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Chapitre 21 - Enfer (partie II)



« C'est pas passé loin. »

La lame me renvoyait l'image de mon visage tiré, perdu au milieu de gouttes de sang.

« La robe. »

Déchirée. Evidemment. Mais, franchement, je n'avais pas le temps de m'en soucier. J'avais une seconde pour me sauver la vie. Peut-être moins. Les cordes sans fin qui menaient au sommet du nuage pendaient tout autour de moi ; j'en saisis une, l'agrippai à m'en détruire les mains. Je me laissai glisser, à temps, l'épée replongeait déjà sur moi.

La lame griffa mon bras, à la fois brûlante et glaciale. Déchirées contre la corde, mes mains s'en décollèrent dès que je sentis quelque chose sous mes pieds. J'étais parvenue à l'une de ses barres de métal pourvues de poignées, auxquelles on se tenait pour voyager ici. La corde se coinça aussitôt dans mon coude. Je jetai un regard sur mes paumes ; elles étaient rouges, sanguinolentes, à vif jusque sur mes phalanges. 

Avant d'avoir la mauvaise idée de regarder sous mes pieds, je levai la tête. L'Utopien ne m'avait pas suivie. Une dizaine de mètres plus haut, ses grandes ailes noires brassaient l'air de bout en bout du passage. Ses plumes échevelées frôlaient les cordes, en dégageant chaque fois un nuage de poussière noire. Il ne devait pas oser bouger. Avec sa taille et le nombre de cordes autour de lui, il aurait vite fait de perdre le contrôle de son vol.

Pourtant, cela crevait les yeux, il avait envie de me rejoindre. Ses battements dantesques et automatiques se trahissaient par des vibrations, qui secouaient le bout de ses plumes. Peut-être avait-il sinon envie que je le rejoigne. Son éternel sourire pouvait avoir un air de provocation, maintenant que je ressemblais à un haillon sur pattes, ébouriffé, et dégoulinant d'une sueur bien plus rouge que je ne voulais l'admettre.

Ses yeux me lâchèrent un instant. Avant que ne commence à me méfier, il étendit son épée vers la corde que je tenais.

Son arme dut la désintégrer comme j'avais détruit les murs des prisons. J'imaginai les filaments disparaître contre la lame aux reflets verts, transformés en poussière. La corde se disloqua au-dessus de ma tête. La barre métallique s'affaissa sous mes pieds. Le cœur en chute libre, je me jetai les mains en avant vers la corde la plus proche, alors même que mon perchoir basculait à jamais.

La corde s'effondra d'un bloc. Dans un fracas de poulies arrachées, les mécanismes s'envolaient dans le vide tels des arbres déracinés par un ouragan. Une longue déflagration retentit sur le sol. Yeux clos, je sentis l'air vibrer jusque dans mes cheveux. Puis, souffle coupé, je me forçai à vérifier le plancher.

Un bon kilomètre plus bas, la corde soulevait des torrents de poussière, à moins que ce ne soit la brume, qui s'engouffrait par l'ouverture. Le sol semblait s'être affaissé d'un bon mètre. Mais je n'avais pas le courage de m'y attarder. Pleh était encore visible, c'était tout ce que je voulais vérifier. 

Je me retournai vers l'asperge. Il se déplaçait vers le centre, sans doute en quête d'une autre mauvaise idée. 

Battement après battement, hors des cordes, ses ailes se déployaient sur toute leur longueur. Certaines plumes noires étaient aussi longues que mes bras. Mes mains se comprimèrent sur la corde, ma respiration s'accéléra. 

Je voulais l'imaginer plus petit. Beaucoup plus petit. La taille de Chef, au maximum. 

« Qu'est-ce qu'il fait ? » me demandai-je pour me calmer. Sa tête noire me délaissait de nouveau. Il regardait à droite. En l'air. Un coup d'aile l'orienta même vers le sommet. « Il veut monter ? » Mon cœur s'emballa à l'idée de le voir débarquer sur la Prairie. Mais seul contre les trois casernes, il n'irait sans doute pas bien loin... « Allez, vas-y. » l'encourageai-je mentalement. Peut-être aurais-je dû insister davantage, car il ne parcourut pas le moindre mètre vers le château.

Son visage se figea dans une autre direction. Je haïs la distance, qui m'empêchait de voir ce qu'il fixait. Autour de lui, passé les cordes, il ne devait y avoir que des plateformes, quelques soldats enveloppés de vert, et des caisses de matériaux. 

L'asperge s'envola vers les parois. Sceptique, je ne le quittai pas des yeux. A nouveau dans les cordes, il repliait ses ailes, battait l'air plus vite, pour ne pas perdre d'altitude. La plateforme se rapprochait, il était à plusieurs mètres de ma corde. Il ne me regardait toujours pas.

Il leva son épée.

Un sifflement de lame résonna dans le silence total. Puis une ombre chuta de la plateforme. Une silhouette.

Tête en avant, la personne ignorait les cordes autour d'elle. Elle ne déployait pas ses ailes. J'arrêtai de fixer l'Utopien quand le corps du soldat fila dans le vide à côté de moi, poursuivi par des filets de sang. Sa couleur verte avait disparue, mais il restait inerte, encore et toujours, alors que les boucles de la corde effondrée n'étaient plus qu'à quelques battements de lui. 

Je n'y croyais pas. Ou je ne voulais pas y croire. Mais à l'instant fatidique, quand sa tête entra dans la dernière seconde de chute, je détournai vivement le regard, avant que l'écho d'un bruit visqueux ne vienne confirmer ce que je n'avais eu le courage de regarder.

Mon estomac se retourna. Je refermai la prise sur la corde en vitesse, avant que ma tête ne se penche vers le sol. Yeux solidement clos, je pris de grandes bouffées d'air, des hoquets incontrôlables me soulevaient la poitrine. Je gainai mon courage pour fixer l'Utopien, larmes aux yeux. Mais il était autant désintéressé de moi que de ce qu'il venait de faire. Nez en l'air, il s'envolait vers une autre plateforme. Son épée se leva de nouveau, s'abattit dans un court reflet. Une giclure sembla éclabousser l'air, puis une nouvelle ombre sombra dans le vide des cordes.

Aucun cri. Aucun au revoir au monde. Les tombés silencieux se multiplièrent depuis les hauteurs. L'Utopien assenait coup sur coup, sans ralentir. Il abattait sa lame sur des pantins pétrifiés, incapable de se défendre, ignorants que le danger était venu les frapper sans s'annoncer. Je louchai vers ce massacre, avant de détourner la tête, de nouveau prise de convulsions.

Il me voulait moi. Mais il en tuait d'autres. Je déglutis avec peine, l'estomac au bord des lèvres.

Fallait-il que je le rejoigne, pour arrêter ce massacre ? Je vibrais d'impuissance, mon esprit me hurlait toujours de prendre la fuite. Deux corps frôlèrent les cordes, non loin de la mienne. L'asperge, en hauteur, continuait dans son entrain machinique. Guidés par sa lame immense, les corps volaient en tous sens, comme projetés par une force mystique.

Ma vie ou des vies. Je virevoltai à moitié entre les deux options, hors de question de me rendre. Hésitation mortelle. Les victimes se succédaient, et je finis par crier ma rage, en m'élançant vers la galerie de sortie. Mes mains saisirent les poignées. Les étriers. De corde en corde, ailes déployées dans l'espace qu'elles me laissaient, je m'arrimai aux prises en serrant les dents, me balançai, frappai l'air des ailes pour atteindre les suivantes. De sauts en sauts, dans l'air et la brume, j'avançai loin, vite, droit vers cette grande bouche noire, pleine de soldats immobiles.

L'énergie de l'asperge se stoppa soudain. Pendue par les mains, je me retins de m'éjecter au dernier moment, et enroulai mes jambes autour de la corde rêche, pour lever la tête. Il ne bougeait plus. Il me regardait, il regardait de nouveau autour de lui.  Un bon pressentiment me poussa à observer davantage. Mais aussi loin, c'était mission impossible.

Je laissai le pouvoir agir seul.

« C'est si facile, n'est-ce-pas, mon ange ? »

La magie de l'Angevert sondait les objets. Elle semblait s'immiscer dans chaque matière, chaque corps même éloigné, pour me permettre de jouer avec leur temps. Les mécanismes des cordes auraient pu se mettre en route, comme ils l'avaient été par le passé. Les poignées sous mes mains auraient pu se décomposer en vieille poussière de métal, si je l'avais pensé un peu plus fort. Mais j'ignorai toutes ces possibilités à ma portée. Je voulais savoir ce que l'asperge regardait. Les énergies immobilisées se firent inspecter à leur tour. Tout ce que j'estimai dans le champ de vision de mon ami à plumes.

Et un éclair de compréhension me foudroya sur place.

« Non... »

L'épée renvoya quelques reflets en se redressant.

« Il se souvient de... »

Les ailes noires s'activèrent. L'Utopien s'envolait dans les hauteurs, droit vers la plateforme. Vers ce soldat, je le savais.

Vers Trimidis.

— C'est après moi que tu en as ! hurlai-je de toutes mes forces.

Il avait trop d'avance. Il y serait avant moi. Dans un geste fou, je m'élançai au centre du passage, ailes plus déployées que jamais.

« Les cordes. »

Je serrai les poings.

Depuis quand est-ce qu'il me parlait, celui-là ?

