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Chapitre 33

Sam m'attend, tranquillement adossé contre le mur de pierre qui entoure leur propriété. Son visage s'éclaire d'un sourire chaleureux, quand il découvre la voiture.

- Facellia ? C...c'est Léo q...qui doit être ja...loux !

- Il n'a qu'à passer son permis !

- Et s...se trouver une f...fille, complète Samuel qui connait bien l'histoire.

Je rougis un peu, car je ne sais pas si je dois y voir une allusion au fait que je conduis moi-même le petit bolide, dont le volant de métal recouvert d'un fin cerclage de bois porte le logo Facel Vega incrusté en son centre. Mais il ouvre la portière comme si de rien n'était, et se laisse tomber tranquillement dans le cabriolet bas, en éprouvant l'épaisseur des sièges en cuir clair et en caressant de la main le bois et les chromes du tableau de bord.

Je fais vrombir exagérément les six cylindres, et ça le fait marrer.

- C'est autre ch...chose qu'une Hyun...dai, non ? s'amuse Sam en se moquant de la marque automobile qui fait la fierté des coréens.

Je vais pour répondre vertement, et puis je m'en fous. Je sais bien qu'il me provoque et, inexplicablement, je dois dire que j'adore ça.

Je démarre sur les chapeaux de roue en lui arrachant un cri de surprise. Je souris malicieusement, c'est ma petite vengeance.

La vitesse est limitée sur les routes françaises, mais en enchainant les virages bercés par le feulement du moteur, notre position basse et nos cheveux dans le vent, on a vraiment l'impression de piloter sur le circuit des 24 heures du Mans.

On roule totalement au hasard. Je me laisse porter par la voiture, qui obéit à la moindre de mes impulsions, et par le grondement noble du V6 quand j'accélère dans une ligne droite. Et je me laisse porter, aussi, par le rire de Samuel à mes côtés, ses yeux brillants, sa tête à demi renversée et sa main par-dessus son épaule, accrochant nonchalamment l'appui-tête de cuir fauve.

Nous glissons sans destination sur l'asphalte clair, qui dessine un ruban au milieu des vignes et des coteaux. Sans arrière-pensée sur le pourquoi de cette escapade, et repoussant le moment où il faudra lui trouver une justification.

Moi-même, je ne saurais pas expliquer clairement ce que fais ici. Je ne voulais pas partir sans avoir partagé un dernier moment avec Sam, ni rester sur ces derniers jours de cordiale indifférence. Je ne m'enfuirai pas de ce pays comme j'ai fui la Corée, en laissant des regrets derrière moi, des ardoises mal effacées. D'accord, Samuel et moi n'auront jamais la relation qu'il espère, même s'il m'est arrivé de la fantasmer, mais au moins on peut rester amis.

Je l'observe du coin de l'œil. Il est alangui sur son siège, dans la position confortable de celui qui pourrait rouler ainsi jusqu'à Cannes ou Saint-Tropez. Le vent soulève sa mèche par intermittence, il clôt les yeux à demi, et un sourire de sphinx adoucit son visage, plus lumineux que s'il riait à gorge déployé.

Au bout d'une petite heure à rouler sans limite, il me fait signe qu'il reconnait les lieux et me crie à l'oreille.

- On va à M...Marseille ou on s...s'arrête a...vant ?

Je suis d'accord pour m'arrêter. Il reprend.

- Alors, t...tourne là ! dit-il en m'indiquant in extremis une petite route qui part sur la droite. Je braque sur les chapeaux de roue, la voiture crisse et chasse, mais s'engage bravement sur notre nouvel itinéraire.

Au bout de quelques minutes, les paysages de vignes sont remplacés par une douce prairie. Samuel me fait signe de m'arrêter devant une petite chaumière, sur laquelle une vieille enseigne en ferronnerie qu'on jurerait accrochée depuis trois siècles, indique en lettre enluminées : Le Moulin.

Je gare la voiture sur le côté, et je m'étire longuement en sortant du véhicule qui ressemble vraiment à un jouet : je me demande comment j'arrive à y plier ma grande carcasse.


On pousse la porte de l'établissement au moment où une jeune femme sort des cuisines un plateau à la main, et nous regarde, étonnée.

- Sam ?

Elle s'approche à grands pas et l'embrasse chaleureusement d'un baiser sonore.

- Kadia. Jae...

La jeune femme m'embrasse à mon tour, sans autre formalité. Je l'observe un instant. Elle a une peau noire, intense et veloutée, comme j'ai rarement vue dans la région. Et elle vous enveloppe d'un sourire chaleureux, tandis que son corps hypnotique de danseuse semble chalouper quand elle s'avance devant nous pour ouvrir le chemin.

Samuel éclate de rire.

- Ca y est, Jae est encore amoureux !

Je me secoue pour me ressaisir, mais la jeune femme me sourit d'un air indulgent.

- Je vous installe en terrasse, il fait beau !

Elle nous accompagne de l'autre côté de la maison, dans un jardin aménagé avec quelques tables et chaises dépareillées, assez éloignées les unes des autres pour créer des petits coins intimes. On s'installe au bord de la rivière, en contemplant l'impressionnante roue en bois qui tourne paresseusement au gré du courant, et qui doit donner son nom au lieu.

- N'oublie pas d'aller embrasser Paul, recommande-t-elle à Samuel en riant. Il ne sort jamais de ses cuisines et il se plaint que personne ne vienne le voir !

Puis elle se tourne vers une autre tablée qui l'appelle, pendant qu'on s'installe sur les petites chaises en métal, heureusement rembourrées d'un petit coussin rond.

Samuel s'étire avec un soupir indolent.

- Ma ca...cachette p...préférée ! dit-il en désignant les lieux, comme si il me les présentait formellement

Puis il se retourne vers moi.

- Merci p...pour la ba...lade.

J'avais beaucoup de choses à lui dire, mais je choisi de me taire.

Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise et j'observe autour de moi avec curiosité. Le bruit de l'eau qui s'écoule régulièrement sur les pales en bois du moulin. Les chuchotements, qu'on entend à peine, de couples qu'on devine plus qu'on ne les voit. Ces groupes d'amis qui prennent l'apéritif en profitant de la douceur du début de soirée. Les exclamations de trois gamins qui jouent sur la berge sous le regard de leurs parents. Le rire cristallin de Kadia qu'on entend passer de table en table, pour s'assurer que chacun a ce qu'il lui faut.

Et Samuel. Affalé sur sa chaise, les pied posés sur celle qui lui fait face, le visage tendu aux derniers rayons de soleil, les yeux à demi fermés et un sourire impénétrable. Samuel qui se laisse aller à faire ce qu'il fait de mieux, ce pour quoi un dieu joueur l'a placé sur cette planète : être là, simplement, et nous inonder de lumière.

La jeune femme revient avec une large planche de bois, sur laquelle sont disposées des charcuteries et des fromages, et deux verres de vin d'un blanc presque transparent.

- Paul te fait dire que c'est un Meursault Village, de chez Boillot. Il parait que c'est ton préféré !

- Oui ! Re...mercie l...le !

- D'accord, je lui dirai. Pour le moment il est en train de gueuler parce que les plaques de cuisson viennent de lâcher, alors qu'on est complet ce soir...

- On va le laisser réparer ça, ajoute-t-elle avec un rire sonore.

Kadia sort un briquet et se penche pour allumer notre petit photophore, tout en continuant à bavarder joyeusement.

- Saint-Nectaire, Comté dix-huit mois, Tomme de brebis, et le chaource est fait dans le coin, énumère-t-elle, en désignant les fromages un à un.

Elle montre la petite corbeille de pain brun.

- Farines anciennes, c'est Pierrot... Tu te souviens de Pierrot ? Vous avez bossé ensemble l'été dernier !

- Oui, il était c...cool, répond Samuel dont le visage s'éclaire en entendant le nom du boulanger.

- Il a repris le fournil de son père, finalement, à...

Elle cite le nom d'un petit village qui m'échappe et ils échangent quelques nouvelles. Je les interromps pour comprendre.

- Tu as travaillé ici ?

- Deux étés de suite, répond Kadia. Nos meilleures recettes ! Tu te souviens de ce groupe d'anglais qui venait tous les soirs... comment ils disaient déjà : rien que pour te voir sourire ?

- C'est ce lieu qu...qui est ma...gique, proteste doucement Samuel.

Je ne peux m'empêcher d'intervenir.

- Je les comprends. Moi aussi je viendrais tous les jours m'empiffrer d'œufs meurette et de coq au vin, si c'était servi par Sam...

Ils me jettent tous les deux un petit regard en coin, et la jeune femme se fend d'un sourire ironique. Puis ils égrènent encore quelques souvenirs avant qu'elle nous laisse pour s'occuper d'autres tables.

Je le dévisage, sans arriver à comprendre pourquoi tout cela m'irrite. Je grince un peu.

- T'es du genre populaire, hein ?

Il hausse les épaules et se contente de répondre.

- T'en as d...douté ?

J'avoue que non. Samuel est une anomalie, ici comme il le serait partout ailleurs. Un tigre blanc. Un vase ming. Le sourire de Mona Lisa.

Il picore une tranche d'une saucisse sèche, presque noire, et attrape un cornichon qu'il croque à belles dents. Je l'observe toujours avec la même fascination. Chacun de ses gestes est d'une grâce insigne. Et qu'on ne me parle pas de savoir-vivre français : j'ai vu manger Léo !

Je me demande comment je pourrais fixer cette image dans ma tête, pour l'emporter avec moi.

Samuel tenant le manche en bois du couteau avec nonchalance, qui s'applique à trancher une petite part gourmande dans le fromage rond qui ressemble à du beurre. Samuel dont les yeux transparents laissent filtrer toutes ses émotions, comme si on regardait un film sur un très grand écran. Samuel qui ne fait jamais rien pour attirer l'attention, qui ne dresse pas la tête ou le menton, qui ne roule pas des mécaniques, qui parle doucement et dont les sourires rares sont souvent des esquisses. Mais Samuel qui concentre tellement d'atomes de lumière que j'ai toujours l'impression qu'il brille. Littéralement.

- ... plutôt sym...pa, au f...final ?.

Il me parle. Je me secoue pour me concentrer sur ses paroles plutôt que sur le mouvement de ses lèvres.

- Oui, j'ai trouvé une nouvelle famille et j'ai...

Je cherche mes mots et mes idées. Il m'écoute patiemment, sans chercher à relancer ou à enchainer.

- ...j'ai peut-être trouvé un nouveau Hun-Jae, aussi !

Il sourit finement.

- Tu le l...laisses ici, ou...ou il repart en C...Corée ?

- Le nouveau Jae ?

Sa question m'intrigue, et je prends le temps d'y réfléchir.

- Je vais essayer de l'amener avec moi. En espérant qu'il ne se fasse pas bouffer par le retour au quotidien.

- S...sage ré...solution !

Il continue avec un sourire plus appuyé, en faisant semblant de compter sur ses doigts.

- Tu as dé... découvert l'amour, aussi !

Les visages de Chloé et Victoire, et ceux de plusieurs filles sur lesquelles j'ai fantasmé, défilent devant mes yeux. Je rougis et j'attrape le couteau pour m'attaquer machinalement au Saint-Nectaire. Je me défausse avec une boutade, en désignant le plateau devant moi.

- J'ai surtout découvert les fromages français !

Il me prend le couteau des mains juste avant que je ne coupe le nez du fromage, et me taille une fine tranche dans la longueur, qu'il me tend sur un morceau de pain.

- Mais qui a d...dit que l'amour et...et les fromages français, c'était di...différent ?

Je reçois la tartine de ses mains, et tout se brouille instantanément.


J'ai toujours supposé que ce ne serait pas très différent d'embrasser un garçon. Des lèvres, une langue, quand on y regarde bien, c'est partout la même chose. Peut-être le contact d'une mâchoire carrée, d'une peau plus tannée ? Mais Samuel a les traits fins et sa peau a la douceur du velours. Pourtant je sens immédiatement que ce baiser sera très éloigné de tous ceux que j'ai pu connaitre jusque-là.

Après notre délicat pas-de-deux, entre vins et fromages, au fur et à mesure que le soleil déclinait, étouffant le bruit des autres clients, nous laissant seuls lui et moi dans ce jardin enchanté, j'ai senti que si je quittais ce pays sans aller au bout de cette soirée, j'y laisserais à jamais un morceau de mon cœur.

A un moment, j'ai posé deux billets sur la table et je me suis levé brutalement, j'ai attrapé la main de Samuel avec une violence à peine contenu, et je l'ai tiré derrière moi jusqu'à la voiture. J'ai croisé le coup d'œil surpris de Kadia, intriguée par notre fuite, mais je lui rendu un regard tellement suppliant qu'elle a eu un sourire compréhensif, presque une permission.

J'ai poussé la voiture comme si on fuyait un incendie, alors que je savais bien que nous courrions au-devant. On a roulé dix minutes avant que je ne trouve un chemin de traverse, n'importe lequel, où un rideau d'arbres pourrait nous donner un peu d'intimité.

J'ai fini par m'engager derrière un bosquet, loin de la route, loin de toute vie, cernés à perte de vue par l'armée des ceps en ordre de bataille.

J'ai coupé le contact d'une main un peu tremblante. Je connais bien ce sentiment, mais je ne l'avais jamais éprouvé à cette intensité.

Et je me suis penché sur Samuel, qui n'a rien fait pour m'en empêcher.

Mais si il n'a rien fait pour m'en empêcher, j'ai tout de suite senti que Sam ne se laisserait pas renverser avec un soupir délicat. Il allait résister et j'allais devoir gagner ce premier baiser.

Étrange sensation, comme je n'en ai jamais connu. Deux personnes qui consentent à s'embrasser et qui engagent pourtant un âpre combat, comme si une volonté devait céder à l'autre.

Chez toutes les femmes que j'ai embrassées, le baiser était l'aboutissement naturel d'une séduction graduelle. Avec Sam, ce n'était qu'un commencement : j'avais mes lèvres sur les siennes mais sa bouche demeurait scellée.

J'aime les défis, ils me donnent de l'audace et celui-ci m'enfièvre particulièrement.

Je grogne et je force la barrière de ses lèvres entrouverte. Mais il bloque ma progression, feinte à droite, parade à gauche, comme un duel de langues à fleuret moucheté. Je le serre davantage et j'essaie de le renverser sur l'étroit siège en cuir du cabriolet. Il résiste et m'oblige à accentuer ma pression.

Cette résistance m'étonne et décuple mon désir. Je ne le force à rien, il est manifestement consentant, mais c'est comme s'il voulait me démontrer qu'il n'est pas le demi-dieux éthéréen que j'ai fantasmé. Comme si un guerrier de chair et de sang avait pris sa place, prêt à défendre chèrement sa peau. Et qu'il soit descendu de lui-même de ce piédestal où je l'avais placé, embrase mes sens plus que tous les mirages que j'avais pu imaginer. Tout à coup, j'ai le sentiment qu'il va falloir se battre pour le conquérir. Et quand il profite de mon élan pour me basculer légèrement et tenter de prendre l'ascendant, un frisson me parcours : ce combat, je ne vais peut-être pas le gagner et c'est moi qui finirai dévoré.

On est allongé sur nos deux sièges, en travers de la voiture, et je me sens basculer dans le vide à nos pieds. Sans décrocher nos lèvres et nos langues, je bande les muscles pour résister à son assaut. J'ai le dos plaqué contre le levier de vitesses et aucun échappatoire. Nous nous immobilisons un instant, suspendus entre nos deux volontés. Puis dans un sursaut de fierté, je finis par le retourner et le plaquer fermement contre l'assise des sièges, en essayant de ne pas trop l'écraser du poids de mon corps. Ma langue franchie enfin le barrage inflexible qui se dressait contre elle, mais je sens bien que c'est juste parce qu'il l'a décidé. Nous cabriolons librement entre nos deux palais, dans une danse devenue folle et frénétique.

Je caresse son visage, la soie de sa peau, l'harmonie inaltérable de ses traits malgré la fièvre et nos désirs conjugués. Je soulève sa mèche rebelle pour découvrir ses paupières closes. Tout un coup, il entrouvre ses yeux et me rend mon regard. Le sien est absolu et sans fin : j'ai l'impression que, si je tombais dans ces yeux-là, je ferais une chute vertigineuse et personne ne me retrouverait jamais. Sur le moment je suis saisi d'une pulsion de violence que je ne me connaissais pas. J'ai envie de planter mes ongles sur son front et de tracer sur tout son visage cinq sillons sanglants. Pour le défigurer. Pour qu'il ne soit plus qu'à moi.

Alors en tremblant, j'éloigne ma main crispée de ces traits dont le charme capiteux me déstabilise, et je l'aventure vers des terres moins dangereuses, plus bas, entre nos deux corps. J'essaie de passer deux doigts sous son tee-shirt d'été, pendant que lui m'attrape le cou, à la base de la nuque. Je fini par glisser ma main entière sous le vêtement, et je la remonte le long de ce corps dont je découvre les contours pour la première fois après les avoir tant fantasmés.

J'ai toujours su que le corps d'un homme ne m'offrirait pas les mêmes voluptés que celui d'une femme. Les filles que j'ai aimées n'ont été que douceurs et volutes, où chaque cambrure, chaque arabesque dessinait des caresses sans fin. C'était comme une chasse au trésor où il fallait savoir débusquer, juste à la naissance d'un sein, la peau si fine presque translucide qu'on a toujours l'impression d'être le premier à explorer.

Samuel, sous ma main impatiente, offre un tout autre paysage. Plus plat, plus dur, mais vibrant d'une chaleur si intense que je me demande si je ne vais pas m'y brûler. Comme une immense plage de sable fin, cramée par le soleil, et qui ne marquerait que l'empreinte de mes pas.

Mais c'est une autre sensation qui emporte définitivement mes sens. Pour nous, les garçons, le corps d'une femme restera toujours mystérieux et fragile. Les seins, les fesses, chaque parcelle nous semble devoir être traitée avec une infinie douceur, par peur de la briser entre nos mains barbares. Je n'éprouve pas cette crainte pendant que ma main explore le torse de Samuel. Et je sais qu'il ressent la même chose tandis qu'il me déshabille de son côté et s'aventure hardiment sur ma peau. Nous savons, lui et moi, de quoi nous sommes faits. Nous savons la solidité de nos corps, notre endurance et notre ténacité. Et je peux faire avec Samuel ce que je n'ai jamais fait avec aucune partenaire : je l'accroche à pleine mains, je le renverse sans me soucier s'il respire ou pas, je le harponne comme si je voulais le briser, je le dévore comme si je devais le vaincre. Le petit coriace me rend coup pour coup. Il m'a retiré mon tee-shirt pendant que je suis encore prisonnier du sien, et il s'agrippe à mon torse, à mes abdos, aux muscles de mes épaules, il m'embrasse la poitrine comme s'il voulait m'arracher le cœur, il me repousse violemment mais c'est une façon de me tenir prisonnier.

Et puis soudain son poing descend plus profond, glisse le long de mes adducteurs et plonge directement sous la ceinture. Il saisit mon sexe bandé dans sa main et, bien-sûr, je me fige. Il ouvre enfin les yeux et me regarde en vainqueur. Je retiens mon souffle. Sa main entame un lent mouvement de va-et-vient le long de ce précieux trésor, si gorgé de désir que j'ai le sentiment de le lui offrir sur un plateau, si sensible que j'ai carrément arrêté de respirer. Son mouvement prend de l'ampleur sans se précipiter inutilement. Il sait comment ça marche. Il sait à quel point je suis fou et je suis vulnérable. Il sait que la lenteur calculée de ses gestes m'amène inexorablement là où il entend me conduire. Il sait que c'est dans ces moments où l'on se sent si puissant, qu'on est le plus fragile.

J'essaie de lui rendre la pareille mais Samuel reserre un peu plus sa griffe sur mon sexe au moment où je tente de m'approcher du sien. Je comprends et je bats en retraite. Il assure sa domination complète sur ce corps dont j'étais pourtant fier, sur chaque muscle poli par l'entrainement, sur la machine souple et nerveuse qui, jusqu'à présent, n'obéissait qu'à moi. Il contemple les soubresauts qui agitent mes reins et les décharges qui crispent mes muscles les uns après les autres. Moi, je ne regarde que ses yeux. Et j'y vois défiler tous ces mondes qui ont fait exploser mon petit univers, depuis le premier jour.

Sa main commence alors à accentuer sa pression, accélérant le geste et augmentant l'amplitude. Je me rends compte horrifié que j'ai encore mon jean, mon caleçon. Je le supplie dans un dernier râle.

- Attends, Sam...

Il me répond, juste au moment où j'explose dans sa main et dans mes vêtements, avec un demi sourire triste et un léger voile mélancolique sur ses yeux d'éternité.

- Trop t...tard.

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