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Chapitre 6

La copine normalement normale a cessé de me bombarder de questions devant mes réponses monosyllabiques.

Surprenant : l'autre Hun-jae l'aurait envoyé balader bien plus sèchement, et remise à sa place comme sans y penser. Alors que j'ai patiemment attendu qu'elle cesse de s'intéresser à moi. C'est comme si j'étais plus timide ici, moins tranchant. Quel est le vrai moi ? Le petit maitre autoritaire, qui tire son ascendant du respect que tout le monde lui prodigue ? Ou le garçon plus réservé que je découvre en France ? On est quelquefois prisonnier d'un personnage que le regard des autres contribue à enfermer. C'est peut-être pour ça que les gens voyagent : pour se découvrir différents.

On occupe à présent plusieurs tables de la terrasse ombragée, en finissant d'engloutir les pizzas que Léo et Samuel sont allés chercher. Deux de leurs copains nous ont rejoint. Je m'éloigne quelques instants pour m'accouder sur le muret de pierre. Je jette des petits morceaux de croûte aux canards, qui se déhanchent drôlement pour attraper mes miettes.

Moi, Hun-jae, troisième du nom, héritier du cinquième chaebol coréen, je suis en train de jeter du pain à des canards français, dans un bled de quatre mille habitants... Bon sang ! Il y a plus d'employés rien que dans nos usines de Busan ! Le monde tourne terriblement vite en ce moment.

Chloé me rejoint pour s'assurer que tout va bien. Elle ne se contente pas de s'accouder comme moi : elle se hisse avec les bras, dos au muret, et finit par s'asseoir à califourchon sur la pierre chaude. Son mouvement soulève son top un peu court, et dévoile un morceau de sa peau dorée sur un ventre doux et ferme.

- Ça va, Jae ? demande-t-elle, en relevant ses cheveux pour rafraichir sa nuque.

Je me demande si elle a conscience que chacun de ses mouvements est une ode précieuse à la féminité, ou si elle fait ça sans y penser. En tous cas, rien que la façon dont elle plonge sur moi ses grands yeux concernés est un casus belli. Si ma copine débarquait à ce moment, elle déclencherait la troisième guerre mondiale. Je jette un œil à Léo-Paul qui poursuit un débat passionné avec Samuel, enfin, j'ai l'impression qu'il fait tout seul les questions et les réponses pendant que l'autre lui renvoie un sourire indulgent.

Je connais peu de gens comme Léo. Ce garçon a tellement confiance dans les autres, et surtout dans lui-même, qu'il ne pourrait même pas concevoir les pensées troubles qui m'agitent en ce moment. Samuel tourne la tête dans ma direction, avec l'air de lire en moi comme dans un livre ouvert. Son regard s'assombrit un instant. Je dois dire, même si j'ai peu de doute sur ma sexualité, que sa moue boudeuse est presque aussi hypnotique que la façon dont Chloé tend son visage à la caresse du soleil.

Je ne sais pas s'ils font un concours tous les deux, ni même ce qui se joue dans cette compétition, mais je suis sûr que si on faisait une IRM de la partie de mon cerveau consacrée au désir, j'enflammerais l'appareil, le tunnel, les aimants, et toute la machinerie.

J'essaye de me calmer en pensant à Joy. Quelle drôle d'idée. Ma volcanique petite amie, à laquelle je suis fiancé par intermittence depuis mes douze ans, n'aimerait probablement pas que je me serve d'elle pour apaiser mes sens.

Mais j'avoue que, depuis que j'ai mis le pied ici, j'ai une irrépressible envie d'amour. Je sais que je ne devrais penser qu'à ma guerre, mais il faut aussi qu'ils arrêtent de me toucher quand ils me parlent, de m'embrasser pour me dire bonjour, de me fixer avec de grands yeux caressants sous prétexte de me rassurer, de secouer leur tête au ralenti dès qu'un rayon de soleil frappe leur peau claire. J'ai dix-huit ans. Je n'arrive pas à me concentrer.

Je vis à Séoul dans un monde artificiel. Je suis sorti avec des filles magnifiques - les coréennes sont belles - mais chez nous, se faire débrider les yeux ou refaire le nez est aussi courant que porter un appareil dentaire. Aucune de mes petites amies ne mettrait le pied hors de chez elle sans le maquillage, les fringues couture, les poses et les minauderies qui vont bien. Et dire à une fille qu'elle est nature serait la pire insulte qu'on puisse lui faire.

En comparaison, Chloé, Samuel, et même Léo-Paul dans son genre de petit comique, semblent tous les trois survoler le monde en apesanteur, comme si c'était la chose la plus naturelle.

Je ne pense pas que Léo-Paul ait étudié des heures devant une glace ce rire clair, qui vous transporte instantanément dans un univers où des oursons multicolores seraient en train de se rouler dans des champs de fleurs. Je ne crois pas que Chloé ait appris de quelqu'un à étrécir doucement l'iris de ses pupilles dorées, jusqu'à ce que tout le décor autour de vous s'écroule comme un château de cartes et que vous vous retrouviez deux, face-à-face, absolument seuls. Je suis certain que Samuel est né avec ce regard à vif et cette moue si particulière, qui vous commandent de mettre à ses pieds le monde et tous ses trésors, avant même qu'il ait à le demander.

Jusque-là, ma vie était un alignement de planète où j'étais l'astre le plus lumineux. Mais je me rends compte à présent qu'il y a des voies lactées qui mènent à des galaxies où brillent d'autres soleils.

Pris d'un doute, je poke l'épaule de Chloé, du bout du doigt, pour m'assurer de sa consistance.

- Quoi ? me demande-t-elle amusée, en ouvrant les yeux comme si elle revenait d'un long voyage.

- Rien, je vérifiais juste une hypothèse...

Elle secoue la tête en riant.

- Oh la la, toi tu réfléchis trop !

Dommage. Moi qui me voyais comme un homme d'action !

On parle un peu de tout : de la Corée, de mes premières impressions ici, de mes projets même si j'en tais l'essentiel. Chloé a une conversation vive et légère. Elle écoute avec attention, en fronçant légèrement les sourcils. Et quand elle parle, ses idées sont claires. Je comprends ce que Léo-Paul lui trouve. Même les canards qui nagent en-dessous semblent sous le charme. A moins qu'ils n'attendent patiemment d'autre miettes qu'elle voudrait bien leur jeter. Je dois dire que je me sens un peu comme eux.

Samuel nous rejoint brusquement. Il me désigne d'un mouvement de tête discret une jeune touriste au loin, que je n'avais pas remarquée.

- Tu es su...sur...veillé !

Je regarde la jeune femme, coréenne de toute évidence, occupée à photographier les tours médiévales avec son mobile.

Léo-Paul se rapproche de nous avec un air de conspirateur.

- Il a raison ! Un coréen à Semur-en-Auxois, c'est un événement. Deux, c'est une embrouille !

C'est vrai que la probabilité que deux ressortissants de mon pays se retrouvent sans se connaitre dans cette petite ville perdue de la campagne française, semble un peu aléatoire.

Samuel finit de me convaincre.

- T...tu en con...nais beau...beau...coup t...toi des f...filles de vingt...ts ans qui pho...photogra...phient les m...mo...numents ?

C'est encore vrai. Une coréenne de cet âge serait en train de faire un selfie, avec un grand sourire, une sorte de petit v avec les doigts, et les remparts comme un simple décor en arrière-plan.

La jeune femme doit sentir le poids de nos regards, car elle s'éloigne d'un pas rapide qui se voudrait nonchalant, avant de s'enfoncer dans le dédale des ruelles.

- On la poursuit ? demande Léo, déjà prêt à s'élancer.

- Non, laisse-la courir...

Je suis Hun-jae, troisième du nom. Je ne vais pas me comporter comme un gibier apeuré et galoper derrière tous les leurres qu'on me tendra. Je les affronterai sur mon terrain, au moment que j'aurai choisi.

Je remercie Samuel d'un sourire chaleureux : sans son sens de l'observation, je n'aurais pas su que j'étais surveillé. Il hausse les épaules et me dévisage posément, sans ciller. Son regard semble me dire que je serais fou de me passer de son aide. Je me surprends à essayer d'y lire autre chose. Et puis je me secoue pour chasser cette idée.

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