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Chapitre 21 - Le Colonel

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Note de l'autrice

Nous revoilà pour la suite, merci de l'avoir attendue ! 

Après cette pause, s'il y a un élément que vous avez oublié, n'hésitez pas à me demander un rappel en commentaire ! 

Résumé : Lyruan et son frère Galliem sont arrivés à Van-Ameria, le royaume aérien dont ils sont originaires. Lyruan, amnésique, cherche un sens à sa vie. Le trouvera-t-elle en suivant son passé militaire ? A la fin du dernier chapitre, Galliem vient chercher Lyruan, car ils ont rendez-vous avec un haut-gradé de l'armée : le Colonel.

Bon retour et bonne lecture !

***


— Les choses ont changé depuis que je suis parti, cria Galliem. Tout le monde parle plus que de ça. Les vents-arrières se sont amplifiés et le courant dans lequel on s'engage est lent comme... bah, comme toi.

— Hé ! m'indignai-je en accélérant.

— Le Général a ordonné la grande mobilisation hier. On débarque pile pour la reprise.

— Attends, qu'est-ce que ça veut dire, tout ça ?

— Qu'on va avoir de la visite.

L'oiseau était encore plus décoiffé que d'habitude. Une pointe d'inquiétude plissait ses sourcils. Je n'avais pas assez d'air pour lui demander des explications. Plutôt, j'employai toutes mes forces à ne pas décélérer.

Aucune idée d'où nous allions. Galliem allongeait les foulées, véloce, le regard droit sur l'horizon. Il faudrait bien qu'il s'arrête ; un kilomètre de trop, et nous étions repartis dans les nuages.

Notre course ne passa pas inaperçue. Du haut des colonnes, des cieux et même, sembla-t-il, du château, des silhouettes intriguées nous suivirent de la tête. Plus nous avancions, moins la plaine semblait vide. Le cœur emballé et serrée par le cuir neuf, je mis un point d'honneur à avoir l'air fraîche et légère. Un bâtiment blanc grossissait au loin. Quand je compris que c'était notre destination, je comptai les pas, en ravalant mes poumons.

Cette bâtisse ressemblait à la caserne centrale. Elle comptait peut-être trois tours de moins qu'elle, et ne faisait pas les deux tiers de sa hauteur. Des bannières blanche et rouge marquaient son territoire, perchées sur de hauts mats de pierre claire.

Galliem esquiva les soldats. Moins prise d'assaut que l'autre caserne, une centaine de personnes s'affairait quand même sur le parvis de celle-ci. L'oiseau n'en menait pas large ; tête rentrée dans le plastron, visage noyé sous ses cheveux, il grimpa les longues marches et s'enfonça sous l'unique porte d'entrée.

J'aperçus tout juste une grande mezzanine vernie, une ribambelle de portes et plusieurs dizaines de soldats agités. Sur les traces de l'oiseau, je slalomai entre des portants de bâtons et plastrons, qui respiraient la cire et le cuir tanné. Nous montâmes deux à deux les marches d'un escalier en bois et marbre blanc. La pierre était plus nervurée que dans le château, comme si l'agitation du lieu lui avait donné des rides. Deux soldats, accoudés à la rambarde, nous fixèrent comme des apparitions quand nous parvînmes à l'étage. Je tiquai sur l'anneau d'or que l'un d'eux portait à l'hélix, avant que Galliem ne me tire par un pli de la chemise, vers une épaisse double-porte en bois.

Mon cœur était resté au bas des escaliers. Je dus me retenir de m'affaler contre les battants. Galliem, lui, replaçait méticuleusement sa chemise dans sa ceinture.

— Qu'est-ce que... tu fais ? m'étonnai-je alors qu'il arrangeait ses cheveux.

— C'est la première fois que je vois le Colonel en face-à-face, murmura-t-il. Tu es prête ?

Il dégagea l'anneau d'or qui tanguait sur son hélix.

— ... Je suppose, murmurai-je, pensive.

— On y va.

Il toqua.

— Entrez ! tonna aussitôt une voix.

Galliem se figea. Son regard pâli croisa le mien, comme dans une tentative de mettre en commun notre courage, puis, torse gonflé, il poussa la porte.

Nous entrâmes.

Cette nouvelle pièce avait tout d'un confortable bureau de bois et de livres, et le fameux Colonel, qui l'occupait, tout du quarantenaire en bonne forme. Cheveux et barbe gris coiffés en catogans, sa carrure ne donnait pas envie de lui chercher des noises. Je ne l'aurais pas cru militaire, ce qu'il portait ressemblait plus à une tenue de civil fortuné qu'à un uniforme. Il nous laissa approcher, silencieux derrière un meuble en bois massif, entouré d'une quantité incroyable de plans, épinglés jusqu'entre les boiseries des murs.

Galliem me frappa du coude, avant de plaquer une tranche de main à l'horizontale sur son torse. Je l'imitai tant bien que mal, mais le Colonel, ne nous prêtait pas un regard. Il arrangea une liasse de papier de ses grandes mains, la posa avec délicatesse, vérifia l'en-tête, écrite en symboles bouclés incompréhensibles. Puis il leva les yeux.

Un orage tremblait dans ses iris. Il nous dévisageait, l'un et l'autre, la barbe parcourue de spasmes. Galliem vibrait sur le plancher. Je tentais de rester fière. Chaque fois que le regard du Colonel croisait le mien, un tic plissait ses épais sourcils.

Soudain, il lança un doigt accusateur vers Galliem.

— Vous ! gronda-t-il.

— Mon Colonel, couina l'oiseau.

— Vous m'avez fait honte ! tonna-t-il en se levant de son siège. Vous avez fait honte à notre corps entier ! J'aurais préféré, oui préféré, que vous passiez votre envie de rébellion sur un ordre à moi, plutôt que sur un ordre de la Reine ! De la Reine, soldat ! On ne désobéit pas à la Reine ! Et vous pouvez vous estimer heureux que je vous engueule, car ça veut dire que vous êtes encore ici, et pas sur Utopie, ou sur n'importe quelle autre île, où vous auriez fini en charpie !

Galliem ne répliqua pas. J'aurais voulu le défendre, mais ma langue se recroquevillait comme un escargo dans sa coquille. Heureusement, le Colonel se laissa tomber dans son siège, fatigué. Un regard lancé sur ses parchemins, il soupira, se massa le front de toute sa main.

— Décidément, c'est de famille de faire parler de vous... Mais vous avez de la chance, on trouve toujours dans vos idioties quelque chose de remarquable.

Il revint sur moi.

— Sergent Valkeris, fit-il, plus aimable. Deux ans d'absence, c'était bien trop long. Je fais contacter l'Immaculé dès notre entrevue terminée. Avec les vents qui s'annoncent, ils accepteront votre reprise immédiate. Personne n'a su vous remplacer, évidemment.

Il sourit. Un silence.

Était-ce le moment de lui parler de mon état ? Je m'étais imaginé ce rendez-vous différemment et je pensais n'avoir rien à admettre. L'amnésie rendait vulnérable, risible, faible et incapable. Elle soufflait à tout le monde que Galliem avait pris des risques inconsidérés pour rien. Elle avouait que je n'étais plus qu'une vagabonde, sans endroit où aller, sans but, sans famille, sans personne à protéger. Elle argumentait que j'avais perdu ma place ici, à l'instant où j'étais tombée dans les nuages.

Mais là, cet homme voulait me propulser au cœur de responsabilités dont je ne comprenais rien ? Ma tête s'affaissa.

— A ce propos, Colonel...

Nouveau coup de coude. Galliem.

Pourquoi ? Voulait-il que je me taise ? Impossible de vérifier, il fixait la fenêtre derrière le Colonel, le dos plus droit qu'un pilier. Quelque chose clochait. En réfléchissant, je compris.

— Avant tout, mon, heu, frère, n'a plus à s'en faire, n'est-ce-pas ? Je suis revenue, ça suffit à lever toute charge contre sa désob... son initiative personnelle ?

Les sourcils du Colonel se froncèrent en une épaisse broussaille.

— C'est la Reine qui décide de ce genre de chose, sergent. Vous m'étonnez. Mais assez parlé ! Vous reprendrez vos services au plus vi...

— Attendez ! m'écriai-je.

Coup d'œil furtif à Galliem. Un « comme tu veux » résigné trainait sur ses lèvres.

Le bureau grinça. Le Colonel plantait ses coudes sur le bois.

— Sergent Valkeris ?

Plus de marche arrière désormais. Du plomb me tombait dans l'estomac, mais j'avançai d'un pas pour me donner contenance.

— Lors de cette chute, il y a deux ans, j'ai été... blessée.

— Par toutes les infamies d'Utopie, soupira le militaire, exaspéré. Vous avez l'air en pleine forme ! Qu'est-ce que vous avez ? Un genou qui débloque ? Le dos qui craque ?

— Hélas, mon Colonel, je pense que c'est pire.

— Ne me faites pas languir, dites.

— A vos ordres. Je suis amnésique.

On aurait dit qu'il avait eu l'air de s'attendre à tout sauf à ça. Sa bouche aurait pu tomber dans sa barbe. Il resta suspendu à mes lèvres, comme si j'allais expliquer, préciser, démentir... Mais je n'avais rien à ajouter. Tout tenait dans ces trois mots, et le Colonel semblait doucement le réaliser.

Son visage s'écrasa entre ses mains. Pensif, son regard surgit, toujours aussi dur, comme s'il voulait découper des yeux chaque symbole de la paperasse. En plein milieu d'une ligne, il se figea.

— Amnésique comment ?

— Elle ne savait plus parler notre langue, murmura Galliem à ma place.

Le Colonel réfléchit.

— Donc il y a des choses qui reviennent, si elle la parle maintenant.

— Au compte-goutte, précisai-je. Je ne me souviens ni de vous, ni de cette « île du Topi », dont vous parlez depuis tout à l'heure.

Le gradé sembla avaler le nœud qui lui serrait la gorge.

Plusieurs secondes s'écoulèrent encore. Galliem n'osa pas plus rompre le silence que moi. Le Colonel semblait enraciner ses coudes dans son bureau, quand il plaqua une lourde main sur les papiers.

— Très bien. J'ai pris ma décision. Valkeris, ma Dame, vous reprendrez demain. Mais à l'appel des nouvelles recrues. Une amnésique à votre ancien poste, ce serait de la folie ! Vous reprêterez serment, service obligé dans l'Armée Blanche avant de prétendre aux Archers ou à la Garde Royale. Est-ce clair ?

— Très clair... mon Colonel.

— Bien. Quant à vous, Valkeris.

Cette voix menaçante était pour Galliem.

— Il va de soi que Sa Majesté sera avertie de l'état de l'ex-sergent. De ce fait, je ne garantis pas que vous restiez longtemps sous mes ordres. Cependant, tant que vous le serez, je compte sur votre loyauté. On ne se fait plus remarquer, soldat, est-ce bien compris ?

— Mon Colonel, affirma Galliem avec plus d'aplomb qu'il ne devait en avoir.

— Très bien !

Ce Colonel caquetait beaucoup, mais finalement, il ne pinçait pas tant que ça. Je pensais que nous en avions fini, mais ses sourcils se plissèrent de nouveau mieux qu'un papier froissé. Il s'avança dans son siège, toujours plus proche de Galliem.

— Ceci étant dit, vous avez quelque chose qui m'appartient, soldat. N'est-ce-pas ?

Je fus certaine de voir Galliem blêmir. A gestes précipités, il farfouilla dans la poche de sa ceinture, pour en sortir la Boussole. L'aiguille illuminée de vert s'agitait toujours dans son cadran ; l'oiseau sembla le dissimuler sous ses doigts. Il tendit l'objet au Colonel comme s'il s'apprêtait à nourrir un nours.

— Estimez-vous heureux que l'ex-sergent soit avec vous, gronda le barbu en la calfeutrant entre ses paumes. Déguerpissez, et que j'entende du bien de vous !

Galliem plaqua la main sur son torse à la seconde où le grisonnant terminait sa phrase. Surprise, je saluai le Colonel avec une bonne seconde de décalage. L'oiseau avait déjà quitté le bureau, traversé la mezzanine, dévalé les marches. Je l'aperçus tout juste à travers la rambarde s'élancer hors de la caserne. Être laissée seule ne m'inquiétait plus, j'avais une maison où rentrer.

« Nouvelle recrue », me répétai-je.

À chaque marche de l'escalier que je descendais, ce mot se ranimait comme une chanson familière. Le Colonel avait oublié de me demander mon avis, mais avec un soupçon d'excitation, je devinai la réponse que je lui aurai donnée s'il l'avait fait. Au cœur de la caserne, les soldats ne cachaient pas leur fierté, ni leur ferveur, même dans les gestes discrets. Les uniformes paradaient, les sandales martelaient le plancher en rythme, les mains s'agrippaient sur les bâtons. Une danse millimétrée animait les murs, les arcades et la mezzanine, sous l'œil attentif des losanges des portes du Colonel.

« Il n'a pas rappelé qui était cette île du Topi. »

J'aurais bien aimé qu'on me rafraîchisse la mémoire, avant mon retour dans l'armée.

Car j'étais certaine d'avoir déjà entendu ce nom.

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