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Chapitre 12 - La créature de Terremeda (partie I)


Un bleu sous les ordres de Migonem aurait presque pu avoir une plus belle vie.

— M'wax, dépêche !

Mes bras eurent envie de lui renverser sur la figure la raison pour laquelle je ne pouvais pas plus me dépêcher.

— TU SAIS COMBIEN ÇA PÈSE ? hurla une voix derrière moi.

« Merci, Kay. »

— Tais-toi ! bondit Chef en marchant à reculons dans le noir. Pour une fois que l'autre cloche a réussi à nettoyer la bonne galerie !

Le dernier de la file ne se plaignait toujours pas.

— COMME SI MARCHER SUR DU PROPRE, ÇA ALLÉGEAIT LA FERRAILLE !...

— Tais-toi ! grogna encore le monocle.

— ... SALETÉ D'IDIOT !

La dispute continua même après que nous ayons tous les trois déchargé les poutres sous les vestiges du balcon effondré. Kay s'éloigna, trempé de sueur, et tête penchée sur un Chef au visage noircit depuis au moins deux jours. Tout le monde put suivre leur dialogue de sourd dans l'écho, ce qui ne manqua pas de faire se soulever les deux seuls sourcils roses du quartier.

Cette fille, Valentesa, était comme d'habitude nonchalamment assise sur la scène. Même après de longues journées à lui passer et repasser devant, je ne savais toujours pas quoi penser d'elle. Si au début l'étrange créature avait eu l'air de lire en moi comme dans un livre ouvert, maintenant, elle semblait m'accorder bien moins d'attention que ce qu'elle aurait dû. Remarquant que je la fixai, elle me renvoya un sourire doux et jovial. Un frisson incontrôlé me crispa le dos, que je m'empressai de lui tourner.

« Ça ne va pas être facile... »

Comment aborder les enlèvements avec eux ? Comment leur arracher que Fen avait été envoyé tête la première vers Terremeda, à la seconde où on l'avait ramené ici ? Je ne pouvais pas simplement interrompre Kay et Chef dans leur rixe imbécile sans éveiller les soupçons. Pourtant, je me rongeais les sangs en sachant que le temps passait, que si c'était avéré, nous avions autre chose à faire, et qu'en attendant, nous ne trouvions rien, tandis qu'ils savaient tout. Peut-être pas tous, mais au moins une bonne partie d'entre eux. Pleh en était convaincu.

Pabavar regardait la dispute en silence à côté de moi, son éternel sourire au visage. A le voir, on aurait presque pu croire que cette situation ridicule avait un aspect comique.

— ... et ne vient plus dire que le générateur peut supporter ta fainéantise ! lançait Chef énervé, un doigt pointé en l'air.

Kay s'éloigna enfin vers une porte précieuse par son matériau — du métal —, située sur la paroi non-loin de la scène, qui protégeait entre autres une drôle de fontaine de pierre. Un vestige ancien dissimulé derrière la modernité, en somme. Ses grognements s'entendaient encore quand je fis mine d'aller rejoindre Pleh, laissé prudemment seul au lustrage d'une ribambelle de tuyaux, qui s'écoulaient le long d'un pilier de balcon.

— Hé !

Je me retournai.

— Où tu vas ? me lança fort le baraqué, depuis l'autre côté de la fosse.

L'observation n'était pas à sens unique... Celui-là avait des yeux partout, enfin, surtout sur moi. Partageant un coup d'œil désolé avec mon collègue, je rebroussai chemin vers la source. Depuis la scène, Valentesa se mit à siffler un air guilleret.

Oui, difficile de mener l'enquête. Tout comme Pleh, je n'avais clairement pas la confiance de tout le monde, ici.

La pause était courte, le travail reprit. Une nouvelle fois, des vrombissements envahirent la fosse quand les machines dégoulinantes d'huile et baignant de fumée se mirent en route aux quatre coins de la salle. Une petite explosion retentit, me faisant bondir, mais aussitôt suivie d'un juron de Chef, ce qui suffit à calmer mon angoisse. Discret comme une ombre, j'entendais malgré tout Pabavar me suivre où que j'aille, de ses longues jambes à la cadence régulière. Ce drôle de géant sans âge semblait un des seuls ici à ne s'inquiéter de rien, à ne pas poser de questions, et à agir, simplement agir.

« Un bon petit gars ! » m'avait confié Chef, un jour où je lui livrais une poignée d'engrenages. « Il ressemble à Labouteille, ça doit être le fils de sa voisine. »

Préposé au déchargement avec moi, son visage inchangé le laissait finalement peu expressif. Mais pour autant, il ne me paraissait pas désagréable, et je trouvais même pratique pour mon infiltration de travailler avec quelqu'un d'aussi paisible.

Nous étions efficaces. Les caisses vidées et transportées des Poulies au Cœur Noir se comptaient en dizaines, jours après jours, tandis que je continuais à endosser mon rôle de Père Noël à gros bras. Livrant du plus basique morceau de bois, à l'épluche-pomme, des écrous de toutes les tailles, au morceau de trompette, à grand renfort de sourires forcés, je faisais tout mon possible pour m'attirer la sympathie des ingénieurs autoproclamés. Indirectement, les ordres du château m'aidaient dans ma mission, car au grand bonheur de tous ici, ce quartier était l'un des mieux approvisionnés en termes de babioles a priori inutiles.

Mais ce n'était pas toujours simple. Les courbatures, notamment aux bras, étaient devenues mes meilleures amies : elles et moi, on ne se quittait plus. Face à la pénibilité et aux horaires improbables, je ne savais même plus comment j'en étais venue à me plaindre du rythme de major. Malgré le soleil en journée, la nuit et le jour étaient des concepts qui n'existaient pas au Cœur Noir. On dormait quand on le voulait, où on voulait — mais jamais très longtemps, surtout quand Chef était dans les parages. Alors qu'il était prévu que nous le fassions régulièrement, même Pleh avait le plus grand mal du monde à quitter l'endroit, sans doute pour s'occuper de ce qui trainait chez lui. Le temps, sans rapport avec l'Angevert, n'en était pas moins tout aussi sacré ici-bas.

Pourtant, il m'arrivait d'être simplement obligée d'attendre. Et pendant ces moments, chaque fois que nous guettions, avec Pabavar et Kay, que le troisième homme du groupe revienne des négociations aux Poulies, je posais toujours un œil curieux sur cet univers à part entière. Au milieu des cacophonies stridentes, les énormes paniers allaient, venaient, arrivaient par l'ouverture, parfois remplacée par une énorme chape de brume. Ces jours-là, elle avalait les silhouettes, faisait disparaître les nasses, qui avaient l'air de se rejeter seules dans le vide. Cela aurait pu être amusant, mais en général, je ne m'y attardais pas longtemps. La zone-arrière pouvait aussi être très intéressante, surtout quand apparaissait ce chignon si familier, et ce visage des plus sérieux du monde, qui intervenait quelquefois au milieu des châtelains en toge.

Et ce fut peut-être mon imagination, mais un jour, il me sembla que nos regards se croisèrent, à distance. Aussitôt, je m'étais empressée de retourner au fond de l'entrepôt, où j'étais tombée sur les grandes jambes de Pabavar. Assis contre les caisses, il m'avait encore souri, de ce rictus neutre qui ne voulait rien dire, ni complice, ni amusé. Alors, je lui avais demandé, sans faire attention : « Tu penses qu'il m'a vue ? ». Bien évidemment, je n'avais rien obtenu de plus, mais avoir confié mes craintes à quelqu'un d'attentif avait suffi à me soulager, tellement que je m'étais même surprise à lui renvoyer son sourire.

Puis notre infiltration fêta sa première semaine. Toujours de la méfiance quoi que je fasse, pas de trace de Fen ni des autres. Aucun signe d'avancement.

Enfin, ce fut le cas, jusqu'à ce qu'enfin, ma stratégie rodée d'assimilation semble porter ses fruits.


— Musclax.

C'était un jour de grand soleil, à l'extérieur. Il frappait si fort depuis l'aube qu'il avait transformé les galeries étroites en fournaises, et ma gorge en un puit asséché qui réclamait des litres d'eau. La voix posée de Valentesa m'interrompit dans une course désespérée pour la fontaine. Tranquille, elle secouait sa majestueuse crinière rose, en tapotant le bois craquelé de la scène à côté d'elle.

— Viens.

« Elle ne pouvait pas se décider à un autre moment ? » me plaignis-je, en retenant une grimace. La porte de la fontaine de pierre me faisait de l'œil derrière elle, mais je dus me faire violence, et me forcer à imaginer la rose avec un bon grade. Etrangement, cela lui allait plutôt bien.

Avec le cœur qui commençait à s'accélérer, mais sans ne rien montrer, je m'approchai de la pièce de métal bombée et patinée sur laquelle reposait la scène. Malgré un certain âge apparent, la surface était encore bien lisse. Mon pied ripa une première fois dessus, avant que la main de Valentesa, à genoux sur le bois, ne m'aide à me hisser sur son domaine. Parvenue sur les planches, je bredouillai un remerciement, puis levai les yeux, et brûlai aussitôt ma gorge sèche en déglutissant.

La fosse s'étalait à Cœur ouvert. Devant, sur les côtés, au-dessus, pas un recoin ne pouvait se dissimuler, tout comme nous étions sur cette scène visibles de partout et par tous. L'intérieur légèrement assombri des balcons sans escaliers s'ouvraient tous dans notre direction, leurs grandes bouches inclinées prêtes à nous avaler. L'écho des machines frappait l'air autour de nous, se répercutait sur la paroi non-loin derrière, nous assaillait, nous faisait vibrer, mais encore bien moins qu'aurait pu le faire une salle comble hurlant à nos pieds.

Un pouffement de rire cristallin me fit baisser la tête. Toujours assise sur le bois, je remarquai que le petit sourire de la rose était de retour. L'ignorant volontairement quelques secondes, j'essayai de reprendre de la contenance dans mon rythme cardiaque.

— Que puis-je faire pour toi ? lâchai-je finalement au milieu d'un soupir.

Elle eut l'air de trouver la réponse évidente.

— Tu trembles en marchant. Tu es couverte de sueur et plus rouge que Chef en colère. Il te faut une pause. Reste un petit peu, ça te changera les idées, proposa-t-elle de son timbre chaud.

« Vraiment, il n'y a que ça ? »

Et une autre pensée succéda vite à la première.

« Je préfèrerais la compagnie de la fontaine. »

... Je me gardai bien de l'avouer.

Son attention persistante m'incita à m'assoir à côté d'elle, ce qui sembla la ravir. L'imitant, je laissai mes pieds nus pendre vers le sol, taper sur cet étrange métal courbé qu'on avait décidé de recouvrir d'un plancher. Le silence demeura, et un réflexe voulut que je cherche des sujets de conversation. Était-ce le souvenir de l'entrevue avec la Reine qui voulait que j'agisse ainsi ? Je ne savais pas, mais je sentais que cette habitude venait de quelque part.

— C'est étrange, tout ce métal rien que pour une scène, me permis-je en le frappant du talon. Vous l'avez bombé pour empêcher les gens de monter ?

— M'wax, allons, tu n'as pas reconnu ?

Ce nouveau gloussement provoquait bien plus de décharges à la seconde qu'un clin d'œil imbécile de Galliem. Fixée sur mon visage, elle s'interrompit au milieu de son rire, avant que les gemmes de ses yeux, pensives, ne se lèvent d'un air innocent.

— Non, pardon, c'était idiot. Après tout, il doit y avoir longtemps que vous avez tout fondu.

« Fondu... ? »

Qu'est-ce qu'elle me chantait là ?

— Que... 

Soudain une énorme explosion au fond de la salle anéantit ma question. Dans l'écho de la déflagration, un bond paniqué me précipita au milieu de la scène, où, le souffle plus court qu'après une course de reprise, j'arpentai des yeux les moindres recoins de la fosse, des sueurs froides de la nuque aux jambes. Loin devant, le vent des remparts s'engouffrait toujours dans le Cœur Noir, en balayant un épais nuage de fumée noire, qui n'était pas là auparavant.

— LES DESSOUS D'LA REINE ! s'égosilla la voix de Chef.

— Rien, rien, finit Valentesa, tranquille.

Allons bon ! Ce bruit horrible, avec ce qui s'était produit ici il n'y avait pas si longtemps, ne semblait lui faire ni chaud ni froid. La rose balayait ses paroles d'un mouvement de main fluide, toujours assise, sans n'avoir reculé d'un centimètre. Ce genre d'événement était-il finalement assez courant, ici ?

Cette pensée me donna une idée.

— Il fabrique souvent des objets qui explosent ?

Prenant enfin conscience que rester ainsi sur ses gardes n'était pas le plus stratégique, je simulai un sourire, avant de retourner m'asseoir avec la rose. Poussée vers nous, la fumée se dissipait au ralenti. Mais le grand nuage sombre ne nous atteignit pas, et je pus clairement voir le sourire de Valentesa quand il s'accentua, jusqu'à dévoiler des petites dents alignées.

— Il a des ratés, répondit-elle, curieusement passionnée. Mais il est bien meilleur constructeur que ce que tu penses peut-être.

Que voulait dire ce regard ? Attendait-elle que je commente quelque chose ? Embarrassée, et vraiment assoiffée, je réfléchis, en essuyant une main moite derrière ma nuque.

— Sans doute...

— C'est bon, tu peux arrêter, me coupa-t-elle.

J'eus un spasme.

— Qu'est-ce que...

— Je ne suis pas dupe.

Il n'en fallut pas plus pour que mon cœur rate un battement. Sans plus aucun effort pour simuler quoi que ce soit, je la fixai, ce qu'elle me rendait avec insistance. 

Mes ongles commençaient à riper sur mon cou.

— Je connais tous les visages de la strate, répondit-elle sans le savoir. Je devine quand on ment. Les autres ont pris des initiatives sans penser aux conséquences, donc forcément, quelqu'un n'aurait pas tardé à venir.

Le boucan des mécanos dut cacher mon emballement cardiaque. J'étais pétrifiée. Son sourire pourtant sincère ne tarissait pas, cherchait à se placer devant moi, quand je voulais le fuir, me faire oublier, pour préparer ma riposte. Inconsciemment, je sentais les doigts perdus dans mes cheveux continuer à se regrouper, prêts à frapper. Et dans la panique, pensant à Pleh, à Fen, je remarquai à peine cette nouvelle lumière s'allumer dans les yeux de la rose, quand elle murmura, radieuse :

— T'es d'Utopie, pas vrai ? 

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