Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 64:

Bonjour, Bonsoir mes chers lecteurs !

Je m'excuse (comme d'habitude) de mon retard, et pour cette petite annonce suivante : vous allez lire quasi 4500 mots !

Donc, pensez à bien vérifier l'ordre de vos chapitres de ce soir (cette nuit) puisque je vous en publie quand même 4 à la suite !

Enfin voilà, c'est tout pout moi ! Bonne journée, bonne soirée mes chers lecteurs !

____________________________________________________________

Penser que Félix et Owen tentaient de me préserver de la prophétie me calma plus que prévu alors quand mon frère loup s'écria que rien ne changera jamais, je ne criai pas au mensonge. Je souris presque.

- Je sais. De toute façon, je vous réglerai votre compte si vous devenez bizarres.

Cela arracha un sourire à Félix, mais Owen ne broncha pas. Je soupirai. Je ne lui avais pas clairement dit que j'étais toujours humaine, alors il attendait que je le fasse.

- Je ne veux pas être un ange. Je ne vais pas te refaire le discours quand même ? Ange Pur, Déchu, bon, mauvais... J'm'en fous.

Ses épaules se relâchèrent à ma déclaration. Sauf que je venais de me rappeler de l'Ange Pur et de sa lettre. Cela me rappelait aussi que mes frères allaient bientôt me laisser derrière eux pour retrouver ce Nouvel Ange. Ils n'avaient plus aucune raison de rester auprès de moi maintenant que le dernier numéro avait été trouver.

- Je n'ai besoin de rien tant que je suis avec vous... dis-je d'une voix presque inaudible alors que je fixais le sol.

L'effet obtenu fut celui attendu. Owen détourna le regard, de nouveau tendu et le visage de Félix se ferma. Ils savaient parfaitement ce à quoi je faisais allusion mais ils préférèrent ignorer mes paroles. Ou du moins faire comme s'ils n'avaient rien entendu. Encore une fois, je soupirai. Ils pouvaient partir à n'importe quel moment désormais et je n'avais rien à y redire. J'étais dépitée, je redoutai cet instant fatidique.

Je me levai pour me diriger vers Alek et Ethan, toujours à l'entrée. le policier semblait aller beaucoup mieux physiquement. Jusque là, j'avais presque totalement oublié qu'il avait été blessé par balle. Le voir moins blême qu'avant qu'il n'aille à la pharmacie m'y avait fait repenser. Les anti-douleurs devaient faire effet. Il n'avait pas accepté la proposition d'Alek, de boire un peu de son sang pour accélérer la guérison. Il avait pris en compte le fait que son jumeau devait être assoiffé. Celui-ci avait d'ailleurs récupérer des poches de sang pour se nourrir et en apporter aux deux autres vampires. En survolant rapidement son esprit, je me rendis compte que la ville était un vrai nid à vampires. Sans doute parce que la prison était juste sous terre.

Lorsque je fus assez proche d'Alek, il sembla deviner ce que j'étais venue chercher car il sortit tout de suite l'écharpe pharmaceutique qu'ils étaient allés m'acheter. Je le remerciai d'un signe de tête mais je me vis incapable de l'enfiler sans aide sur mon épaule. Le jeune roi m'aida automatiquement, dans un silence quasi total. Seuls Alistair et Oscar le brisaient en chuchotant, préoccupés par autre chose. Une fois l'écharpe bien mise, le jeune vampire me laissa serrer le scratch comme il le fallait, afin qu'elle me maintienne correctement sans pour autant me faire mal. Cependant mon geste fut sûrement trop brusque car une douleur fulgurante me traversa le bras, l'épaule, le dos et la jambe droite, me faisant presque chanceler. Ethan fut le premier à se rendre compte de mon malaise, puisque la seconde d'après, il me soulevait de terre et me guida jusqu'au canapé où il me déposa. Je restai interdite, au même titre que mes frères et Alek. Comment avait-il pu réagir aussi vite ? Il était humain, et même s'il ne l'était pas, Alek était plus proche de moi que lui.

Puis n'était-il pas dos à moi ? Il ne me regardait pas. Il ne pouvait pas me voir alors il ne pouvait pas savoir que j'étais mal. Que j'allais vaciller, peut-être même tomber. Je ne le savais pas encore moi-même.

« Quand il te rencontrera, il changera. Il te ressemblera plus, dans ses gestes, ses habitudes, sa façon de penser ; ce ne sera plus "Rika aurait fait comme ça" il le fera juste, comme si cela venait de lui. Ça ne viendra pas de lui. Jamais. Les Piliers sont des machines. Ils n'existent que pour leur Gardien, pour l'épauler, pour savoir ce dont tu as besoin avant même que tu ne le saches. Le Pilier est le servant par excellence. On naît Pilier. Et si le Pilier n'a pas son Gardien... Ton Pilier est condamné maintenant Rika. Même si tu es encore vivante. Il ne peut pas servir Alessandro. Tu n'es plus Gardienne des souvenirs. Tu n'es que la mortelle Rika. Et ton Pilier va juste... mourir. »

Mon cœur se serra lorsque je reconnus la voix de Xiemoti. Elle m'en avait parlé au moment où je revenais parmi les vivants. La conclusion qui mûrissait dans mon esprit ne me plaisait pas.

- Ça va Rika ?

La voix grave d'Ethan s'insinua lentement en moi, me faisant frissonner d'horreur. Je voyais en cette question un indice en faveur de ma déplaisante conclusion : pourquoi me posait-il cette question ? Comment pouvait-il se douter de mon malaise ? En vérité, l'expression de mon visage à elle seule était suffisamment explicite mais j'étais bien trop ébranlée pour m'en rendre compte.

- Je...

Il ne pouvait pas être mon Pilier. Il ne devait pas l'être. Je l'avais noyé dans ce monde qui lui était étranger, je n'avais pas le droit de le condamner ainsi.

J'ai besoin d'air. Et d'un seau d'eau froide sur la tête.

Pour reprendre contenance, je recouvrai mon visage de ma main libre. Je ne devais pas m'avancer sans véritable preuve. Il a changé -selon les souvenirs qu'il avait de lui-même que j'ai vu. Qui ne changerait pas à sa place, après avoir découvert tout ça ? Mes frères et moi avions débarqué dans sa vie avec la violence d'un ouragan. Ça ne voulait rien dire.

Mes espoirs s'envolèrent en un clin d'œil quand ma main glissa sur ma joue et me dévoila un Ethan, devant moi, me tendant un verre d'eau.

- L'eau sort du frigo, ça te rafraichira. Et va te reposer après, je me doute que tu veuilles prendre l'air mais tu es encore trop faible si tu veux mon avis. Laisse le sang d'Alek te soigner complètement.

Mon sang se glaça dans mes veines. Soit il était extrêmement, soit... J'avais condamné Ethan à mourir. J'avais condamné Ethan à mourir.

J'ai tué Ethan.

- Quand tu te réveilleras, je pense que tu pourras manger quelque chose, pour te faire du sang neuf, puis le train ne part qu'en fin d'après-midi alors tu as le temps de dormir, rajouta-t-il.

Je n'avais plus aucune notion du temps depuis mon réveil, mais ce qui m'étonna le plus fut l'annonce de notre départ. Je ne pensais pas qu'Ethan nous mettrait ainsi à la porte.

- Le message que mon collègue a transmit, ça t'inquiètes non ? Donc il faudrait qu'on se dépêche d'aller à l'adresse qu'il t'a donnée.

Ah, j'avais oublié, complétement oublié ce détail. Surtout que je m'inquiétais pour lui également, maintenant. Il allait mourir par ma faute et ce fait se concrétisais de plus en plus ; comment savait-il que son collègue nous avait donné une adresse et que cette adresse était celle de chez quelqu'un que j'appréciais, alors qu'il était à l'hôpital ? Owen et Felix ne lui avaient sûrement rien dit. Je veux dire, j'étais dans le coma, ils avaient d'autres choses à penser.

- Comment ça « on » ? demanda Owen en grognant.

J'écarquillai les yeux. Oui, il avait dit « on ». Il ne nous mettait pas à la porte, il venait avec nous. Owen n'avait pas prévu que le jeune policier vienne avec nous et il ne se doutait pas que j'étais parfaitement d'accord avec ça. Je l'avais destiné à mourir prématurément, je n'allais pas le lâcher d'une semelle. Pour me repentir. Pour tenter de contrer le sort. Pour le sauver.

- Je dois rester avec elle !

- Il doit rester avec moi !

Nous nous étions écriés en même temps, ce qui étonna tous ceux présents dans la maison -y compris nous. Un blanc s'installa. Je sentais sur mon visage le poids du regard d'Ethan. Ma prise de parole virulente l'avait carrément surpris. Il était censé savoir avant moi ce dont j'ai besoin et envie, alors il n'y avait pas de quoi être étonné normalement. Pourtant il l'était. Et la seule explication qui me venait pour éclaircir cela, était qu'il ne s'était pas référé à moi mais à lui. À ce qu'il savait.

Alors il sait...

Mes yeux me brûlèrent. Non pas parce qu'il savait qu'il allait mourir à cause de moi ou parce que je comptais ne rien lui dire. J'avais envie de pleurer parce qu'il réagissait réellement comme moi. « Mourir ? Quand et comment ? Aucune idée ? Ah ok, bah je vais juste continuer comme ça alors. » J'avais totalement effacé sa personnalité. Juste en croisant son chemin. Me rencontrer avait donc été la pire chose qui avait pu lui arriver.

Owen passa devant moi en m'ignorant royalement et il attrapa brusquement le jeune policier, qui hoqueta de surprise, par le col. Lui, tout ce qu'il avait entendu était un Ethan qui osait dire qu'il devait rester avec sa sœur. Sous quelle autorité ?

- Ah oui ? Et pourquoi ? gronda-t-il.

Pendant de longues secondes, il grogna, montrant que son loup était —comme d'habitude— d'humeur assez mauvaise et qu'il pouvait sortir à tout moment pour boulotter quelques boucles brunes. Je relevai la tête et croisai le regard de Félix qui m'observait gravement. Je retiens ma respiration. Ce n'était pas le moment pour sa faciliter à tout comprendre en un clin d'œil. Qu'il ferme son troisième œil. Il sembla comprendre ma requête silencieuse car la seconde d'après il tapotait sur l'épaule de notre frère en soupirant avec résignation.

- Rika a l'air de vouloir l'adopter Owen, laisse tomber.

- Mais tu te fous de ma gueule ou quoi ?! vociféra le lycanthrope. C'est Rika, toi, moi et c'est tout. Personne d'autre. Juste nous trois, merde !

Sur le côté, je vis Alek sur le point de répliquer mais il fut coupé par Ethan qui jura fortement en se dégageant sèchement de la poigne de mon frère. Il le fusilla du regard, d'un. Regard dur et froid et pourtant si compréhensif. Un regard qui hurlait qu'il n'avait plus rien à perdre. Un regard qui s'embua un peu et qui manqua de me faire lâcher un sanglot. Un battement de cils plus tard les larmes que j'avais cru entr'apercevoir disparurent rapidement.

- Écoute, Alana l'a vu. Je dois être à ses côtés et c'est dans votre intérêt à tous les deux aussi, ajouta-t-il en pointant du doigt mes frères.

Lorsqu'il mentionna sa sœur, je crus apercevoir une lueur d'espoir. Évidemment qu'il était au courant avec une sœur voyant l'avenir mais peut-être qu'elle avait connaissance d'une quelconque façon d'éviter ça.

- Dans tous les cas, il reste avec moi.

Je l'avais déclaré de manière beaucoup plus calme que la première fois et je m'en félicitai.

- Je ne vois pas pourquoi il doit...