« Tu peux bien m'écouter, quand il s'agit de sauver quelqu'un que tu aimes. Les cordes. Demande-leur de te porter vers lui. »

« Que j'aime...? »

J'essayai de réfléchir. Pas le temps. Un instinct me jeta sur la corde rouge, la plus rapide de toutes. 

Les poulies m'obéirent au premier orteil que je posai sur les étriers. Elles se lancèrent à pleine vitesse, tractant la corde plus vite même que je ne l'aurais crue capable d'aller. Vent dans les cheveux collés de cambouis et de sueur, je serrai les poignées de toutes mes forces, avec une rage que je n'avais plus ressentie depuis longtemps. 

L'épée virevoltait. Elle tranchait les cordes devant lui, comme s'il se frayait un chemin dans une forêt vierge. Des détonations écrasèrent le sol, de plus en plus proches des mécanos et de Pleh. Les reflets de son arme ne s'arrêtaient pas. Ils scintillaient d'un vert vivant, dans une danse vive, pressée, précise.

La corde m'interposa entre l'Utopien et la statue-Trimidis.

— Tu n'as peur de rien, sifflai-je à ces yeux sans vie.

Je répondis à sa place : « Toi non plus. » Son sourire ne le quittait pas, et l'épée n'attendait pas. Elle se levait déjà.

« Bon réflexe, mon ange. »

L'attache avait vieilli de plusieurs centaines d'années en moins d'une seconde. Elle rouilla, jusqu'à céder dans une explosion de poussière, quand je tirai à moi la barre métallique des poignées. Le maigre tuyau se leva avec mon bras, heurta la lame dans une explosion d'étincelles d'un vert plus clair que le jour. Une force surhumaine appuya contre mon arme, me secoua jusqu'au bout des plumes. 

Le temps ne se suspendit pas. Mais mon regard resta figé sur ces lueurs qui s'échappaient de nos armes enveloppées de vert. Des lucioles de vie. De toute-puissance. Un feu de joie étincelait contre l'autre épée.

L'asperge se recula. Il ne prononça pas le moindre son, mais je ne connaissais que trop bien cette attitude faussement patiente, qui invitait au duel. L'instant fut court. Mais il me montra sans doute ce que l'Utopien avait de plus humain. 

Ailes dans le dos, je m'élançai sur lui en criant, mon arme de fortune tenue à deux mains.

Une déferlante de force. Une puissance incommensurable. A chaque coup, mon corps entier se mettait à trembler. Mes ailes repoussées en arrière reprenaient leurs mouvements en catastrophe, je perdais chaque fois un bon mètre d'altitude. Toujours plus grand, toujours plus incisif, l'Utopien continuait. Il ne changeait pas. Ne faiblissait jamais, même pour un geste. Ses frappes étaient toujours les mêmes, faciles à deviner, mais chaque fois d'une vigueur que je parai mal. Mon maigre tuyau enveloppé de lueurs pliait doucement sous sa lame plus étincelante que jamais. Ses attaques broyaient mes bras de l'intérieur. Je devais me propulser en avant pour cesser de reculer. Et malgré cela, il continuait. Véloce, inarrêtable. Imbattable.

Trimidis avait servi d'appât. Cette mascarade de meurtres était un piège. J'y avais foncé tête baissée, en connaissance de cause, mais sans doute aurais-je dû écouter mon premier instinct. Poussée toujours plus bas, bras à peine levé et pouvoir usé en vagues incessantes, coup après coup, je voyais de nouveau ces immenses serres noires se refermer autour de moi.

La fin arrivait. Je devais fuir. L'image de ses ailes gênées parmi les cordes me revint, je me propulsai en arrière, à l'abris vers les parois.

Il rentra ses ailes.

Alors que ma main se refermait sur des poignées loin du centre, l'Utopien sans plumes terminait sa chute entre les cordes qui auraient dû me protéger. Ses yeux de rapaces étaient exorbités. Sa main libre ouverte si grand que j'y vus un filet à elle seule.

Deux grands pieds sales heurtèrent ensemble les étriers et les poignées. Dans un geste empli de cette force infatigable, un bras d'acier souleva mon poignet.

Je n'eus pas le temps d'avoir peur. 

Pendue au milieu des cordes, je ne sentais plus que les convulsions de mes ailes amorphes, les spasmes de mes muscles jusqu'au plus insignifiant, la douleur dans mes paumes brûlées, la sueur froide sur mon visage. La maigre barre de métal que je ne tenais plus sifflait dans le vide. Comme en réponse, l'immense épée se levait face à moi, une dernière fois.

Je ne pensai à rien d'autre qu'à fixer ces yeux vides, braqués sur les miens.

Une douleur glaciale me transperça la poitrine.

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