Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 42 - Délires


— Vous avez meilleur appétit.

Adaline déposa le bol sur ses jambes.

— Je me force.

— Allons, vous mangez le meilleur de Van-Ameria. Ne faites pas votre plume sensible.

Je débarrassai. Sa main froide frôla la mienne, nous arrachant un sourire complice.

Comme toujours, la Garde Royale attendait derrière la porte. Je remis le bol vide à une armure docile, avant de refermer les portes.

J'étais encore de dos quand je le perçus. Un début de râle s'extirpait de la pièce, un sifflement insidieux, qui résonna à mes oreilles comme la plus cinglante des cornes de brume.

En deux bonds, je me trouvai près du lit.

Adaline se tordait de douleur.

— Votre Altesse, inspirez, essayai-je.

J'entendais la panique camouflée dans ma voix.

— Ce... vous... murmura-t-elle.

Ses doigts se déplièrent dans ma direction.

— Votre main.

Je la lui donnai. Elle la serra, ce fut à peine si je sentis une pression.

— J'appelle la Garde ?

En sueur, elle fit « non » de la tête.

— Ça sera comme les autres fois, assurai-je. Ça passera. Je suis avec vous, Votre Altesse.

Son sourire forcé me fit chaud au cœur.

— Lyruan. Je... Je...

Ses yeux s'illuminèrent.

— Je te déteste.

Un horrible frisson remonta le long de mon échine.

— Pardonnez-moi... ?

— Je te hais.

Elle plantait ses ongles dans ma peau. Elle parvenait à me faire mal.

— Que se passe-t-il, Adal...

— Tu as condamné ma vie.

Ses iris s'embrasaient. La pièce s'emplissait de vagues d'une lueur familière. Je ne l'avais jamais perçue comme une menace, mais...

— À la Garde ! hurlai-je.

— Tout est de ta faute. De ta faute.

Les Gardes déboulèrent dans la pièce. En un instant décisif, ils entourèrent la princesse et la firent lâcher ma main rougie. On me poussa en arrière. Une énergie ardente fondit aussitôt dans mon corps.

Je n'en revenais pas. Elle tentait de m'immobiliser. Moi.

Adaline s'était transformée en furie.

— Je te hais ! cria-t-elle.

Elle se débattait dans son lit. Les armures tentaient de la calmer, posaient leurs mains gantées sur ses bras. Des torrents de larmes dévalaient ses joues creuses.

— Je te hais, je te hais, je te hais !

— N'en tenez pas rigueur à notre Grande Détentrice.

Un Garde me parlait.

— Son Altesse doit reprendre ses esprits. Patientez hors du dôme, si vous le souhaitez.

J'opinai distraitement. Ce fut tout ce que je parvins à faire.

Des envolées de lueurs s'échappaient d'Adaline. Le pouvoir dansait autour d'elle, éblouissant. Elle me fixait toujours.

— Tout est de ta faute...

— Je reviens dans un instant, murmurai-je.

Et je quittai la salle. Laissant Adaline délirante, je tournai le dos à cette scène. Je fuyais ce que je ne pouvais pas, ce que je ne voulais pas admettre.

Adaline mourrait à petit feu. Ce qui se passait n'était sans doute qu'un avant-goût de la fin.

Je m'éloignais. Je voulais attendre que ça lui passe.

Je ne me doutais pas, à cet instant, que ces « je te hais » resteraient gravés dans ma mémoire.

Jusqu'à ce jour-là.

Le vent m'envahissait. Ma voix s'éreintait à hurler, je ne l'entendais pas. J'avais mal. Une pression démentielle me fendait le crâne. Le filet m'écrasait. Je pouvais déployer mes ailes, les redéployer, rien n'y faisait. Les mailles étaient plus lourdes que moi. Les cordes faisaient l'épaisseur de mon poignet. Elles m'entraînaient vers Terremeda, vers les champs, vers le jardin d'Émile et Jeanne.

J'étais pétrifiée. Mais dans ce cauchemar, je réalisais, lointainement, que ça irait. J'allais survivre. Je perdrais juste la mémoire.

Un soupir s'écrasa contre la corde sous mon nez.

Je n'avais qu'à attendre. Tout allait bien se passer.

Les champs n'étaient plus dissimulés par les nuages. J'entrais dans les derniers mètres. Patience.

La vallée, les collines, les moulins. Je reconnaissais les formes d'un paysage familier, vu de haut. De rares toits parsemaient les cultures. Le vent s'engouffra sous mes ailes, me porta vers le lieu de l'impact.

Je reconnus le toit. Mon toit. Enfin, ça allait se terminer. J'eus une dernière pensée pour Van-Ameria, et Galliem, que j'allais bientôt oublier.

Je cherchai mécaniquement les frèzes, pour faire face au choc.

Et il se passa quelque chose.


Une migraine monstre me contracta dans les draps. Je grognai, en tentant de rester endormie.

Le sol se rapprochait. Oui, mais il y avait quelque chose. Quelque chose. Mais quoi ? Quoi ?

« Ma Détentrice ... »

Mes ailes se fendirent. Une déflagration traversa ma tête de part en part.


Je me dressai du lit.

De l'air. Il me fallait de l'air.

J'ouvris la fenêtre en tremblant, m'essuyai nerveusement le front, reniflai trop de fois.

Par tous les cieux, pourquoi maintenant ?

Pourquoi ce soir ?

Je ne me calmais pas. Flageolante, j'enjambai les bougies, contournai le hamac vide et sortis. Je ne pris une grande inspiration qu'une fois la tête levée vers les étoiles.

Respirer. Lentement.

« Je te hais ! »

Yeux comprimés, je sentis mes poings se serrer péniblement.

« Non... Moi, je ne vous hais pas. »

Je le sentais, au plus profond de moi. Pourtant, avec ce qui s'était passé à sa fenêtre, je ne pouvais m'empêcher de douter.

Elle non plus, elle n'avait rien contre moi. Je voulais m'en convaincre.

Je baissai piteusement les yeux sur mes mains trempées.

— Si elle m'avait juste dit ce que je voulais savoir, je n'en serais pas là...

Les étoiles m'adressaient des clins d'yeux compatissants. Le long du dôme, les fenêtres étaient toujours entrouvertes.

— Est-ce que tu me vois ? murmurai-je.

Une énergie vibrante me réchauffait. Soudain, ma main s'écrasa sur mon front. Pourquoi est-ce que je voulais sourire ?

D'accord.

Très bien.

Je lui accordais une seconde chance.

Mais sitôt ma décision prise, je réalisai que j'avais un Serment à apprendre en urgence.


Fen tapait sa coudière avec impatience. Pleh dansait d'un pied sur l'autre, lèvres pincées. Les aspirants-caporaux gloussaient autour de Galliem.

Le matin était arrivé si vite que je me croyais encore en plein rêve. Plantée sur l'herbe sous l'aube montante, je fixai la jointure invisible des portes du château. Si je me laissais aller, je la voyais me parler. Elle m'intimait de retourner me coucher.

Galliem n'avait pas l'air plus alerte que moi. Même s'il serait bientôt mon caporal, je n'aurais pas dit non à un « bonjour », ou à une explication d'où il avait passé la nuit. Cette tête de Tentavole semblait partie dans les nuages, enfin, encore plus que d'habitude.

Feignant un grattement de gorge, je baillai dans ma main. Mon uniforme sale était beaucoup plus frais que moi. J'avais essayé de cacher les taches de sang dans les plis, sans admettre que je garderais une allure de corbeau essoré.

Ça ne me fit presque ni chaud ni froid lorsque les portes s'ouvrirent de toute leur hauteur, et que ma Garde préférée arriva.

Je me répétai une dernière fois ces phrases assommantes, que j'avais tenté d'incruster dans ma mémoire. Les mots se mélangeaient. En inspirant, j'adoptai un air serein, et fermai la marche de notre troupe, vers le haut des marches.

Les Gardes faisaient entrer les appelés au compte-goutte. Je m'apprêtai à suivre, quand un bras d'armure surgit face à moi.

— Soldat. Vous, vous n'entrez pas.

Un pauvre mètre me séparait de la salle. Dubitative, je dévisageai le heaume argenté.

— Je suis convoquée...

— Vous n'entrez pas, résonna sa voix grave. Vous êtes personnalité interdite du château.

En dépit de la fatigue, je sentis mes yeux s'agrandir.

— Qu'ai-je donc fait pour mériter ce titre ?

— Ne jouez pas l'ignorante. Obtempérez et reculez, dans le calme.

« Dans le calme ? »

On se fichait de moi. Ce Serment était obligatoire pour entrer dans l'Armée. Qu'allais-je devenir, si je ne pouvais pas entrer ?

— Je suis Lyruan Valkeris, articulai-je, fébrile. Vous connaissez ce nom mieux que moi, alors, ouvrez vos oreilles pointues. Je dois prêter Serment. Laissez-moi entrer.

Il y eut bien un changement dans l'attitude du Garde, mais pas totalement celle que j'espérais.

— Dame Valkeris, commença-t-il avec sévérité. Vous me voyez confus. Mais c'est impossible. Toutes mes excuses.

Il s'en retourna aussi navré que j'étais rassurée. Bafouillant des arguments sans début ni fin, je ne pus qu'observer les portes blanches se refermer sur les soldats, et ma consécration.


Je n'aurais pas dû apprendre ce Serment. J'aurais dû suivre ma première intuition, dormir, et ne jamais venir à cette montée en grade.

Je m'étais ridiculisée devant la Garde, mes camarades, et les futurs caporaux de l'Armée Blanche. Crédibilité perdue pour perdue, j'avais posé mes fesses sur les marches du parvis, bien décidée à ne pas en bouger. Les regards impatients de la Garde brûlaient mon dos autant que le soleil, mais je savais qu'après avoir mis mon nom sur la table, ils n'oseraient pas me déranger.

Ce caprice, ce serait mon ultime victoire, avant d'être renvoyée de l'Armée.

Le temps était long, quand le parvis réfléchissait la lumière comme un miroir. Dommage, j'aurais bien voulu observer les entraînements à l'épée, que j'avais repéré, plus loin. Une arme létale hors de son fourreau, à Van-Ameria, ce devait être un spectacle rare.

Je me demandais si je pouvais avoir une épée, moi aussi.

Mais si vraiment ça m'importait, j'y penserais plus tard. Quelqu'un accourait dans ma direction.

Impossible de deviner si je le connaissais. Je déduisis seulement que c'était un soldat, jamais un châtelain ne se hâterait ainsi sous le soleil matinal.

La silhouette se rapprochait. C'était un brun, cheveux assemblés, membres anguleux, peut-être plus petit que moi.

— Oh non...

Migon. C'était Migon. Avec la fatigue, je n'avais même pas remarqué son absence.

Le caporal devait faire honneur à sa ponctualité aléatoire. Quelle horreur. Qu'allait-il dire, en me voyant ? Ses piques faisaient sans doute partie de mes cauchemars. Avec la poigne du Corbeau, j'avais mon palmarès.

Si seulement il pouvait ne jamais arriver ici...

« Ma Détentrice... »

Je fis un bond monumental.

— Qui est là ?

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro