Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

12 : Ma vraie nature selon Eliott, une promotion et un match de foot

- Eliott ?

Il a levé la tête vers moi. Nous étions dans le canapé, devant la télé. J'étais hypnotisée par la chaîne d'info et lui divaguait entre les présentateurs mornes et son Twitter aux mille abonnements. Nous ne nous étions pas parlés depuis plus d'une semaine, bien que nous habitions ensemble. Et croyez-moi, c'était gênant.

C'était pour ça que, quand je l'avais appelé et qu'il avait levé la tête vers moi, un air ahuri sur le visage, j'ai souri. Nous avions tous les deux beaucoup de phases de silence comme celle-ci, et à chaque fois, c'était lui qui faisait le premier pas. Mais pas aujourd'hui.

- Réponds-moi franchement : tu trouves que je profite des gens ?

Le discours de Nathan tournait en boucle dans ma tête depuis trois jours, et je n'avais rien fait d'autre que d'errer du canapé à mon lit aux toilettes. Eliott me posait en silence une assiette et sortait de la maison, pour revenir le soir. Aujourd'hui, il était rentré plus tôt que d'habitude, et je me demandais encore ce qu'il faisait un lundi matin s'il n'avait pas cours.

- Franchement ? a-t-il répété.

- Franchement.

Il est resté longuement silencieux, mais son silence parlait à sa place. Alors, j'étais une méchante personne, bonne qu'à utiliser les autres et à bannir tout sentiment de sa vie. Ça ne me réjouissait pas autant que je ne l'avais espéré.

- Je pense sincèrement que ce que tu laisses montrer aux gens qui t'entourent est très différent de la réalité, a-t-il enfin répondu avec un air mystérieux.

- Et donc ?

- Tu fais croire aux gens que leurs problèmes ne t'atteignent pas, que tu les manipules parce que tu ne penses pas forcément qu'ils ont un gros impact sur toi. Mais la vérité, c'est que tu es sensible, toi aussi, et tu sais que tu fais du mal aux gens, et ça t'angoisse. Un peu, a-t-il repris, parce que tu n'es pas non plus une philanthrope.

- Et tout ça fait de moi une personne gentille ou méchante ?

Il m'a tendrement souri et j'ai eu l'affirmation que notre phase de silence était terminée.

- Personne n'est tout blanc ni tout noir, Alice. Ça fait de toi une humaine, tout simplement.

J'ai lentement hoché la tête.

- Tu es quand même super mature pour un petit gars de dix-neuf ans.

- Tu connais mon âge, maintenant ?

Je lui ai lancé un regard las, et il a ri.

- Je suis désolée d'être une sœur horrible.

- Ça va, c'est drôle. J'ai plus l'impression d'avoir une petite sœur de vingt-cinq ans, mais c'est drôle.

Il avait insisté sur le "petite" parce qu'il me dépassait d'au moins dix bons centimètres.

- On dirait que toi aussi tu ne connais pas mon âge, lui ai-je lancé en tirant la langue.

- C'est ton anniversaire dans une semaine, alors on n'est pas à sept jours près. Tu vas faire quelque chose ?

J'ai haussé les épaules.

- Sortir avec Gretchen et Cécile sûrement.

- Et Nathan ?

Entendre son nom m'a fait l'effet d'un coup de massue.

- On ne se parle plus.

J'ai baissé la tête vers mon téléphone qui avait commencé à vibrer. Lavande. J'ai soupiré, ai indiqué à mon frère que je devais prendre l'appel et me suis installée dans la cuisine, où l'on entendait moins parler d'attentats et d'inondations.

- Oui ? ai-je simplement dit.

- Bonjour Alice. Vous allez bien ? Je ne vous ai pas vue, ce matin.

- Parce que je ne suis pas venue, monsieur.

Il y a eu un blanc. Après réflexion, ce n'était pas malin de répondre ça à son patron.

- Et je pourrais savoir pourquoi ? a dit Lavande avec le ton qu'il devait prendre pour parler à sa fille.

- Avec ce qu'il s'est passé vendredi dernier, j'ai pensé qu'il serait mieux que je ne vienne pas. Mais je serais de retour demain, monsieur.

