-"Je suis désolée mademoiselle. Il y a un problème." Annonce la femme de l'accueil.

-"Comment ça un problème ?" Interroge Michelle alors que Peter est à ses côtés.

-"Nous n'avons qu'une chambre de réservée au lieu de deux." Reprend l'hôtesse d'accueil.

-"Quoi ?" S'énerve un peu la métisse. "J'ai fait la réservation il y a quatre semaines." Elle tape du plat de la main sur le comptoir en joli bois foncé. Peter s'empresse de poser sa main sur celle de Michelle afin d'essayer de la calmer.

-"Je sais madame Jones et je suis vraiment désolée." S'excuse la femme devant l'écran de son ordinateur. "Il semblerait qu'il y ait eu un souci informatique et que votre seconde réservation n'ait pas été enregistrée."

-"C'est pas possible..." Commence à s'énerver la brune.

-"C'est bon." L'interrompt Peter alors qu'il sert les doigts fins de Michelle dans les siens. Il se tourne et plante son regard dans les yeux enflammés de colère de la jolie brune. "Ça va aller..." Il tourne son regard vers l'hôtesse et reprend. " On va prendre la chambre et ça va aller." Il se tourne de nouveau vers Michelle et lui caresse le dessus de la main avec son pouce.

-"Nous vous offrons le petit déjeuner en compensation." Ose annoncer la femme derrière le comptoir. "Voici vos cartes magnétiques." Elle pose deux petits boîtiers noirs et fins sur le bois. "Vous avez la chambre cent huit. Au premier étage au bout du couloir à droite." Elle a dit tout ça à Peter, il regarde l'hôtesse qui lui explique tout alors que Michelle n'a d'yeux que pour lui et que leurs mains sont toujours liées. Ce geste a calmé instantanément la femme d'affaires. La sensation de son pouce caressant sa peau, elle se demande ce que ça ferait d'être caressée tout entière par ces mains.

Quoi ? Non Michelle, mais à quoi penses-tu ?

Peter prend les clés et se tourne totalement vers la femme à qui il tient la main.

-"On y va Michelle, viens." Il la tire légèrement pour la faire réagir et elle le suit alors qu'il a toujours sa main dans la sienne et qu'il porte sa valise dans l'autre et son sac sur son épaule.

Ils pénètrent dans l'ascenseur, Peter pose la valise, appui sur le bouton du premier et se tourne vers Michelle.

-"Est-ce que ça va ?" Lui demande-t-il alors qu'il la trouve bien silencieuse. Sans même qu'il s'en rende compte, il la tient toujours.

-"Oui, oui ça va, ça va." Elle bégaie légèrement et son cœur bat plus vite. Comme une stupide adolescente.

Arrivé au premier, ils se dirigent tous les deux vers leur chambre, Peter lui lâche enfin la main pour glisser la carte dans le lecteur, le bip et la lumière indiquent que la porte est ouverte. Toujours chargé, il invite la jeune femme à entrer et s'infiltre à l'intérieur à son tour.

La chambre est plutôt grande, belle, bien décorée avec une penderie sur le côté et un canapé contre le mur en face du lit. Les rideaux sont épais et en tissus brillant bleu, le dessus-de-lit est assorti en un joli tissu satiné et toute la décoration est dans les tons de bleu et blanc, c'est très joli.

Mais rien à faire de la déco, Michelle ne se sent pas très bien, son cœur se serre dans sa poitrine alors que ses yeux se remplissent de larmes et qu'elle souffre intérieurement, elle ne sait pas trop si c'est le stress, la réservation désastreuse, la fatigue, l'approche de ce putain de mariage, ou tout simplement le début de sentiments qui brûlent dans ses veines pour cet homme mais elle est mal.

-"Peter..." Souffle la métisse.

L'homme se retourne alors qu'il vient de déposer les valises sur le lit. Quand il voit les yeux brillants de Michelle, il fronce les sourcils.

-"Michelle ?" Interroge-t-il alors qu'il amorce un mouvement pour la rejoindre. Il tend sa main mais elle fait un léger pas en arrière comme pour éviter son toucher, elle le contourne et attrape sa nuisette en vitesse avant de pratiquement courir dans la salle de bain et de s'y enfermer à clé.

-"Michelle." Appelle-t-il. Mais elle ne l'entend pas, l'eau coule déjà. Inquiet, il reste contre la porte et écoute. Des sanglots se font entendre, malgré l'eau qui fait un vacarme de tous les diables, il l'entend pleurer. Mais pourquoi ?

Un instant il pense qu'il devrait entrer et la consoler. Puis il fait demi-tour et triste et désolé pour elle, il range son sac et la valise dans le placard.

Voulant absolument lui remonter le moral et la voir sourire de nouveau, Peter appelle le service d'étage et commande une bouteille de champagne, il sait qu'avec le vin rouge c'est le seul alcool qu'elle boit.

-"Est-ce que vous pouvez rajouter des framboises ?" Il sait aussi que c'est son fruit préféré. La femme lui répond et lui promet que tout lui sera monté dans sa chambre dans dix minutes. "Merci beaucoup." Dit-il avant de raccrocher.

Sous le jet d'eau qui couvre sa tête et son corps, la jolie métisse ne retient plus ses larmes, elle vide totalement le trop-plein de chagrin qu'elle a trop longtemps retenu.

Cela fait maintenant plus de quinze minutes que Michelle est enfermée dans la salle de bain. Mais pourquoi pleure-t-elle comme une gamine, merde, elle est tellement conne ?

Elle s'est douchée, a pris le temps d'évacuer sa détresse mais maintenant qu'elle se sent un peu mieux, il va falloir qu'elle sorte de cette pièce et qu'elle affronte Peter. Peut-être devrait-elle tout lui dire ? Elle n'en sait vraiment rien.

Elle se lève du rebord de la baignoire sur lequel elle était assise, tire sur sa nuisette pour l'ajuster et se dirige vers la porte, elle la déverrouille et sort enfin prenant une grande inspiration.

Mais alors qu'elle croit qu'elle doit des explications à Peter, elle est surprise par le bruit d'un bouchon qui saute. Elle redresse la tête et voit l'homme une bouteille de champagne dans la main et deux coupes dans l'autre.

-"Peter..." Commence-t-elle.

-"Écoute Michelle..." Dit-il lui coupant la parole. "Peu importe le pourquoi du comment, mais il est hors de question de te regarder pleurer sans rien faire." Il verse le champagne dans les deux verres et lui en tend un.

Michelle lui sourit, elle attrape la coupe d'une main tremblante.

-"Ce soir on oublie tout et on en profite." Il rigole quand il voit le regard noir qu'elle lui lance. "Non ! Pas comme ça..." Il trinque avec elle et s'assoit sur le canapé. "Il est là mon lit !" Dit-il en tapotant sur les coussins du divan.

Michelle s'en veut un instant, elle s'est donnée en spectacle et pour compléter le tableau, elle va le faire dormir sur le canapé. Mais qu'importe, il a dit que ce soir rien n'avait d'importance. Alors ils boivent et mangent des framboises.

Merci Peter.