D'une main levée, je l'interrompis en jetant un regard noir à lui et à notre frère félidé, même si celui-ci était en train de me venir en aide.

- Juste pour vous rappeler la situation, hein : c'est pas comme si vous alliez partir bientôt, parce qu'on vous l'avait ordonné, non ? Vous allez me laisser seule et sans défenses contre le monde dur et sans pitié dans lequel nous vivons et vous n'accepterez jamais que j'aille me réfugier chez mes amis les vampires qui eux ne se barrent pas comme ça, sans prévenir... Que vous êtes injustes.

J'avais exagéré la situation pour qu'ils culpabilisent. Ils ne m'avaient encore rien expliqué de la situation. Ils ne m'avaient rien avoué et tout ce que je savais je l'avais simplement découvert contre leur gré et sans même qu'ils le sachent. Et ils allaient bientôt partir. Après tout, je n'étais plus en danger et l'Ange Pur pouvait à tout moment leur dire que le sursis était fini. La mission avant tout. Comme des soldats.

- C'est pas l'envie qui me manque de ma barrer comme ça, chère « amie ».

Je ris à la pique lancé par Oscar. Il me regardait de haut, avec toute la fierté de son espèce.

- Qui a demandé ton avis ?

Le vampire leva les yeux au ciel à la question réthorique de son roi. Cela me mit du baume au cœur, c'était agréable. en tout cas, beaucoup plus que la sensation des yeux qui me fixaient dans mon dos. Je me tournai de moitié pour avoir Owen dans mon champs de vision. Félix s'était renfermé sur lui-même, fuyant obstinément la situation.

- Rika, ce....

- Je m'en fiche Owen. Je m'en fiche. Ethan vient. C'est tout.

Le loup hocha la tête, résigné. Il fixait désormais le sol. Aucun d'eux deux n'allait parler de toute évidence. Je leur accordai un sourire pincé, qu'ils ne virent même pas.

- Moi aussi je veux en être ! s'exclama le roi des vampires.

Je n'eus pas le temps de le dire que ça n'allait pas être possible, avec son statut royal, que son Conseiller s'agaça.

- Bien sûr ! Et pourquoi ne pas abandonner vos devoirs de roi, d'ailleurs, puisque vous y êtes ? Déjà que nous sommes partis depuis quatre jours, vous voulez prolonger vos vacances ? C'est tout un peuple que vous dirigez, pas des moutons ! Alors il est hors de question que vous alliez ailleurs que dans votre bureau pour gérer toutes ses affaires laissées en suspend ! Compris ?

- Mais Alistair, juste... essaya le jeune vampire.

- J'ai dit non. Nous partons dans deux heures.

- Pardon ?! Je ne veux pas !

Alistair lui fit les gros yeux, mais c'est Oscar qui reprit la parole.

- On a déjà eu à faire face à ce genre de roi, non, Ali ?

Hochement de tête de la part du Conseiller.

- Tu veux dire égoïste, infantile, qui ne pense qu'à sa petite personne et qui se fiche du sort de ceux qu'il gouverne ? Je crois, oui.

Hochement de tête de la part du Général. Alek soupira et je souris. Il ne pouvait pas les contredire, alors il tourna brièvement la tête vers moi avant de se détourner lorsqu'il remarqua mon regard posé sur lui.

- OK. Mais on part dans quatre heures.

Mon sourire se fana quelque peu. S'il avait accepté si vite, c'était pour éviter de parler de cet autre roi qui apportait des problèmes à ses deux sujets. C'était simplement son prédécesseur, le maître. Il "travaillait" un jour sur deux ; son jour de congé, il le passait à boire dans la maison des numéros, et à nous torturer comme le ferait un homme ivre. Son sang nettoyait rapidement la toxine de l'alcool, ce qui était à son avantage pour être plus ou moins sobre un jour sur deux. À notre grand malheur, il ne faisait jamais vraiment d'effort pour l'être quand il restait avec nous.

Je me souviens de ce jour où il avait jeter de l'huile bouillante sur le numéro Six. Il avait entreprit de nos faire à manger mais comme la veille nous n'avions rien avaler, Sixth avait faim. Assez faim pour que son ventre fasse trop de bruit. Un homme ne devait pas dépendre de quelqu'un. À quel moment un enfant de 6 ans n'avait pas besoin de dépendre de quelqu'un pour se nourrir ?

Sixth... il est mort la tête dans une bassine d'eau et d'huile bouillante.

Comme les autres, il a été tué dans la pièce noire. Cependant, ce jour-là, j'avais obtenu le droit d'assister à cette exécution. Le maître remplissait la bassine d'eau et d'huile qu'il avait fait chauffer sur la cuisinière à gaz. Je lui avais demandé pourquoi il faisait ça. Étrangement, il ne m'avait ni frappé, ni disputé pour mon impertinence et ma curiosité. Il avait juste sourit et d'un air complice il m'avait demandé si je voulais voir. J'avais dit oui. Il avait l'air si différent, si bienveillant, si paternel. Pour une fois qu'il m'accordait une attention non-violente. J'étais aussi heureuse que je pouvais l'être.

Puis, il a appelé Sixth. Et tout a dérapé.

***

Quelques heures plus tard, Alek et les deux vampires étaient rentrés au palais royal. L'affaire de la Prison Noire était réglé avec la mort du père et du fils Bonamicci alors ils n'avaient plus rien à faire ici. Alistair étant prévoyant, il avait pensé à nous demander nos coordonnées et à laisser les leurs, afin que je puisse contacter Alek. Il m'avait aussi prévenu de le joindre lui avant tout, puisqu'il allait se servir de ça pour faire du chantage à son roi, histoire qu'il travaille plus efficacement.

Maintenant j'étais reposée et j'avais pu manger un peu avant que nous partions tous en direction de la gare. Nous avions notre train et il avait démarré depuis un bon bout de temps et il ne nous restait qu'une trentaine de minutes avant d'arriver à destination. Owen et Félix s'étaient rapidement endormis après le départ ; ils ne s'étaient pas encore vraiment reposés depuis mon retour parmi les vivants.

-Du coup, c'est l'appartement de ton facteur ?

J'acquiesçai en posant les yeux sur Ethan qui était en face de moi. Nous avions parlé de ce qui s'était passé pour l'un et l'autre après l'arrestation de son ancien commissaire. J'avais rit lorsqu'il me raconta l'entrée surprenante de Félix dans sa chambre d'hôpital. Cet idiot avait dragué une infirmière et elle l'avait accompagné en roucoulant jusque dans la chambre. Selon Ethan, si elle avait été enceinte au premier regard, cela ne l'aurait pas étonné.

- Oui. C'est pour ça que c'est étrange. Pourquoi l'Ange Muet m'a dit de le rejoindre chez Julius ? Je veux dire, il me menace avec les gens que je connais et que j'apprécie ? Parce que si c'est le message qu'il veut me faire passer, je l'ai parfaitement reçu.

Ethan rit.

- Tu sais que tu ne pourras rien faire ?

Il ne dit pas ça pour être mauvais. Il voulait simplement que je ne prenne aucun risque, que je ne tente pas le diable. J'avais un bras en écharpe, une fatigue prononcée en échange d'une guérison plus efficace, une existence d'humaine.

Faible.

Je sais.

Puisque je m'étais renfrognée, Ethan n'ajouta rien. Il décida de se reposer et ferma les yeux en enfonçant ses écouteurs dans les oreilles.

Je soupirai. J'étais fatiguée mais je ne trouvais pas le sommeil, je m'ennuyais et pour m'occuper, je ne trouvai rien de mieux que de secouer mon frère félidé, qui se trouvait en face à côté d'Ethan. J'aurais pu essayer de réveiller Owen et de l'agacer comme je le pouvais. Cela aurait été plus amusant, si le réveiller était quelque chose de possible. Après avoir reçu quelques coups de pieds dans le tibia, Félix remua et ouvrit un œil. Il jugea la situation durant un tiers de seconde avant de le refermer en croisant les bras et en grognant quelque chose du genre « laisse moi tranquille Rika, va jouer avec ton humain de compagnie, s'il-te-plaît ».

Habituellement, il aurait trouvé ça étrange que je m'arrête là, sans insister ou devenir encore plus chiante mais il était bien trop dans les vapes pour y faire attention. La mienne, d'attention, était totalement accaparée par cet homme, un peu plus loin, qui appuyait fortement sa main sur sa bouche tandis que la femme en face de lui pointait du doigt les toilettes du wagon d'à côté.

L'inconnu se leva de sa place et ma respiration se bloqua dans ma gorge. Mes doigts s'agrippèrent aux accoudoirs du fauteuil. Il passa à côté de moi et mon cœur loupa un battement. Je voulais pleurer. Encore plus lorsque je vis Ethan, les yeux grands ouverts, qui m'observait sans les cligner. Je déglutis difficilement.

Merde, foutu pilier. Tu as deviné ? Bien sûr que tu as deviné. Par pitié, ne m'empêche pas de le faire. Je peux pas. Je peux pas me retenir ou je vais devenir folle.

Il sembla acquiescer et abaissa les paupières. C'était donc ce que ressentais mes frères quand ils pouvaient se comprendre l'un l'autre sans même se voir. C'était déstabilisant. Mon âme était mise à nue devant quelqu'un d'autre que moi, et ce n'était pas aussi étrange que je le pensais. Ce n'était pas non plus réconfortant ou agréable. C'était juste normal. Cette normalité était déstabilisante mais ne me dérangeait pas.

Je me levai doucement de mon siège, pour ne pas attirer l'attention de mes frères endormis, et je suivis vivement l'homme. Il passa les premières portes pour changer de wagon, puis les deuxièmes. Il posa sa main sur la poignée de la porte des sanitaires. Je jetai un rapide coup d'œil autour ; personne ne regardait vers nous. Alors je le poussais dans les toilettes et entrai à sa suite. Je verrouillai en un clic la porte pendant qu'il glapissait de surprise.

- Taisez-vous, lui ordonnai-je lorsque je le vis prêt à me demander ce que je foutais.

Il fronça les sourcils puis écarquilla les yeux alors que j'enlevai d'un geste brusque la main qui dissimulait une partie de son visage et que je le poussai jusqu'à ce qu'il s'écroule sur la cuvette fermée des toilettes pour coller tout aussi brutalement ma bouche contre la sienne.

Il tenta de me repousser en appuyant sur mon épaule valide. Il était littéralement agressé mais il semblait faire attention à ma blessure. Je m'appuyai contre lui, pour l'empêcher d'être capable de faire le moindre geste. Sa bouche était pincée, et au bout de quelques minutes cela m'agaça.

« Mais ouvre moi ta bouche putain ! » m'écriai-je dans sa tête.

À contre-cœur, ou possiblement sans pouvoir s'en empêcher, ses lèvres se détachèrent et je pus enfin accéder à l'intérieur de sa bouche. Lorsque ma langue toucha la sienne, je soupirai d'aise.

L'homme s'était mordu la langue et sa bouche était envahi de son sang. Je n'avais pas eu spécialement envie de l'embrasser. J'en avais eu besoin, pour accéder à cette source de nourriture dont je n'avais jamais eu envie ou même la nécessité jusque là.

Et je bus. Je bus encore, goulument, comme si je n'avais pas manger depuis des lustres. J'eus envie de pleurer aussi.

Quelques minutes plus tard, trois coups furent donné à la porte.

- Rika. Laisse le sortir, s'il-te-plaît.

C'était Ethan. Et étrangement, je lui obéis immédiatement. Je me reculai lentement, laissant respirer l'homme à qui j'avais dû boire un bon tiers de son sang, juste en suçotant sa langue. Je m'excusais silencieusement, sans oser le regarder dans les yeux. Il me repoussa et sortit précipitamment de l'étroite cabine. Je soufflai, tremblante et regardai mon reflet dans le petit miroir. Précautionneusement, j'ouvris la bouche. Je la refermai précipitamment.

- Ethan... geignais-je.

Il y eu un moment de silence, où ma plainte mourut.

- Ethan, je...

- Je sais.

- Pourquoi je... enfin, quand Oscar a... il n'y avait rien qui... baffouillais-je.

- Je sais, Rika.

J'ouvris la porte, malheureuse comme les pierres. Jamais je ne pourrais le dire à mes frères. Jamais je ne pourrais leur montrer ma dentition comme je le faisais avec Ethan actuellement. Il s'approcha de moi, posant sa main sur ma tête.

- Je suis un vampire, putain...

Il secoua la tête et me repoussa dans les toilettes.

- Regarde toi dans le miroir.

Je plissai les yeux, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire. J'avais vu les canines allongées. Je les sentais encore dans ma bouche. Le plus révélateur était que j'avais quand même agressé un homme pour boire son sang. Je n'avais pas inventé tout ça. Il appuya du regard sa demande et je fixai donc le mien sur moi.

Je ne sus plus comment respirer. Mes jambes me lâchèrent aussi, et Ethan dû tendre le bras vers moi pour me soutenir. Il m'accompagna jusqu'au sol, sans rien dire. Il n'avait pas besoin de parler. Ni lui, ni moi. Pourquoi faire d'ailleurs ? Pour essayer d'expliquer pourquoi mes yeux avait perdus toute trace du blanc du globe oculaire ? C'était des yeux de loup. Presque les mêmes que ceux d'Owen quand il se transformait. Le gris de mes iris avait envahi tout mon globe oculaire et la pupille était plus grosse, épaisse, imposante. Un regard bestial. Quand j'approchai mes mains de mon visage, pour me morfondre en toute pudeur, mon cœur s'arrêta à la vue de mes doigts. Des griffes. J'avais des griffes au bout de mes doigts. Félix pouvait faire ça. Félix pouvait se transformer partiellement de la sorte.

- Ethan. Je... j'ai les canines d'un vampire ?

- Oui.

- Et les yeux d'un loup-garou ?

- Oui.

- Et les griffes d'un métamorphe félidé ?

- Oui.

Je me tus.

- Ce n'est pas possible. 

- Écoute Rika, tu n'es pas folle, et je ne suis pas non plus atteint.

- Mais ce n'est pas possible ! m'écriai-je.

Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre que de me mettre à crier et surtout à nier ce qui ce passait ? Ça n'existait pas, les mélanges de la sorte. Les couples mixtes oui, mais l'enfant qui naissait était soit comme l'un, soit comme l'autre. Il n'y avait pas de nuance, parce que sinon l'enfant était bien trop imprévisible autant au niveau du comportement qu'au niveau physique. Si imprévisible que l'embryon qui aurait dû former un enfant de ce genre n'arrivait jamais au stade de fœtus. Cette espèce mourrait littéralement dans l'œuf.

- C'est possible, murmura le jeune policier. C'est toi.

- Tu veux dire que...

- Non. Tu n'es pas l'un de ces mélanges. Ce n'était pas dans tes gènes.

Je me relevai, agacée. Bien sûr qu'il savait ce que je voulais dire, mais qu'il nie aussi rapidement avant même que je puisse le formuler à haute voix m'énervait.

- Et ça vient d'où alors hein !?

Il jeta un coup d'œil autour de lui, dans le wagon. Quand il fut sûr que personne n'avait été attiré par mon cri, il se remit face à moi.

- Je ne pourrais pas te dire exactement, mais j'ai l'impression que tu as été simplement transformé.

- En trois espèces !? C'est impossible. Comment tu peux...

- Parce que je suis ton Pilier Rika, me coupa-t-il. Toutes les intuitions que j'ai à ton propos sont censées être bonnes.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro