tournait et retournait, tentait de saisir tout ce qui passait à proximité de sa bouche.

« Mince. »

Elle avait vu que je la regardais.

— M'AX ! rugit-elle.

Je l'ignorai de nouveau, en même temps que les soldats tournés dans ma direction. Ces yeux, même à l'autre bout de la fosse, je ne savais que trop bien ce qu'ils voulaient dire.

« Je te hais. » pensai-je avec amertume.

— TU ES LA PIRE DE TOUS ! TOUS CEUX QUI...

Sa voix se coupa. Je me risquai à l'observer, du coin de l'œil. Bras tendus, une de mes soldates collait ses deux mains sur la bouche de la chanteuse. Elle barrait son visage, mais laissait visible ce regard rouge et assassin. La rose frappait avec ses épaules, ses hanches, sa tête. Une secousse puissante la dégagea, elle hurla à pleine voix :

— TU NE RESSENS RIEN ! RIEN ! JAMAIS !

Ses boucles immenses disparaissaient entre les ciseaux, remplacées par quelques mèches fuchsia sous ses oreilles.

— TU NE RESSENS RI...

L'inconvénient, quand on usait toute sa concentration pour crier, c'était qu'on ne surveillait pas ses arrières. Un coup de bâton derrière sa tête transforma la folle furieuse en poupée de chiffon.

Le silence qui suivit prit des allures étranges. Les majors semblaient avoir perdu le fil de leur conversation. Peut-être fixaient-ils aussi ce soldat, qui tenait le bâton, et qui serrait son arme plus fort que si la silhouette amorphe allait se réveiller, pour se jeter sur lui. 

Mais le courage revint vite. En quelques gestes, les dernières longues boucles rose tombèrent sur le sol. Puis trainée par les bras, la chanteuse s'éloigna vers les nouvelles cellules du Cœur Noir. 

Je soufflai discrètement dans ma cape. 

Valentesa avait disparu.

— ... Les murs sont solides ? s'enquit un major, doigt levé vers les constructions biscornues.

— La partition du fer est en train d'être revue, répondit l'autre. En attendant, gardez-les tranquilles, cria-t-il aux soldats.

— On dirait que mettre le mot « Utopie » sur les derniers événements réveille les passions...

Je raillai dans ma barbe. Mes collègues m'ignorèrent. Mais passer tout le monde sous les verrous, et changer cet endroit en parc à cellules, plus que de la prudence, j'appelais cela un sursaut de paranoïa. La hiérarchie avait-elle peur à ce point d'Utopie ? D'un petit complot, liquidé et enterré par une simple opération d'envergure ? Quitte à s'inquiéter, il aurait fallu le faire avant...

Alors que mes collègues paradaient sur la vitesse d'action de nos hommes, je m'éloignais, le pas errant vers Fen et Pleh. Les majors se vantaient, mais parmi les anciens mécanos, aucun n'avait fait le cirque de Valentesa. Ils s'étaient laissés faire, apathiques, alors même que certains n'avaient pas succombé aux beaux discours d'Utopie. Je l'avais dit et répété, ils n'étaient pas tous coupables. La trahison ne concernait qu'un groupe réduit, dont la rose était le noyau. Mais la Couronne devait en avoir décidé autrement. 

Après tout, j'avais trop vu cet endroit, ils pouvaient bien en faire ce qu'ils voulaient. 

Je resserrais la cape à l'approche du vent. Fen n'avait pas bougé, Pleh essayait vainement d'attirer son attention.

La rose qui me prenait pour une Utopienne, le discours de Kay au musclé l'autre nuit, tout cela m'avait mis la puce à l'oreille. Cette île de malheur tramait quelque chose au Cœur Noir. Avec leurs soldats en moins, les corbeaux s'étaient mis à recruter les imbéciles ? En promettant liberté et justice à tous ceux assez bêtes pour le croire ? Améliorer la vie des miséreux, et mener une guerre pour s'accaparer l'Angevert, franchement, j'avais du mal à voir le lien entre les deux objectifs.

Fen s'inclina.

Un cri suraigu coupa net mes pensées. Au bord des remparts, Pleh, bras serrés autour de Fen, semblait lutter pour reculer. Le noble libéré hurlait avec lui, d'une voix sortie des enfers. Il s'agitait et s'effondrait en même temps, dans des invectives incompréhensibles.

Des soldats me dépassèrent, s'envolèrent pour les séparer. Fen ne tenait plus sur ses jambes, il leur tomba littéralement entre les mains. Pleh, en face de lui, sergent à ses côtés, semblait difficile à calmer. Je restai bête, les yeux sur mes collègues. Les majors dans mon dos eurent un rire nerveux.

— Eh bien, à peine débarrassés d'un trouble-fête, en voilà un autre qui sort de l'ombre...

Mais en reconnaissant le rouge sombre des cheveux de Fen, peut-être mon collègue regretta-t-il ses paroles. Un ordre plus tard, il envoyait des soldats guider An-Chenlei vers le poste de garde le plus proche.

Mon objectif passa à côté, soutenu par son escorte, sans m'adresser un regard. Ses yeux en amande rivés sur le sol, le pas mal-assuré, il avait encore l'air d'un prisonnier à la merci du premier agresseur. Sa posture fière s'était envolée. Son regard neutre était resté, mais plus vide qu'il ne l'avait jamais été.

Pleh descendit seulement des remparts une fois le noble hors de la salle.

— Ça va ? lui demandai-je, devant son air atterré.

Alors qu'il semblait révolté quelques minutes auparavant, il avait plutôt l'air d'avoir vu un fantôme.

— ... l'était en train de tomber, murmura-t-il.

Lui aussi regardait le sol. Allons bon, étais-je si repoussante ? Je lui plaquai une main sur l'épaule.

— Tu l'as rattrapé.

— Il me hurlait de le lâcher.

Son ton me fit reculer.

Fen l'avait toujours détesté. Ces quelques mots auraient pu vouloir dire tout et son contraire. 

Pourtant, à l'attitude de mon collègue, je saisissais ce qu'il ressentait. Je revoyais la scène. Et je comprenais.

Jusqu'à ce que nous nous mettions à fouiller le Cœur Noir, Pleh ne prononça pas un mot de plus.


— C'était par ici...

Les majors bavards et moi-même, nous suivions Pleh comme son ombre. Oreille collée de paroi en paroi, il cognait contre les planches, les tôles.

— Pas là..., murmura-t-il sur un mur. Pas là non plus...

Sans ce raffut, nous l'aurions presque perdu, dans ce noir à couper à l'épée. Les galeries qui reliaient les Poulies au Cœur Noir étaient peut-être plus praticables que celles des prisons, elles n'en demeuraient pas moins aussi éclairées que le centre du nuage une nuit sans lune.

— ... Ah.

A peine son ton changea-t-il, l'ombre d'un major passa devant moi. Il écarta Pleh de la main, puis se pencha sur la paroi biscornue, que rien ne différenciait du reste. Mais d'un coup de poing retentissant, le soldat prouva que le patchwork dissimulait du creux.

J'agrippai une partie du panneau, les rebords n'avaient pas été si difficiles à trouver. En coordonnant nos mouvements, le major et moi dégageâmes une entrée, un peu moins grande qu'un homme. Aussitôt, une odeur s'en échappa. Piquante, elle avait l'air d'avoir attendu des siècles enfermée ici. Je pinçai les doigts sur le nez, laissai passer les autres capés devant, pour souffler à Pleh :

— Bon drabail.

— De l'ai bresque troubée bar hasard, répondit-il sur le même ton, tandis que les gradés, dans l'ancienne geôle des nobles, semblaient trouver quelques surprises.

Je regardai l'explorateur de travers.

— « Bresque » ?

— Du grois que je me berdais bolontairement dans les galeries à nettoyer ? répondit-il plein de malice.

Je jurai voir son regard briller dans le noir.

— ... Enfin, je me berdais barfois, glissa-t-il, avant de s'introduire à son tour dans la salle secrète.

Lèvres étirées, je le suivis.

Une bougie avait été allumée dans le fond de la pièce. Celle-ci était trop basse pour se tenir droit, assez grande pour contenir quelques malles, et sans doute une dizaine de prisonniers entassés. Mains perdues dans l'une des caisses, un major sortait objet sombre sur objet sombre. Le temps de m'habituer à l'obscurité, je vis ce qu'il jetait au sol avec autant de fougue. Des masques de cuir. Pourquoi cela ne m'étonnait-il pas ?

Pleh se mit en tête d'ouvrir une autre caisse. Rêveuse à la vue des masques, je l'aidai à moitié. Le bois vermoulu par l'humidité céda au bout de quelques tentatives sur les arrêtes. Mais le fruit de nos efforts me refroidit ; au fond du bois, il n'y avait que de la paperasse. Je laissai Pleh s'en saisir, perdue de nouveau sur les ombres de mes collègues. Ils tergiversaient de plus belle.

— ... L'île n'a pas été à portée d'ailes depuis la dernière attaque.

— Certes, mais comment ont-ils pu déposer tout ça ici ? Ça, et ça, c'est en trop bon état. C'est récent.

Un coup de pied rageur écrasa des orbites vides au sol.

« Effectivement. » pensai-je.

J'aurais aimé leur donner une réponse. Mais je n'en avais pas.

Par contre, nous avions une preuve supplémentaire que l'île avait beau être « loin », elle ne l'était en réalité pas tant que cela.

Et que si nous n'avions pas fait cette découverte, notre Angevert aurait sans doute eu chaud aux plumes.

— Heu... Lyruan ?

Je me retournai vers la caisse. De larges papiers à moitié moisis me faisaient la conversation.

— Quoi ?

— R-regarde.

Les parchemins s'abaissèrent, et le regard de Pleh avec eux. Il ne les quittait pas des yeux, son intérêt m'incita à me pencher à mon tour. 

Mais je ne compris pas tout de suite.

— Qu'est-ce que c'est que toutes ces lignes ?

— Des plans, répondit mon collègue toujours sans se redresser. Ici un mur, ici une tour, là une deuxième...

— On dirait un château.

Ma réflexion lui arracha un tic.

C'est un château, Lyruan. Celui de la Prairie. Et là, là aussi, tu as toutes les entrées.

Les lignes passèrent et repassèrent sous mes yeux plusieurs fois. Je déglutis, froissai le plan en m'en saisissant à mon tour.

— Ces ordures planifiaient leur entrée discrète dans le château ?

— Ce n'est pas le plus important, Lyruan...

— Tu plaisantes ? Et l'Angevert ? Tu crois qu'elle pourrait fuir, si on venait la pêcher de l'intérieur ?

Il leva enfin les yeux. Des yeux d'un sérieux inébranlable. Avec un calme que je ne lui connaissais pas, il articula, à voix basse :

— Ces plans ne sont pas censés se trouver en troisième strate. Quelqu'un les leur a fait parvenir. Quelqu'un qui a accès à la Prairie.

Il rejeta les plans au fond de la caisse.

— Il y a un traître parmi nous, déclara-t-il, vibrant.

Les papiers reposaient inertes au fond de la caisse. 

Leurs lignes innocentes se fondaient dans le noir comme autant de serpents vicieux. Des lignes tracées à la plume, à la plume noire, peut-être. Tête encore penchée, mes yeux se rivèrent sur les deux ombres plus loin dans la pièce. Les majors avaient cessé leur fouille, ils avaient sans doute tout entendu.

Mon esprit s'était remis à tourner.

« Moi, je fais confiance au plan de ce Rama. » résonna la voix de Kay.

« Où est Rama ? » lui répondit la mienne.

Et je réentendis le rire de mon interlocuteur inconnu, qui ne voudrait pas me donner plus d'informations.

« Rama est ce traitre, pensai-je. Il planifie tout, il contacte des conspirateurs en troisième strate et les aide. »

Les majors et nous nous faisions désormais face.

« Est-ce toi, Rama ? me demandai-je en les dévisageant. Ou es-tu ailleurs ? Te terres-tu dans une cachette comme celle-ci, là où personne ne te trouvera ? »

La question revint malgré moi.

« Où est Rama ? »

Et inlassablement, le rire retentit de nouveau.

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