- D'accord, je note votre absence. Et, Alice ?

- Oui monsieur ?

- Je... je suis désolé, si je vous parais grossier.

- Mais non monsieur, je...

- Laissez-moi parler. Votre compagnon m'a expliqué la situation, il est d'une clarté impressionnante, contrairement à vous qui... passons. Il m'a expliqué que mon comportement vous gênait et que vous n'osiez pas me le faire comprendre, parce que vous avez peur de perdre votre boulot. Et je peux le comprendre, car il a tout de même dit ça devant ma propre femme et j'ai pensé à vous renvoyer.

J'ai ravalé ma salive. J'allais le tuer. Nathan, pas Lavande. Quoi que.

- Mais j'ai beaucoup réfléchi, a-t-il repris, et vous faites un super travail, Alice.

- Merci.

- J'ai rendez-vous avec madame Dubois, la PDG, cet après-midi, et je tenais à lui parler de vous, afin qu'elle puisse faire en sorte que vous montiez en grade.

Je n'ai rien dit, abasourdie. Il se disputait avec sa femme à cause de moi et j'avais une promotion ?

- Alice ?

- Oui ?

- Vous n'y voyez pas d'inconvénient ?

- Je... non. Merci beaucoup.

- Je vous en prie, Alice. Vous le méritez, et puis c'est ma façon de m'excuser... Bien que ça fait un petit moment que je pense à cette promotion, ne voyez pas ça comme une sorte de piston.

J'ai regardé mon frère, qui avait éteint la télé et m'avait retrouvée dans la cuisine. Il m'a interrogée du regard, et j'ai articulé "PA-TRON".

- Je vous retrouve demain dans mon bureau pour en parler ?

- D'accord. Merci encore monsieur, à demain.

- A demain.

J'ai raccroché, et ai poussé un long soupir, sûrement le plus long de ma vie.

- Alors ? a fait Eliott, inquiet de mon silence.

- Je vais sûrement avoir une promotion, ai-je soufflé.

Le visage d'Eliott s'est déformé pour y accueillir un large sourire.

- C'est génial ! C'est la meilleure chose qui pouvait arriver, non ?

J'ai hoché la tête. C'était une bonne chose, oui ; mais je ne me sentais pas si revigorée que ça.

• • •

Le lendemain à dix-sept heures, Gretchen m'a obligée à venir l'accompagner au match de foot de son neveu. Elle m'avait affirmé que ça n'allait pas être ennuyant, qu'il y auraient de beaux garçons qui courraient après un ballon et que le buffet serait gratuit. Aucune de ces trois affirmations n'étaient vraies et je m'étais retrouvée coincée entre Gretchen et un homme qui devait sûrement être le père de l'un des joueurs, survolté et qui se donnait à fond pour son fils. À fond.

- Ça va durer encore longtemps ? me suis-je plainte.

Gretchen a regardé sa montre et a annoncé :

- Ça ne fait que vingt minutes qu'ils ont commencé à jouer.

Et je m'y connaissais juste assez en foot pour savoir qu'il restait encore plus d'une heure à être assise sous un soleil de plomb, avec pour seul moyen de s'amuser l'application Boussole de mon téléphone.

- Alors, cet entretien ? m'a demandé Gretchen.

- Mon boss et moi, on a parlé de mes chances d'évoluer dans la boîte.

- En gros, que des trucs nazes.

- C'est ça. Ensuite, quoi d'autre... ah, je reparle à mon frère, je ne veux plus revoir Nathan, et j'ai trouvé une super marque de sangria pas chère.

- Attends, quoi ?

- Je te jure, deux-trois euros la bouteille de deux litres, je trouve ça vraiment abordable pour de l'alcool et des morceaux de fruits ; et elle est super bonne.

- Non, tu as dit quoi par rapport à Nathan ?

J'ai soupiré, et ai pioché dans la boîte de popcorn du papa à côté de moi - et c'est lui qui m'avait proposé de me servir (bon, je lui avais promis une pipe en échange mais franchement, ses popcorns étaient dégueulasses alors nous allions devoir revoir les termes de notre contrat).

