Chapitre 7:
Quelqu'un d'autre que nous a survécu au maître, me répétais-je intérieurement.
J'avais envie de pleurer, de joie, de surprise, de tristesse, et de peur. J'étais heureuse qu'un autre enfant soit encore en vie, mais cela voulait dire qu'il avait été seul pendant des années. Peut être n'avait-il pas survécu au monde extérieur à la maison. Nous, nous étions trois. Nous sommes resté soudé, et avoir un loup-garou et un métamorphe comme compagnons, ce n'est qu'un bonus pour survivre. Le Numéro a été sans aucuns doutes traumatisé par le maître, et après il s'est retrouvé seul contre le monde.
Qui pouvait-il être? Third..? J'espérais que ce soit lui en réalité.. Je m'étais tellement attaché à lui, à ce petit garçon peu bavard. Je soupirai. Il était un peu peureux à l'époque. Il n'aurait jamais pu tenir tête au maître. Il était sûrement mort. Quelque chose se déchira en moi. Il était le premier à qui j'avais parler dans la maison des Numéros. Le premier avec qui je m'étais retrouvé. Le premier visage souriant dans mon malheur.
Il était un an plus âgé que moi seulement. Peut être deux, je ne sais plus. C'était si loin.
La journaliste se remit à parler.
"On vient de m'annoncer que 'Fourth', la propriétaire du carnet était la deuxième fille parmi les enfants kidnappé : elles ont été les seules. De plus, nous avons eu comme informations que seul un corps de fillette à été retrouvé. Nous supposons que ce n'est pas Fourth car nous avons découvert un second carnet avec des descriptions physiques. Ce carnet-ci appartenait à Twelveth, et il a mentionné la particularité de l'apparence de Fourth; elle avait les yeux gris, et les cheveux rouges naturellement. Or sur le cadavre, aucun cheveux rouge n'a été retrouvé. La petite fille a eu l'intelligence de noter la date d'arrivée et de départ de chaque enfant, dans son carnet de dessin. Elle a également précisé son âge. Aujourd'hui elle devrait être âgé de 20 ans.
Je répète : elle a environ 20 ans, répondait au nom de Fourth, à les cheveux..."
Quatre fois. En un paragraphe, elle avait répété quatre fois le nom que le maître m'avait donné.
Ils remirent l'image de la maison du maître. Cette maison.. Jamais je n'ai pu l'oublier. Ces heures, ces jours, ces mois, ces années enfermée là-bas, je ne les ai pas oublié. Cet endroit où cet homme m'avait torturé, et marqué, moi et tous les autres, comme du bétail. Il était gravé dans ma mémoire.
J'étais tremblante dans les bras d'Owen, et je sentais qu'il était touché, et rongé par la tempête qui se déroulait dans ma tête. Il enfouit sa tête dans mes cheveux, et Fel nous rejoignit. Lui aussi était anxieux pour moi. Nous voilà dans un câlin collectif.
Je respirai un grand coup pour me calmer. Que pouvais- je faire d'autre?
Felix prit la parole, me faisant sursauter de part sa voix grave.
- Il y en a un autre comme nous.
Un autre. Le dernier Numéro. Était-ce Nineth? Le Neuvième était bourru, et têtu. Il était fort et n'avait pas froid aux yeux. S'il s'était enfui, il aurait pu survivre. Ou peut-être Fifteenth? Il était malin, rusé, fiable et discret. Le Quinzième aurait également pu survivre dehors. Sixth aussi : il avait ce don pour s'effacer et embobiner les autres. Il savait se débrouiller seul.
- Un Quatrième survivant, murmurai-je.
Je souris avec sarcasme contre l'épaule de mon frère lupin. Quatrième. Mon ancien nom à été prononcé quatre fois. Il y avait un quatrième survivant. J'étais la quatrième. J'étais Fourth.
Je secouai la tête. Je ne devais plus noircir mes pensées avec ça.
- On doit retrouver le dernier Numéro, dis-je, déterminée.
Mes frères se crispèrent. C'est vrai : ils avaient d'autres obligations ailleurs qu'auprès de moi. Je me sentais blessée.
Je voulais le leur dire, mais une citation bizarre s'afficha à l'écran, coupant l'édition spéciale.
"Les roses et la mort l'ont entouré"
L'Ange Pur, de l'Ordre.
Cette phrase était sur la lettre non? La signature aussi était la même. Mes frères s'étouffèrent brusquement, se détachant de moi. J'avais donc raison. C'était un message pour eux.
- Il doit venir de là, marmona Owen.
Bien entendu, je sautai sur l'occasion.
- Qui ça? Celui que vous devez chercher? Le nouvel Ange?
Je vis une lueur d'affolement traverser son regard, et la seconde d'après, son esprit fut barricadé. J'allais lui dire que je ne tenais pas ça de leurs pensées, mais Felix intervint.
- Chercher qui? C'est juste un ancien collègue qui nous avait envoyer un poème, et on ne savait pas d'où ça venait. Et là il y a l'une des phrases, avec en prime, le nom de l'auteur! C'est cool non?
Pour un mensonge improvisé, il s'en tirait plutôt bien. Malheureusement pour lui, je n'étais pas dupe. Et j'étais susceptible. Je ramassai la lettre, et la secouai sous leur nez.
- J'ai presque tout lu! criai-je.
Ils me fixèrent tout deux, médusés.
- Eh bien quoi? continuai-je face à leur mine déconfite. Vous vous imaginez quoi? Que je ne serais pas au courant? Que je vous laisserai faire? Que je vous encouragerai à partir!? Que je vous rassurerai en disant que tout ira bien? Et bah non! J'ai besoin de vous! Si vous vous en allez, rien n'ira bien! Vous êtes mes frères, ma famille! Vous m'avez sauvé, vous m'avez élevé ! Vous m'avez donné un nom! Je ne vous laisserai pas vous en aller comme ça! Je ne.. Quoi? Pourquoi est-ce que tu souris Owen? Ça n'a rien d'amusant...
Ma voix se brisa alors qu'il chuchota quelque chose a Fel. J'avais envie de pleurer. Avaient-ils, finalement, choisi de partir de leur plein gré ? Felix se dirigea dans la chambre, et je baissai des yeux malheureux sur la lettre.
Il ne restait plus qu'une ligne. Tous les autres mots avaient disparu.
"Elle peut venir avec vous Anges Jumelés, mais tenez bien vos langues."
Je lus une seconde fois la phrase pour être certaine de ce que je voyais. Je pouvais aller avec eux? Ils n'allaient pas m'abandonner?
- J'ai donc dit des choses si embarrassantes pour rien..?
Owen rit, tandis que Felix me jeta un des sacs de sport qu'il avait en main. Je lui lançai un regard interrogateur.
- Bah quoi petite sœur ? Prépare ton sac! On va chercher le quatrième mousquetaire!
J'esquissai un léger sourir. Nous allions donc rester ensemble, encore quelques temps. Cela me rassurait, et me redonna le sourire.
- Il n'y en a que trois! lui dis-je en riant.
- Et alors ? C'est pareil non? Ça se compte sur les doigts d'une seule main à la fin!
Nous avons préparé nos affaires sur cette note joyeuse. Une fois toutes nos affaires rassemblées, nous nous sommes regardés, un air résolu sur les traits de nos visages. Puis nous avons quitté notre maison. Nous n'allions pas revenir ici avant longtemps.
Nous étions en route vers l'endroit où tout avait commencé. Nous étions en route vers la maison du maître, et de ses Numéros.
~~~
12 ans plus tôt
[Point de vue inconnu]
Un tout jeune garçon regarde son corps. Non. Pas le jeune garçon. Le fantôme de ce garçon. Il est mort. Depuis... des jours? des mois? des années? Il ne sait pas, il ne sait plus. Il n'est plus qu'un fantôme qui erre, sans but, dans cette pièce où il est bloqué. Comme tous les autres.
Un.
Deux.
Cinq.
Six.
Sept.
Huit.
Neuf.
Dix.
Onze.
Treize.
Quatorze.
Quinze.
Un.
Oh. Seize est arrivé. Il recommence.
Un.
Deux.
Cinq.
Six.
Sept.
Depuis combien de temps il se regarde? Depuis combien de temps a-t-il décidé de compter?
C'est vrai : il ne compte pas. Il fait l'appel. Mais il ne sait plus quel est son numéro. Il se souvient seulement de son prénom. A.. Al.. Mince. Il a oublié.
Huit.
Neuf.
Dix.
Onze.
Treize.
Oh et puis, ce n'est pas comme-ci cela était important. Il avait peut-être un nom, un numéro, mais ici, il était mort.
Ici, il était le Compteur.
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