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Chapitre 34 - Pour sa Couronne à elle


— Lyruan, je vous en prie, relevez-vous.

Ce ton donnait plutôt envie de continuer de la saluer. Vibrante sur mes jambes, j'exécutai l'ordre. Je cherchai discrètement le portrait du Général Valkeris, dans l'espoir que sa présence me donne du courage.

À partir de cet instant, mes poumons se prirent dans un filet dont ils refusèrent de sortir. En apnée, je suivis la souveraine qui nous guidait, les armures et moi. Sa robe immaculée déversait des torrents de drapés sur le marbre, sa couronne reflétait la moindre lueur. Harnachée dans mon uniforme, et grinçante dans mes sandales, je me sentais aussi rigide qu'elle était gracieuse.

De croisements en galeries, nous nous enfonçâmes dans le dédale, sans que je n'ose demander la direction de la sortie. Je me retrouvai à traverser des puits de jour, puis à longer les arches d'un cloître intérieur, non loin de parterres de roses blanches.

Je n'avais plus aucune idée de ce qui m'animait, ni à quoi je pensais. Pour une fois, mon esprit s'était changé en brouillard, où la couronne était la seule lumière.

— Alors, ma chère, entama une voix légère. Terremeda, comment est-ce ?

J'oscillai sur mes sandales, déglutit de toute ma gorge. Fallait-il être la Reine pour s'intéresser à Terremeda ? Ou était-ce un piège ? Un regard souriant, au-dessus de moi, m'incita à répondre sans réfléchir.

— C'est... dangereux, fis-je en fixant résolument le sol. Il y a des champs de terre, des frèzes, des voiturs et des fous. On les appelle les paratutistes.

— Fascinant.

Mes interrogations redoublèrent. Était-elle sincère ?

— Et votre frère, qu'en a-t-il pensé ?

Une décharge me courut sur l'échine. Sa voix était restée aussi plate que les Sommets, et pourtant, je ne pus m'empêcher d'y chercher un double-sens.

Avec réticence, je décrochai le regard de mes pieds.

— Ce n'est pas de Terremeda que vous souhaitez parler, non ?

— En effet, ma chère, murmura-t-elle d'une voix blanche.

Je dus supporter le lourd silence qui s'imposa ; la Reine s'était arrêtée. Telle une statue de broderies, elle attendit que les Gardes tirent de grandes portes, qui dévoilèrent un salon. Des fauteuils, généreusement rembourrés, siégeaient entre de pâles guéridons et des chandeliers éteints, le tout surplombé d'un haut lustre de cristal, pendu sur une longue croisée d'ogive. Un nid de blancheur, au fond duquel une volée de fenêtres laissait crument entrer le bleu du ciel.

Les Gardes claquèrent les portes derrière eux et ma langue se délia.

— Galliem n'a rien fait de mal, articulai-je avec toute la conviction dont j'étais capable.

La Reine eut un demi-geste pour m'inviter à m'asseoir. Son regard perçant semblait être devenu évasif.

— Votre frère..., souffla-t-elle avec douceur. Un vrai courant d'air libre, n'est-ce pas ? Si une initiative lui tient à cœur, peu importe les obstacles, il la prendra.

Jamais il n'avait été aussi difficile de m'installer dans un fauteuil. De toute sa grandeur, mon interlocutrice prenait place dans celui qui me faisait face.

— Ma chère Lyruan, murmura-t-elle en fermant les yeux. Laissez-moi vous transmettre deux éléments. D'abord, que la législation de notre royaume est très claire. Ensuite, que votre frère savait parfaitement ce qu'il encourrait. J'en veux pour preuve, que je le mettais personnellement en garde, ici, dans cette même pièce.

Mon aile trembla sur son accoudoir.

— Vous ne vous sentez pas bien ? s'enquit la Reine.

J'avais chaud. Froid. Je voulais prévenir Galliem.

— Pas vraiment, marmonnai-je.

— Faut-il donc que je poursuive ?

Son visage impassible semblait taillé dans le marbre. Il s'anima à peine, lorsqu'elle murmura :

— Il me semble que votre frère est toujours en poste dans l'Armée Blanche. Qu'il est en passe, même, de devenir caporal.

— Vous... Vous voulez dire, que...

— Les négociations avec l'Ordre ont été ardues, je ne saurais vous le cacher. Mais si la juste sentence avait dû s'abattre sur votre frère, elle l'aurait fait il y a longtemps, termina la Reine avec modestie.

Aussi vite que l'angoisse m'avait submergée, le soulagement déploya une volée de mots. « Merci. » « Ouf. » « Enfin. »

— Pourquoi ? lâchai-je, hébétée. Pourquoi l'épargnez-vous, si les règles vous disent de faire autrement ?

— Ma chère. Les lois parlent, mais la décision me revient. Votre frère a accompli un acte remarquable. Personne n'était jamais remonté de Terremeda, et lui l'a fait, en vous ramenant avec lui. Outrage à la Couronne, hérésie, ou acte héroïque, difficile de déterminer de quel côté nous sommes.

Voilà que mes mains se mettaient à trembler, elles aussi. Incapable d'exprimer ma gratitude, je serrai mes genouillères et penchai la tête.

— Allons, Lyruan, fondit-elle dans un filet de voix. Nul besoin de me remercier. L'Ordre ne pouvait décemment pas vous exiler tous deux pour l'exemple.

« Tous deux ? » tiltai-je.

— À présent, continua-t-elle, paisible, j'aimerais aborder d'autres sujets avec vous. Non pas que ce cher Galliem soit indigne d'intérêt, mais ce n'est pas pour discuter de son sort que je vous ai si promptement fait quitter vos obligations.

Je passai silencieusement ses mots au crible.

— Vous êtes ici car vous vous souvenez de votre chute. Si je parle d'un filet, vous voyez donc à quoi je fais référence ?

« Le filet ? » m'étonnai-je.

Évidemment que je voyais. Mais j'aurais été aussi surprise si elle m'avait parlé du poulayé.

— Oui, Votre Majesté ?

— Bien. Des soldats vous ont vue Tomber et nous ont appris l'existence de cet objet. Cela peut sembler anodin, un filet... Utopie n'a que faire de la vie des autres.

Elle alignait les mots d'un ton monocorde, épuré, comme s'il s'agissait d'une simple déclaration. Je sentais le « mais » arriver.

— Mais pourquoi, soudainement, un filet sur vous ? réfléchit-elle dans un souffle. Pourquoi, alors que les Utopiens n'ont toujours combattu qu'à la lame ? Pourquoi ce changement de méthode, une telle cruauté ?

Ses yeux s'étaient perdus dans le vide. Malgré tout, je ne me serais permis aucun écart. Droite sur sa blanche chevelure, la couronne brillait toujours d'un éclat tranquille ; une arme déstabilisatrice à coup sûr.

— Ils ont voulu s'amuser, et j'étais au mauvais endroit, au mauvais moment, retournai-je, prudente.

C'était ce que j'avais toujours pensé. La Reine resta plus statique qu'une colonne.

— Ou alors, ma chère, ce filet vous était bien destiné. Auquel cas, ce jour-là, on a tenté de vous assassiner.

Je crus qu'elle divaguait.

— L'attaque que nous essuyions ce jour-là nous a pris de cours, chuchota-t-elle, le regard perdu sur le ciel. Notre armée a combattu, sans parvenir à prendre l'avantage. Puis Utopie s'est retirée. Pas de grande offensive sur le château. Plus de combats. Les soldats se sont envolés aussi vite qu'ils avaient atterri, à croire qu'ils avaient accompli ce pour quoi ils étaient venus...

Le mètre qui nous séparait sembla devenir dérisoire, lorsqu'elle planta son regard clair dans le mien.

— Ma chère Lyruan. Notre Général a une théorie, qui n'est pas la mienne. Il pense qu'il est trop tôt pour vous le demander, mais j'ai confiance en vous. J'aimerais donc savoir, ma chère, si vous vous souvenez de quoi que ce soit vous concernant vous, et l'île d'Utopie. Une alliance avortée avec nos ennemis, notamment.

J'avais perdu tout contrôle sur les tremblements. Mes rares souvenirs de ce jour, de la haute silhouette noire, se ressassaient en boucle. Chaque image bloquait le moindre mot que j'aurais voulu formuler.

— V-Votre Majesté...

« Moi et l'île d'Utopie ? »

— Votre Majesté, repris-je avec une grande inspiration. Mon père était Général. J'étais, et je suis toujours, engagée dans l'Armée pour servir la Couronne. Votre couronne à-à vous. Cette accusation... pardon, cette question, me paraît... totalement hors de propos.

Son sourire évasé sonnait horriblement faux.

— J'en suis convaincue également. Que voulez-vous, soupira-t-elle, le Général est un homme prudent. Nous ne pouvons pas le lui reprocher.

D'un geste minimal, elle joignit ses mains.

— Pour lui faire plaisir, ma chère, promettez-moi de me tenir au courant de votre guérison.

— Parce que vous me le demandez vous, je le ferai, répondis-je avec des sueurs froides.

C'était étrange. Je me savais innocente, pourtant, ce fut comme si l'ombre de l'exil se mettait à planer sur moi. 

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