- Il se mêle trop de ce qui ne le regarde pas, et il a failli me faire renvoyer de mon boulot aussi. Et puis ce n'est pas comme si je lui devais quelque chose.

- Mais tu ne m'avais pas dit que tu l'avais embrassé ?

- Ça ne compte pas, combien de fois j'ai embrassé...

Ma phrase s'est éteinte d'elle-même, dans un murmure.

- Gretchen ? ai-je continué de chuchoter.

- Oui ?

- Combien y a-t-il de chances que cet idiot de Nathan se trouve ici, dans ce village paumé de banlieue, à un match de foot pour des gamins ?

Elle a directement suivi mon regard, et du coin de l'œil, j'ai vu un sourire se peindre sur ses lèvres rosées.

- Tu vois Lili, ça, c'est un signe que l'univers n'est pas prêt de vous voir vous séparer.

Et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Nathan était debout dans les tribunes, quelques mètres devant nous en contrebas, et il me regardait, un paquet de bonbons dans une main et une canette de bière dans l'autre.

- Où a-t-il eu cette canette ? m'a demandé Gretchen - car ils ne vendaient pas d'alcool au match des juniors

Je me suis levée et ai descendu les marches jusqu'au niveau de Nathan. On est resté debout à se regarder l'un l'autre, pendant quelques secondes, jusqu'à ce que mon voisin papa-pipe-popcorn se plaigne qu'il ne voyait plus son fils jouer. Nous sommes donc descendus et nous nous sommes placés sur le côté, entre les tribunes et les bancs des joueurs remplaçants. J'ai décidé de briser la glace :

- Tu l'as eu où, ta bière ?

- Tu me dis d'aller me faire foutre et c'est la première chose que tu trouves à me dire ensuite, Alice ?

Je n'ai pas osé dire quoi que ce soit. Il a soupiré, son regard encore caché derrière ses lunettes de soleil. Je devrais m'en acheter une paire, d'ailleurs. Pendant un instant, j'ai cru qu'il allait me frapper.

- Conso perso. Qu'est-ce que tu veux ?

Je me suis pincée les lèvres. Je ne savais pas pourquoi j'étais descendue le voir, et à vrai dire, il aurait été plus judicieux de rester assise à côté de Gretchen.

- Je vais avoir une promotion, ai-je lâché.

Nathan a ri, comme si je me moquais de lui.

- Non, c'est vrai, je t'assure, lui ai-je dit.

- Parce que tu penses que j'ai envie de te croire ? Il y a quatre jours à peine, tu m'as laissé en plan chez ton patron qui me déteste. J'ai du rentrer en stop.

- Je suis désolée.

- Non tu n'es pas désolée, tu t'en fous.

- Je suis vraiment désolée ! me suis-je énervée.

Nathan a retiré ses lunettes de soleil et a planté ses yeux bleus dans les miens.

- Tu mens, et même si tu ne mentais pas, je ne te croirais pas. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi perfide que toi, Alice, a-t-il craché.

Je suis restée bouche bée. Décidément, j'en prenais beaucoup pour mon grade ces derniers temps : d'abord j'étais immature, puis égocentrique, et enfin perfide. Perfide.

Les larmes me sont montées aux yeux. Alors je polluais l'air de mon entourage, ce n'était pas qu'une légende. Gretchen avait raison, Nathan avait raison ; ils avaient tous raison. Tous, sauf moi. Moi, j'étais une tâche perfide.

Je suis partie du stade, sans prévenir Gretchen ni qui que ce soit. J'avais l'intention de rentrer chez moi, pour pleurer ou me scarifier, je ne savais pas encore. Rien qu'à l'idée d'imaginer mes bras en sang, j'ai eu un haut-le-cœur.

Et alors que j'étais en train de rendre mon déjeuner et les popcorns dans une poubelle à l'entrée du stade sous les yeux horrifiés d'un petit garçon, j'ai entendu Nathan m'appeler. Puis il est arrivé, m'a vue en mauvaise posture et m'a aidée.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro