Chapitre 50:
Owen était assis sur le bord du canapé, les coudes sur les genoux, la tête entre les mains. Il se lamentait, les larmes aux yeux. Il était incapable de bouger, de se lever, ou même de tourner la tête vers le corps inconscient de sa sœur. Il avait peur de la voir disparaître sous ses yeux, sans qu'il ne puisse rien y faire. Elle était déjà en train de disparaître pour lui.
Deux jours tous les 100 ans. C'était trop peu, trop court, trop juste pour qu'ils puissent tout deux profiter d'elle.
- Pourquoi..? Pourquoi est-ce qu'on a accepter de partir du quartier? pleurait le loup-garou. Si on n'était pas parti jamais elle ne serait morte, jamais elle ne serait devenue la Gardienne de quoi que ce soit.. pourquoi est-ce qu'on est parti...?
Felix écoutait d'une oreille distraite le discours malheureux de son frère. Il était toujours agenouillé au sol, les bras ballants et le visage tourné vers le ciel. Il fixait le plafond, silencieux, sans dire le moindre mot. Comme s'il priait une entité plus puissante d'arranger le désastre qui se produisait dans sa vie.
Mais il était le Pantherinae éternel. La malédiction qui le touchait commençait tout juste. Il avait vu mourir sa sœur de sang dans sa première vie, et désormais il allait perdre celle qui l'avait aidé à surmonter ce traumatisme. Celle qu'il considérait comme sa sœur. Il allait de nouveau perdre une sœur.
- On aurait dû.. on aurait dû rester au quartier.... pourquoi..? continuai Owen.
Le fauve ne se faisait pas d'illusion. Même s'ils étaient restés au quartier, l'Ange Pur leur aurait demandé de partir chercher le Nouvel Ange, en abandonnant Rika. Ils avaient pu rester avec elle seulement quelques jours de plus. Le destin semblait s'acharner à les séparer.
- Humaine et mortelle, on l'aurait vu plus longtemps... Immortelle, on l'a verra juste trois, ou quatre jours peut être... pourquoi est-ce que ça arrive...?
La voix du loup était complètement brisée. L'esprit du métamorphe était complètement vide. Le pièce entière était silencieuse.
Alistair était triste pour eux. Il compatissait avec leur douleur. Surtout qu'il était celui qui avait dû la déclencher. Il savait qu'Oscar se souvenait des légendes sur les Gardiens des Souvenirs. Lorsque le vampire aux longs cheveux lisait ces histoires, il ne manquait jamais d'en parler à son compagnon. Il se souvint même de la réaction qu'avait eu le militaire : "Un homme seul pour l'éternité, qui n'a le droit de voir ceux qu'il aime pendant deux malheureux jours tous les siècles? C'est pire que d'être un vampire solitaire. C'est aussi affreux que de permettre à un homme, privé de ses jambes depuis des années, de marcher, courir, sauter comme il le veut pendant une journée entière, avant de le remettre à vie dans son fauteuil."
Cette phrase avait été gravé dans la mémoire d'Alistair. C'est ce jour-là qu'il avait compris que le Général n'était pas seulement un tas de muscles sans cerveau. Oscar était un tas de muscles sans cerveau, doté d'un cœur. C'était sûrement ce qui l'avait poussé à rester près de cet étrange militaire durant toutes ces années. Et c'est ce qui faisait comprendre au Conseiller que si Oscar avait fait celui qui ne se souvenait pas de ça, c'était parce qu'il ne voulait pas annoncer la mauvaise nouvelle aux deux hommes. Il ne voulait pas porter le fardeau de les briser.
- La sorcière n'a pas dit qu'ils allaient sortir? demanda le vampire balafré, essayant d'apaiser la douleur des hommes.
Owen cessa de se lamenter, et leva des yeux mouillés vers le jeune flic. Il voulait une confirmation de la grande sœur de l'humain.
"- La sorcière risque de te faire manger tes testicules si tu l'appelles encore une fois comme ça," prévint gravement la concernée.
Personne ne rit. Le loup-garou se serait fait un plaisir d'éclater de rire le plus bruyamment possible, mais il n'avait pas le cœur à ça. Alana le comprit, ainsi qu'Oscar, qui ne répliqua pas, mais s'il bouillonnait de remettre à sa place cette gamine d'une trentaine d'années. Il avait plus de 20 fois son âge, et elle lui parlait sur ce ton? Elle avait de la chance de ne pas être ici.
"- Je le dis qu'ils sortent du Monde Oublié. Mais Rika a le droit à deux jours par siècle. Peut être qu'elle les utilise dans ma vision. Je ne sais pas, je n'ai rien vu sur ça."
Owen replongea son visage dans ses mains. Il ne pleurait plus, mais c'était tout comme. Puis, il se calma. En pensant à sa sœur, il s'imagina qu'elle aurait sûrement dit quelque chose comme : "Au moins on se voit! Et je suis vivante!". Il essaya de voir le bon côté des choses, d'être positif, comme elle. Une voix lui souffla qu'il agissait comme si elle était morte. Et son humeur s'assombrit de nouveau.
Felix, lui, ne voyait pas les choses ainsi. La réponse d'Alana ne lui avait pas plut. Elle n'avait pas le droit de "ne pas savoir" à un moment aussi critique. Ça ne lui plaisait pas du tout.
- Alors fais en sorte de voir la réponse merde! s'écria-t-il en se levant brusquement. C'est pas si compliqué que ça! Vois!
La voyante claqua sa langue de désapprobation face au ton agressif qu'utilisait le fauve. Ethan pouvait presque voir sa grande sœur froncer des sourcils et se ronger l'ongle du pouce pour canaliser sa colère.
"- Ce n'est pas simple. Je ne contrôle pas ce pouvoir. Ma clairvoyance se manifeste quand bon lui semble. Je ne suis pas une télécommande."
Felix gronda sourdement. Cette réponse aussi ne lui plaisait pas, et il le faisait savoir. Il allait détruire ce portable, faute de pouvoir laisser parler sa colère sur la voyante.
- Félin.
Le Conseiller s'était rapidement placé entre le métamorphe et l'humain. Il pouvait sentir dans l'air la colère du fauve grandir.
- N'êtes-vous pas le plus raisonné et le plus calme des deux? demanda calmement Alistair en pointant du menton Owen et lui.
- Ma sœur est plus importante que ma raison. Et comme je ne la verrais plus, je n'ai plus besoin d'être calme.
Il fit volte-face et s'avança vers la fenêtre. Le vampire l'avait coupé dans son élan, il ne se sentait plus d'humeur à vouloir frapper quelque chose ou à essayer de soutirer à Alana des informations qu'elle n'avait pas.
Un long soupir retentit dans la pièce, de nouveau silencieuse. Aucun d'eux ne se tourna vers la provenance de ce soupir lasse.
"- Pourquoi tu es si calme Ethan?"
- Quoi? sursauta ce dernier.
Alistair posa un regard curieux sur le jeune humain. C'est vrai qu'il le trouvait bien trop calme, alors qu'il venait de dire que Rika ne pourrait pas revenir complètement du Monde Oublié. Il était pourtant celui qui n'arrêtait pas de prendre soin d'elle depuis qu'elle était inconsciente. Il était celui qui disputait les autres de ne pas faire attention au fait qu'elle n'était qu'humaine au contraire d'eux.
- Mais oui, Ethan.. dit narquoisement Oscar. Pourquoi es-tu aussi calme alors que tu te comportais comme un papa poule avec la fille aux cheveux rouges, il n'y a même pas 20 minutes?
L'ambiance lourde qui remplissant la maison ennuyait le militaire. Il avait envie de s'amuser, et il avait soudainement envie de s'amuser au dépens de l'humain. Quand il vit du coin de l'œil Owen se tendre, il esquissa un léger sourire. Quand le loup-garou se leva en lançant un regard menaçant au flic, Oscar s'enfonça confortablement dans sa chaise. Enfin un peu d'action.
- Tu sais quelque chose, c'est ça? cracha le loup.
- Hein? Non!
- Alors pourquoi t'as pas bronché quand la sang-sue a dit que Rika ne pourrait pas revenir!?
Ethan fit un pas en arrière.
- C'est pas exactement ce qu'il a dit..
- Deux jours! Deux jours tous les siècles! Tu pourras la voir deux jours avant de crever, et ça te fait rien alors que tu puais les hormones quand elle te regardait il y a 3 jours!? Ça te fait rien?? Qu'est-ce que tu sais!?
- Pourquoi je devrais savoir quelque chose!? cria le flic en retour.
Il n'allait pas se laisser marcher sur les pieds ainsi. Le loup-garou pouvait geindre plus fort si ça l'enchantait, mais à un autre moment. Le calme dont il faisait preuve l'inquiétait aussi. Il se sentait mal, nauséeux, et son corps était engourdi depuis une dizaine de minutes. Il ne comprenait pas pourquoi, il ne s'était pas plaint, et maintenant, Owen s'énervait pour rien, et Oscar envenimait les choses comme un petit diable posé sur une épaule.
- J'en sais rien moi, c'est toi qui sait! s'exclama le loup.
- C'est une réponse de gamin ça! répliqua aussitôt Ethan.
- Ne me provoques pas, humain!
Sur cette menace, Owen s'avança et tenta d'attraper Ethan par le col. Il "tenta", car sa main passa à travers le jeune homme, qui lâcha un cri surpris. Sous le choc, le loup-garou essaya une seconde fois de le toucher, prudent. Sa main repassa à travers le corps de l'humain, qui semblait sur le point de tourner de l'œil. Parce qu'il avait mal à la tête, parce qu'il avait envie de vomir, parce qu'il ne sentait plus son corps, et surtout parce qu'Owen passait sa main dans son corps comme s'il ne touchait rien.
- Qu'est-ce que..? balbutia Felix en s'approchant.
"- C'est une affaire de famille."
La voix dure et ferme d'Alana coupa le fauve qui sursauta. Ethan remit son téléphone à son oreille et demanda pourquoi.
"- Comme je te le dis, c'est une affaire de famille. Ici, les oreilles sont indiscrètes. Si tu veux savoir, sors de cette maison, et éloignes-toi d'eux. Je vais tout t'expliquer."
Le jeune policier acquiesça doucement. Malgré tout, il était soucieux. Son frère jumeau était peut être un vampire, et peut être qu'ils étaient liés d'une façon qu'il ne comprenait pas en tant que simple être humain. Ce dont il était certain, par contre, était que les vampires n'étaient pas immatériels. Quand il avait touché Alek, son corps n'avait pas traversé le sien. Les loups-garous ne sont pas immatériels non plus. Alors pourquoi Owen venait de traverser son corps?
Il sortit de la maison et s'éloigna de plusieurs rues. Il allait falloir que sa sœur lui explique pas mal de choses.
***
[Point de vue Rika]
Le Monde Oublié
Finalement, être immortelle avait un goût assez enivrant. Je commençais déjà à m'amuser, rien qu'en imaginant tout ce que je pourrais faire : je pourrais voyager partout dans le monde en prenant mon temps, apprendre je ne sais combien de langue pour parler avec un maximum de gens, je pourrais voir comment sera le monde dans quelques siècles.. penser à tout ça me donnait des frissons d'impatience. J'avais envie de commencer maintenant cette longue aventure avec mes frères.
- Dis, qu'est-ce que je dois savoir d'autre sur ce qu'apporte d'être un Gardien de...? L'insecte cracheur s'est taillé! m'écriai-je en remarquant l'absence de la boule volante.
- Oui. Quand vous avez commencé à flirter et à vous extasier sur le fait d'être l'éternité ensemble, de ne pas voir mourir l'autre, e così via.. dit Alessandro en agitant la main.
- On ne flirtait pas, niai-je en haussant les sourcils, dubitative.
Alek s'éloigna d'un pas, visiblement gêné. Gêné pourquoi? On ne flirtait pas, à ce que je sache, et on ne faisait rien de mal. On était juste content de savoir que j'étais immortelle. Ce qui est surprenant d'ailleurs. Qui aurait cru que je serais un jour immortelle? Je ris un peu à cette pensée.
- Bon, m'exclamai-je en claquant les paumes. Va falloir trouver un moyen d'entrer, puisque personne ne compte nous ouvrir la porte!
J'avais fini ma phrase un peu plus fort dans l'espoir d'allumer une petite lumière de lucidité dans l'esprit des êtres de l'autre côté de la porte. En vain : je n'ai reçu aucune réponse, pas même négative. Je soupirai, découragée un instant, avant de retrouver ma bonne humeur.
- Alek, à toi de jouer! dis-je enjouée.
Le concerné acquiesça tout doucement, peu certain de pouvoir le faire. Personnellement, je savais qu'il allait réussir à ouvrir cette porte, ou à trouver un autre moyen d'y entrer. Après tout, il était la "clé".
"Ange, n'est-il pas curieux que vous soyez la clé?"
Je jetai un regard sur le vampire souverain. Il n'aurait pas dû être la clé, c'est ça?
"Oh, vous êtes Alek Rodriguez, n'est-ce pas? Ceci explique cela."
Je me demandais bien ce qui, dans l'identité du vampire roi, pouvait expliquer quoi que ce soit. Cette créature me paraissait plus calme et plus facile à comprendre que ses congénères ailés, mais elle ne m'inspirait pas confiance, et encore moins depuis que je savais qu'elle volait tous les souvenirs et toutes les émotions des défunts. De mon point de vue, il serait plus judicieux de ne prendre que les mauvais souvenirs, afin que les morts puissent vivre -c'est une image- une mort un peu moins morne et triste. Peut être que je pensais ça pour mon propre bien : car si je pouvais effacer de ma mémoire la vie que j'ai eu dans la maison des Numéros et me souvenir seulement de tous les merveilleux moments que j'ai vécu, je ferais sûrement n'importe quoi pour y parvenir.
Je soupirai silencieusement, et m'appuyai contre l'immense porte dorée. Elle avait vraiment un très joli design. Je baissai les yeux vers Alessandro et Alek. Est-ce qu'ils voyaient la porte, maintenant que nous étions juste devant?
Je ne crois pas... songeai-je, mi-désespérée, mi-amusée en voyant Alek observer sous toutes les coutures la paroi derrière moi.
- Tu es certaine que la porte se trouve là? questionna-t-il.
J'acquiesçai, un sourire moqueur sur le visage. Puis je sursautai lorsque Alessandro cria.
- Mais c'est là que je t'ai vu, per Dio! s'exclama-t-il en pointant Alek du doigt.
- Quoi?
- Quand je me suis enfui de la prison, je suis sorti par la cheminée d'une maison. D'ailleurs, ça puait la mort là-dedans, on aurait dit que des cadavres avaient envahit la baraque, schifosa...
La cheminée? Le passage que j'ai trouvé derrière la cheminée de la cave menait à la prison des vampires? C'était sûrement de là que m'était venu ce sentiment d'insécurité. J'avais toujours eu un bon instinct de survie, meilleur en tous cas que celui de mes frères mi-animaux. Ma survie dans la maison du maître pouvait être dû à ça.
Le vampire italien s'approcha de moi les sourcils froncés, comme s'il venait de se rappeler de quelque chose.
- Tu étais là quand je suis sorti. Qu'est-ce que tu faisais dans cette maison-cimetière, signora rossa?
À mon tour de froncer les sourcils. Je ne me souvenais pas l'avoir vu en dévoilant le passage de la cave.
- J'utilisais la lumière pour me rendre invisible, tu n'as pas dû me voir bella rosa, précisa-t-il.
- Oh c'est pour ça.. déclarai-je, peu convaincue.
- Ma era bizzarro ; j'avais l'impression que tu me voyais et que tu fuyais. À moins que ce soit un insetto qui t'a effrayé.
- Un insecte? répétai-je en français. Ah!
Flashback
dans la maison des Numéros
Je regardais dans l'ouverture derrière la cheminée, méfiante. Prudente, je passai le bras droit et l'épaule droite dans la brèche. Quelque chose brilla dans l'obscurité, ce qui stoppa ma lancée.
Les paroles du maître tournait en boucle dans ma tête. Était-ce ce qu'il y avait derrière la cheminée qu'il me déconseillait d'aller explorer, ou juste la cave?
La chose brillante bougea à nouveau et je sortis d'un coup de la brèche lorsqu'elle ne fut qu'à deux mètres de moi. Les yeux agrandi, je ne quittai pas des yeux l'obscurité. Je poussai un soupir pour calmer les battements frénétiques de mon cœur.
Fin flashback
- C'était toi le truc brillant! Je savais que ton tour de passe-passe n'était pas parfait!
- J'étais invisibile, tu ne pouvais pas me voir.
- Je ne t'ai pas vu, mais je t'ai vu. Pas assez pour te reconnaître après, mais je t'ai vu!
- C'est imposible signora rossa!
- Tu ne deviens pas invisible, tu empêches juste la lumière de se refléter sur toi! Et t'es un vampire, tu ne devrais pas pouvoir utiliser la magie, même si tu as été mage avant ça. La magie que tu utilises n'est plus parfaite, alors peut être que, sans le vouloir, tu as laissé la lumière éclairer une partie de toi et c'est ce que j'ai vu.
Alessandro croisa les bras, et ferma quelques instants les yeux.
- Ça se tient, signora rossa. Mais tu ne m'as pas répondu. Pourquoi étais-tu dans cette maison rempli de cadavres et ouvrant sur la seule porte menant à la Prison des vampires?
- Tu crois que le maître habitait où? soupirai-je. Il était le roi des vampires, il devait bien garder un œil sur sa prison. Et l'odeur de corps en décomposition que tu as sentis, c'est les 13 autres Numéros qui sont restés là pendant 12 ans.
- Oh...
Je compris au ton qu'il employait et à l'expression qu'il affichait qu'il n'avait pas pensé à cette possibilité. S'il m'avait demandé pourquoi je me trouvais là, c'était sûrement parce qu'il avait encore des doutes sur mon honnêteté. J'étais télépathe, alors ma confiance, j'avais su dès le début que je pouvais la lui donner. Lui ne me connaissait pas réellement. Peut être que j'étais une complice du maître, puisque j'avais "vécu" deux ans avec lui. Après tout, comment pouvait-il être sûr que je ne racontais pas de mensonges depuis le début? Je ne pouvais pas lui en vouloir de se méfier d'autrui. Il avait perdu 120 ans de sa vie juste pour avoir fait confiance à un roi malhonnête.
Je décidai de changer de sujet, pour dissiper le malaise que je sentais arriver.
- Alors? En sortant de la prison, tu as vu Alek?
Le jeune roi, qui n'avait dit mot depuis plusieurs minutes, prit la parole pour nier ce qu'affirmait l'italien.
- C'est impossible. Quand tu t'es enfuis, j'étais dans la prison, avec mon Conseiller, mon Général des armées, et ton père. Tu n'as pas pu me voir hors de la Pièce Noire.
- Pièce Noire? répétai-je en imaginant des dizaines de vampires enfermés derrière la porte noire.
- C'est comme ça qu'est appelé la prison, me précisa Alek. Ce n'est pas la pièce noire de la maison des Numéros.
Je ne répondis rien. Je n'en voyais pas l'utilité. Je ne trouvais pas important de continuer la conversation sur ce sujet, et l'ancien Numéro le comprit parfaitement : il pensait comme moi.
- Je te dis que je t'ai vu Re dei Vampiri. Tu étais dehors, face à cet humain qui pointait une arme sur toi. Le métamorphe et le loup-garou sont venus t'aider quand il t'a tiré dessus. Tu joues bien la comédie! J'étais persuadé que tu étais un umano.
J'éclatai de rire en imaginant Alek comédien. Il était bien trop timide, peu bavard et introverti pour aller sur le devant de la scène, et surtout que ce n'était pas lui. Alessandro tourna un regard perdu vers moi, pendant que je voyais le vampire souverain comprendre le malentendu.
- Tu as sûrement vu mon frère jumeau, lui apprit-il alors.
- Frère jumeau? Le roi des vampires à un frère jumeau!? s'écria l'italien. Dio, il doit avoir un poste important au sein de la communauté vampirique!
Je secouai la tête, pour l'arrêter dans sa lancée.
- Absolument pas. Ethan est humain et.. hein? Comment tu sais que tu as un frère? m'exclamai-je en me tournant brusquement vers Alek.
- Eh bien, avec Alistair et Oscar on est chez lui. Avec tes frères. Ils attendent tous que je te ramène.
- Tu l'as rencontré! C'est génial! Tu te souvenais de lui? Vous vous êtes parlé un peu quand même? Il est gentil pas vrai? Je suis désolée pour ta mère aussi...
Surexcitée comme une puce de cette retrouvaille fraternelle, j'assiégeai le jeune roi avec une tonne de questions.
- Ah euh... oui on s'est parlé et non je ne me souvenais plus de lui.. Je l'ai pris pour un métamorphe humanoïde. Owen s'est foutu de moi quand j'ai dit ça.
Je soufflai en pensant à mon frère. Il ne pouvait pas enterrer la hache de guerre avec le pauvre Ethan? On avait chamboulé sa vie en venant dans cette ville, il pouvait lui laisser un peu d'air tout de même.
- Donc le roi à un frère humain? demanda à nouveau Alessandro.
- Oui! lui répondis-je. Complètement huma...
"Ange, n'est-il pas curieux que vous soyez la clé? Oh vous êtes Alek Rodriguez? Ceci explique cela."
- Mais oui! m'écriai-je soudainement. Alek! Ce n'est pas toi la clé, c'est Ethan!
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro